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samedi 31 décembre 2011

Pour licenciement abusif, des employés locaux en justice contre l’Union africaine

Cinq employés locaux congolais ont traduit leur employeur l’Union africaine devant le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa-Gombe. A l’audience du 25 novembre 2011, Institution africaine a brillé par son absence. Et pourtant, elle a été saisie par un exploit de ce tribunal. L’Union africaine a refusé de se présenter à l’unique audience consacrée à ce dossier.
Les cinq employés locaux ont écrit le 26 juin 2011 au Représentant spécial du président de l’Union africaine en Rdc. Après avoir rendu des loyaux services à cette importante institution dont il assume la responsabilité en Rdc, ces honnêtes travailleurs ont été remerciés comme de petits chiens.
Au-delà du fait que tous ces licenciements ont été opérés en marge des dispositions impératives du Code de travail congolais, notamment les articles 60 et 70. Il est à constater paradoxalement que la plupart d’entre eux sinon tous, ont été licenciés pendant qu’il leur proposait un renouvellement de contrat.
Ces Congolais lésés avaient donc décidé de porter cette affaire devant un tribunal compétent en la matière afin que justice soit faite. « Par ailleurs, un mauvais arrangement valant mieux qu’un bon procès, voudrez-vous nous dissuader de recourir à cette voie ultime en offrant l’opportunité de cet arrangement à l’amiable ? », s’interrogeaient ces employés pour une solution à l’amiable. Face au silence du Représentant de l’Union africaine, ils ont résolu de porter cette affaire devant le juge.
Etant resté de marbre, les cinq employés ont de nouveau écrit une autre lettre en date du le 28 juin 2011, avec pour copie pour information au ministre congolais des Affaires étrangères, à Monsieur le président de la commission de sécurité de l’Union africaine, à Monsieur le secrétaire général de l’Union africaine, à Monsieur le directeur Paix et sécurité de l’Union africaine à Addis-Abeba, à Monsieur le directeur de l’administration et développement des ressources humaines de l’Union africaine en Rdc pour leur tenir informer de ce dossier de licenciement subjectif et arbitraire de cinq agents congolais de l’Union africaine.
« On pouvait déjà s’attendre que vous n’allez pas répondre, il semble que le mépris en l’endroit des autorités congolaise, vous ayant même poussé, semble-t-il, d’insulter directement notre président de la République Joseph Kabila, mépris qui a même entrainé cette révocation sauvage et renversant les lois congolaises, n’aurait pas dû nous épargner, nous qui étions des simples travailleurs », écrivaient-ils dans leur correspondance.
L’accord de siège Oua-Rdc en son article XI pose et lui oblige que « les membres du Bureau de l’Oua respectent les lois et règlements en vigueur en Rdc et s’abstiennent de toute activité politique, militaire ou autre, incompatible avec le caractère international de leur mission et avec leurs fonctions. Ils adoptent un comportement digne de leur statut ».
En politique et droit social congolais, il n’avait - là-dessus - rien respecté : pour preuve, ces licenciements subjectifs et violation du devoir de réserve. Ces violations ont renversé pêle-mêle et insouciamment le Code du travail en ses articles 62 à 73, 75 à 79 : une violation massive. Nombreux ont été renvoyés ainsi sans décompte final, privés de leurs arriérés de salaires, qu’ils réclament constamment.
Nombreux également, ayant 3 à 5 ans de prestations ininterrompues sans aucun congé, ni repos, ni indemnité ou autre allocation quelconque. Des contrats de travail, en renouvellement, à des employés pourtant déjà licenciés sans levées préalables desdites révocations.
Des dégradations d’employés sans motifs entrainant ensuite carrément leurs licenciements aveugles. Il n’y a pas pire que pareilles massives violations, etc.
L’on doit être trop arrogant et irrespectueux des lois du pays d’accueil pour fouler aux pieds autant des bornes et proscriptions législatives et ne jamais répondre à aucune lettre.
Les employés congolais de l’Union africaine en rappelaient à sa bonne foi et au sens élevé de responsabilité afin de leur arrêter d’aller au-delà de cette lettre-rappel notamment vers un contentieux judiciaire qui risque de s’avérer imprévisible autant que plein des désagréments.
« Vous avez, peut-être, intérêt à voir tenir les rapports et images de l’Union africaine en Rdc, éventuellement avant votre départ du territoire national congolais, nous non plus, nous nous engageons au contraire, de les sauvegarder car très chers pour la République », insistaient ces travailleurs licenciés.
