APO

mercredi 29 mars 2023

Le conflit dans la partie orientale de la RDC a un impact dévastateur sur l’éducation des enfants

L’éducation d’environ 750.000 enfants a été perturbée dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri, deux provinces les plus touchées par le conflit dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). De nouveaux chiffres publiés par l’UNICEF montrent qu’entre janvier 2022 et mars 2023, au moins 2.100 écoles des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont été contraintes de cesser leurs activités suite à la détérioration de la situation sécuritaire.

L’insécurité a particulièrement affecté près de 240.000 enfants récemment déplacés qui vivent dans des vastes camps autour de Goma. La violence des groupes armés a forcé des milliers de familles à quitter leurs domiciles en quête de sécurité, empêchant ainsi leurs enfants d’aller à l’école.

« Les enfants en âge scolaire paient un prix inacceptable à cause du conflit et de l’insécurité croissante dans l’est de la RDC », a déclaré Grant Leaity, représentant de l’UNICEF en RDC.

« Des centaines de milliers d’enfants qui devraient apprendre en toute sécurité à l’école ont au contraire été déplacés suite à la violence et vivent dans des conditions déplorables, dans de vastes camps surpeuplés ».

L’ampleur de la crise signifie que la majorité des enfants qui vivent dans les camps de déplacés ne peuvent pas du tout aller à l’école. Seule une minorité d’enfants peuvent accéder à des « Espaces amis des enfants » soutenus par l’UNICEF ou à des Centres d’apprentissage temporaires.

Il existe peu d’installations permettant aux enfants déplacés de passer leurs examens de fin d’année en juin et d’obtenir leurs résultats. Les chiffres collectés par un groupe de coordination de l’éducation dirigé par l’UNICEF composé d’autorités nationales, de réseaux d’ONG locales et internationales au Nord-Kivu et en Ituri, renseignent que :

 

119 écoles ont été attaquées, occupées ou temporairement utilisées par des groupes armés.

Près de 1.700 écoles ont été contraintes de fermer en raison de l’insécurité persistante (principalement parce qu’elles se trouvent dans des zones contrôlées par des groupes armés).

Près de 300 écoles ne peuvent pas fonctionner car elles sont utilisées comme abris par des personnes déplacées suite aux conflits.

Des chiffres distincts de l’ONU publiés plus tôt cette année indiquent que le conflit dans l’est de la RDC a causé le déplacement de plus de 5,3 millions de personnes, avec plus de 800.000 personnes forcées de fuir leurs foyers dans le seul Nord-Kivu depuis le début de la crise du M23 en mars 2022.

L’UNICEF soutient la construction d’espaces d’apprentissage temporaires et fournit du matériel scolaire aux élèves, en plus de former les enseignants sur des sujets pertinents, y compris le soutien psychosocial des enfants.

En mars 2023, l’UNICEF a également fourni des fournitures éducatives et récréatives à plus de 10 320 élèves déplacés et de la communauté d’accueil à Bunia, capitale de la province de l’Ituri, faisant suite à une précédente distribution de chaises et de tables pour les enseignants.

L’UNICEF s’est engagé à tenir à jour un aperçu des fermetures d’écoles et des attaques contre les écoles dans l’est de la RDC afin de connaitre le nombre exact d’enfants privés d’éducation. 

Les données compilées par le cluster éducation de l’UNICEF proviennent directement des points focaux pour l’éducation sur le terrain et ne doivent pas être confondues avec le Mécanisme de surveillance et de communication des Nations Unies (MRM), qui ne recueille que des informations sur les attaques contre les écoles.

mardi 28 mars 2023

Décès mardi à Kinshasa des enfants siamois venus du Kwilu

Il y a 7 jours le Centre de chirurgie cardiaque pédiatrique a reçu des enfants siamois qui sont venus du centre de santé de Misai à Wamba, dans la province du Kwilu. Alors, tous les examens avaient été faits. Ils ont eu à bénéficier tous les traitements dont ils avaient besoin, c’est-à-dire les médicaments, les antibiotiques contre les infections et tout ce que nous avons pu donner. C’est ce qu’a dit le 28 mars 2023 le Dr Roger Kongo Minga, médecin directeur de la Clinique Ngaliema.

