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vendredi 18 février 2022

Assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana : Plaidoiries des parties civiles sur la responsabilité de l’Etat congolais

Nous voilà pour la 3e fois devant vous, Juges pour procéder à la plaidoirie de cette cause pour les mêmes parties civiles à savoir les veuves Chebeya et Bazana, orphelins Chebeya et Bazana, frères et sœurs Bazana, la VSV et le RENADHOC. A la différence de deux autres, cette-fois-ci au moins, nous avons devant nous deux des exécutants de ce double assassinat intervenu en date du 1er juin 2010 dans les installations de l’ex-Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise et aussi la présence d’un témoin oculaire desdits faits. 


Aussi, c’est au cours de l’instruction de la présente cause et donc lors de cette instance que nous avons pu non seulement appréhender les contours mieux le modus operandi mais aussi connaitre les véritables exécutants de cette sale besogne c’est-à-dire aujourd’hui au moins plus qu’hier, on peut mettre le nom sur chaque visage des prévenus. On entendait parler de Jacques Mugabo, Jeancy Mulanga, Doudou Ilunga, Paul Mwilambwe, Eric Kibumbe alias Saddam, Christian Ngoy Kenga Kenga mais aujourd’hui au moins on a découvert leurs visage, il ne nous reste qu’Hergile Ilunga, Alain Longwa Kayeye et Bruno Soty que nous comptons revoir bientôt.

Ainsi, tout le monde voudrait connaitre et même comprendre comment en est-on arrivé à ce point-là c’est-à-dire à assassiner nos deux vaillants activistes et militants des droits de l’homme. Point n’est besoin de présenter Floribert Chebeya dont les activités, le combat, la vigueur et la rigueur pour la défense des Droits de l’Homme dans toute sa globalité étaient sans pareils. Sa renommée avait même franchi les frontières nationales et en tout cas pour les droits de l’homme, il n’était pas l’homme de compromis.

C’est ce qui hélas, lui a valu avec son compagnon de chaque jour, nous avons cité Fidèle Bazana dont le prénom et aussi éloquent en l’espèce cette triste fin que nous déplorons tous aujourd’hui. En effet, il a toujours été de tous les combats et n’était pas du genre à mettre sa langue dans la poche, il disait tout haut ce que d’aucun n’arrivait même peut-être pas à murmurer. On l’a vu défendre les droits de l’homme en général et dans ses diversités notamment la liberté d’association, de réunion et de manifester.

Il y a eu aussi des causes ou dossiers où il est intervenu notamment pour le droit à la succession pour Aimée Kabila, les conditions carcérales des personnes arrêtées et détenues par la Police, les victimes de l’opération meurtrière contre les adeptes de Bundu dia Kongo et bref, sur bien d’autres champs de bataille.

Son malheur proviendra de son dernier combat, la justice pour les victimes de l’opération BDK ou encore sa participation au mouvement citoyen désirant saboter les festivités commémoratives du cinquantenaire de l’indépendance du pays.

En effet, la VSV avait eu à publier un rapport sur cette opération menée contre  les adeptes de ce groupe politico-mystico-religieux en 2008 et dans lequel rapport, la VSV par son truchement avait proposé des poursuites judiciaires contre certains dirigeants impliqués dans ce carnage en l’occurrence, le Général 4 étoiles John Numbi.  

C’est ainsi qu’il enverra un e-mail à Me Jean Claude Ndjakani, avocat congolais évoluant en Belgique, pour entrevoir les conditions de constitution des parties civiles devant une instance internationale comme la justice belge ou même la CPI et les modalités de leur participation audit procès.

Malheureusement pour lui, il ne savait pas que l’avocat travaillait aussi avec le régime en place car aussitôt après réception du message, il (Me Ndjakani) l’enverra à Marcellin Cishambo, alors Conseiller Diplomatique de l’ex-Chef de l’Etat, Joseph Kabila. D’origine Shi comme Chebeya, il tentera mais en vain de le dissuader d’abandonner ce combat, hélas, il se heurtera contre un mur en béton.

Il dut alors informer son chef qui déjà, devait également faire face à la campagne menée à l’époque par la société civile pour le boycott de la cérémonie du Cinquantenaire de l’indépendance de la RDC pour les multiples violations des Droits de l’Homme dans le pays de Patrice-Emery Lumumba par le pouvoir en place. Ainsi donc, c’était une goutte de plus qui devrait faire déborder le vase après tous les dossiers défendus par lui et qui malheureusement ne plaisait pas au pouvoir en place.

C’est alors que vint l’idée d’en finir avec lui et l’option a même été levée et la décision arrêtée. Plusieurs scenarii étaient sur la table. Il fallait trouver l’homme de la situation. Il y a lieu de souligner que pour des raisons d’efficacité, discrétion et promptitude, le Rais Joseph Kabila avait souvent eu recours à deux officiers généraux à savoir John Numbi et Jean Claude Yav. Ces deux officiers qui ont facilement gravi et sans difficultés les différents grades de l’armée malgré leur âge et moins de hauts faits d’armes alors que certains de leur Masuwa sont encore au bas de l’échelle du moins pour l’un d’eux.

