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lundi 30 juillet 2012

On n’y trouve nulle mention d’une négociation avec quelque force négative que ce soit dans le document du gouverneur du Nord-Kivu, déclare Lambert Mende


Réagissant à une  déclaration de la Société Civile de sa juridiction, le Gouverneur du Nord-Kivu a émis le samedi 28 juillet le souhait de voir un mécanisme international procéder à l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 entre le Gouvernement de l’époque et l’ensemble des mouvements armés opérant alors dans cette partie du pays ; un accord qui sert de prétexte à l’agression en cours contre notre pays dans sa partie Est.
Avant même  que le Gouvernement  de la République, principal destinataire de cette requête, n’ait réagi, on a enregistré des interprétations en sens divers à ce sujet. Une certaine opinion s’est émue de ce qu’elle considérait comme l’abandon de l’option militaire dans la gestion par la RDC de cette guerre.
On a vu par ailleurs la pseudo-mutinerie du M23 et ses initiateurs dans la région rouler les mécaniques en affirmant que le Gouvernement avait opté pour négocier avec ces faire-valoir d’une agression extérieure qualifiée.
Le Gouvernement de la République a bien reçu la requête du Gouverneur Julien Paluku. A l’examen, il ne ressort nulle part dans cette requête l’idée d’un quelconque choix préférentiel d’un type de gestion de la sale guerre imposée au peuple congolais qui exclurait le recours à une autre approche. Il nous faut à cet égard réitérer d’emblée le maintien, du reste rappelé par M. le Président de la République Démocratique du Congo dans son entretien de samedi avec la presse nationale, d’une réponse en forme d’un tableau triptyque. Des actions politique et diplomatique se déployant autour de la riposte militaire restent plus que jamais à l’agenda du Gouvernement face à ce défi sécuritaire majeur.
On a beau lire la requête du Gouverneur du Nord-Kivu dans tous les sens, on n’y trouve nulle mention d’une négociation avec quelque force négative que ce soit. Le Rwanda, que nous considérons comme la partie essentielle du problème de l’insécurité récurrente à l’Est et de sa solution, vient de déclarer dans sa réplique au rapport accablant des Nations-Unies à cet effet sa disponibilité à s’impliquer dans le processus de recherche de solutions durables aux problèmes de l’Est qu’il définit à tort comme des problèmes politiques, incluant le dialogue et la réintégration des groupes armés, ainsi que la neutralisation et/ou le rapatriement des forces négatives opérant actuellement dans la région. C’est le lieu de préciser que le M23 fait partie à l’instar des FDLR des forces identifiées comme forces négatives par la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs et l’Union Africaine et qu’en tant que telle, un dialogue avec cette pseudo-mutinerie qui n’est qu’une astuce pour dissimuler une agression extérieure, n’est pas envisageable.
Le Gouvernement considère positivement la requête du Gouverneur du Nord-Kivu pour une évaluation de l’accord de paix du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et les groupes armés nationaux qui existaient au Kivu. Tant de choses sont dites sur cette évaluation sur le mode de la rumeur qui reste l’arme de prédilection des spécialistes de la déstabilisation.
L’agitation des forces négatives du M23 autour de la perspective d’une évaluation par un mécanisme international de l’accord de 2009 procède de cette guerre psychologique que les ennemis de la paix n’ont cessé de mener contre le peuple congolais. En réalité les propositions du Gouverneur Paluku entrent dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration d’Addis-Abeba du 15 Juillet 2012 signée par les 11 Chefs d’Etats Membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui s’étaient réunis en Sommet Extraordinaire sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC.
On peut lire au point 11 des décisions prises par le Sommet d’Addis-Abeba ce qui suit : « (Décidons) L’établissement immédiat d’un mécanisme de suivi à travers la réactivation de l’Equipe d’Envoyés Spéciaux composée de Son Excellence Benjamin Mpaka et Son Excellence le Général Olusegun Obasandjo pour trouver les causes profondes des conflits dans l’Est de la RDC et ainsi proposer une solution durable. Le Secrétaire Général des Nations-Unies est appelé à appuyer cette initiative ».
Cette décision des Chefs d’Etats s’inscrit tout naturellement dans les dispositions de l’article 15 alinéa 2 de l’accord de 2009 qui prévoit la constitution d’un tel Comité international de suivi. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo s’est procuré une copie de la réplique du Rwanda à l’annexe au pré-rapport du Groupe d’Experts des Nations-Unies sur les violations de l’embargo sur les armes à destination de la RDC.
Par ce texte nos voisins rwandais tentent de persuader l’opinion et particulièrement les Nations Unies que les accusations contre eux ne seraient pas fondées, notamment le fait que des personnalités prééminentes dans l’appareil militaire ont contribué à la création du M23 en facilitant le transport des armes et le mouvement des combattants dudit mouvement par son territoire ; en approvisionnant en armes et munitions le M23 ; en exerçant des pressions sur des politiciens et des hommes d’affaires congolais au profit du M23 ; en portant appui à plusieurs autres groupes armés à l’Est de la RDC et en appuyant des personnes poursuivies par la justice internationale.