Le ministère congolais des Affaires étrangères dans une correspondance du 29 septembre 2010 avait informé présente tous les mission diplomatiques, postes consulaires, représentations des organisations internationales ainsi qu’aux agences du Système des Nations unies accrédités en Rdc que pour embaucher ou tenir en service un personnel local congolais, la signature par les deux parties du contrat de travail est indispensable. La copie de ce contrat dûment légalisée doit lui être signifiée, au terme duquel l’employeur procède à l’octroi d’une carte de service à l’agent concerné et sollicite par la suite au ministère des Affaires étrangères l’établissement d’une attestation.
Pour des raisons de conformité juridique et administrative, le ministère saurait gré aux missions diplomatiques, représentations des organisations internationales ainsi qu’aux agences du système des Nations unies de bien vouloir observer les dispositions pertinentes  de la législation congolaise du travail et lui communiqué par la suite des listes du personnel local congolais et étranger employé par elle ainsi que les contrat qui le lient à leurs employeurs.
Le ministère constate avec regret le 29 septembre 2010 la fluctuation des assignations en justice initiées par le personnel local congolais employé par certaines missions suite au non respect de l’application stricte de la législation du travail en vigueur en Rdc.
Le ministère saurait gré à toutes les missions concernées à bien vouloir améliorer l’environnement du travail en faveur du personnel local en promouvant les règles de droit social, afin d’éviter les agitations du genre a ester chaque fois ces missions diplomatiques, postes consulaires, représentations des organisations internationales ainsi que les agences du Système des Nations unies en Rdc et saisit cette occasion pour leur renouveler les assurances de  sa haute considération.  
Faute d’un répondant du coté de l’Union africaine qui foule, par la faute de son Représentant les lois de la Rdc, de répondre à l’audience du 25 novembre 2011, le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa-Gombe a pris l’affaire en délibéré. Il reste à savoir si le ministère congolais des Affaires étrangères aidera les employés locaux à obtenir réparation.


vendredi 30 décembre 2011

L’ambassade des États-Unis en Rdc annonce le lancement du concours Femme de Courage 2012

Le prix Femme de Courage est destiné à reconnaître et à honorer la contribution de la femme au développement de la société en République démocratique du Congo. Chaque année, un prix est décerné à la femme qui s’est particulièrement distinguée dans sa sphère d’activité, en suscitant le changement et l’émulation dans sa communauté. 
Des formulaires seront disponibles au Centre Culturel Américain et dans les bureaux régionaux de la Fédération des Entreprises Congolaises - Féc -, pour les personnes désirant nominer des candidates. On pourra les y déposer avant le 15 février 2012. Les candidates doivent être de nationalité congolaise et résider en Rdc. La gagnante sera proclamée lors d’une cérémonie de remise du prix qui se tiendra le 30 mars 2012.
Le prix Femme de Courage est le fruit d’un partenariat entre l’Ambassade des États-Unis en République démocratique du Congo, le Ministère du Genre, Famille et Enfants; le Ministère de la Culture et Arts; Onu Femmes; l’Unesco; la Section Femme de la Féc; l’Ong Initiative Plus de Madame Olive Lembe Kabila; Le Cadre de Concertation de la Femme Congolaise - Cafco -; le Centre Régional de Recherche et de Documentation sur les Femmes; la Coordination Nationale du Comité de Suivi de la Société Civile et le Club International des Femmes à Kinshasa. Le prix Femme de Courage clôture habituellement la série d’activités que l’Ambassade des États-Unis a coutume d’organiser pour commémorer le mois de la femme.  
En 2011, le prix Femme de Courage a été décerné à Madame Efinole Madeleine Yelika, au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée au Grand Hôtel de Kinshasa le 31 mars. Mme Yelika a été récompensée pour son dévouement, son initiative et son assistance visant à aider les personnes vivant avec handicap à assurer leur autosuffisance socio-économique.
Veuillez nous écrire à l’adresse email ci-après pour recevoir de plus amples informations: femmecourage@gmail.com ou contactez-nous au 498, Avenue Lukusa dans la commune de la Gombe.