« Nous avons organisé un grand staff qui réunissait un grand nombre de chirurgiens qui sont dans la ville de Kinshasa pour que nous puissions échanger et voir ce que nous devrions faire de ces enfants. Est-ce qu’il fallait que nous les opérions ou fallait-il retarder leur intervention ? Voilà, nous avons une triste nouvelle à vous annoncer ce soir qu’il y a trois heures, nous avons perdu ces enfants siamois. Les examens ont montré que ces enfants avaient des malformations sur le plan cardiaque », a dit-il ajouté.

Il y un enfant qui avait ce que nous appelons « transpositions de gros vaisseaux » et en plus d’autres que nous ne pouvions pas savoir. Ils étaient liés en plus par l’une des cavités du cœur mais les autres organes étaient séparés. L’équipe qui a été mise en place pensait comme elle n’arrivait pas à remonter le taux de l’oxygène qui désaturait tellement que malgré le traitement et l’engagement de toute l’équipe qui les avait pris en charge, « nous les avons perdus ce soir. C’est effectivement une triste nouvelle ».

Selon le Dr Roger Kongo Minga, les enfants siamois n’ont pas tous les mêmes problèmes. Le cas était beaucoup plus complexe, avec beaucoup de malformations surtout sur le plan cardiaque. Ce qui a fait que malgré toute la réanimation cardiovasculaire dont ces enfants siamois ont eu besoin au Centre de chirurgie cardiaque avec les avis que le staff a pu obtenir de tous les chirurgiens et des réanimateurs qui sont passés par le centre.

« Nous les avons perdus et nous les regrettons. Nous profitons de cette occasion pour présenter nos condoléances les plus attristées et à tous les membres de la famille et les parents qui sont encore dans nos murs. Nous tenons à remercier le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi qui a dû dépêcher sa conseillère spéciale, Mme Chantal Yelop ainsi que tout le gouvernement pour leur engagement dans le souci de sauver ces enfants siamois. C’est aussi une occasion pour que poussions dire un grand merci à toutes ces personnes qui se sont engagées pour aller chercher ces enfants et les amener ici chez nous ».  

lundi 27 mars 2023

Plateforme approuvée par la Banque Centrale du Congo (BCC), le service M-pesa de Vodacom RDC s’est positionné comme un acteur majeur de l'inclusion financière en RDC

A travers les services financiers et le paiement mobile, Vodacom Congo s’emploie à offrir commodité et efficacité à tous les Congolais, et à accélérer la croissance économique de la RDC par l’amélioration des conditions des populations, quels que soient leur âge et leur bourse.


Jour après jour, M-pesa transforme l'économie informelle en économie formelle, permettant aux Congolais d'effectuer des transactions sans cash, d’augmenter les flux financiers, et d'accroître l’épargne ainsi que les revenus des ménages par l’accès simple, rapide et sécurisé aux micro-crédits. Vodacom qui a célébré ses 20 ans en mai 2022 multiplie les preuves de son engagement. 

A travers son nouveau service « M-Pesa Rallonge », gage de sa volonté inébranlable de participer à l’inclusion financière pour tous, M-Pesa contribue valablement à la réduction de la pauvreté en RDC. En effet, il s’agit d’un service de microcrédits aux utilisateurs de M-Pesa ayant un solde nul ou insuffisant pour compléter leur balance afin d’effectuer une transaction donnée à partir de leurs téléphones portables.

Véritable innovation, ce service permet par exemple à la veuve qui, chaque fin du mois, évite son bailleur face à des fins de mois inévitablement difficiles ; ou encore, à la mère de famille, de remplir son panier pour offrir un repas équilibré à sa famille de faire face à un revenu limité. Avec « M-pesa rallonge », elles peuvent y trouver une solution en souscrivant un crédit instantané auprès du service M-pesa. 

Ce service innovant est né d’un partenariat scellé en décembre 2022, entre Vodacash, filiale financière de Vodacomet Access Bank. Il s’invite directement dans le quotidien du Congolais, et leur prête main forte au quotidien face à un budget tout autant limité.

Pour le Directeur Exécutif chargé du service financier et de paiement mobile au sein de Vodacom, Hachim Mukudi, « M-Pesa continue de répondre aux vrais besoins de la population congolaise. Ensemble, nous pouvons favoriser le développement économique et toucher plus de vies en répondant au besoin urgent d'accès aux services financiers dans les zones rurales et éloignées ».