Le Gouvernement de la RDC constate qu’un certain nombre de points évoqués dans la réplique du gouvernement rwandais suscitent plus de nouvelles problématiques qu’elles n’apportent de clarté aux questions soulevées par le rapport des experts onusiens.
Ainsi que nous avons pu le démontrer récemment, l’implication rwandaise dans la guerre conduite par le M23 est avérée non seulement de par les preuves apportées par le rapport des experts des Nations Unies, mais aussi conformément à d’autres sources indépendantes les unes des autres que sont notamment les populations locales, premières victimes de l’agression, les ONG tel que Human Rights Wacht dont les difficiles relations avec le Gouvernement de la RDC sont de notoriété publique. Il ne viendrait à l’idée de personne qu’il pourrait exister une complicité quelconque entre cette ONG internationale et le Gouvernement congolais. Les observations en question ont été en outre dûment vérifiées par la Force onusienne de la Monusco ainsi que par  les rapports des services d’intelligence du Gouvernement congolais qui a parié ces 3 dernières années sur la bonne foi du partenaire rwandais et n’avait aucun intérêt à noircir le tableau. Des vérifications ont été aussi faites par la délégation du Premier Ministre congolais en visite au Kivu en juin dernier. Ce ne sont pas des sources « anonymes et compromises » comme l’affirme le Gouvernement Rwandais dans sa réplique. Il ne suffit pas d’accoler ces adjectifs à une source dont la fiabilité ne fait l’ombre d’aucun doute pour jeter le doute sur la véracité des faits établis par le rapport d’experts de l’ONU. Prétendre que même la BBC aurait intérêt à falsifier la vérité dans le cadre d’on ne sait quelle campagne de désinformation orchestrée contre le Gouvernement rwandais             qu’on considère généralement comme en très bons termes avec les pays occidentaux dépasse les limites du raisonnable.
Les preuves apportées par le rapport d’experts des Nations Unies ne sont donc nullement basées sur des témoignages biaisés. Un témoignage n’est pas à qualifier de « biaisé » du simple fait qu’il n’est pas confirmé par la personne physique ou morale mise en cause dans le fait répréhensible dénoncé.
Ainsi pour le Rwanda, le seul fait que le rapport des experts des Nations Unies ne corresponde pas à la version qu’il souhaitait voir développée sur ces graves événements pour dissimuler les vrais acteurs, rendrait celui-ci   peu crédible. Ce type d’argumentation ne tient pas la route, c’est le moins que l’on puisse dire, étant entendu qu’aux faits on n’oppose pas des états d’âme ou des arguties. Les recrues de nationalité rwandaise arrêtés dans les rangs du M23, les uniformes de l’armée rwandaise, des armes sorties des arsenaux de DRF, etc. tout cela ne relèverait-t-il que de témoignages biaisés ? L’insistance sur les conditions dans lesquelles les témoignages ont été recueillis reviendrait-t-elle à dire que les personnes interrogées par la Monusco auraient subies la torture avant d’émettre leurs déclarations ? Ceci est une insinuation inacceptable pour la Force des Nations-Unies.
Il faut prendre le monde entier pour des demeurés pour croire que pareille assertion emportera la conviction de qui que ce soit.
Les réponses rwandaises taxent « d’évidences fabriquées » et « témoignages téléguidés » les preuves apportées par le rapport des experts des Nations-Unies. Il faut vouloir se défendre à tout prix pour nier par exemple l’évidence des uniformes de la Rwanda Defence Force découverts sur des éléments attrapés sur le front du M23 à proximité de Runyonyi. Contre ce fait, la réplique du Rwanda allègue qu’il est possible que l’opération conjointe entre les FARDC et la RDF ait été l’occasion pour l’une et l’autre force d’obtenir des tenues et des munitions appartenant à l’une  quelconque d’entre elles. Mais là n’est pas la seule preuve qui accable nos voisins. On peut rappeler que les jeunes gens issus des rangs du M23 et interrogés par la Monusco ont donné toutes les précisions sur leurs villages d’origine au Rwanda et les circonstances de leur recrutement. Ce fait sur lequel la réplique reste muette ne relève certainement pas de l’affabulation. Prétendre qu’il faille préciser dans l’addendum au rapport des experts les noms, unités et autres détails identitaires des témoins pour rendre les témoignages fiables n’est pas défendable. On sait ce qu’il est advenu des opposants et autres personnes en délicatesse avec le régime en place dans ce pays.
Les experts onusiens ne peuvent se permettre d’envoyer à une mort certaine des gens qui n’auraient pour tort que d’avoir offert leur coopération au travail de recherche de la vérité.
Il est curieux de constater que la réplique du gouvernement rwandais au pré-rapport impute aux services et forces armées de la RDC une formidable capacité que le discours officiel au plus haut niveau du Rwanda n’a cessé de railler ces jours  en présentant souvent notre pays comme un véritable Etat failli.
La prétention selon laquelle le Rwanda n’aurait pas été écouté sur les accusations portées contre lui nous paraît sujette à caution.