mercredi 28 décembre 2011

Jed en appelle à un état d’urgence pour sauver la liberté de la presse et exige la dissolution du Csac


Dans un Rapport sur l’état de la liberté de la presse en 2011, rendu public au lendemain de l’investiture du Président Joseph Kabila pour un nouveau quinquennat, Journaliste en danger - Jed - lance un appel urgent au Pouvoir en place pour stopper l’escalade de la répression qui s’abat sur la presse depuis la crise postélectorale qui s’est installée au pays après les présidentielles du 28 novembre 2011.  
Le SG de Jed, Tshivis Tshivuadi
Alors que dans sa prestation de serment, le Président de la République a, une fois de plus, juré de faire respecter la Constitution qui garantit sans ambages les droits et libertés fondamentaux,  dont la liberté de presse et d’opinion, Jed note avec une grande  inquiétude que l’étau se resserre chaque jour un peu plus autour des médias à Kinshasa et en provinces, et se traduit par des  menaces et arrestations des journalistes ; des attaques armées contre des maisons de presse ; l’interdiction des émissions et la fermeture des médias proches de l’opposition.
Pour l’année 2011, Jed a recensé et documenté au moins 160 cas d’atteintes diverses à la liberté de la presse dont près de la moitié enregistrés pendant la période électorale. Ces attaques contre la presse se présentent de la manière suivante :
         - 1 journaliste tué à Kirumba dans le Nord-Kivu en juin 2011
         - 42 arrestations des journalistes
         - 57 cas de menaces et d’agressions contre les journalistes
         - 43 cas de censure et d’entraves à la circulation de l’information
         - 17 cas de pressions sur les médias.

A titre illustratif de la répression qui s’est accrue contre la presse et contre la libre information au cours des dernières semaines qui ont précédé ou suivi les scrutins du 28 novembre, on peut citer les cas ci-après :
Au Maniema, la Radio Communautaire Tujenge Kabambare - Rctk -, une station émettant à Kabambare, un territoire de la province du Maniema - Est de la Rdc -, est fermée depuis vendredi 18 novembre 2011 jusqu’à ce jour, sur ordre de M. Isaac- Ernest Miyambo, administrateur du territoire. Il est reproché à ce média d’avoir diffusé, la veille, une interview de M. Sympho Muzinga wa Muzinga, leader d’un ancien mouvement armé d’auto défense dans le territoire de Kabambare, dénommé « Rïya Mutomboke » qui avait menacé de perturber les opérations de vote du 28 novembre dernier si le gouvernement provincial ne respectait pas ses engagements de payer leurs primes. 
A Kinshasa, Canal Futur Tv - Cftv -, une chaîne proche de l’opposition, a vu son signal coupé, lundi 28 novembre 2011 vers 21 heures locales, pour une durée de dix jours par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac -. La coupure du signal était intervenue pendant que CF Tv diffusait une émission intitulée « Spéciale soirée électorale » dénonçant les irrégularités constatées dans les différents bureaux de vote lors du double scrutin, présidentiel et législatif, et donnant les résultats de vote affichés dans un bureau de vote. Cftv a été accusé d’avoir diffusé des « propos comportant des accusations sans preuve contre un adversaire politique ».   Mais, près de trois semaines après l’expiration du délai de suspension, le signal de Canal Futur Tv n’est toujours pas rétabli, et cela sans aucune explication. 
Le DG de Canal Futur Tv, Giscars Kusema
A Kinshasa, Radio Lisanga Télévision - Rltv -, principale chaîne proche de l’opposition, a été interdite de diffusion, le samedi 3 décembre 2011, par le Conseil Supérieur de la Communication et de l’Audiovisuel - Csac - pour une durée de sept jours. Rltv a été accusée d’avoir diffusé des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 dont la source n’était pas la Commission Electorale Nationale Indépendante (Céni). Son antenne provinciale de Mbuji Mayi, capitale de la province du Kasaï Oriental, a été assiégée, lundi 5 décembre 2011 vers 14 heures locales, par un groupe d’éléments de la police nationale congolaise fortement armés. Depuis, les deux stations ont cessé d’émettre jusqu’à ce jour.
Depuis le samedi 3 décembre 2011, Le service de messagerie téléphonique, Sms, a été suspendu, jusqu’à nouvel ordre, dans tous les réseaux de télécommunication de la Rdc, par M. Adolphe Lumanu, vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité. Cette mesure dite conservatoire a été prise pour « préserver l’ordre public et assurer un aboutissement heureux du processus électoral en Rdc ».  En dépit des protestations de la population,  et des dénonciations des Partis politiques et des Organisations de défense des droits de l’homme qui considèrent cette décision comme une atteinte à la liberté d’expression, le service de messagerie téléphonique demeure suspendu - Rétabli le 28 décembre 2011 après la publication de ce rapport -.