Dans un premier temps, on proposera la somme de 40.000 USD au Lt-Général JC Yav pour tuer Floribert Chebeya (cfr PV de Daniel Mukalay). Ce dernier (malgré notre demande de comparution ne s’est jamais présenté pour confirmer ou infirmer cette vérité-là mais nous nous en tiendrons à ce qui a été déclaré par son auteur et l’a même répété à la dernière audience du 09.02.2022). Il finira par décliner l’offre car estimant que la somme offerte était insignifiante à ses yeux mais ne rendit pas toutefois la somme reçue.

D’où le recours à son homo, l’homme des « situations difficiles et compliquées », le terminator, John Numbi, l’homme de Malemba Nkulu pour en finir avec Floribert Chebeya. Il faut rappeler qu’à l’époque de Mobutu, Floribert Chebeya a eu à sauver John Numbi, alors en difficulté majeure avec les hiboux de Mobutu lancés à ses trousses, comme pour dire que l’ingratitude est aussi humaine.

Suivons les propos de Daniel Mukalay lors de sa déposition devant le Colonel Magistrat Odon Makutu, 1er AGF et OMP près la Haute Cour Militaire en date du 19 février 2021, il (Daniel Mukalay) évoque que lors d’une réunion présidée par le Général John Numbi, ce dernier dira : « Comment se fait-il que le Chef de l’Etat qui m’a nommé au grade de Lieutenant-Général et aux fonctions d’Inspecteur Général de Police puisse être mal à l’aise à cause de ce monsieur-là (Floribert Chebeya) ». 

A ces mots, le Major Christian Ngoy Kenga Kenga de dire : « Nakusoma Afande » comme pour dire que j’ai compris le message. C’est alors que John Numbi décidera que seuls Christian et ses petits pourraient bien remplir la mission. D’où la mission ainsi conçue. Il y a lieu de signaler que parmi les participants à cette réunion, bien d’entre eux nous ont déjà rejoints dans l’au-delà.

Revenant un peu en arrière, nous pourrions en déduire que lors d’une réunion ou rencontre avec l’ex-président, le Rais Joseph Kabila Kabange, ce dernier avait fait part au Général 4 étoiles John Numbi du fait des insomnies que Floribert Chebeya lui faisait subir et ensemble nous pensons qu’ils ont aussi décidé des moyens d’y mettre fin. D’où les propos tenus lors de cette réunion par l’homme de Malemba Nkulu, Général 4 étoiles John Numbi et par Daniel Mukalay, d’où la somme de 40.000 USD donné à JC Yav.

C’est pourquoi, nous plaçons Joseph Kabila Kabange au sommet de cette organisation comme auteur intellectuel du double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Il sera immédiatement suivi par John Numbi, Daniel Mukalay puis Christian Ngoy Kenga Kenga et les autres agissant comme coauteurs et complices. Nous les développerons dans les lignes qui suivent.

Paul Mwilambwe

Quid de la genèse du bataillon Simba ?

C’est lors de son passage à la force aérienne mais bien plus lorsqu’il a été nommé Inspecteur Général de la Police Nationale Congolaise que lui vint l’idée de créer son propre bataillon (quelle folie de grandeur ?) qui l’a dénommé Simba.

En effet, la base ou le noyau de ce bataillon a été constituée par des éléments provenant de l’Unité de la Défense Aérienne de la force aérienne (UDA) et d’autres provenaient même de l’ex-GSSP, actuel Garde Républicaine (GR) comme Hergile Ilunga et Saddam Kibumbe. D’autres aussi ont été ramenés de l’Est du pays comme Christian Ngoy Kenga Kenga et Jacques Mugabo et les autres trillés par lui-même.

Ils suivront une formation d’anti-terro à Mbakana. Lui-même s’est occupé de leur dotation en armes et tenues. Car au premier degré, voulant savoir de quelle unité, ce bataillon dépendait, on dut appeler le Chef B4 de la Légion Nationale PIR, JP Wumbi Mowewe qui dit ne l’avoir pas doté mais c’est le Général Kabulo, alors Chargé de la Logistique au niveau de l’Inspection Générale qui fera les grandes révélations suivantes : John Numbi avait son propre dépôt d’armes que lui ne contrôlait pas et donc ne connait même pas l’origine de ces armes-là (du bataillon Simba).

Suivons ce que rapporte la Cour Militaire dans son arrêt (feuillet 54) au sujet des armes trouvées chez Christian Ngoy Kenga Kenga lors d’une perquisition « se fondant sur les dépositions des renseignants ci-haut rapportés, la Cour estime que le prévenu Christian Ngoy ne peut être poursuivi du chef de détournement parce que ces armes et munitions de guerre ne faisaient pas partie du patrimoine de l’Etat congolais du fait que les FARDC comme la PNC ignoraient leur existence ». Chose grave, il y avait donc parmi ces armes-là, celles qui ne sont pas utilisées ni par les FARDC ni la PNC mais elles sont notamment utilisées par l’armée rwandaise. Question ? Comment sont-elles entrées en RDC ?