En effet, le Rwanda reconnaît lui-même, bien qu’il en minimise la portée, le fait que son Ministre des affaires étrangères a pu répondre aux allégations le mettant en cause à l’occasion de son séjour à New York. Dire tout à coup que les réponses ainsi données ne peuvent pas être considérées comme du Gouvernement rwandais qu’elle représentait pourtant en bonne et due forme ne peut nous convaincre, puisqu’il est évident que Madame la Ministre était bel et bien mandatée pour donner la version de son pays sur ces faits avant publication du rapport, que le Gouvernement rwandais avait préalablement reçu.
La publication dudit rapport ne peut donc être considérée comme précipitée puisqu’elle s’est faite bien après la réplique de la Ministre rwandaise des affaires étrangères.
A propos des témoignages d’officiels rwandais cités et dont nos interlocuteurs rwandais estiment qu’ils sont de nature à invalider ou à tout le moins d’altérer le contenu de l’annexe au rapport des experts des Nations Unies, nous constatons après en avoir pris connaissance qu’il ne s’agit que de déclarations spécieuses et peu dignes de foi car ils sont de toute évidence destinés à désorienter l’opinion publique et les enquêteurs sur des faits qui sont évidents mais auxquels on se plaît à donner de multiples interprétations plausibles.
Ainsi, tout en reconnaissant les tractations entre un Général de RDF et les ténors du M23, la réplique essaye de faire croire que c’était pour persuader ces derniers de ne pas entrer en rébellion. De quel droit, sur base de quel principe ce général rwandais se serait-il assigné la mission de ramener dans le droit chemin les brebis galeuses d’une armée étrangère à l’insu des autorités congolaises ? On conviendra que pareille attitude ne correspond à aucune règle dans les relations entre Etats.
Mais le plus grave pour nous est dans le point 17 de la réplique de nos collègues rwandais évoquant la montée d’une rhétorique de haine ethnique observée dans les médias congolais et les réseaux sociaux avec des conséquences dramatiques pour les rwandophones congolais.
S’agissant des réseaux sociaux (Internet), nous avons noté avec surprise que le gouvernement rwandais rend le gouvernement et le peuple congolais responsable d’un posting manifestement anonyme sur You Tube d’un internaute surnommé « Evêque Elizée » du nom d’un prophète de l’ancien testament qui appelle à la « guerre sainte contre les Tutsi » et invite les congolais à « tuer les Tutsi partout dans le monde». Qui est cet « évêque Elisée » ? Nous ne le connaissons pas plus que les auteurs de la réplique.
S’agit-il d’un congolais ? D’un rwandais ? En tout état de cause l’auteur de cette ignominie est un provocateur  anonyme dont le Gouvernement de la RD Congo n’a pas à répondre des actes.
Il est arrivé que des médias publics ou privés se soient laissés aller  à diffuser des propos discriminatoires ou xénophobes dans le traitement de l’actualité sur la guerre d’agression qui nous est imposée. Les rwandais savent, bien qu’ils ne le disent pas dans leur réplique, que chaque fois que cela a été signalé des sanctions promptes et sans complaisance ont été prises.
C’est le cas du journal « Le Journal » qui est  interdit de paraître jusqu’à ce jour pour un article d’incitation à la haine ethnique, et c’est le cas du Directeur Général de la RTNC, la chaîne publique, suspendu de ses fonctions pour avoir laissé  passer sur antenne des propos jugés xénophobes.
Par contre, le Gouvernement congolais est en droit de questionner l’attitude des auteurs de la réplique du Rwanda qui se sont permis de recourir à un double mensonge dans une tentative criminelle d’opposer les communautés ethniques congolaises les unes contre les autres. En effet, le point 17 de la réplique présente l’incendie d’une partie de la résidence de la famille Bachikanira, qui a coûté la vie à six enfants de cette famille de Goma le 25 Juillet, comme faisant partie des persécutions contre les rwandophones congolais. Le mensonge est double car :
1)      L’incendie du 25 juillet a été accidentel (dû à l’imprudence) et non criminel ;
2)      Les Bachikanira dont les enfants sont décédés alors que les parents dormant sur une partie de la résidence préservée des flammes grâce aux secours des voisins sont en vie ; les Bachikanira donc ne sont pas Rwandophones. M. Bachikanira et sa femme ne sont ni Tutsi, ni Hutu. Ils appartiennent à l’ethnie Havu de l’île d’Idjwi au Sud-Kivu.
Un tel double mensonge qui vise d’une part à justifier les ingérences récurrentes du Rwanda dans les affaires de la RDC et à soulever des congolais contre des congolais enlève toute crédibilité à la plupart des allégations contenues dans la réplique du Rwanda.
Au bout de cette lecture rapide de la réplique qui est présentée aujourd’hui même au Conseil de Sécurité, nous continuons d’exiger simplement que nos voisins rwandais cessent de susciter et d’appuyer, y compris par des arguties spécieuses, les forces négatives destinées à rendre l’Est  du Congo ingouvernable.
Nous comprenons un peu mieux maintenant que l’instinct prédateur de certains acteurs dans ce pays voisin est encore plus fort que la volonté déclarée de nos deux gouvernements depuis ces trois dernières années d’œuvrer pour la paix  dans notre région.
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 30 juillet 2012
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté

dimanche 29 juillet 2012

Le colonel Ousmane Ndoye : « Les soldats zaïrois faisaient partie des meilleurs du continent, mais ils étaient mal équipés, mal nourris et mal payés »


Le colonel à la retraite Ousmane Ndoye alias « Ndoye Mbao » s’est confié en exclusivité au « Témoin » (hebdomadaire sénégalais ndlr). L’officier y évoque les dessous de l’opération « Kolwezi » durant laquelle il a dirigé le bataillon sénégalais au Zaïre (actuelle Rd Congo) en 1978. Quant à l’actualité, Ousmane Ndoye a évalué les chances de réussite d’une éventuelle force de la Cedeao pour le nord du Mali avant de donner son avis sur la création d’une armée panafricaine.
En 1981, vous avez soutenu un mémoire relatif à une « Force militaire de sécurité panafricaine » à l’Université Paris I, cette force est-elle toujours d’actualité ?
Colonel Ousmane Ndoye : La création d’une telle force panafricaine est plus que jamais d’actualité puisque la Cedeao (Ndlr, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) s’apprête à envoyer une armée sous-régionale en Guinée-Bissau et au Nord du Mali. Mais malheureusement, ce n’est pas demain la veille … Pour mieux camper le débat, permettez- moi de vous rappeler qu’en 1964, lors d’un sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), le Président Kwame Nkrumah du Ghana demandait avec insistance la création d’une armée panafricaine et d’un gouvernement supranational africain. Le président Senghor et certains de ses pairs lui répondaient que la création d’une armée panafricaine était un rêve fou. Ils disaient au président Kwame Nkrumah : « Doucement, doucement, vous êtes trop pressé ! ». Aujourd’hui, l’illusion du gouvernement panafricain s’est émoussée mais l’idée de la Force Militaire Africaine n’a pas déserté les couloirs de l’Union africaine (qui a succédé à l’OUA) puisque une organisation comme la Cedeao cherche à mobiliser une armée africaine digne de ce nom pour le Mali et la Guinée-Bissau.
À quoi pensait Kwame Nkrumah, à une force africaine d’intervention pour faire face à une éventuelle crise comme celle du Mali ou à une armée panafricaine régulière ?
Au cours de ce sommet, l’évènement a alimenté la réflexion qui tourne toujours autour de la défense et la sécurité. Aucune des conclusions, jusqu’ici déposées, ne semble satisfaire les états majors et les chancelleries. Il y avait plusieurs formules comme « Armée Africaine », « Force d’Intervention Inter Africaine », « Force de sécurité interafricaine », « Pacte de Défense Africain », ou seulement « Sécurité Africaine » etc. À l’issue de ce sommet-là, aucune formule n’avait fait l’objet d’un consensus. Pourtant, il se dégage, malgré tout, un sentiment d’optimisme. Parce que les dirigeants africains semblaient avoir pris conscience de cet optimisme et s’étaient engagés avec détermination auprès du secrétaire général de l’organisation, Monsieur Edem Kodjo. Lequel déclarait solennellement, le 5 avril 1981 à Freetown, lors d’un sommet de l’organisation, ceci : « Ou l’on adopte les textes relatifs à la force de défense qui impliquent l’institution d’une structure de crise, ou l’on crée un organe « ad hoc », chargé d’intervenir en cas de crise majeure. Mais il n’est pas possible de laisser le vide institutionnel actuel se maintenir ». Malgré cette dynamique vers la recherche d’une solution à la sécurité du continent, cette Force Africaine de Défense n’a jamais vu le jour…
Mais à défaut d’une Armée africaine, la Cedeao semble prendre les devants pour mobiliser une force militaire à chaque fois que besoin il y aura…
Effectivement ! Pendant que les dirigeants africains des autres régions du continent s’interrogent dans les coulisses de l’UA sur l’avenir d’une hypothétique force continentale, la Cedeao a déjà pris de l’avance dans l’organisation et la défense de son espace économique. Parce qu’à chaque fois que son intégrité sous-régionale est menacée, elle essaye de mettre en place une structure militaire collective capable de dissuader ou de limiter les dégâts. Non seulement de limiter les dégâts et conflits, mais aussi et surtout d’éviter l’interventionnisme étranger sur le continent africain.
Mon colonel, qu’est-ce qu’une Force Armée ?
Bonne question ! Comme le disait Julien Freud, une force armée peut être une institution discontinue et temporaire qui remplit une mission sous la conduite d’un chef régulièrement prévu ou reconnu pour la circonstance mais qui se disloque une fois que le danger est passé ou écarté. Elle peut aussi être une institution continue au sens du service public et permanent, constituant un ensemble organisé, hiérarchisé et discipliné possédant des locaux propres, avec bureaux, qui prépare la troupe aux éventuels combats, élabore les plans stratégiques d’attaque ou de riposte en fonction de la situation des ennemis possibles et accomplit sa mission politiquement définie en cas de guerre…