Actuellement disponible en francs congolais, ce service permet d’accéder à un découvert allant de 50 et 100.000 Fc comme limite minimale et maximale. Aussi a-t-il permis déjà de débourser plus de 2 milliards de Francs Congolais à des milliers d’utilisateurs issus des milieux tant urbains que ruraux ayant recouru au service depuis son lancement en décembre dernier. Cette énième innovation de Vodacom Congo se veut prometteuse pour réduire tant soit peu la pauvreté accrue en RDC. 

vendredi 24 mars 2023

Reconduite au gouvernement, Rose Mutombo exhorte les membres de son cabinet à travailler

Quelques heures après sa reconduction au gouvernement Sama Lukonde 2, le personnel du secrétariat général et des membres du cabinet de la Ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, avec de petits rameaux et branches mortes en mains, ont accueilli le 24 mars 2023 dans l’allégresse Mme Rose Mutombo Kiese à son arrivée au Palais de Justice de Kinshasa-Gombe. Ils ont tous manifesté leur gratitude pour l’augmentation de la prime des membres de l’administration du secrétariat général à la Justice.

Mme Rose Mutombo Kiese

« Merci pour cet accueil chaleureux puisque je le mérite. Je veux vous dire une chose, il y a ceux qui ont quitté le gouvernement et d’autres qui ont été reconduits. Des évaluations ont été faites pour chaque membre du gouvernement. Bien sûr que nous avons été évalués, de notre côté nous allons aussi faire des évaluations. Vous avez intérêt à me donner les résultats que j’attends de vous. Si quelqu’un ne me donne pas ces résultats, nous allons nous séparer en dernière minute. J’ai besoin d’atterrir avec vous en 2024. J’ai besoin d’avoir les résultats. Comme j’ai mérité la confiance du chef de l’Etat et du Premier ministre, cette confiance je l’aurais au travail que je veux apporter au gouvernement ». C’est en ces termes que s’est exprimée la ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux Rose Mutombo.

Le secrétaire rapporteur de la délégation syndicale du secrétariat général à la Justice, Edmond Mayundo Kimuni, a déclaré qu’ils ne cesseront pas de reconnaître le bienfait de Mme la ministre d’Etat, ministre de la Justice.  « Si nous devons parler de la prison à la date d’aujourd’hui, fini le voungoulé. Aujourd’hui avec Rose Mutombo, les gens mangent à leur faim, matin, midi et soir. Dans notre administration, la prime était modique. A la date d’aujourd’hui et grâce à Mme Rose Mutombo, on voit un fonctionnaire du ministère de la justice qui rentre de la banque avec un sachet « viva ». Quand on nous pose la question ce qu’on n’y trouve dedans, il dit que c’est sa prime. D’où vient cette prime, c’est grâce à Son Excellence Rose Mutombo. Voilà pourquoi nous exprimons notre joie ».

« Excellence Mme Rose Mutombo, toutes les fois que notre document de l’administration est arrivé à votre bureau, vous l’avez signé sans difficulté. Aujourd’hui nous parlons de la prime mais nous prions et d’ailleurs nos prières ont été exaucées de pouvoir encore. Nous prions pour ce que vous venez de commencer surtout vos promesses d’impacter votre passage au ministère de la Justice en améliorant les conditions de vie des fonctionnaires », a tenu à faire savoir Edmond Mayundo.

A son arrivée à son cabinet de travail

Les agents et cadres du secrétariat général à la Justice ont certes vu leur prime augmentée mais ils attendent que Mme la ministre d’Etat s’implique pour qu’ils obtiennent des bus pour le transport du personnel. « Nous ne pouvons pas comprendre que certains ministères qui ne peuvent pas disposer des bus en ont deux ou quatre pour le transport du personnel. Nous glorifions Dieu que vous soyez reconduite au ministère de la Justice pour que vous puissiez continuer le travail que vous avez commencé ».