Nous venons d’être témoins il y a quelques mois de cela de l’arsenal militaire découvert dans l’une des résidences de l’Homme de Malemba Nkulu. Comme pour dire que les propos du Général Kabulo se sont avérés vrais. Tout ceci n’avait que comme sous bassement la quête de l’argent mieux le lucre et la folie du pouvoir d’après une certaine source, d’après même cette dernière c’est-à-dire source, l’homme de Malemba Nkulu, John Numbi, aurait bien voulu même commettre un coup d’Etat.

Il faut souligner que bien avant, il existait un bataillon Cobra formé en Angola et qui avait la faveur de l’ex-Président JKK en ce que pour toutes les opérations à mener sur terrain, c’est ce bataillon qui était engagé et par conséquent même les frais d’opération étaient gérés ailleurs. D’où, l’idée de vouloir changer cet état de choses.

C’est alors que l’on verra déjà ledit bataillon être engagé dans les opérations contre les Kulunas et dans le Kongo Central contre les BDK et la suite, on la connait, des massacres à grande échelle. C’est justement en rapport avec ces derniers incidents que la VSV publiera son rapport et dans ses conclusions sollicitera que des poursuites judiciaires soient engagées contre certaines personnalités dont le général 4 étoiles, l’homme de Malemba NKulu, John Numbi Banza Tambo.

Quid du Commando ?

Il est composé de Bruno Soty, Hergile Ilunga, Jacques Mugabo, Saddam Kibumbe, Alain Longwa Kayeye et Doudou Ilunga. Bruno Soty, Jacques Mugabo et Alain Longwa Kayeye venaient du côté de Christian Ngoy Kenga Kenga tandis que Hergile Ilunga et Saddam Kibumbe étaient du côté de Daniel Mukalay.

Passage à l’acte, kisalu me banda

Informé de sa présence à Lubumbashi, il eut une 1ère tentative de sa liquidation. Mais hélas, celle-ci ayant échoué, il fallait la 2eme option. C’est celle consistant à tendre un appât à Floribert Chebeya. C’est ainsi que l’on se souviendra de différents courriers de la VSV restés lettres mortes à l’Inspection Générale.

Au surplus, il y a lieu de souligner que Christian Ngoy Kenga Kenga a eu à habiter depuis le mois de février 2010 à quelques pâtés de maisons de chez Floribert Chebeya soit à peine 5 parcelles de distance. Aussi, il y a lieu de rappeler que lors de la perquisition chez le Major Kenga Kenga on a même trouvé le plan de la maison de Chebeya.

Ainsi, le Colonel Daniel Mukalay mobilisera tout le staff du Secrétariat pour retrouver le dernier courrier de la VSV référencé 013/RDC/VSV/CD/2010 du 10 février 2021 portant sur : « Demande d’intervention pour l’humanisation des conditions carcérales sur toute l’étendue de la RD Congo » adressé à Monsieur l’Inspecteur Général de la Police. Bref, une mobilisation tous azimuts. D’où l’expression d’activisme utilisé par le 1er Juge pour qualifier le comportement de Mukalay.

Comment le faire ?

Une fois le courrier saisi, signé, daté et cacheté, on remit ledit courrier à Daniel Mukalay qui, à l’occasion recourut à son ancien agent de main, le Lieutenant Michel Mwila pour la transmission et la remise dudit courrier avec insistance entre les mains de Floribert Chebeya en personne en date du 28.05.2010 vers 9H00.

C’est aussi lors de cette rencontre que Floribert Chebeya renouvellera sa demande d’être reçu par l’IG. La suite est connue, il eut des appels du Lieutenant Mwila en direction d’Olivier Kungwa lui demanda de dire à Floribert Chebeya de prendre contact avec lui. Ce qui fut finalement fait et à l’occasion Mwila lui confirmera son rendez-vous avec le Général John Numbi pour le 1er juin 2010 (alors qu’il n’était même pas de l’IG ni du service du protocole). Il y a aussi lieu de relever qu’après le dépôt du courrier, il eut un long entretien entre Daniel Mukalay et Michel Mwila, d’où la consigne d’appeler Floribert Chebeya et lui mettre déjà en confiance.

Ceci sera confirmé le 31 mai 2010 par l’appel de Daniel Mukalay vers Floribert Chebeya. Le lendemain vers 9h56, l’Inspecteur Daniel Mukalay va appeler Floribert Chebeya pour lui faire savoir qu’il sera reçu par l’IG ce 1er juin 2010 à 17h30. Ravi, Floribert informa ses collaborateurs avec qui il se trouvait.

En route déjà vers l’IG, Floribert Chebeya appela à 17h25’ Daniel Mukalay qu’il était en route vers l’IG mais bloqué dans les embouteillages. A 17h31’ Floribert Chebeya envoya un SMS à Mme Yande de la Monusco l’informant qu’il allait rencontrer l’IG de la PNC à 17h30, qu’elle veuille bien suivre et qu’il la préviendrait après entrevue. Ce sera son dernier SMS.