Là, vous nous parlez de caserne abritant des locaux et autres bureaux pour accueillir une force armée africaine. Pensez-vous que le lieu de stationnement d’une telle force a pu poser problème au point d’entraîner son échec ?
Justement ! C’est pour cela qu’à défaut d’une armée africaine régulière, les « progressistes » souhaitaient une armée panafricaine pour libérer, à l’époque, le continent du colonialisme et de l’apartheid. Pendant ce temps, les modérés, craignant un déplacement de l’impérialisme, de la puissance coloniale à la puissance africaine, préféraient l’autonomie politique et militaire, et le règlement des conflits par voies pacifiques. Mais aujourd’hui, nous ne sommes plus dans cette situation du fait que l’indépendance politique est acquise sur l’ensemble du continent. Et face aux préoccupations socio-économiques, l’Afrique a besoin d’une vraie force armée régulière puisqu’il n’y aura pas de développement sans la sécurité. Or, cette force ne peut être qu’africaine. C’est bien là qu’il faut s’interroger sur la question : « Quelle Armée faut-il pour l’Afrique ?
On vous pose la question : quelle Armée faut-il pour l’Afrique ?
D’abord quand on parle d’Armée, on pense aussitôt à la Sécurité. Et « La sécurité » est une notion difficile à appréhender. Dans sa définition littéraire, c’est une situation où l’on n’a aucun danger à craindre, alors qu’ici, il s’agit bien d’une traduction d’un principe de la guerre développé par Clausewitz et qui concerne la liberté d’action. C’est un droit reconnu à tous, mais tellement flou qu’en son nom, les affrontements les plus fratricides ont opposé les plus légitimistes. La principale difficulté à sa perception réside dans la détermination du seuil de sécurité sur lequel on s’interroge encore ! Sur quels critères peut-on l’établir ? Au nom de quel droit ? de la morale ? de la force ? Face à ses propres contradictions, aux convoitises dont elle est l’objet, aux rivalités qui la déchirent, comment l’Afrique pourra-t-elle préserver sa sécurité et celle des États qui la composent si elle ne dispose pas de structures politiques et militaires crédibles et dissuasives, c’est-à-dire d’une Force Armée ? En tout cas, de son histoire post-coloniale encore récente, l’Africain retient que les nombreuses interventions étrangères dans les affaires intérieures des États africains sont bien souvent provoquées par des Africains. Pourtant ni le poids démographique, ni des préoccupations politiques, économiques ou sociales ne devraient justifier la manipulation des autorités locales. Malheureusement, c’est bien souvent pour la conquête, le rétablissement ou la consolidation du pouvoir que les forces étrangères sont toujours appelées à la rescousse. Ainsi, par la versatilité de leurs dirigeants, ces jeunes États développent entre eux des relations conflictuelles ou de méfiance. Donc pour vous dire que dans le règlement des conflits, on fait plus confiance à l’étranger au continent qu’a son voisin. Malgré tout, la tendance n’est pas au désespoir, car depuis le débarquement sur le continent de 50.000 Cubains et 15.000 Allemands de l’Est, dans la guerre d’Angola, les États dits « modérés » ont pris conscience de leur vulnérabilité et du danger qui pèse globalement sur leurs régimes politiques.
Déjà en 1978, la prise de conscience du danger communiste s’était manifestée par une volonté politique exprimée dans la création d’une Force Inter-Africaine mise sur pied et envoyée au Shaba. Une Force constituée par le Maroc, le Sénégal, le Togo, la Côte d’Ivoire et le Gabon. D’ailleurs, j’étais le commandant de ce bataillon sénégalais au Shaba. Fort d’une grande expérience au Shaba, je suis bien placé pour vous dire que toute composition d’une Armée africaine doit tenir compte de la nature des troupes qui doivent être socialement et culturellement adaptables dans le milieu, sous peine de problèmes importants sur le terrain. Ayant vécu la réalité sur le terrain de Kolwezi, il est maintenant certain qu’il n’est pas simple de réunir une force homogène composée de troupes d’Afrique blanche et d’Afrique noire. Mieux, à Kolwezi, la durée du séjour a été plus supportable pour les contingents ayant réussi à intégrer les populations zaïroises que pour les soldats marocains. Vous voyez, les différences culturelles entre les deux communautés sont telles que l’équité et la tolérance y sont difficilement réalisables. D’où la difficulté de créer et de commander une Armée africaine qui se veut homogène et efficace. Quelle Armée faut-il pour l’Afrique ? Il faut ouvrir le débat aux jeunes officiers ou élèves officiers compte tenu de l’actualité politique et militaire qui secoue le continent…