Les professionnels des médias
Au Maniema, dans une correspondance adressée, samedi 3 décembre 2011, aux responsables des chaînes de radio émettant à Kindu, capitale de la province du Maniema - Est de la Rdc -, M. Pascal Tutu Salumu, gouverneur de province, les a enjoint de suspendre la diffusion en relais des éditions d’informations produites par les chaînes étrangères à savoir Rfi, Bbc et Africa N°1. Selon le gouverneur, cette décision était prise « dans le cadre des dispositions de sécurisation de la population de Maniema en rapport avec la publication des résultats des élections du 28 novembre 2011 ».  Plus de deux semaines après la publication des résultats, cette interdiction demeure.  
Au Kasai Oriental, la Radio Kibungie, une station émettant à Kabinda, un territoire situé à 140 kms de Mbuji-Mayi, capitale de la province du Kasaï – Oriental - centre de la Rdc -, a été interdite d’émission, samedi 17 décembre 2011, par MM. Paul Djonga et Bovic Ngefo, respectivement commissaire de district et directeur local de l’Agence Nationale des Renseignements - Anr - pour raison de « sécurité ». Un mandat d’arrêt a été lancé contre M. Toto Kasongo, directeur de radio Kibungie, qui vit depuis lors en clandestinité. La Radio Kibungie a, dans ses émissions, dénoncé les actes de fraude et de tricherie, qui se déroulaient au centre local de compilation de la Commission Electorale Nationale Indépendante - Céni -.
Au Kasai Oriental, les installations de la Radio Télévision Nationale Congolaise - Rtnc -, station locale de Lodja, un territoire de la province du Kasaï Oriental - centre la Rdc - ont été saccagées, lundi 19 décembre 2011, par les supporters d’un candidat député national qui accusaient la Rtnc de critiquer leur leader.
La Radio Télévision Débout Kasaï - Rtdk -, une chaîne émettant à Mbuji-Mayi, capitale de la province du Kasaï Oriental, a été attaquée, vendredi 23 décembre 2011 vers 18 heures, par un commando armé de six personnes en tenue civile. Les assaillants ont forcé la grille des installations de Rtdk en tirant à balles réelles et lancé du gaz lacrymogène dans le studio de ce média. Le journaliste Adolphe Tshikala qui s’y trouvait a été arrêté et conduit au cachot de l’Anr où il a passé quatre jours avant d’être acheminé au parquet, mardi 27 décembre 2011.
Kleber Kadiediem, directeur de Kasaï Horizon Radio Télévision - Khrt -, une chaîne émettant à Mbuji-Mayi, a été attaqué, vendredi 23 décembre 2011, par un groupe d’éléments de la police  qui ont menacé de tirer sur lui. Le journaliste a été accusé d’avoir commenté, mardi 20 décembre 2011, dans un duplex sur les ondes de Bbc,  l’absence des chefs d’Etats étrangers lors de la cérémonie de prestation de serment du président Joseph Kabila.  
Des journalistes de Kinshasa
Mathieu Kamango, journaliste à Télé 50, une chaîne proche de la mouvance présidentielle, a été violemment pris à partie, vendredi 23 décembre 2011, par un groupe d’éléments de la police militaire, non loin du stade des martyrs, où M. Tshisekedi, qui s’est autoproclamé Président de la République, avait annoncé sa prestation de serment. Kamango a été conduit manu militari au cachot du camp militaire Kokolo où il a été copieusement passé à tabac  et gardé pendant plus de cinq heures. Kamango a été dépouillé de tous ses biens et menacé de mort par ses bourreaux.  
Thomas Hubert, correspondant de Bbc Afrique à Kinshasa, a vu son matériel de travail confisqué, vendredi 23 décembre 2011, par un officier de la Garde Républicaine au moment où il tentait de faire un reportage sur la prestation de serment annoncé de M. Etienne Tshisekedi au stade des Martyrs de Kinshasa. Ce matériel était composé d’un enregistreur audio, d’un micro de marque Bbc et d’une caméra vidéo. Thomas a dit à Jed qu’après avoir contacté la présidence de la République son matériel lui a été restitué plusieurs heures après mais sans la mémoire contenant ses enregistrements audio.   