Aux fonctionnaires, le président de l’Intersyndicale leur demande de bien travailler et de donner de la valeur à leur travail et de respecter le principe de 8 heures de travail et non 8 heures au travail. C’est à partir du travail qu’ils seront rémunérés. « A partir de maintenant, mettons-nous au travail ».


mercredi 22 mars 2023

Vodacom Congo célèbre la Journée internationale de l’eau et des forêts 2023

On célèbre la Journée mondiale de l'eau qui a lieu le 22 mars de chaque année depuis 1993. Cette journée est une célébration des Nations Unies qui met l'accent sur l'importance de l'eau douce. La communauté internationale célèbre l'eau et sensibilise à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent sans accès à de l'eau salubre. Il s'agit de prendre des mesures pour lutter contre la crise mondiale de l'eau. L'un des principaux objectifs de la Journée mondiale de l'eau est de soutenir la réalisation de l'objectif de développement durable 6 : eau propre et assainissement, pour tous d'ici à 2030.

La Journée mondiale de l’eau 2023 vise à accélérer le changement pour résoudre la crise de l’eau et de l’assainissement. Le dysfonctionnement du cycle de l’eau compromet les progrès réalisés à l’égard de tous les grands problèmes mondiaux, qu’il s’agisse de la santé, de la faim, de l’égalité hommes-femmes, de l’accès à l’emploi, de l’éducation, de l’industrie, des catastrophes ou encore de la paix.

C’est dans ce contexte que la société de télécommunications, Vodacom Congo, a tenu à observer les 21 et 22 mars 2023, le monde entier célèbre la Journée mondiale de l’eau et la Journée mondiale des forêts, respectivement, dans le but de sensibiliser sur les défis auxquels nous sommes confrontés, face au changement climatique.

Le bassin du Congo est l’une des régions du monde ayant une grande capacité d’absorption du carbone qu’il en émet avec la plus grande biodiversité et le deuxième plus grand fleuve d’Afrique. Sa forêt, la seconde plus grande au monde, absorbe chaque année près de 1,5 milliard de tonnes de CO2.

Vodacom RDC se joint au monde en cette date pour non seulement réaffirmer que le succès commercial ne devrait pas se faire au détriment de l’environnement, mais également souscrire à la dynamique de veille pour agir aujourd’hui et réduire l’impact du changement climatique ainsi que les ravages forestiers.

En effet, l’entreprise congolaise, qui a parmi ses objectifs premiers la protection de la planète, reconnaît les risques que le changement climatique fait peser sur les entreprises, les gouvernements et les communautés. C’est pourquoi elle vise à réduire son empreinte carbone de 50 % d’ici à 2025 en mettant en œuvre une feuille de route visant à minimiser les déchets et la consommation de l’eau dans toutes ses opérations.

A ce jour, la RDC est reconnue comme étant le « pays solution », du fait de l’importance de sa réserve forestière et sa réserve d’eaux. Elle a avec le grand bassin de son fleuve, la plus grande biodiversité. Vodacom s’engage en tant qu’entreprise évoluant dans le numérique, Vodacom Congo s’associe non seulement aux objectifs de développement durable des Nations unies, mais également au soutien dans la gestion de la biodiversité, la protection des sols et l’appui aux agriculteurs.

Ainsi, en novembre 2022, Vodacom Congo, à travers son Groupe, a été le principal partenaire télécom de la COP-27 qui s’est tenue à Sharm el-Sheikh. En tant que sponsor de l’événement, la COP-27 a consacré une journée à l’agriculture et aux systèmes alimentaires, au regard des préoccupations qui se sont accrues en 2022.

Le DG de Vodacom, Khalil Al Americani a confirmé que le constat de l’urgence de changement climatique est sans appel et nécessite une action immédiate et soutenue. Avec la technologie, il est possible de créer une société numérique inclusive, à travers des innovations visant à protéger et préserver nos forêts. Un arbre à la fois, tout devient possible.

En 1992, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) a recommandé qu’une journée internationale soit consacrée aux ressources en eau douce. Le 22 décembre 1992, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la résolution A/RES/47/193 déclarant le 22 mars 1993 première Journée mondiale de l’eau.

Pour renforcer l'action mondiale, l'Assemblée générale a proclamé la Décennie internationale d’action « L'eau, source de vie » (2005-2015) et l'actuelle Décennie internationale d’action « L’eau et le développement durable » (2018-2028). Cette dernière met l'accent sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales, et sur la mise en œuvre et la promotion des programmes et projets connexes.

Vodacom RDC donne aux communautés locales la possibilité de prendre des initiatives en faveur de meilleures pratiques, de réduire les inégalités entre les régions, d’améliorer l’accès à l’eau potable, à l’assainissement, et de renforcer la sécurité alimentaire. La technologie mise en place vise à créer une société numérique, à favoriser l’inclusion pour tous et à fournir des solutions pour protéger et préserver nos richesses naturelles.