Revenons un peu sur l’opération Kolwezi. Dans notre dernière édition, vous nous avez raconté en exclusivité la montée en puissance du bataillon des paras pour le Zaïre…
(Rires) Vraiment vous aimez beaucoup l’expression « montée en puissance » ! Je vous ai dit la fois passée qu’il n’y avait pas de montée en puissance dans un bataillon d’élite comme le Batpara…
Donc, c’est quoi la montée en puissance d’un bataillon... ?
En bref, c’est préparer un bataillon physiquement et militairement pour qu’il soit apte et prêt pour le combat ou la guerre. Alors que dans un bataillon d’élite comme celui des parachutistes, les troupes s’entraînent régulièrement à travers des manœuvres militaires pour maintenir intacte leur capacité d’intervention rapide. Tout cela pour dire que le bataillon des paras est toujours prêt à intervenir partout, n’importe quand et dans n’importe quelle circonstance.
Mon colonel, que s’est-il passé cette année-là au point que la communauté africaine ait fait appel à un contingent sénégalais pour le Zaïre ?
L’engagement de l’Armée sénégalaise au Zaïre est parti d’une première tentative repoussée par les forces zaïroises appuyées par des troupes marocaines. C’était en 1977, on l’appelait « Shaba I ». Et dans la nuit du 12 mai au 13 mai 1978, les gendarmes katangais attaquent en force la ville de Shaba, c’était le début de « Shaba II ». Car des milliers de combattants armés envahissent les villes minières de Kolwezi et de Mutshasha. Et quelques jours après, des parachutistes français sautent sur Kolwezi et progressent vers le centre-ville. Pendant ce temps, les chefs d’État francophones, réunis à Paris, accèdent à la demande du président Mobutu d’envoyer au Zaïre une force interafricaine. Et l’Armée sénégalaise y était par le biais du bataillon des paras basé à Thiaroye.
Quels étaient les autres pays composant cette force ?
Cette force interafricaine était composée de 5 contingents : Il y avait le Maroc avec 1.500 soldats, le Sénégal 600 soldats, le Togo 150, la Côte d’Ivoire 100 et le Gabon 50.
Où était positionné le contingent sénégalais ?
Nous étions dans la zone minière de Kolwezi où mes troupes ont montré qu’elles sont issues d’une grande Armée de métier. Les Marocains étaient à Likasi et à Lubumbashi etc. Et pendant une année, les contingents ont séjourné sans relève dans Shaba. À l’exception du corps médical ivoirien.
Comment se fait-il que tous les pays envoient des compagnies de combat alors que la Côte d’Ivoire participe avec une section… d’infirmiers ? Cela veut-il dire que la Côte d’Ivoire n’avait pas d’Armée ?
En tout cas, la Côte d’Ivoire avait envoyé un corps médical réparti dans trois secteurs…
Quelle leçon avez-vous tirée de cette expédition de 1978 pour les jeunes officiers et soldats de l’Armée sénégalaise ?
D’abord, j’affirme et confirme que les soldats zaïrois, ou congolais si on préfère, que j’ai vus sur le terrain font partie des meilleurs du continent. Non seulement, ils sont athlétiques et disciplinés, mais encore généreux et accueillants dans l’effort. Seulement, ils étaient mal équipés, mal nourris et mal payés alors qu’ils vivent dans des conditions atmosphériques déplorables. Comme de nombreux observateurs, j’ai été également frappé par le déséquilibre entre contingents : 1.500 Marocains et 50 Gabonais par exemple ! On constate aussi que le commandant du contingent le plus important est le commandant en chef de la force, le colonel-major marocain Khader Loubaris. De là, tous les dérapages étaient permis. Et les principes d’équité dans le commandement souvent mis en cause. Car l’intérêt national passe naturellement avant l’intérêt général. Et c’est souvent la manœuvre et la délation qui remplacent les critères de professionnalisme. Sans oublier l’accaparement de tous les postes de commandement importants ainsi que des matériels majeurs par le pays d’origine du commandant en chef de la Force, au détriment des autres contingents. C’est là une des nombreuses leçons à tirer de l’opération « Kolwezi »… |Propos recueillis par Pape Ndiaye (Le Témoin N°1085-Juin 2012)