Au Kasai Oriental, la Radio Veritas, une station communautaire émettant à Kabinda, dans la province du Kasaï Oriental, est fermée depuis samedi 24 décembre 2011 par MM. Paul Djonga et Bovic Ngefo, respectivement commissaire de district et directeur local de l’Agence Nationale des Renseignements - Anr - pour « outrage au chef de l’Etat ». Radio Veritas a diffusé dans son journal du vendredi 23 décembre 2011 une information tirée  d’un site Internet,  faisant état de l’existence  des « deux Présidents de la République en Rdc ». Dans cette édition du journal, les journalistes ont proposé que la RDC soit dirigée par un troisième Homme,  autre que Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi qui se disputent la légitimité du pouvoir. Contacté par Jed, M. Norbert Nevild, directeur de Veritas a déclaré que les journalistes qui ont présenté cette édition du journal ont été auditionnés, les 26 et 27 décembre 2011, à l’Anr autour de cette information. « Le responsable de l’Anr m’a demandé de sanctionner les deux journalistes avant la reprise des émissions de la radio. Je ne peux pas les sanctionner, car les journalistes n’ont commis aucune faute professionnelle. » a ajouté M. Norbert. (Cette radio a repris ses émissions le 28 décembre 2011 après la publication de ce rapport).
Présentation du rapport de monitoring
Dans la province du Bas-Congo, Célestin Kashala, directeur à Radio Bangu, une station communautaire émettant à Kimpese, un territoire de la province du Bas- Congo - sud-ouest de la Rdc - a été arrêté, samedi 24 décembre 2011, sur plainte de M. Dominique Nsimbi, président local du Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie - Pprd, parti présidentiel -. Kashala a été transféré le lendemain au cachot de la police de Matadi, chef lieu de la province, où il est encore détenu. Kashala est poursuivi pour « incitation de la population à la révolte ». Radio Bangu a été accusée d’avoir diffusé, vendredi 23 décembre 2011, une information ayant trait à la prestation de serment de M. Etienne Tshisekedi et incité la population à saccager le siège local du Pprd. Contacté par Jed à partir de sa cellule,  Kashala a déclaré que sa radio n’a jamais diffusé une telle nouvelle. « Nous avons suspendu, par prudence, toutes les éditions des journaux parlés pour éviter de telles accusations », a-t-il ajouté. 
Dans ce Rapport intitulé : « La liberté de la presse pendant les élections », et dont une partie est consacrée à l’observation des médias durant la période de la campagne électorale, Jed se désole également de constater que les médias congolais, dans leur ensemble, se sont engagés, et en toute connaissance de cause, dans une frénésie propagandiste qui a occulté les vrais débats démocratiques sur les candidats et leur programmes.
Il s’ensuit, selon Jed, que la campagne électorale pour les présidentielles et les législatives du 28 novembre 2011 a été un véritable fiasco dans les médias. La dérive propagandiste des médias, y compris des médias publics, ponctuée parfois par des propos et discours d’incitation à la haine et à la violence, dans un climat de tension et d’intolérance politique,  a eu des effets pervers sur la sécurité des journalistes, et pose désormais une question de crédibilité et de professionnalisme de la presse congolaise. 
Face à un tableau aussi sombre et inquiétant de la liberté de la presse, et qui mine les fondements d’un Etat démocratique, Jed en appelle aux plus hautes autorités du pays, et demande des mesures d’urgence pour sauver la liberté de la presse ainsi gravement menacée.
Pour Jed, les multiples interférences des politiques et des services de sécurité dans les médias, et qui continuent, en violation des prérogatives dévolues au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac - , consacrent l’échec de l’instance de régulation des médias, dans ses missions reconnues de protéger le droit du peuple à l’information et de promouvoir le professionnalisme des médias.
Face à l’incapacité avérée du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac - à assumer son indépendance et qui met en péril la liberté de presse et d’expression, Jed demande au Chef de l’Etat, dans ses prérogatives de Garant du bon fonctionnement des Institutions, d’ordonner la dissolution du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac - dans sa composition et son fonctionnement actuels, en attendant la mise en place d’un organe plus crédible et plus compétent.