De la présence de Floribert Chebeya et Bazana dans les installations de l’IG

Après moult reniements, enfin Daniel Mukalay finit par admettre à la suite de comparution du Major Paul Mwilambwe qu’enfin Floribert Chebeya était finalement arrivé à l’IG. Mais à part cela, il y a aussi le message du Major Christian Ngoy Kenga Kenga en direction de Daniel Mukalay l’informant de manière codée sur l’arrivée de Floribert Chebeya en ces termes : « Mimi Mzee, niko na Challenger (adversaire) na petit Jacques nasubiri mipango kutoka kwenu pole Mzee ».

Il y a aussi le grand témoignage de Gomer Martell qui confirme aussi sa présence à l’IG ce soir-là sans oublier son propre téléphone qui a été utilisé pour émettre deux SMS l’un en direction de son épouse et l’autre recevant le message de son épouse vers lui à 19h55’ lesquels messages ont été pris en charge par l’antenne-relais dit « Stadium » situé sur le Boulevard triomphal.

A cela, il faut aussi ajouter les aveux complets de Jacques Mugabo, Doudou Ilunga et même Jeancy Mulanga sans oublier le témoignage de Paul Mwilambwe qui était avec Floribert Chebeya en cette date du 1er juin 2010 et qui appela même Daniel Mukalay sur demande de Chebeya. Il faut également retenir que Chebeya ne conduisait jamais le véhicule, donc partout où il pouvait se trouver, Bazana devrait y être forcément. 

De la présence de Christian Ngoy Kenga Kenga et sa bande

Il est déjà signalé dans l’enceinte de l’IG/PNC depuis 13h29’55’’. Ce fait ne porte l’ombre d’aucun doute en commençant par les propres propos du prévenu Jacques Mugabo, son chargé de sécurité lors des différentes audiences, celui du renseignant Doudou Ilunga et même Jeancy Mulanga aux différentes audiences également sans oublier le renseignant Commissaire Divisionnaire Adjoint Alonga Boni Benjamin confirma l’avoir vu et des policiers en cagoule dans l’enceinte de l’IG avant qu’il ne rentre chez lui. Il y a aussi le SMS envoyé à Daniel Mukalay et l’appel qui s’en est suivi, ils ont été pris en charge par l’antenne-relais du Centenaire. A tout ceci, il faut aussi ajouter la déclaration du Major Paul Mwilambwe affirma que c’est lui qui était venu accompagner Floribert Chebeya à son bureau et le reprendre de son bureau.

Du comportement curieux de la Cour Militaire de Kinshasa-Gombe

Il est quand même curieux que le premier Juge ait consacré près de 3 pages soit du feuillet 21 au 25e de l’arrêt pour justifier ou tenter de dédouaner John Numbi de sa responsabilité dans ce crime qualifié aujourd’hui de crime d’Etat.

Quelle en était la motivation de cette démarche? Etait-ce la partition que la Cour militaire devrait aussi jouer dans cette phase du dossier consistant à l’étouffer ? D’où la faible indemnité en termes de dommages et intérêts allouée pour une si grande cause pour les parties civiles ?

Comment comprendre et pourquoi accorder autant d’importance aux dires d’un soi-disant « renseignant » alors qu’il devrait plutôt être prévenu. Les preuves sont là aujourd’hui démontrant sans désemparer son implication sinon sa responsabilité dans le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana malgré ses dénégations.

En voilà quelques extraits à titre d’illustration : « Entendu sur ce point devant la Cour de céans en son audience du 27 janvier 2011 afin de savoir s’il avait donné son accord quant à la tenue de cette audience du 1er juin 2010, l’Inspecteur Divisionnaire en Chef John Numbi dont les parties civiles clamaient l’implication dans la présente cause, a déclaré, sans être contredit ce qui suit : « ….. » (cfr feuillet 22 de l’arrêt RP 066/011) ;

Il a par ailleurs souligné le fait que M. Chebeya ne l’avait jamais appelé au téléphone pour s’assurer de la réalité de ce rendez-vous du 1er juin 2010 alors qu’il était en possession de son numéro d’appel direct. Sur ce point, l’Inspecteur Divisionnaire en Chef n’a pas été contredit. (feuillet 23)

Concernant son emploi du temps durant cette journée, …….il n’est pas arrivé à l’Inspection générale de la PNC. Sur ce point non plus, il n’a pas été contredit. Et pourtant lui-même affirme être arrivé à l’Inspection Générale mais n’être pas descendu du véhicule (les feuilles d’audience faisant foi). Pourquoi ce grand et gros mensonge ? C’était pour couvrir qui, quoi et pourquoi ?

Au cours de cette même audience, les parties au procès ont eu l’opportunité de poser toutes les questions ou d’apporter tout élément pouvant établir l’implication de l’Inspecteur Divisionnaire en chef John Numbi dans les faits sous examen. Pourquoi conclure ainsi dès lors qu’avant de commencer l’audition du soit disant « renseignant », la Cour avait déjà prévenu qu’elle n’était pas là pour transformer le renseignant en prévenu.

Était-ce le but de sa comparution alors qu’il avait été tout simplement appelé avec la casquette de « renseignant » sur quoi, comment et pourquoi alors que dans le dossier il gisait une plainte nominative déposée contre lui par la veuve Chebeya pour assassinat de son mari. La Cour n’en fait même pas mention de cela.