152 millions de dollars pour un nouveau projet de soutien au commerce transfrontalier au Sud-Kivu

Soutenir l’amélioration de l’environnement des échanges transfrontaliers dans la Région des Grands Lacs, afin de contribuer à la stabilisation politique et économique au niveau local, est au cœur de l’initiative de la République Démocratique du Congo (RDC), à travers un nouveau projet, le « Projet de Facilitation du Commerce et l’Intégration dans la région des Grands Lacs » (PFCIGL) avec l’appui financier de la Banque mondiale.

Des bénéficiaires du projet

Entré en vigueur depuis le 31 janvier 2023, le PFCIGL a pour objectif de développer, de faciliter les échanges et améliorer la commercialisation des produits transformés dans les chaînes de valeur sélectionnées. Les principaux bénéficiaires du PFCIGL sont les jeunes et femmes commerçants, œuvrant dans les régions frontalières des Grands Lacs entre la RD Congo et le Burundi.

Le financement du projet comporte une partie don et une autre de prêt pour une enveloppe totale de 152 millions de dollars sur une période d’exécution de 5 ans et demi, soit de janvier 2023 à juin 2028. Le projet mènera de front des activités visant des améliorations matérielles et logistiques au niveau des frontières ainsi que celles relatives aux réformes des politiques et des procédures pour faciliter le commerce. Il est ainsi prévu de financer la construction et la modernisation des postes frontaliers, des ports, des marchés et la réhabilitation des artères et pont aux frontières.

La mise en œuvre du PFCIGL  permettra aux piétons, aux passagers et aux véhicules commerciaux de franchir les frontières rapidement et en toute sécurité. Elle renforcera également la sécurité de petits commerçants, avec la création de voies réservées aux piétons, l’installation d’éclairages et de caméras et la construction d’entrepôts où stocker sans risque leurs marchandises. Ces infrastructures permettront de réduire les délais nécessaires au franchissement des frontières et à accroître le volume des affaires, offrant ainsi aux commerçants la possibilité d’effectuer plusieurs rotations par jour et, ce faisant, d’augmenter leurs revenus.

Les améliorations apportées aux infrastructures frontalières iront de pair avec une gestion et une gouvernance des frontières optimisées et le déploiement d’agents mieux formés. Un volet prévoit également de renforcer les capacités des agents aux frontières pour assurer la délivrance de services efficaces et de qualité.

Ce sont là des aspects essentiels pour les petits commerçants, et notamment pour les femmes, souvent victimes de harcèlement et de violences physiques, sans parler de l’extorsion de pots-de-vin. Les femmes sont un maillon essentiel du commerce et de la prospérité. Il faut donc leur permettre d’opérer en toute sécurité. Le projet défendra pour ce faire, l’introduction de mécanismes opérationnels de gestion des plaintes et de résolution des différends, de renforcement de la sécurité et de réduction du harcèlement aux frontières.

Tout cela vise à améliorer l’efficience, les capacités et la sécurité des opérations de plusieurs postes frontières qui jouent un rôle essentiel pour connecter les économies de ces pays, améliorant ainsi la santé économique de la région.

La collecte de données sur le délai moyen nécessaire pour que les marchandises franchissent la frontière ainsi que sur la valeur et le volume de biens circulant d’un pays à l’autre, l’incidence du harcèlement sur les commerçants, surtout les femmes, et l’opinion des commerçants quant à la qualité des prestations des services frontaliers permettra de mesurer la réussite du projet.


vendredi 17 mars 2023

La VSV proteste contre le refus de la SNEL à collaborer avec la justice dans l’affaire Christopher Lubungu, enfant de 9 ans, mort électrocute dans les parages de la concession du CNPP

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) exprime sa vive désapprobation contre le refus affiché par la Société Nationale d’Electricité (SNEL) de collaborer avec la justice dans l’affaire Christopher Lubungu, enfant âgé de 9 ans, mort électrocuté dans les parages de la concession du Centre Néuro-Psycho Pathologique (CNPP), dans la commune de Lemba à Kinshasa.