samedi 28 juillet 2012

Une Ong salue l'opération l'audit initié dans certaines entreprises de l'Etat


Licoco-2012 - La Ligue Congolaise de lutte contre la Corruption, Licoco, salue et soutient l’initiative prise par le Gouvernement à travers le ministère du Portefeuille de lancer des audits dans 3 entreprises étatiques dont la Rva, les Lac et Cohydro.La Licoco salue et soutient aussi l’engagement du Gouvernement congolais de généraliser ces audits dans toutes les autres entreprises étatiques, para étatiques de la Rdc.
La Licoco tient à rappeler qu’après l’accident de Kisangani, le Chef de l’Etat avait déjà demandé au Gouvernement, à travers le ministère de la Justice, de lancer des audits à la Rva sur l’utilisation des fonds issus de la taxe « go pass » et sur la construction du pavillon présidentiel qui,  en son temps, avait fait couler beaucoup d’encre.
Il avait été rapporté que le coût financier de la construction du pavillon présidentiel à l’aéroport de N’djili avait été surfacturé pour empocher des « commissions ». Des rapports de ces deux audits existent et des personnes impliquées dans des détournements des deniers publics sont connues. La Licoco estime que le Gouvernement doit aller jusqu’au bout de sa logique en lançant des audits dans toutes les institutions de la République.

Elle pense que ces audits doivent se passer :

1.     Audit de l’exécution du budget 2011

La Licoco estime que l’exécution du Budget 2011 s’est déroulée dans l’opacité totale occasionnant des détournements des deniers publics et l’enrichissement sans cause de ces animateurs.
Par exemple, le Premier ministre sortant s’octroyait des sommes colossales allant jusqu’à 2 millions des dollars américains par mois comme « frais spécial d’intervention ».
Ceci a amené le député Gecoco Mulumba à dénoncer publiquement le Premier ministre sortant dans toute la presse de Kinshasa pour « enrichissement sans cause ».

2.     Audit du Bureau de l’Assemblée Nationale sortant

Les informations en notre possession affirment que le Bureau de l’Assemblée Nationale sortant doit être audité car les fonds leur alloué au budget 2011 ont été gérés dans une opacité totale. Par exemple, plus de 70 millions des dollars américains ont été alloués au Bureau de l’Assemblée Nationale comme « frais d’intervention spécial » au budget 2011.

3.     Audit de la CENI

Des voix s’élèvent jusqu’aujourd’hui pour demander l’audit financier de la Céni. La Licoco estime que c’est le moment au Gouvernement de montrer sa bonne volonté en matière de bonne gouvernance. Il existe des soupçons  de corruption qui pèsent sur les responsables actuels de la Céni et seul un audit indépendant peut apaiser la colère des milliers des Congolais.