C’est ainsi que les relevés de ses appels voix ou sms reçus ou émis à partir de son numéro d’appel 0813064500 entre le 25 mai et le 2 juin 2010 sont passés au crible. Pourquoi la Cour n’a pas évoqué le fait si grave soulevé par les parties civiles qu’il y a eu plus d’une vingtaine d’appels et SMS qui ont été effacés de son répertoire. Était-ce en vain ?

Or, parmi les actionnaires de Vodacom, ne retrouve-t-on pas une personne mise en cause dans ce dossier. Pourquoi est-ce que l’expert de Vodacom n’était-il plus revenu après ces révélations ? (Feuillet 24) Pourquoi est-ce que la Cour n’en parle pas alors que cela avait fait l’objet d’un grand débat. Était-ce aussi la mission de la Cour Militaire de Kinshasa-Gombe de sélectionner les éléments à contenir dans son arrêt ? CRIME D’ETAT.

Quant aux appels du prévenu Paul Mwilambwe, il ne se rappelle pas y avoir répondu en ce 1er juin 2010, étant donné qu’il était trop pris à Maluku. Ce qui est faux d’autant plus que non seulement qu’il était déjà de retour de Maluku depuis environ 14h00 et les appels de Paul Mwilambwe avaient eu lieu le soir du 1er juin 2010 et les jours à venir jusqu’au 9 juin 2010.

Pourquoi avoir seulement refusé les appels de Paul Mwilambwe alors qu’il avait prétendu plus haut qu’il pouvait avoir des communications fréquentes avec Daniel Mukalay, Christian Ngoy Kenga Kenga et Paul Mwilambwe.  Pour Daniel Mukalay, il dit qu’il pouvait en recevoir même 25 pour une journée ça que cela ne paraisse anormal et pourtant il était chargé de la sécurité de l’Inspection Générale.

La raison est toute simple, Paul Mwilambwe s’était retrouvé là où il ne devrait pas être et il savait que son appel ne devrait concerner que les incidents du 1er juin 2010. C’est ainsi qu’il avait été momentanément blackisté (c’est-à-dire mis au noir). Il ne lui répondra que le 9 juin 2010 quand tout le commando était déjà à l’abri et ne risquait rien contre lui. Il faut aussi rappeler qu’une fois de plus la Cour a occulté les propos combien importants de l’Inspecteur Divisionnaire Adjoint Kabulo à propos de sa déclaration en rapport avec l’existence d’un dépôt d’armes par John Numbi. Pour illustration, voilà le PV d’objets saisis entre les mains de Daniel Mukalay contenant les armes ci-après (cote 987) et à l’occasion, il l’avait même déclaré que ces armes lui avaient été données par le Général John Numbi.

Parmi ces armes figure l’arme RPG 7 n° 859 (Lance-roquette) que l’on a également retrouvée dans le dossier Yangambi (cfr arrêt RPA 042/11/HCM). D’ailleurs c’est le même et fameux Christian Ngoy qui était allé le chercher à bord d’un jet privé affrété avec l’argent de la République. Il y est même repris dans l’arrêt que ce serait le fameux Christian Ngoy qui aurait vendu les armes à Me Firmin Yangambi, bref il est dans tous les coups foirés. Bref, tout ceci pour vous dire que cette bande a déjà eu à opérer plusieurs fois à travers la République et cela depuis des lustres.     

En conclusion, à la suite de sa longue déposition de plus de 4 heures entrecoupées de plusieurs confrontations avec l’Inspecteur Divisionnaire en chef avec Daniel Mukalay, la Cour a estimé que les éléments recueillis établissent clairement et sans équivoque que le rendez-vous fixé à Chebeya le 1er juin 2010 à 17h30 n’était pas le fait de l’Inspecteur Divisionnaire en chef John Numbi mais il s’agissait bien d’une initiative de Daniel Mukalay qui l’a prise à l’insu de son chef et de l’Insp ppal Ilunga Mwenze Alaine. (feuillet 24)

Ce qui est faux car que dire des appels de Daniel Mukalay en direction de Alaine Ilunga le 31.05.2010 à 09h08’42’’ et l’appel durera 76’ (cote 1491 CM). Le 1er juin 2010, il eut deux appels de Daniel Mukalay en direction toujours de Alaine Ilunga Mwenze, le premier à 09h00’ (durée 28’’) et le second à 09h42’’ qui durera 75’’ (cote 1491).

Bien avant cet appel de Daniel Mukalay, c’est la même Alaine Ilunga qui appellera Daniel Mukalay à 09h24’’ et l’appel a duré 85’’. Ce n’est qu’après cela que Daniel Mukalay appellera Chebeya à 09h56’’ et cet appel durera 55’’. Une fois de plus, le Colonel Alaine Ilunga appellera Daniel Mukalay à 09h59’’ pendant 55’’. Tout ceci est passé à côté des yeux des juges et pourquoi ? CRIME D’ETAT.

Eu égard à tout ce qui précède, nous pourrons en déduire sans nous y tromper que la Cour Militaire a joué également une partition du scenario sur le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana car on ne saurait expliquer autrement ces commentaires ou cette prise de position. C’est comme si la Cour voulait à tout prix convaincre les parties civiles sur l’innocence de John Numbi. Et pourtant le temps nous donne raison aujourd’hui.

