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jeudi 25 janvier 2024

Législature 2019-2023 : près de 80 % des propositions de loi déposées n’ont pas été adoptées

À quelques jours du début de la quatrième législature en RDC, Talatala, le baromètre de l’activité parlementaire et de l’action du gouvernement, a publié le 25 janvier 2024 le premier bilan de la législature de 2019-2023, volet production législative. Cette analyse intitulée « Législature 2019 - 2023 : près de 80 % des propositions de loi déposées n’ont pas été adoptées », éclaire sur la production législative de cette troisième législature en RDC.

Une législature politiquement mouvementée : les sessions ont été marquées par les tensions politiques entre alliés et la reconfiguration de la majorité parlementaire ; Une législature peu productive : le plus grand nombre des propositions adoptées s’est réalisée en septembre 2023 ; Des projets de loi souvent protocolaires : peu sont des textes qui apportent des réformes dans les différents secteurs de la vie nationale.

Alors que la dernière session de la période 2019-2023 a été suspendue le 28 novembre, la clôture officielle, prévue pour le 15 décembre, s'est heurtée à un obstacle inattendu – l'incapacité à convoquer une plénière, au moment où les députés étaient en pleine campagne électorale. Retour sur la production législative de cette dernière législature. C’est une législature qui restera dans les annales pour le basculement inédit de la majorité parlementaire, une période de transformation politique et institutionnelle significative.

De la reconfiguration de la majorité parlementaire au boycott de l’adoption de la loi sur la répartition des sièges par les députés de l’opposition, en passant par la destitution du bureau de Jeanine Mabunda, le vote de la motion de censure contre le gouvernement Ilunkamba, la destitution de Jean-Marie Kalumba, ministre de l’Économie, la pétition contre Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, l’état d’urgence sanitaire, l’état de siège, l’invalidation des députés dits « absentéistes », l'entérinement controversé des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et des juges de la Cour constitutionnelle, l’adoption de la recommandation assortie de la révocation du directeur général de la Société nationale d’électricité (Snel) et l’alignement de la controversée proposition de loi sur la nationalité dite « loi Tshiani » aux calendriers des travaux, la législature 2019-2023, qui s’est achevée le 28 novembre, aura été politiquement mouvementée.

Pourra-t-on en dire autant de sa production législative ?

Le 14 novembre, Félix Tshisekedi, président de la République, a commencé son discours sur l’état de la nation avec des éloges aux députés nationaux et sénateurs congolais sur l’« assiduité avec laquelle ils se sont acquittés de leurs missions principales ». Vraiment ? Talatala revient sur ce qu'a été la production législative, depuis le début de sa collecte des données à l’Assemblée nationale, soit de septembre 2020 à septembre 2023.  

Marquée par des tensions politiques entre les alliés au pouvoir et la reconfiguration de la majorité parlementaire, la législature 2019-2023 n’aura pas été à mesure d’adopter dix propositions de loi au cours d’une session ordinaire. Le plus grand nombre des propositions adoptées (8) s’est réalisé au cours de la dernière session de septembre 2023. Durant les 27 mois de sessions ordinaires s’étalant de septembre 2020 à septembre 2023, l’Assemblée nationale n'a ainsi dépassé qu’une seule fois la barre de cinq propositions de loi adoptées par session.  

Propositions de loi adoptées par session depuis septembre 2020

Au cours de la législature qui vient de s’achever, l’Assemblée nationale a adopté, au total, 21 propositions de loi sur 100 initiatives déposées par les députés, soit 21%, selon le décompte établi par Talatala à partir de septembre 2020, année du début de la collecte des données par le baromètre. Ces propositions adoptées sont :

Dans le domaine de la justice, il y a eu 4 propositions de lois notamment la Modification de la loi sur les tribunaux de commerce, l’exemption des frais de justice pour victimes de violences sexuelles, la modification du Code pénal sur les peines de l’Ohada et le régime pénitentiaire.

