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dimanche 13 novembre 2011

Reportage de la tournée du candidat Vital Kamerhe au Bandundu


Soldat baroudeur, Vital Kamerhe a démontré qu’il n’est jamais dans son meilleur élément que devant l’adversité. Dans ce Bandundu présenté souvent comme le fief du Palu, dans ce Bandundu dont deux fils se sont succédés à la primature tout au long de la mandature, le président national a donné la preuve du contraire. En allant prêcher le discours du changement dans le saint des saints du Palu, la terre d’Antoine Gizenga. Ce jeudi 10 novembre, c’est à Gungu-centre que le candidat Kamerhe a réussi l’exploit inédit de triompher aux milieux des populations incroyablement acquises à sa cause. A Gungu ? Ce territoire qui a offert à Gizenga un score soviétique en 2006, ce territoire d’origine des premiers ministres Gizenga et Muzito ? Eh bien, oui. Vital Kamerhe l’a fait. Mieux qu’un triomphe, ce fut une vraie conquête.
Venant d’Idiofa, la délégation de l’Unc est arrivée à Gungu à 16H55, où elle est accueillie par une marrée humaine qui entraîne Vital Kamerhe dans une longue marche à pied ponctuée des chants et des danses, des tambours et trompettes, xylophones et nzenze. La procession durera deux heures, et la foule et ses hôtes arrivent sur le lieu du meeting – la Place de la tribune officielle – aux environs de 19h. Combien étaient-ils ? certains ont parlé de plusieurs centaines des milliers. En tout état de cause, il semble bien que de nombreux villages s’étaient donné rendez-vous à Gungu ce jeudi pour voir, toucher et écouter ce leader dont ils ont souvent entendu parler.
Et ce dernier ne s’est pas empêché de faire son meilleur discours pour ce qui a été, sans conteste, la plus grande réussite de la première partie de sa tournée dans le Bandundu. Un discours pétri d’émotion. «Je dois dire mon indignation devant le spectacle de misère généralisée que je constate dans ce territoire. On ne parlerait même de sous-développement, mais d’un territoire et d’une population à l’abandon, abandonnés à leur triste sort. Si c’est cela la réalité dans le territoire même des deux premiers ministres qui ont dirigé le gouvernement depuis 5 années, quel serait alors le sort des autres territoires de notre cher et beau pays ?» D’entrée de jeu, Kamerhe fait mouche. Dans la foule, nombreux essuient une larme. Et c’est l’occasion pour ce héraut de la nation congolaise de prêcher son discours favori. «Vous voyez qu’il n’importe pas nécessairement d’être gouvernés par les ressortissants de chez soi, mais par des Congolais compétents et aimant leur pays. La Rdc dispose de nombreuses richesses qui sont aujourd’hui pillées par la classe dirigeante, mais que nous pouvons utiliser pour faire le bonheur de notre peuple. Je me propose à vous pour conduire cette œuvre de la renaissance de notre pays si vous me donnez vos suffrages pour diriger la Rdc après le 28 novembre». La foule explose de joie, des cris et des applaudissements fusent de partout.
Tout au long de son discours, Vital Kamerhe sera ainsi interrompu des longues minutes par les ovations du public. Après le discours, ce sont des Gungois fiers, dignes et heureux de porter une nouvelle espérance qui ont raccompagné leur hôte jusqu’à la sortie de la cité sur des longs kilomètres.
Après avoir quadrillé Kinshasa avec ses meetings à Camp Luka, Malweka, cité Pumbu, et N’Djili sainte Thérèse, Vital Kamerhe est parti à l’assaut de l’intérieur du pays. Premier cap : le Bandundu, province de l’Ouest du Congo, et voisine de Kinshasa et qui dispose d’une forte diaspora dans la capitale. Et pour cause : la population du Bandundu ne peut pas être bernée étant donné son combat révolutionnaire de l’époque des guerres lumumbistes. «En 1963-1964, la révolution nationaliste a commencé dans deux provinces : le Bandundu, pour l’Ouest, et le Sud-Kivu, pour l’Est. Je suis originaire du Sud-Kivu, et j’ai tenu à rendre hommage à votre province pour ce début de campagne», a expliqué Vital Kamerhe. Dès le départ, la mayonnaise a pris. Restait à l’assaisonner. Un discours programme pragmatique, l’usage de la langue locale, le Kikongo, le bilan des autorités actuelles, le charisme personnel et le punch de l’homme ont fait le reste. Et ce qui, logiquement, devait être un simple triomphe, a fini par virer carrément à une conquête.