mardi 27 décembre 2011

Après son bref séjour à Rome, le Cardinal Laurent Monsengwo prone la paix dans son homélie de Noël

*Les chrétiens du monde entier ont célébré, le dimanche 25 décembre dernier, la fête de nativité. A Kinshasa, différentes églises catholiques et protestantes ont commémoré cette venue du Messie avec faste. Dans son homélie de la messe de réveillon de Noël, à la Cathédrale Notre-Dame du Congo, l’Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, s’est voulu très contextuel. Le Prélat catholique a exhorté le peuple de Dieu de la RDC à entretenir ‘‘la paix au quotidien’’. Une paix, souligne-t-il, qui est un héritage que le Christ a légué au monde après avoir accompli, par son sacrifice rédempteur, la réconciliation de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux. Cette paix, renchéri le Cardinal, n’est possible que s’il y a la justice, l’amour et la vérité. ‘‘La volonté du Seigneur est, en effet, que la paix puisse régner entre les hommes, dans l’unité, la réconciliation, la justice et donc dans la vérité. Il n’y a pas de paix sans la justice ni la vérité. La vérité fait que cette justice soit authentique et véridique’’, a martelé le Cardinal de la RD-Congo. Ce, avant d’en appeler à la solidarité et au partage. ‘‘Sans solidarité et partage, le combat pour la dignité humaine, la réduction de la pauvreté dans le monde, le développement intégral de l’homme, demeurent une vue de l’esprit. Notre souci des pauvres, des déshérités et des démunis sera toujours inopérant’’, a-t-il soutenu. Nonobstant la tension politique ambiante qui couve en République Démocratique du Congo, les chrétiens catholiques ne se sont pas fait prier pour converger dans leurs paroisses respectives en vue de la célébration de la fête de nativité. De retour de Rome, l’Archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a dit, lui-même, la messe de minuit, avancée de quelques heures pour raison de sécurité. C’était dans une Cathédrale Notre Dame du Congo de Lingwala, bourrée comme un œuf. Les circonstances du pays obligent, dans sa prédication, le célébrant a insisté sur la paix. Cette paix qui résume l’amour de Dieu dans l’histoire du salut, doit être cultivée au quotidien. Sans la moindre ajournement, le Prélat catholique a fait savoir que seuls la justice, l’amour et la vérité peuvent donner corps à cette paix. «La volonté du Seigneur est, en effet, que la paix puisse régner entre les hommes, dans l’unité, la réconciliation, la justice et donc dans la vérité. Il n’y a pas de paix sans la justice ni la vérité. La justice nous rend conforme à Dieu. La vérité fait que cette justice soit authentique et véridique», a-t-il prêché en évoquant une phrase du Pape Benoît XVI, à savoir que ‘‘la paix des hommes qui s’obtient sans la justice est illusoire et éphémère’’. Le prédicateur a mis en relief cette exigence car, selon lui, la paix peut être retardée sinon détruite par ‘‘nos péchés, nos manques de foi et nos divisions’’. Pour lui, la paix, cette valeur eschatologique, est un processus de longue haleine que l’homme n’a pas fini de découvrir, de vivre et de reconstruire. Une dignité incomparable ! Plus loin dans son sermon, Laurent Monsengwo Pasinya a, par ailleurs, parlé de la dignité incomparable, une dignité divine que le Christ a donné à tout être humain. «Voilà la racine théologique du combat pour l’homme et pour sa dignité, pour l’instauration de régimes politiques respectueux de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux. », a expliqué le Cardinal avant de préciser que sans solidarité et partage, le combat pour cette dignité humaine, la réduction de la pauvreté dans le monde, le développement intégral de l’homme, la mondialisation de la charité, demeurent une vue de l’esprit. L’archevêque de Kinshasa a émis le vœu de voir la mondialisation de la charité et l’instauration d’un autre ordre économique mondial, celui qui devra permettre, à tous les hommes et à toutes les femmes, d’avoir une vie humaine dans la justice et la paix. «A vous tous (tes) qui êtes rassemblée dans cette église, à tous les membres de notre communauté diocésaine et tout le peuple congolais, j’adresse mes vœux chaleureux de joyeux Noël et heureuse année 2012, dans la justice, la réconciliation et la paix. Veuille Jésus, « le Prince de la Paix », par l’intercession de sa Mère et notre Mère, accorder la paix et la joie à notre peuple », a conclu l’Archevêque