Dans le domaine des professions et métiers : 4 propositions de lois sur la Création, organisation et fonctionnement de l'ordre des ingénieurs agronomes, la création de l’ordre national des géologues, la création de l'ordre national des environnementalistes et la création de l’ordre national des sages-femmes.

Dans la domaine de la Culture et Identité : 2 propositions de lois sur la Création de l’ordre national du Léopard et création de l'ordre national « héros nationaux ».

Dans le domaine des Droits humains : 2 propositions de lois sur la Protection des défenseurs des droits de l'homme et droits de la personne avec handicap.

Dans le domaine de la Gouvernance électorale : 2 propositions de lois sur la Réforme de la Céni et modification de la loi électorale.

Dans le domaine de la Santé : 1 proposition de loi sur la Modification de la loi sur la santé publique.

Dans le domaine de la Sécurité sociale : 2 propositions de lois sur le régime spécial de sécurité sociale des parlementaires et la sécurité sociale des agents publics de l'État.

Dans le domaine de l’Agriculture : 1 proposition de loi sur les principes fondamentaux relatifs à l'élevage.

Dans le domaine des Droits des minorités : 1 proposition de loi sur la Protection des peuples autochtones pygmées.

Dans le domaine de l’Économie : 1 proposition de loi sur la Modification de la taxe de promotion de l'industrie.

Dans le domaine de Transport : 1 proposition de loi sur l'Aviation civile.


Moins de 100 projets de loi adoptés

Du côté des initiatives législatives du gouvernement, 94 projets de loi ont été adoptés depuis septembre 2020. Ce bilan ne tient pas compte de 61 prorogations de l’état de siège instauré depuis 2021. Cela pourrait paraître une protection soutenue, mais à l'épreuve des faits, ces projets de loi sont souvent protocolaires.

Il s’agit essentiellement des textes de ratification des certains accords de coopération. Peu sont en effet des projets de loi qui apportent des réformes dans les différents secteurs de la vie nationale. À l’instar des projets de loi sur la réserve armé de la défense ; sur la programmation militaire ; sur le code du numérique ; sur  les modalités d’exercice de la liberté de presse, liberté d’information et d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication, sur l’aménagement du territoire ainsi que sur la répartition des sièges.

Nombre des projets de loi adoptés par session depuis septembre 2020. Septembre 2023 : 22 ; Mars 2023 : 29 ; Septembre 2022 : 28 ; Mars 2022 : 1 ; Septembre 2021 : 4 ; Mars 2021 : 7  et Septembre 2020 : 3.

Outre ces projets de loi, l’Assemblée nationale a aussi adopté des résolutions, notamment celle portant interdiction d’intégrer, brasser ou mixer des miliciens dans l’armée, la police et les services de sécurité.

lundi 22 janvier 2024

Nord-Kivu : Des déplacements massifs de population et des atteintes aux droits humains signalés au 15 janvier 2024

Dans un rapport est produit par Ocha-RDC en collaboration avec les partenaires humanitaires couvrant la période du 16 décembre 2023 au 15 janvier 2024, il est fait état d’un besoin urgent d’assistance à plus de 72.000 personnes déplacées dans plusieurs villages sur l’axe Sake-Bweremana avec plus de 608.000 personnes qui ont reçu une ration alimentaire mensuelle en décembre 2023 au Nord-Kivu. Environ 22.500 personnes ont été sensibilisées sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels.

2.5 millions de personnes déplacées internes au Nord-Kivu au 31 décembre 2023. 1.6 millions de personnes sont retournées au Nord-Kivu au 31 décembre 2023 et 2,6 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.

Les affrontements entre groupes armes ont repris dans le territoire de Masisi depuis le début du mois de janvier 2024, après une légère accalmie. Le contexte humanitaire continue de se détériorer, avec des déplacements massifs de population et des atteintes aux droits humains. En dépit du contexte volatile, les acteurs humanitaires ont maintenu leur présence et continuent d’apporter la réponse aux besoins des aux populations affectées.