Pourtant, les embûches ont été multiples sur le chemin du président de l’Unc. Le mardi 8 novembre, lorsque la délégation de Vital Kamerhe pénètre dans le Bandundu par Kenge, nombreux ont déjà des appréhensions. Des nouvelles de Kenge font état des stratagèmes concoctés par le député Théophile Mbemba  pour saboter l’arrivée de Kamerhe dans le chef-lieu du district du Kwango. Des informations font état de l’argent qui aurait été distribué à la population afin de boycotter le meeting du leader d’opposition. Mais lorsque le long cortège de l’Unc pénètre dans Kenge à 14h20, c’est un vrai triomphe que lui réserve la population. Et ce qui est devenu un rituel est respecté : longue procession à pied, chansons en l’honneur de l’hôte de marque de la ville, et – surtout – le «Zala na mbangu», la danse fétiche de Wazekwa, au pas de course, qui entraîne tout le monde dans l’effervescence.  
La foule entraîne ainsi M. Kamerhe et sa suite jusqu’à la Tribune de Kenge, noire de monde. Après l’animation et les ovations du public, l’homme du jour prend enfin la parole. «Depuis 2007, les gouvernements congolais successifs sont dirigés par des fils du Bandundu. A Kinshasa, on nous fait croire que le Bandundu ressemble aujourd’hui à l’Europe. Je suis venu palper de mes doigts les réalités de Kenge aujourd’hui, et je me rends compte que mon peuple du Kwango vit dans une misère noire», commence Vital Kamerhe, qui reçoit des chauds applaudissements en retour. le candidat de l’Unc rappelle alors tous les indices qui démontrent le mal vivre de la population : carence en courant électrique et en eau potable, l’inexistence d’un système de santé à même de prendre en charge les Congolais en cas de maladie, l’inefficience du système éducatif, la modicité des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat et leur non-paiement pendant des longs mois, l’inexistence d’un Etat régalien.

«Avant de quitter Kinshasa, j’ai suivi le Premier ministre à la télévision. Il a affirmé que l’économie congolaise se comporte aujourd’hui bien. Est-ce que vos conditions de vie se sont-elles améliorées depuis 2006 ?», demande Vital Kamerhe à une foule des milliers de personnes charmées par son discours, et qui répondent bruyamment par la négative. Il poursuit alors : «Je serai d’accord pour dire que les conditions de vie du Premier ministre, du Président de la République et des autorités du pays se sont nettement améliorées, mais pas celles de la population», provoquant l’hilarité générale en guise d’approbation. Plus sérieusement, l’orateur rappelle à l’attention du public que le Pnud, structure spécialisée de l’Onu, vient de publier son dernier classement de 187 pays du monde selon l’Idh, indice du développement humain. «Eh bien, sur les 187 pays classés, la Rdc est  187ème. C’est-à-dire qu’elle la dernière de tous les pays du monde, elle vient derrière même un pays comme la Somalie qui, depuis plus de deux décennies, n’existe même plus comme un Etat». A ces mots, la foule répond par des cris d’horreur.
Par la suite, Vital Kamerhe explique alors son programme électoral. Celui-ci se dégraine en plusieurs objectifs.  D’abord la restauration de l’Etat. Celle-ci passe par la création d’une police et d’une armée réellement nationales et républicaines équipées pour, respectivement, assurer l’ordre public et sécuriser l’intégrité du territoire. Ensuite, il s’agira de restaurer une justice réellement juste, équitable, et qui fasse droit à tout celui qui le mérite, et qui sévit contre tous les fautifs, quel que soient leur appartenance politique, origine ethno-provinciale, ou leur position dans l’Etat ou leur situation de fortune. Il y aura également la réhabilitation de l’administration publique et des fonctionnaires eux-mêmes. «Cela se fera par le paiement d’un salaire décent aux fonctionnaires, par la restauration du système des ayant-droits afin de permettre l’accès des fonctionnaires et les membres de leurs familles aux soins de santé», a soutenu le président de l’Unc.
Côté social, une politique réfléchie de bancarisation de l’économie permettra d’octroyer le crédit, non seulement aux entrepreneurs afin de créer la richesse et les emplois, mais aussi aux femmes et aux petits commerçants, pour leur permettre de créer la valeur ajoutée dans leurs activités.  Enfin, en ce qui concerne les jeunes sans emplois qui virent trop souvent au banditisme et deviennent ce qu’on appelle aujourd’hui «kuluna», il sera créé des centres de formation à l’instar de l’ex-Service national où ils seront formés à de nombreux métiers, et d’être, ainsi, réinsérés utilement dans la société.