En rappel, c’était en date du 18 novembre 2022 que la victime, autiste de son état a trouvé la mort par électrocution, alors qu’elle revenait du CNPP où elle avait rendez-vous avec son médecin traitant. Celle-ci était transportée par sa mère madame Espérance Azanzi. Cette électrocution fatale a eu lieu à proximité du poteau haute tension de la SNEL situé dans les parages de la concession du CNPP et présentant des risques à cause de l’un des fils conducteurs détaché mais resté en contact avec ledit poteau.

Concernant particulièrement le cas de Christopher Lubungu, un procès a déjà été ouvert au Parquet de Grande Instance de Kinshasa/Matete en vue d’établir les responsabilités de la SNEL dans cette funeste affaire.

Selon les informations parvenues à la VSV, la SNEL ne veut pas collaborer avec la justice dans ce dossier et qu’elle n’a répondu jusque-là à aucune invitation de l’instance judiciaire.

Pour la VSV, il est souhaitable que toutes les dispositions soient prises par la justice congolaise pour que les responsabilités de la SNEL dans le décès de Christopher Lubungu soient effectivement établies et que la famille de la victime soit rétablie dans ses droits.

Somme toute, la VSV invite par cette même occasion la SNEL à :

- Collaborer avec la justice dans ce dossier macabre en vue de son heureux aboutissement.

- Résoudre définitivement le problème du poteau de la mort qui présente des dangers permanents pour la population.

Fait à Kinshasa, le 17 mars 2023

Jeux de pouvoir, pouvoir du jeu : football et politique en République démocratique du Congo

Le football est le sport le plus populaire en République démocratique du Congo (RDC). Loin d’être seulement un jeu, c’est aussi une extension de l’arène politique : hommes et femmes politiques s’y mêlent en cherchant à devenir présidents des clubs, avec l’espoir de trouver ou renforcer des bases électorales à travers une popularité sportive. En même temps, le pouvoir politique cherche aussi à contrôler les grandes équipes afin de s’en servir pour des fins politiques.

Mais certaines grandes équipes ont une particularité : elles disposent de structures qui permettent de temps en temps aux supporters de sanctionner les présidents des clubs. Elles diffèrent ainsi de beaucoup d’autres structures institutionnelles en RDC, où la redevabilité des gouvernants envers les gouvernés est faible ou inexistante. Bien qu’ils ne soient pas un modèle de la démocratie, les clubs de football peuvent servir de leçon pour la création de futures organisations plus démocratiques en RDC.

 


                   Joshua Walker, l'auteur du rapport

Introduction

Le 10 février 2023, la Confédération africaine de football (CAF) publie un communiqué de presse après une visite en République démocratique du Congo (RDC) pour évaluer l’état des stades congolais. Des trois stades inscrits pour être homologués pour les matchs internationaux africains, seul un d’entre eux est retenu par la CAF comme répondant à ses critères : le stade TP Mazembe à Lubumbashi, où joue le club Tout-Puissant Mazembe (TP Mazembe) de Moïse Katumbi. Cet ancien gouverneur (2007 et 2015) de l’ex-province du Katanga est un homme politique qui avait été empêché par l’ancien pouvoir de Joseph Kabila de se présenter à l’élection présidentielle en 2018.

Ensuite, sa plate-forme politique, Ensemble pour le changement, intègre le gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge sous le président Félix Tshisekedi. Une alliance entre adversaires – Katumbi avait soutenu le rival de Tshisekedi, Martin Fayulu, lors des dernières élections – se réalise. Mais le 16 décembre 2022, lors d’une interview avec Radio France internationale (RFI) et France 24, Katumbi annonce qu’il sera candidat à l'élection présidentielle, prévue fin 2023. Il rompt ainsi son alliance avec Tshisekedi.

La lettre de la CAF a dénombré plusieurs failles au stade des Martyrs de la Pentecôte à Kinshasa, le stade national où se jouent les matchs des Léopards (équipe nationale) et de trois prestigieux clubs de football de Kinshasa : le Daring Club Motema Pembe (DCMP), l’Association sportive Vita Club (AS V. Club) et le FC Renaissance. Les deux premiers demeurent les plus grands clubs de football de la capitale, en compétition avec d’autres grands clubs du pays tels que TP Mazembe, Football Club Saint Éloi Lupopo (FC Lupopo) et Sanga Balende.