Dans le territoire de Masisi, les combats récurrents entre groupes ont fait au moins huit civils tués depuis mi-décembre, occasionnant des déplacements de population vers plusieurs localités, notamment Kitshanga (chefferie de Bashali) et Mushebere (chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru), ainsi que sur les collines surplombant Sake vers Bweremana, Shasha et Sake au Nord-Kivu et Minova au Sud-Kivu. Selon la Croix-Rouge congolaise, plus de 72.000 personnes déplacées vivent désormais dans des conditions d’extrême précarité en raison de la surpopulation engendrée par l’afflux de nouveaux déplacés vers les villages situés sur l’axe Sake – Bweremana.

Le nombre d'arrivées augmente également à Rubaya. Les besoins humanitaires deviennent de plus en plus urgents pour les populations déplacées dans la zone de santé de Kirotshe. De plus, la pression croissante sur Sake qui compte près de 10.000 ménages déplacés répartis sur quatre sites de déplacés, entraîne également des mouvements de population vers les sites de la ville de Goma, qui sont déjà saturés.

Dans le territoire de Beni, Ocha note un regain des attaques meurtrières contre les populations civiles. Depuis le 15 décembre 2023, au moins 26 civils ont été tués lors d'attaques et d'affrontements dans plusieurs villages. Selon les acteurs de protection, 518 personnes ont été tuées par des acteurs armés, dans 240 incidents enregistrés en 2023 dans les territoires de Beni et Lubero, au Nord-Kivu.

Dans le territoire de Rutshuru, la situation de protection des civils demeure préoccupante, en dépit d’une accalmie observée depuis le début du mois de janvier 2024. Entre le 3 et le 11 janvier 2024, des hommes armés on enlevé 13 personnes. Par ailleurs, plusieurs sources de la société civile locale ont rapporté des cas d'assassinats ciblés contre des civils dans les groupements de Bukombo et Bambo. Selon certaines sources locales, un conflit entre des éleveurs et des agriculteurs aux abords de la cité de Rutshuru Centre a dégénéré en un affrontement dans la soirée du mardi 2 janvier 2024, causant plusieurs blessés. Ce conflit naissant entre agriculteurs et éleveurs constitue un nouveau facteur d'instabilité sociale et de détérioration du contexte de protection des civils à Rutshuru.

Dans le territoire de Nyiragongo et la ville de Goma, l'activisme des éléments des groupes armés dans les sites de déplacés préoccupe les acteurs humanitaires. Ces éléments armés seraient auteurs de plusieurs cas d'enlèvements de civils, d'arrestations arbitraires et de diverses formes de tracasseries signalées dans les sites de déplacés. Au moins deux personnes déplacées ont déjà été tuées dans les sites et leurs environs à Goma et dans le territoire de Nyiragongo depuis le début du mois de janvier.

Dans le territoire de Walikale, l'agglomération de Hombo a été durement touchée par des inondations à la suite de fortes pluies survenues le 7 janvier 2024. Des sources humanitaires et locales estiment à plus de 24.000, le nombre de personnes affectées par les inondations, soit près de 9.000 ménages sinistrés dans 12 aires de santé.

Les dégâts matériels sont nombreux et les pertes sont significatives. Une partie du Centre de santé de Hombo Nord a été partiellement détruite sous la force des eaux de ruissellement et au moins neuf petits ponts de franchissement des rivières ont été emportés. Les autorités locales ont également confirmé la perte de nombreux animaux domestiques emportés par les eaux et la destruction des champs de cultures due aux inondations. Une équipe de l’ONG Medair est arrivée dans la zone le 12 janvier 2024 pour évaluer la situation.

dimanche 21 janvier 2024

Le regret du Dr Denis Mukwege après la proclamation définitive  des résultats de la présidentielle dans l’indifférence de la diplomatie internationale

A la veille de la prestation de serment du président réélu, Félix-Antoine Tshisekedi, le Dr Denis Mukwenge, candidat président de la République au élections du 20 décembre 2023 a publié une déclaration le 19 janvier 2024. Il avait répondu à l’appel des Congolais pour qu’il se porte candidat en tant que président de la République.

« Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise multiforme qui met en péril son existence même, l’approche des élections générales du 20 décembre 2023 avait suscité auprès de nombreux compatriotes l’espoir de vivre pour la première fois une alternance réellement démocratique afin de mettre un terme aux crises récurrentes de légitimité des animateurs des institutions de la République et de refonder le contrat social sur des bases saines ».

C’est dans ce contexte que le prix Nobel de la paix 2018 avait pris la décision de présenter sa candidature à la magistrature suprême pour répondre à l’appel des intellectuels, des organisations de la société civile et à la mobilisation des femmes qui ont cotisé pour couvrir les frais de la caution requise par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) pour tout dépôt de candidature à la présidentielle en RDC. Cette candidature était pour le Dr Denis Mukwege un acte de responsabilité.

« Répondant à l’appel de la base, j’ai travaillé à un projet de société et un programme pour ‘’réparer et soigner le Congo de fond en comble’’ grâce à 12 sécurités-clés, avec comme objectifs stratégiques de restaurer la dignité de la Nation congolaise en mettant fin à la guerre, fin à la faim et fin aux vices qui gangrènent nos institutions », note-t-il.

Malgré de nombreux obstacles, en allant à la rencontre de sa population lors de ses déplacements à travers le pays, il a pu réaliser à quel point ce projet de société répond aux aspirations de millions de compatriotes qui ont soif de mettre en œuvre le changement tant attendu pour redresser la RDC et la sortir de la violence et de la pauvreté. Malheureusement, force est de constater que ce quatrième cycle électoral n’a pas été organisé pour permettre aux citoyens de choisir librement et démocratiquement ses représentants mais plutôt pour préparer une nouvelle fraude électorale au bénéfice du régime en place, dans un climat de corruption généralisée, regrette le Prix Nobel 2018.

En amont des élections, avec certains autres candidats à la présidence, il avait même introduit, en vain, une requête à la Cour constitutionnelle pour examiner la régularité du processus électoral en cours, arguant de multiples irrégularités, afin qu’elle ordonne à la CENI de les rectifier pour ne pas entacher la crédibilité et la transparence des élections à venir.

Dans la foulée des élections générales, plusieurs rapports des missions d’observation électorale ont documenté de nombreux cas d’irrégularités, mettant à mal l’intégrité des résultats de différents scrutins et, en plus, la Commission d’enquête mise en place par la CENI elle-même a dévoilé des preuves tangibles d’actes frauduleux commis par certains candidats pendant le déroulement des élections. Dans une démocratie digne de ce nom, ces preuves auraient dû conduire à l’annulation pure et simple de tous les scrutins : présidentiel, législatif et municipal. Tel n’est pas le cas en République Démocratique du Congo.

« Ainsi, à la veille de la cérémonie d’investiture du Président de la RDC, nous faisons le constat que les maigres acquis démocratiques gagnés depuis l’adoption de la Constitution de 2006 sont encore davantage fragilisés et que ce nouveau déni de démocratie est avalisé par la communauté tant nationale qu’internationale ».

Le Dr Denis Mukwege déplore l’indifférence et la complaisance sidérante de la diplomatie internationale dont les valeurs fondamentales telles que la démocratie, l’état de droit et les droits humains sont affaiblies et décrédibilisées par le recours trop fréquent à la politique du « double standard ». Ce qui est inacceptable à travers le monde ne peut continuer à prendre le visage du possible en RDC !

« Tout en remerciant sincèrement les Congolaises et les Congolais qui nous ont fait confiance et nous ont accompagnés pendant toute la période de la campagne électorale, nous rejetons donc ce simulacre d’élections et regrettons qu’il ne puisse déboucher sur des institutions légitimes. Alors que notre Nation est en danger, nous connaîtrons des lendemains encore plus difficiles si nous ne faisons rien pour arrêter la tragédie actuelle ».