de la ville de Kinshasa. Rappelons que, cette homélie du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a été lue à toutes les messes de minuit et du jour de Noël dans toutes les églises, de l’Archidiocèse de Kinshasa et aussi, aux lieux de culte public. Laurent Monsengwo en a profité pour dire à ses frères et sœurs qu’il n’avait pas fuit Kinshasa comme certaines langues l’ont affirmé. Il était parti à Rome pour célébrer son anniversaire de consécration et pour plusieurs autres raisons personnelles. Il a saisi cette opportunité pour pardonner à tous ceux qui ont raconté n’importe quoi sur sa personne. Lisez, ci-après, in extenso, l’homélie du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, dite en marge du réveillon de la fête de nativité, célébrée le dimanche 25 décembre 2011. La Paix au Quotidien ‘‘Et le Verbe s’est fait chair’’ (Jn 1, 14) ‘‘Il est notre Paix’’ (Ep 2, 14) ‘‘Justice et paix s’embrassent’’ (Ps 84, 11) NOEL 2011 Cathédrale Notre Dame du Congo, 24-25 Décembre 2011 Homélie Chers frères et sœurs, 1. En venant dans ce monde, Jésus, le Verbe incarné, amenait avec lui la paix, l’abondance des biens messianiques, la plénitude de tous les biens que Dieu avait promis à l’humanité : «paix aux hommes qu’il (Dieu) aime » ( Lc 2, 14). La paix résume l’amour de Dieu dans l’histoire du salut : «car éternel est son amour» (Ps 136, 1ss). En fait, il ne pouvait en être autrement, car les temps étaient accomplis (cfr Gal 4,4) et le Messie devait déverser sur l’humanité la paix perdue par suite du péché originel de même que la victoire promise par la première annonce du salut (Proto-évangile). 2. Avant sa passion et son départ de ce monde, le Christ nous laisse en héritage la paix, car il venait d’accomplir, par son sacrifice rédempteur, la réconciliation de l’homme avec Dieu et des hommes entre eux : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14, 24). Il donne sa paix, pas celle du monde, parce que c’est par son sacrifice que cette paix et la rédemption ont été opérées. Personne d’autre que lui ne pouvait la donner. 3. Enfin, au soir de sa résurrection il dit par deux fois aux disciples : « Paix à vous !... ». Ensuite il les envoie comme le Père l’a envoyé, puis il leur donne l’Esprit Saint pour la rémission des péchés. La paix de la rédemption proviendra de la rémission des péchés par la puissance de l’Esprit Saint. Aussi le prêtre, après avoir donné l’absolution, dit-il au pénitent : «Va en paix » (Rituel). Il s’agit de l’actualisation de la rédemption dans le temps et dans l’espace. Ainsi donc, à toutes les étapes de sa vie, Jésus apporte la paix : La paix à Noël, la paix à Pâques, la paix à tout instant. 4. L’Eglise a tellement compris et intériorisé ce message de paix qu’au cours de chaque célébration eucharistique, non seulement elle souhaite plusieurs fois la paix au peuple croyant : «La paix soit avec vous », mais surtout elle implore instamment la paix au Seigneur : après le Pater (embolisme) : « Donne la paix à notre temps », à l’Agnus Dei : Donne-nous la paix », et encore dans la prière avant l’échange de paix : « Donne-lui la paix et conduis-la vers l’unité parfaite » (Ordinaire de la Messe). 5. La volonté du Seigneur est, en effet, que la paix puisse régner entre les hommes, dans l’unité, la réconciliation, la justice et donc dans la vérité. Il n’y a pas de paix sans la justice ni la vérité. La vérité fait que cette justice soit authentique et véridique. «La paix des hommes qui s’obtient sans justice est illusoire et éphémère », dit Benoît XVI. La justice des hommes qui ne prend pas sa source dans la réconciliation par la « vérité de l’amour » (Eph 4,15) demeure inachevée : c’est l’amour de la vérité, - la vérité tout entière à laquelle l’Esprit seul peut nous conduire (Cf. Jn 16, 13) – qui trace le chemin que toute justice humaine doit emprunter pour aboutir à la restauration des liens de fraternité dans la famille humaine, communauté de paix, réconciliée avec Dieu par le Christ » (Benoît XVI, Africae munus, n. 18). 6. Les prières de l’Eglise dont nous avons parlé ci- avant montrent que la paix peut être retardée sinon détruite par nos péchés, nos manques de foi et nos divisions. C’est pourquoi l’Eglise demande au Seigneur de ne pas regarder nos péchés, mais la foi de son Eglise et de lui donner plutôt sa paix conformément à sa propre volonté. 