Du côté de Lubumbashi, le stade Kibassa Maliba où se jouent les matchs du FC Lupopo a également connu le même sort que le stade des Martyrs. Le club de Katumbi offre alors aux autres équipes (AS V. Club, DCMP et FC Lupopo) la possibilité de jouer leurs matchs internationaux au stade TP Mazembe : « Le président Moïse Katumbi confirme que le stade TP Mazembe a été construit pour la jeunesse congolaise et toutes les équipes y sont les bienvenues. Le Chairman [Moïse Katumbi] offre l’hospitalité de ce stade à tous les clubs congolais pour s’y produire. »

 

Geste au nom de la solidarité sportive ou manœuvre politique ?

Dans d’autres contextes, les clubs de sport se servent régulièrement des stades appartenant à des équipes rivales, pour différentes raisons. Déjà, en RDC, DCMP et AS V.Club se partagent le stade des Martyrs. Mais dans le contexte actuel dans le pays, nous assistons à une série de refus par les clubs concernés de jouer leurs matchs à domicile, dans le stade TP Mazembe : DCMP disputera ses matchs au stade du 11 novembre (Luanda, Angola) ;

AS V.Club au stade Alphonse Massamba-Débat (Brazzaville, République du Congo) ; et FC Lupopo au stade Levy Mwanawasa (Ndola, Zambie). Préférence, donc, de jouer à l’étranger plutôt que chez Katumbi.

Le drame des stades non homologués ne se limite pas aux clubs des différentes Coupes d’Afrique. L’équipe nationale, qui doit affronter la Mauritanie en mars 2023 pour la qualification de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), se retrouve également privée de son stade habituel, le stade des Martyrs. Après avoir annoncé qu’elle jouerait son match contre la Mauritanie au stade Japoma à Douala (Cameroun), de fortes contestations sur les réseaux sociaux ont accompagné une mise au point par le sélectionneur français des Léopards, Sébastien Desabre, qui précisait avoir opté pour le stade TP Mazembe comme premier choix pour le match de l'équipe nationale.

S’en est suivi une réunion de la Fecofa le 20 février 2023, et elle finit par rétropédaler : les Léopards joueront leur match contre la Mauritanie au stade TP Mazembe, peu importe les « slogans hostiles au président [Tshisekedi] » qui pourraient y être scandés.

Cet imbroglio autour des stades démontre comment le sport, et particulièrement le football, est influencé par la politique en RDC. AS V.Club a expliqué que son choix relevait des questions financières liées à la proximité de Brazzaville avec Kinshasa. Les autres équipes concernées n’ont donné aucune raison pour leur refus de jouer au stade TP Mazembe. Mais en lisant entre les lignes, on comprend qu’il s’agit des décisions politiques. Katumbi n’étant plus l’allié politique du président Tshisekedi, il est hors de question que ces clubs, dont les responsables sont tous alliés d’une manière ou d’une autre avec le pouvoir actuel, jouent leurs matchs africains internationaux dans le stade d’un rival à la fois sportif et, surtout, politique.

 

Ce rapport est basé sur des entretiens avec des membres des comités de direction actuels et passés des clubs de football, des supporters des clubs et des journalistes sportifs. Il consiste en une évaluation et analyse de la politique et du football en RDC. Il cherche, notamment, à comprendre la relation entre les deux, en faisant une comparaison avec les partis politiques.

 

La politique et le football en RDC : contexte général

Le général Gabriel Amisi alias Tango Four, Aubin Minaku, ancien président de l’Assemblée nationale, Moïse Katumbi, Alphonse Ngoyi Kasanji, ancien gouverneur du Kasaï Oriental, André Kimbuta, ancien gouverneur de la ville de Kinshasa, Aimé Boji, actuel ministre du Budget. La liste des hommes politiques et officiers des FARDC qui sont ou ont été à la tête des clubs de football en RDC est impressionnante.

L’entremêlement de la politique avec le football en RDC ne date pas d’aujourd’hui. À l’époque du président Mobutu, les présidents des clubs de football étaient déjà politisés. Pendant cette période du parti unique, le Mouvement populaire de la révolution (MPR), ils se concurrençaient pour attirer l’attention des supporters et ainsi créer ou renforcer leur soutien du président Mobutu, tout en espérant recevoir son soutien politique en retour. En ce sens, le football est un « outil de communication » publique. Dans ce cas, les présidents des équipes sous Mobutu, comme la plupart des hommes politiques à cette époque-là, essayaient d’entrer dans les bonnes grâces du président en mobilisant des supporters pour le soutenir. En même temps, le MPR cherchait à s’approprier des équipes tout comme ces dernières cherchaient des parrains politiques et financiers.