Voilà l’un de volet de Crime d’Etat !

Nous avions tous suivi Daniel Mukalay disant à haute voix et il n’a été contredit par quiconque qu’il lui avait été proposé d’assumer la responsabilité sur ce double  assassinat et qu’il serait condamné à 15 ans. C’est ce qui a été également fait. Il fallait assurer à tout prix l’impunité aux criminels.

Le voilà aujourd’hui encore porter sa tenue comme si de rien n’était alors que nous venions tous de suivre le prononcé du Lt Col Carine Lokeso condamnée pour le seul meurtre de Rossy Mukendi à perpétuité mais ici, il s’agit de deux activistes des Droits de l’Homme, on s’en sort avec 15 ans et sans motivation. Les faits sont têtus et tôt ou tard, la vérité triomphera. L’instruction de cette cause nous a permis de comprendre le rôle combien important qu’a joué Daniel Mukalay dans cette association et pour lequel il aurait mérité plus que les 15 ans pour lesquels il a été condamné. 

Pourquoi partir de la peine de mort à 15 ans ? Nous, parties civiles, n’avions pas été convaincues par cette peine. Heureusement, qu’il devra encore comparaitre pour la détention illégale d’armes en sa possession (cfr cote 987).

De l’exécution proprement dite

Déjà lorsque le feu vert est donné, Daniel Mukalay appellera Hergile Ilunga et Saddam Kibumbe qui en fait, faisaient partie de son équipe de sécurité leur demandant de rejoindre l’Inspection Générale dans l’immédiat et quant à Christian Ngoy Kenga Kenga, il dira à Jacques Mugabo d’appeler ses amis (Benga baninga na yo musala ezali) (c’est-à-dire ceux avec qui il a l’habitude de travailler à savoir : Alain Longwa Kayeye (chauffeur de Christian), Doudou Ilunga et Bruno Soty).

D’ailleurs, le Colonel Daniel Mukalay a eu maintes fois à le rappeler même à l’audience du vendredi 10.12.2021 que Jacques Mugabo a eu à commettre beaucoup de crimes sous les ordres de John Numbi et plus d’une fois, il a toujours été cloisonné. Et pourtant ce n’est pas vrai. Suivons la suite.

Ainsi, aussitôt arrivés à l’Inspection Générale, Daniel Mukalay leur remit l’argent pour aller acheter les matériels qui seront utilisés sur la scène de crime. Ensuite, ils iront manger en attendant l’heure H. C’est alors que l’Inspecteur Divisionnaire Adjoint Benjamin Alongaboni dit avoir vu vers 16H00 Christian Ngoy Kenga Kenga dans la Cour quand il allait récupérer son véhicule pour s’en aller.

Il y a lieu de rappeler qu’en ce jour, déjà que vers 12h00, on avait déjà renvoyé le gros des agents car le dernier enregistrement remontait à 12h02’. Toutes les dispositions avaient été prises pour qu’en dehors de Chebeya,  personne d’autre venant de l’extérieur ne pouvait entrer dans l’enclos. Déjà en route vers l’Inspection Générale, Chebeya appellera Daniel Mukalay à 17h25 lui annonçant qu’il était en route mais bloqué dans les embouteillages mais à ce moment-là, ce dernier ne lui dit pas que l’Inspecteur Général n’est pas au bureau et probablement même qu’il ne viendrait pas.

A 17h31, Chebeya envoie un SMS à Mme Yande de la Monusco lui annonça qu’il se rendait à son lieu de rendez-vous, qu’il fallait suivre et qu’il la préviendrait après l’entrevue. Il enverra le même message à son épouse, Mme Annie Mangbenga Nzinga une fois arrivé sur son lieu du rendez-vous.

Ainsi, aussitôt arrivé, il est pris en charge par le Major Christian qui le conduit au bureau du Major Paul Mwilambwe. Alors qu’il montait vers le bureau de ce dernier, il sera vu par Gomer Martell qui, lui se trouvait au couloir droit à deux pas du bureau de Daniel Mukalay.   

Malgré sa dénégation, il a été retrouvé 2 SMS dans le téléphone de Daniel Mukalay en provenance de Christian Ngoy Kenga Kenga à savoir : « Bonjour mon Colonel, le nom du Monsieur des Droits de l’Homme, Chebeya Floribert 0999939867 » et Mimi Mzee, niko na Challenger na petit Jacques nasubiri mipango kutoka kwenu pole Mzee ».   

Il finira à l’audience du 21 février 2011 après moult dénégations par reconnaitre qu’il avait bel et bien reçu les deux messages mais arguant de ne les avoir pas bien compris. Et pourtant, lors de son audition devant le premier juge, son chauffeur du jour Kalala Calao avait affirmé qu’aussitôt qu’il avait reçu le message, il lui demandera de rejoindre vite l’Inspection Générale.