4.     Audit de la gestion des Gouverneurs de Province de la Rdc

Les gestionnaires des Provinces continuent à se comporter comme des « rois » dans leurs entités administratives poussant pas mal des députes provinciaux à voter des motions de défiance contre certains Gouverneurs. Cela à occasionné le dysfonctionnement de beaucoup d’Assemblées Provinciales allant jusqu’à la fermeture dont le cas de Nord-Kivu, Equateur et Bandundu.
Ainsi, nous pensons qu’il est temps que le Gouvernement lance aussi des audits dans toutes les provinces de la Rdc afin de savoir comment est ce que les Gouverneurs gèrent les provinces.

De tout ce qui précède, la Licoco recommande urgemment :

1.     Au Gouvernement de la Rdc :
-      de généraliser les audits en incluant toutes les institutions de la Rdc ci-haut citées,
-      de rendre obligatoire à chaque fin d’exercice budgétaire, qu’il y ait un audit financier dans chaque institution de la Rdc
-      de publier les rapports d’audits auprès de la population
-      de sanctionner les coupables et primer ceux qui gèrent bien

2.     Aux Bailleurs des fonds de la Rdc (Banque mondiale, Union européenne et Fmi) :
-      de conditionner tout appui budgétaire au Gouvernement de la Rdc, au lancement des audits dans toutes les institutions et que les rapports soient publiés auprès de la population.
La Licoco estime que le fait d’auditer seulement les entreprises de l’Etat alors que la corruption se déroule aussi dans d’autres institutions de la Rdc ne sera pas honnête et juste.
Fait à Kinshasa, le 27 juillet 2012   
Pour la Licoco
Ernest Mpararo
Président         

Fourniture de deux vedettes hydrographiques neuves pour la CVM ex-RVM


Kinshasa, RDC, 27 Juillet 2012 – Dans le cadre de l’exécution du Projet de Transport Multimodal( PTM) cofinancé par le Gouvernement Congolais et la Banque Mondiale, la Cellule d’Exécution du Projet de Transport Multimodal (CEPTM) a signé un contrat de fourniture de deux vedettes hydrographiques neuves équipées chacune d’un système automatique de positionnement GPS et de traitement des données bathymétriques (mesure de la profondeur des fonds marins) et la formation des utilisateurs pour le compte de la Congolaise des Voies Maritimes (CVM ex-RVM), avec la société française Alu Marine pour un montant de 867.043,00 euros.
Le marché est constitué d’un lot unique de fourniture de deux vedettes Hydrographiques de dimensions moyennes équipées de manière à assurer les reconnaissances hydrographiques dans le bief maritime du fleuve Congo et spécialement dans la zone divagante en vue d’orienter les travaux de dragage et de balisage.
Le bief maritime du fleuve Congo s’étend sur 150 km entre  l’embouchure à Banana et Matadi, dernier port touché par la navigation maritime.
Selon le contrat, la Société Alu Marine devra livrer les fournitures (vedettes et pièces de rechange) dans un délai de huit (8) mois à compter de la date de signature du contrat et de la réception de l’avance de démarrage.
La formation des utilisateurs en exploitation et en maintenance est prévue sur le site du fournisseur pour une durée d’une semaine.
Deux groupes de formation seront effectués, un groupe par bateau, l’un en maintenance et l’autre en bathymétrie. Plus une formation en salle. Quatre (4) experts navals et en bathymétrie assureront ces formations sur chantier.
Sur le site de la CVM à Boma, une formation en exploitation et en maintenance sera fournie. Le fournisseur détachera un expert naval et un expert en bathymétrie pour assurer la formation sur le chantier  de la CVM à Boma.
La Congolaise des Voies Maritimes « CVM » (ex-RVM), entité bénéficiaire du PTM, est une entreprise publique à caractère industriel et commercial, transformée en société commerciale par le décret n°09/12 du 24 avril 2009 pris en exécution de la loi n°08/007 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la transformation des entreprises publiques.
Elle a pour objet :
- l’étude de la navigabilité et de l’aménagement des espaces maritimes  de la RDC, notamment du bief maritime ;
- l’exécution des travaux d’aménagement et d’entretien du bief maritime  et des autres espaces maritimes de la RDC ;
- le pilotage des bateaux opérant dans les espaces maritimes de la RDC, notamment dans le bief maritime ;
- la radiocommunication maritime ;
- l’exploitation commerciale du chantier Naval ;
- la commercialisation du sable dragué et de ses produits dérivés ;
- le nettoyage et la désinfection des navires desservant les ports maritimes.