Adepte du débat contradictoire, Kamerhe a donné son entendement du bilan du programme des «5 chantiers». Il a ainsi dénoncé les montants excessifs dépensés dans le cadre de ce programme, pour des réalisations qui, selon lui, ne satisfont pas les attentes du peuple congolais. Il a ainsi évoqué les 29 millions de dollars dépensés pour 1,5 Km de boulevard Triomphal, les 92 millions de dollars pour juste une simple réhabilitation de l’hôpital du Cinquantenaire, et d’autres «dépenses de prestige monstrueusement surfacturées». Avec sa verve oratoire, il conduit la foule à sa conclusion habituelles, à savoir : «5 chantiers=0». Kenge est conquis. Et c’est sous des chants de joie et des danses que la marrée humaine accompagne Vital Kamerhe jusqu’à la sortie de la ville.
Commence alors un vrai marathon. Et Kamerhe doit user de ses réserves de vitalité : tour à tour, Tiabakweno, Wanza, Mangayi, Kingulu, réservent le même accueil et reçoivent le même discours. Avant Kenge, c’était le tour de Menkao, Bita, Mikitshini, Ndako ya pembe, Kinguma Pundi, Kiseke, Impuru, Bolingo, Pema, Mutiene, Dumi, Diwale, Ibi, Bongo Lumene. C’est ainsi que, conduisant lui-même sa Jeep Ford, il entre dans Masimanimba presque à la nuit tombée. Au même moment, le député Mp et président du P.A., Tryphon Kin-kiey Mulumba, tenait son meeting devant sa résidence sur la nationale n°1. Des billets de banque sont distribués aux populations afin de les inciter à boycotter l’arrivée de Vital Kamerhe. L’argent encaissé, des milliers de personnes ont pris le chemin de l’entrée de la cité pour accueillir la délégation de l’Unc, et l’accompagner jusqu’à l’hôtel «La Bénédiction» où elle installe ses pénates.
Tôt le matin du mercredi 9 novembre, tout Masi-Manimba vibre. Mais c’était sans compter avec le député Pprd Jean Kimbunda Mudikela. Qui lance ses deux pick-up avec des mégaphones s’installer carrément devant l’hôtel qui sert de Qg à Vital Kamerhe. Un partisan du Pprd menace de faire couler le sang si jamais Kamerhe tenait son meeting dans Masi-Manimba. La police finit par intervenir pour séparer les partisans des deux camps. A 9h00, Vital Kamerhe entame une marche à pied en direction du stade, suivi par des milliers de personnes exécutant des chansons à sa gloire. Mais les envoyés de Kimbunda étaient venus s’installer  juste à l’entrée du stade. Finalement, l’affrontement tant redouté a lieu. On enregistre des blessés, et la police intervient efficacement, et les partisans de Kimbunda sont mis en fuite. Finalement, tous ces événements vont susciter un grand mouvement de sympathie en faveur de Vital Kamerhe, et c’est un stade noir de monde qui l’accueille. Dans son discours, il dénonce ceux qu’il qualifie de « mercenaires politiques » qui vont demander l’argent à Kabila, et lui font croire qu’ils sont capables de lui amener tout le Bandundu alors que durant tout leur mandat, ils n’ont rien fait pour cette province.
Après ce meeting, le marathon, reprend. Mamboma, Mwinda, Mosango, Kasaï, Kibengi, Sakivuvu, Kwenge reçoivent la visite du leader de l’opposition. Tout se passe bien, et Kamerhe communie avec les populations. C’est à Kikwit que tout se corse à nouveau. Des jeunes se présentant eux-mêmes comme des gardiens du temple Pprd – et connus comme tel dans la capitale du Kwilu – , conduits par un certain Ninja, le même qui avait lancé des pierres pour perturber le meeting de Joseph Olenghankoy l’année dernière, interdisent l’entrée de la ville au cortège de l’Unc. La police se montre complaisante. Les échanges de paroles se muent en affrontements violents qui font de nombreux blessés, dont le surnommé Ninja, interné dans un centre hospitalier.
Finalement, Kamerhe fait son entrée dans la ville. Et c’est une longue marche à pied qui s’enclenche, depuis l’entrée de la ville jusqu’au centre catholique La Touraine, dans la commune de Lukolela. Bon prince, Vital Kamerhe pénètre dans les permanences respectives du Palu et de l’Udps, où il salue et congratule chaleureusement tous les membres trouvés sur les lieux.
Le jeudi 10 novembre, Vital Kamerhe a commencé la deuxième partie de sa tournée dans le Bandundu par un meeting au stade d’Idiofa. Comme partout, la même ambiance populaire de carnaval, le même discours novateur, la même communion avec la population invitée à prendre la parole. Telle cette épouse de militaire qui a plaidé pour la prise en charge des blessés et mutilés de guerre, ou cet enseignant qui a expliqué les difficultés qu’il éprouve à imposer la discipline à des élèves qui le prennent en charge, ou encore ce membre du Palu, drapé dans une tenue aux couleurs du parti gizengiste, qui a dit son désavoué du mot d’ordre donné par la direction politique de son parti, et qui a, lui, appelé à voter Vital Kamerhe.


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