Après avoir déposé Chebeya, le Major Christian Ngoy descendra et ordonnera à Jacques et sa suite de ramener Bazana du côté où ils se trouvaient et à Hergile de mettre en marche la Jeep Defender de Daniel Mukalay. C’est alors qu’il sera maitrisé (Bazana) après une âpre bagarre, on va le menotter les bras, puis lui poser un sachet de marque Viva sur la tête et aussitôt un autre policier lui passe le scotch, bref pour l’étouffer. C’est le système appelé « Kabalo ».

Il sera placé dans le véhicule jusqu’à ce qu’il rende l’âme. C’est alors que Daniel Mukalay ira en compagnie de certains policiers réquisitionner une nouvelle Jeep de la Police Canine que l’APP Shako Tumungu détiendrait la clé. Après l’avoir brutalisé, ils vont lui ravir la clé.

C’est alors que comme l’a si bien expliqué le Major Paul Mwilambwe lors de sa déposition en date du 08.12.2021, aussitôt que Chebeya a vu l’image de Daniel Mukalay sur ses écrans, il a demandé à Paul de l’appeler et ce dernier le fit lui expliquant que Chebeya était à son bureau mais au lieu de dire un mot, il se tut et pourtant c’était lui l’homme-orchestre qui avait arrangé sa venue dans ces installations.

Lorsque Christian est venu le chercher, il lui a dit que le chef a demandé qu’il soit ramené à sa résidence privée. C’est ainsi qu’avec ce véhicule de l’unité canine on viendra chercher Chebeya devant le bâtiment de l’Inspection Générale pour l’embarquer et l’amener ainsi vers le hangar.

Juste après être récupéré par Christian, quelques minutes après, le voilà entrain d’être brutalisé et c’est alors que d’après le Major Paul Mwilambwe, ses caméras ont sonné et ce n’est qu’après cela qu’il va vite descendre et trouvera alors Christian Ngoy qui lui dira que c’était sur ordre de la hiérarchie qu’il avait ainsi agi. Il avait déjà été décidé que Chebeya devait être tué avant le début ou tout au moins au début du mois de juin car ce dernier était crucial pour l’organisation des préparatifs de la cérémonie du Cinquantenaire de l’indépendance du pays. 

L’ordre consistait à tuer tout celui ou celle qui accompagnerait Chebeya et pour preuve, il lui montra le cadavre de Bazana dans le véhicule. Devant ce spectacle, il dut retourner à son bureau et répartit chez lui. Il y a lieu de souligner qu’entre les deux actes, Daniel Mukalay remit la somme de 20 USD à Alain Longwa Kayeye, chauffeur de Christian Ngoy pour acheter le carburant pour le véhicule de Chebeya avec mission de précéder déjà à Mitendi. Ainsi dit, ainsi fait.

Suivra alors le cortège proprement dit composé de deux Jeeps Defender dont l’une qu’utilise Daniel Mukalay pour son escorte et où se trouvait le corps de Bazana et celle portant le numéro 238 de la Police Canine et où se trouvait le corps de Chebeya conduite par Bruno Soty et la 3ème est celle de marque Challenger de couleur verte appartenant à Christian Ngoy Kenga Kenga.

On peut ainsi retracer l’itinéraire du Commando à travers les relevés téléphoniques de Christian Ngoy :

Ø  A 19h48 : il est encore à l’Inspection Générale lorsqu’il reçoit le dernier appel ;

Ø  A 19h57 : il communique avec le numéro 0811033…., il est pris en charge par l’antenne relais dite « Lingwala » ;

Ø  A 20h00 : il communique avec le numéro 0813884861, il est pris en charge par l’antenne-relais dite Socimat ;

Ø  A 20h03 : il communique avec le numéro 0811033…, il est pris en charge par l’antenne-relais « Chanic »

Ø  A 20h18 : il communique avec l’Insp Paul Mwilambwe, il est pris en charge par l’antenne-relais Binza-Village ;

Ø  A 20h48 : il communique avec l’Insp Ppal Daniel Mukalay, il est pris en charge par l’antenne-relais « la Colline » situé non loin du Sous-commissariat « ex-5 bureaux » Commune de Mont-Ngafula sur la route Matadi ;

Ø  A 20h57 : il communique avec le numéro 0815381555, il est alors pris en charge par l’antenne-relais dite « Kimbondo » ;

Ø  A 21h47 : il s’entretient de nouveau avec l’Insp Ppal Daniel Mukalay il est pris en charge par la même antenne ;

Ø  A 22H16 : quand il communique de nouveau avec l’Insp Ppal Daniel Mukalay, il se trouve dans le rayon de l’antenne-relais dite « Ma vallée »

Ø  A 22h27 : quand il communique avec le numéro masqué, il est pris en charge de nouveau par l’antenne-relais dite « Ma vallée »

Ø  A 23h32 : il communique avec l’Insp Ppal Daniel Mukalay, il est pris en charge par l’antenne-relais « Righini »

L’on peut ainsi constater que le 1er juin 2010 entre 19h48 et 23h32, Christian Ngoy Kenga Kenga est parti de l’Inspection Générale jusqu’à Mitendi en empruntant la route Matadi et qu’au retour, il est passé par l’avenue By Pass jusqu’au quartier Salongo chez Daniel Mukalay pour célébrer la réussite de l’opération.