7. Si l’Eglise demande si souvent la paix au cours de l’Eucharistie, la prière même de Jésus et de son corps tout entier, c’est d’une part, parce que l’Eucharistie conduit à la paix et d’autre part, parce que l’homme, par l’effet de son péché, ne peut à lui seul faire la paix, penché qu’il est vers la divinité, la violence, le conflit et la guerre. La paix est un fruit de l’esprit (Gal 5, 22). La paix et la réconciliation sont des fruits de cœurs convertis (metanoia). 8. En implorant tous les jours la paix à Dieu, l’Eglise nous apprend aussi que la paix est une valeur qui doit accompagner l’humanité tout au long de son pèlerinage sur terre, car elle est toujours menacée. La paix est une valeur eschatologique, un don de Dieu qui est déjà là, mais doit encore venir, toujours perfectible. Aussi est-ce aux temps eschatologiques seulement que le prophète Isaïe projette la paix et l’entente entre les peuples. «Ils forgeront leurs épées pour en faire des socs, dit le prophète, et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre » (Is 2,4). La paix est un processus de longue haleine que l’homme n’a pas fini de découvrir, de vivre et de construire. 9. Cette paix n’est possible que s’il y a la justice, l’amour et la vérité. «Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent» (Ps 85, 11). «La justice n’est pas désincarnée. Elle s’ouvre nécessairement dans la cohérence humaine. Une charité qui ne respecte pas la justice est erronée», dit Benoît XVI (Africae munus, n. 18). 10. En venant dans le monde, Jésus a aussi révélé la dignité de l’homme. Le Seigneur ne s’est pas entouré de toute sa magnificence et de son apparat divins (Cf. Phil 2, 6-8). Il est né pauvre, voire plus pauvre que le plus pauvre des enfants de l’homme. Il n’a eu qu’une mangeoire comme berceau. Le Christ voulait ainsi nous apprendre que la grandeur de l’homme n’est pas extérieure à la personne : elle se situe dans sa nature humaine. C’est cela l’essentiel, tout le reste est accidentel. Aussi la pauvreté était-elle le mode de vie habituel de Jésus. 11. Il s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté (2 Cor 8, 10). Il a embrassé notre pauvreté humaine pour nous enrichir de sa divinité. Dès lors, le Christ a donné à tout être humain une dignité incomparable, une dignité divine. Voilà la racine théologique du combat pour l’homme et pour sa dignité, pour l’instauration de régimes politiques respectueux de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux. Saint Paul nous enseigne que ce combat s’accompagne de la solidarité et du partage (2 Cor 8, 12ss). 12. Sans solidarité et partage, le combat pour la dignité humaine, la réduction de la pauvreté dans le monde, le développement intégral de l’homme, la «mondialisation de la charité» (Jean Paul II) demeurent une vue de l’esprit. Notre souci des pauvres, des déshérités et des démunis sera toujours inopérant. Chers frères et sœur, 13. L’enfant de la Crèche de Bethléem nous rappelle certaines vérités essentielles. Tout d’abord, que la dignité humaine n’est pas fonction de l’avoir, mais de l’être d’une personne. L’homme ne vaut pas par l’apparat extérieur, mais par sa valeur intrinsèque. Il attire ensuite notre attention sur la multitude d’enfants pauvres, démunis, déshérités et nous invite instamment à la générosité, à la solidarité et au partage avec eux. Comme le dit l’Ecriture : «Se trouve-t-il chez toi un pauvre d’entre tes frères, dans l’une des villes de ton pays que le Seigneur ton Dieu te donne ? Tu n’endurciras pas ton cœur ni fermeras la main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main toute grande et tu lui prêteras ce qui lui manque. » (Dt 15, 7-8). 14. Enfin, l’Enfant- Dieu nous exhorte au combat pour la dignité humaine. Il est plus que temps de mondialiser la charité et d’instaurer un ordre économique mondial qui permette à tous les hommes et toutes les femmes d’avoir une vie vraiment humaine, dans la justice et la paix. 15. A vous tous (tes) qui êtes rassemblés dans cette église, à tous les membres de notre communauté diocésaine et tout le peuple congolais, j’adresse mes vœux chaleureux de joyeux Noël et heureuse Année 2012, dans la justice, la réconciliation et la paix. Veuille Jésus, « le Prince de la Paix », par l’intercession de sa Mère et notre Mère, accorder la paix et la joie à notre peuple. Avec mon affectueuse bénédiction, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
+ Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kinshasa