Le Prix Nobel de la paix 2018 affirme que chaque individu et chaque peuple choisit son destin. « Fidèle à nos convictions, nous refusons une fois de plus l’inaction et défions la fatalité. Nous invitons la population congolaise à ne pas céder au désespoir, aux discours de haine et à la violence mais à résister et à garder la flamme de l’espérance allumée car, ensemble, en se tenant main dans la main et en œuvrant avec détermination pour la cohésion nationale et l’unité, nous saurons mettre fin aux anti-valeurs, relever les défis du développement, de la paix, de l’intégrité et de l’indépendance de notre pays ».

Le réparateur va poursuivre sa mission de prendre en charge et de réhabiliter les victimes de la guerre ainsi que ses efforts de plaidoyer pour la paix, la justice et l’éradication du fléau des violences sexuelles commises comme une arme de guerre et de terreur, en RDC et à travers le monde ».

samedi 20 janvier 2024

A l’issue de sa prestation de serment : Félix-Antoine Tshisekedi s’engage à favoriser la désignation du porte-parole de l’opposition

Prestation de serment du président Félix-Antoine Tshisekedi. Le chef de l’Etat réélu a saisi cette occasion pour saluer ses adversaires qui ont participé à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. En sa qualité de garant de la cohésion nationale, le président de la République a déclaré qu’il veillerait ; au même titre qu’il exhorterait au Parlement d’assurer l’effectivité du rôle de Porte-parole de l’Opposition, que cette dernière voudra bien désigner, conformément à la Constitution.


Mesdames et Messieurs ;

Distingués invités ;

Mes très chers compatriotes,

J’aimerais, en prélude de mon allocution, rendre grâce à Dieu, Maître des temps et des circonstances, Protecteur Suprême de la République Démocratique du Congo, qui a permis notre présence en ce cadre du Stade des Martyrs de la Pentecôte ; lieu symbolique choisi, ce 20ème jour du mois de janvier 2024, pour abriter cette cérémonie solennelle de mon investiture en qualité de Président de la République.

A nos hôtes venus nombreux, je voudrais dire que votre présence à cette cérémonie historique témoigne de votre appréciation de l’immense bond en avant que vient d’effectuer le peuple congolais sur le long chemin vers l’exercice souverain de la démocratie. Bien plus, votre présence en ces lieux, reflète autant l’amitié que le soutien et l’intérêt que vos pays et vous-mêmes portez à la République Démocratique du Congo et à son peuple.

Revenant sur cet exercice souverain et démocratique, je voudrais particulièrement exprimer, au nom du peuple congolais et au mien propre, mes sincères remerciements aux Nations Unies à travers sa Mission de stabilisation pour la République Démocratique du Congo, de même que la République arabe d’Égypte ainsi que les républiques voisines du Congo et d’Angola pour l’appui logistique fourni, à la Commission Électorale Nationale Indépendante, dans les dernières semaines précédant la tenue des scrutins.

Je ne pourrais également omettre de saluer et de rendre un hommage appuyé à la mémoire de nos héros, de tous nos compatriotes tombés sur le champ d’honneur, ainsi que celui de toutes les victimes de la barbarie de nos agresseurs pour que vive la République Démocratique du Congo dont nous sommes aujourd’hui bénéficiaires.

Par reconnaissance au sacrifice de nos héros et de nos martyrs, je vous prie de vous lever et d’observer un moment de recueillement en leur mémoire... Je vous remercie.

 Excellences Mesdames et Messieurs,

Distingués invités,

Face à ses responsabilités et devant son Histoire, le Peuple congolais, a posé, le 20 décembre 2023, par l’exercice de son droit de vote, un acte à la triple symbolique. En effet, le 20 décembre, le Peuple congolais a clamé son amour indéfectible pour notre cher et beau pays ; il a réitéré son profond attachement à la Démocratie et aux valeurs républicaines qui le transcendent ; tout comme il a préservé, par cet acte, l’héritage nous légué par nos Pères fondateurs dont le sacrifice consenti pour notre liberté, demeure le socle de notre Loi fondamentale.