Suivons les différentes communications entre les membres de cette association :

Après l’appel de Chebeya vers Daniel Mukalay signalant qu’il était bloqué dans les embouteillages, ce dernier appela successivement John Numbi et Christian Ngoy à 17h16’36’’ (durée 121’’) (John Numbi) à 17h28’47’’, durée 1’’, en fait c’était juste un SMS

Ø  Daniel Mukalay appela John Numbi à 17h28’47’’ durée 121’’

Ø  Daniel Mukalay appelle Christian Ngoy à 17h16’36’’ durée 1’’, en fait c’était juste un SMS

Ø  Christian Ngoy appelle Daniel Mukalay à 17h43’15’’, durée 13’’

Ø  John Numbi appelle à 18h41’53’’ Daniel Mukalay, durée 56’’

Ø  Christian Ngoy appelle à 19h10’40’’ Daniel Mukalay durée 52’’

Ø  A 20h28’59’’ John Numbi appelle Daniel Mukalay durée 46’’

Ø  A 20h47’19’’ Christian Ngoy appelle Daniel Mukalay durée 45’’

Ø  A 21h20’01’’ John Numbi appelle Daniel Mukalay durée 168’’

Ø  A 21h47’15’’ Christian Ngoy appelle Daniel Mukalay durée 72’’

Ø  A 22h16’03’’ Christian Ngoy appelle Daniel Mukalay durée 65’’

Ø  A 23h32’26’’ Christian NGOY appelle Daniel Mukalay durée

On se souviendra à ce sujet des propos de Jacques Mugabo, Doudou Ilunga et de Kalala Calao et même des propos de Daniel Mukalay lui-même. Car, il faut se souvenir qu’avant l’exécution de ce double assassinat, Daniel Mukalay avait révélé avoir reçu Christian et Jacques Mugabo qui se plaignaient de n’avoir pas été rétribué comme il se devait pour les missions antérieures exécutées et ils sollicitaient que cela soit pris en compte cette fois-ci.

C’est alors que Daniel Mukalay posera le problème auprès du Général John Numbi qui demandera à sa trésorière de mettre à sa disposition la somme de 3.200 USD mais ce dernier ponctionnera 700 USD pour ne parler que de 2.500 USD. C’était en fait la prime pour ladite opération.         

Aussi pour se rassurer de la réussite de l’opération, Daniel Mukalay dut descendre lui-même sur les lieux de la découverte du cadavre de Chebeya comme le signale ses relevés téléphoniques. En effet, ayant quitté sa résidence de Salongo dans la commune de Lemba à 07h29 suivant le dernier appel qu’il avait effectué à cet endroit, il a été vu sinon un de ses appels a été pris en charge à 08h56’42’’ par l’antenne de Telecom non loin de Mater Dei et à 09h05’47’’, il a été signalé sur le chemin de retour à Badiadingi.

Après s’être rassuré de la réussite de la mission, il fallait maintenant procéder à l’effacement des traces de ce crime crapuleux. Il fera appel à un autre fidèle à savoir le Colonel Georges Kitungwa qui va le coller à la PTS pour surveiller à tous les faits et gestes de ses agents, récupérer les scellés, les photos, … Il va même créer une commission d’enquête de sa propre initiative, juste pour assurer le contrôle de la situation.

Il dira même à Nkuna, spécialiste des scènes de crime « je vais vous donner un conseil, lorsqu’il y a un problème qui touche à l’économie, au politique, au social, nous de la police, nous devons toujours être du côté du gouvernement puisque nous sommes sous les ordres ».

Il faut aussi ajouter à cette liste des complices, le Général Oleko, à l’époque Commissaire provincial de la Police/Ville de Kinshasa qui eut même avec toupet déclaré qu’il n’y avait pas de traces de violences sur le corps de Chebeya alors qu’il avait vu les images démontrant le contraire, le Général Djadjidja, à l’époque Major et Commandant Bataillon PM de la Ville de Kinshasa chez qui le Major Christian est allé consulter avant de rejoindre l’IG.

CRIME D’ETAT ?

Il est défini comme un crime commis par un ou des représentants élus ou désignés d’un Etat souverain. Il est perpétré par les moyens qui relèvent de l’autorité souveraine comme l’administration et les forces armées. (Wikipedia)

Cette définition corrobore très bien avec les actes commis par cette bande constituée en association des malfaiteurs car tous les acteurs sont des agents de l’Etat congolais et avec à leur tête l’ex Président de la République, JKK, ils ont utilisé un édifice public à savoir les installations de l’ex-IG PNC, ils ont utilisés les moyens financiers mis à leur disposition par le trésor public pour des besoins de service mais ils en ont détourné de cet objectif pour cette sale besogne. Ils ont utilisé les véhicules (des Jeeps) et le personnel de la Police pour un autre usage que celui pour lequel ils ont été recrutés. Pour remercier les exécutants, ils ont été en plus promus en grade.

En conséquence, ce qualificatif de « CRIME D’ETAT » tombe très bien à propos et donc, il faudrait en tirer toutes les conséquences de droit qui s’imposent en l’espèce.