Appelé à opérer librement son choix parmi les différentes offres qui lui étaient présentées, le Peuple congolais, souverain primaire, a opté, dans sa plus grande majorité, pour la consolidation des acquis glanés du combat auquel je m’étais solennellement engagé le 24 janvier 2019, lors de ma première investiture ; celui, de : « garantir le mieux-être de chaque citoyen et citoyenne de la République Démocratique du Congo » ; de préserver leur dignité et de restaurer leur fierté d’appartenir, en tout temps et en tout lieu, à notre chère et belle Nation.

Le Peuple congolais m’a renouvelé sa confiance, dans la foi et la volonté que se poursuive l’émergence d’un Congo fort, ambitieux, conscient de ses potentialités et avide de progrès ; un Congo plus uni, plus fort et plus prospère.

Mes chers compatriotes,

Ce résultat que nous célébrons ce jour a bénéficié de plusieurs apports spécifiques, que je m’en voudrais de ne pas mettre en exergue. Ainsi, je salue chaleureusement ma famille politique et mes compagnons de lutte de l’Union Sacrée de la Nation, structure qui inclut mon parti l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social Je salue tout autant les candidats à l’élection présidentielle qui se sont désistés en ma faveur, les diverses organisations politiques alliées et celles de la Société Civile qui se sont mobilisées autour du projet que je porte pour notre Nation. Chacun a fait sa part et ma reconnaissance va à vous tous.

Je saisis également cette occasion, pour accomplir mon devoir républicain, celui de saluer mes adversaires qui ont participé à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. Ne dit-on pas que « plus le combat est dur, plus la victoire est belle ».

Vous êtes donc, Mesdames et Messieurs, une composante consubstantielle à l’évènement de ce jour et vous avez, à juste titre, votre place dans la gouvernance de notre pays. En ma qualité de garant de la cohésion nationale, j’y veillerai ; au même titre que j’exhorterai au Parlement d’assurer l’effectivité du rôle de Porte-parole de l’Opposition, que cette dernière voudra bien désigner, conformément à la Constitution.

Mes très chers compatriotes,

Je vous ai entendu ! Et saisissant la gravité de cet instant en prenant Dieu ainsi que l’assistance à témoin ; c’est avec un immense honneur, fort de votre plébiscite et revigoré de votre confiance renouvelée, que je consens à relever cet énorme défi dont je viens d’être à nouveau investi ; celui de présider à la destinée de notre pays pour un second mandat.

Chers compatriotes,

J’ai appris à communier avec vous et à mieux vous connaître dans ce qui vous anime autant que dans ce qui constitue le lot de vos principales attentes et préoccupations. J’ai conscience des attentes que peuvent susciter le chômage, la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes, les femmes ou encore les personnes vivant avec handicap, l’autonomisation et la promotion des femmes dans notre société, de même que l’inclusion et la protection des personnes les plus vulnérables ; tout comme j’ai conscience de vos attentes relatives à l’augmentation du pouvoir d’achat, la stabilité du franc congolais, la création d’une véritable industrie qui pourra concourir à la réduction de la dépendance de notre économie aux importations, notamment celles des biens et des produits de première nécessité.

Au-delà des questions relatives à l’emploi, à la cohésion nationale, à l’économie nationale et à la monnaie ; le renforcement de l’État dans sa capacité à : sécuriser la population et ses biens ; à éradiquer l’activisme terroriste et les groupes armés qui sévissent dans la partie orientale de notre pays ; à protéger avec plus d’efficacité nos frontières ; à assurer la défense ainsi que la sauvegarde des intérêts de notre pays partout où ils sont discutés, sont là autant de sujets qui aujourd’hui nourrissent vos préoccupations.

Ces préoccupations, pour lesquelles des actions visibles ont été réalisées au cours du précédent mandat continueront d’être au centre de l’action gouvernementale sous mon impulsion et au moyen de ma vision. Une vision, mieux une ferme prédisposition pour l’action déclinée à travers les six (6) engagements contenus dans le projet de société que je vous ai présenté au moment de solliciter vos suffrages.

Ce nouveau quinquennat aura ainsi pour objectif :

• Premièrement, de créer plus d’emploi : en accélérant la promotion de entrepreneuriat notamment celui des jeunes, et au moyen d’une approche volontariste inspirée de nos réalités sociétales ;

• Deuxièmement, de protéger le pouvoir d’achat des ménages : en stabilisant le niveau de l’inflation et en maîtrisant le taux de change ;

• Troisièmement, d’assurer avec beaucoup plus d’efficacité la sécurité de nos populations, de notre territoire, de nos biens ainsi que la préservation de nos intérêts : au moyen d’une restructuration profonde de notre appareil de sécurité et de défense et par la poursuite du renforcement de notre diplomatie ;

• Quatrièmement, de poursuivre la diversification de notre économie et d’accroître sa compétitivité : en optant pour la transformation de nos produits agricoles et miniers bruts sur notre sol ;

• Cinquièmement, de garantir plus d’accès aux services de base : en veillant à l’extension des programmes tels que ceux de la Couverture Santé Universelle, de la Gratuité de l’Enseignement et du PDL 145T ; et enfin,

• De renforcer l’efficacité de nos services publics.

Ces engagements résument ma détermination à offrir des solutions pragmatiques par la force de la volonté et de la mobilisation des énergies de tous pour la création de plus d’emplois pour les jeunes à la sortie de la formation et pour les personnes en sous-emploi, la maîtrise du coût de la vie, et la garantie de la sécurité des citoyens où qu’ils vivent.

À ces engagements s’ajoute l’épineuse question du désenclavement de nos territoires, dont la solution en termes de financement vient déjà d’être rendue possible, notamment grâce à l’affectation prochaine de fonds issus de l’enveloppe obtenue dans le cadre de la renégociation du projet SICOMINES et qui devrait atteindre un montant global de 7 milliards de dollars américains. A cette question épineuse, se posent-elles aussi celles du développement des chaînes de valeurs agricoles et de l’assainissement de nos villes ; trois défis qui constitueront les trois (3) Initiatives présidentielles prioritaires de ce nouveau mandat.

Mes très chers compatriotes,

L’expression de vos suffrages et le renouvellement de votre confiance à mon égard, interviennent dans une période critique de l’Histoire où de nombreux défis pèsent sur notre devenir collectif. D’abord, sur le plan national, les efforts fournis dans la sécurisation de nos concitoyens et dans la sauvegarde de notre intégrité territoriale se retrouvent mis à mal par les velléités obscures de certains États voisins, d’acteurs extérieurs ou internationaux avec la complicité lâche de certains des nôtres.

En effet, nonobstant votre vigilance, le sacrifice et la bravoure de nos vaillantes Forces de Sécurité et de Défense, les menaces se veulent résilientes ; et pour beaucoup, alimentées par la trahison de certains congolais qui, sans scrupules et sans la moindre considération humaine et patriotique, s’allient à l’ennemi pour faire couler le sang de leurs propres frères et sœurs congolais.

Toujours sur le plan national, se pose le défi de la sauvegarde de notre cohésion nationale qui ne peut se faire qu’au moyen du renouvellement et de la consolidation de notre « vouloir vivre collectif ». Un « vouloir vivre collectif » où seront bannis les fléaux de la haine, du tribalisme, du clanisme et de toutes les antivaleurs qui aujourd’hui minent le développement de notre pays. Bref, un « vouloir vivre collectif » comme valeur sacrée que nous léguerons entière aux générations futures.

Ensuite, sur le plan international, se dresse le défi de l’intégration régionale et du développement de notre continent pour lequel notre pays, la République Démocratique du Congo a significativement contribué, et fort de son potentiel, se veut aujourd’hui plus qu’hier un acteur incontournable, mieux un catalyseur.

Enfin, se pose-t-il le défi du réchauffement climatique pour lequel notre pays se veut être une solution, au regard de ses potentialités naturelles, qui ne sont plus à présenter ; tout comme le défi collectif, de la préservation de notre existence commune face aux idéologies du chaos et à la folie meurtrière qui n’épargnent aucune nation ni aucun pays.

Chers compatriotes,

Je mesure l’ampleur de la tâche qui m’attend ainsi que toute la portée des attentes légitimes qu’évoque cet ultime mandat, dans l’esprit de chaque Congolaise et de chaque Congolais. J’ai, cependant, la certitude que par votre concours et interpellés par ce devoir patriotique qui consiste à rassembler toutes nos forces et nos intelligences, nous serons capables de combler ces attentes et de relever le défi d’assurer la destinée de notre pays.

Mes très chers compatriotes,

Nous y sommes ! Par cette cérémonie solennelle d’investiture, je reprends donc le bâton de commandement que vous m’aviez confié, avec la détermination de maintenir allumé le feu sacré de notre Nation. À présent, il s’agit pour nous de transformer, durant les cinq prochaines années, les prouesses que nous avons réalisées et de parachever l’avènement d’un Congo plus uni, mieux sécurisé et plus prospère. Il s’agit désormais, pour nous, de rester mobilisés et soudés dans notre lutte contre l’insécurité et la pauvreté, nos seuls et réels ennemis.

Il s’agit à présent, pour la Nation, de croire aujourd’hui plus qu’avant, en notre communauté de destin et d’y travailler de manière beaucoup plus harmonieuse ; tout en veillant à ne pas laisser émerger, ni triompher, et en s’assurant à ce qu’ils soient poursuivis dans leur dernier retranchement et qu’ils subissent la rigueur de la Loi, toutes celles et ceux qui ont choisi ou qui seront tentés d’emprunter la voie de l’ignominie et de la barbarie.

Tirant les leçons de l’expérience passée et ayant à l’esprit vos aspirations exprimées, je m’engage à user de tout ce qui est en mon pouvoir pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus et pour que les actions nécessaires à l’avancement de notre pays soient promptement prises. C’est à cela que j’engagerai le Gouvernement qui sera formé, une fois la majorité dégagée. D’ores et déjà, j’appelle tous les animateurs des institutions publiques, à quelque échelon que ce soit, toutes les citoyennes et tous les citoyens à un sens élevé de patriotisme, afin que notre rêve commun à tous, de voir notre Congo dans toute sa splendeur devienne une réalité.

Mes très chers compatriotes,

Désormais investi de la charge suprême de la République, je me tiens en ces lieux pour sceller, avec vous, ce nouveau contrat marqué du sceau de vos sacrifices, de vos aspirations, de votre vitalité et de votre clairvoyance. Aujourd’hui plus que jamais, vous avez démontré à la face du monde, par la force de votre dignité, de votre courage, de votre résilience, de votre vigilance et de la lueur de la flamme patriotique qui jaillit en vous, qu’un Congo transfiguré est né.

Mes très chers compatriotes,

Aujourd’hui, une nouvelle ère est née ! Une ère de maturité incarnée par les valeurs républicaines de paix et de justice ; Une ère de progrès, débarrassée de ce qui jadis nous minait ; Une ère magnifiée par le labeur, l’action juste et consciencieuse des

filles et fils de notre Mère-Patrie ; Une ère transcendée par le serment renouvelé de ne jamais trahir le Congo et son peuple, et de propulser plus haut l’étendard de notre chère et belle Nation ; Enfin, l’ère du renouveau, lancée par un quinquennat que rien ne détournera de sa volonté de réaliser une République Démocratique du Congo, plus unie, plus en sécurité et plus prospère, pour la postérité.

Que vive la démocratie !

Que vive le Peuple Congolais !

Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo, son Peuple et

tous ceux qui l’ont choisie comme pays de résidence !

Je vous remercie.