L’une des caractéristiques du football congolais, hier comme aujourd’hui, c’est que les grands clubs sont souvent présidés par des personnalités proches du régime au pouvoir. Au temps de l’ancien président Joseph Kabila, il en était aussi ainsi. Aujourd’hui, les présidents de nombreux principaux clubs de football congolais sont, à leur tour, acquis à la cause politique du président Tshisekedi. Mais à la différence de l’ère Mobutu, le pluralisme politique a transformé le terrain du jeu : alors que la plupart des grandes équipes appartiennent à des proches ou sympathisants du pouvoir, d’autres, comme

TP Mazembe, sont présidés par des opposants. À deux reprises, Katumbi a rompu avec le pouvoir (de Kabila en 2015, et de Tshisekedi en 2023), tout en gardant sa place comme chairman de TP Mazembe. Dans ces deux cas, Mazembe est ainsi devenu un outil qui continue à renforcer la renommée de Katumbi et, dans certains cas, de mobiliser des supporters qui pourraient soutenir sa candidature à la présidence.

Lorsqu’on évoque les espaces de mobilisation en RDC, on pense aux partis politiques ou à la société civile. Cette recherche emploie le concept d’espaces de mobilisation au sens large : il prend le football comme lieu d’analyse de la politique. Loin d’être un milieu neutre, le sport, et notamment le football, est également un lieu où se joue la politique. Alors que les études sur la société civile et les partis politiques en RDC sont nombreuses, il y a très peu de recherches sur la politique et le football en RDC.

 

Enjeux sportifs et politiques

« Je suis supporter du club depuis longtemps. » Ainsi débute le narratif habituel de beaucoup de dirigeants des clubs de football en RDC. Car si les hommes et femmes politiques ont tendance à se mêler du football, ce n’est pas n’importe quelle personnalité qui peut devenir président d’un club. En effet, l’amour du club et du football – souvent à travers un passé de supporter – est tout de même important lorsqu’il faut choisir un président d’un club. Il s’agit pour beaucoup d’un critère nécessaire, mais pas suffisant pour accéder à la tête de ces institutions. Plusieurs supporters ont également exprimé cette idée.

Un président sectionnaire de DCMP explique : « Nous acceptons les politiques, mais qui ont d’abord été fans du club reconnus. Nous n’acceptons pas les inconnus ». On cite, par exemple, le général Amisi (Tango Four) comme étant un grand supporter de l’AS V. Club depuis sa jeunesse, avant sa présidence de ce club (entre 2007 et 2020).

Il en va de même pour Minaku et Vidiye Tshimanga et DCMP ainsi que pour Bestine Kazadi, actuelle représentante du président Tshisekedi auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et présidente de l’AS V. Club. Il va sans dire que les présidents que nous avons interrogés directement ont tous aussi souligné avoir été supporters du club qu’ils dirigent ou ont dirigé.

Pour comprendre les enjeux des clubs en RDC, il faut commencer par reconnaître la place importante du football dans la société congolaise – le sport qui y est de loin le plus populaire. Le jeu mondial est à la base, comme ailleurs, une plate-forme à travers laquelle se construisent amitiés, respect mutuel entre adversaires et qui contribue à la production de grands moments d’émotion collective partagée – le fanatisme, parfois ritualisé. En ce sens, il représente une des institutions les plus importantes en RDC, avec les églises et les partis politiques, qui sont capables d’une mobilisation collective, voire civique. Dans quelle mesure la mobilisation autour des clubs de football par leurs supporters et fanatiques constitue-t-elle, pour les hommes politiques, une force qu’ils sont capables d’exploiter pour des raisons politiques ou électorales ?

Certains voient une relation claire et non ambiguë entre présider une équipe et en tirer profit politique. Mais en réalité, il n’existe pas de règle générale qui englobe tous les rapports entre la gestion des clubs de football et la popularité politique.

À la différence des grandes équipes football internationales, qui ont des sponsors commerciaux, celles de la RDC dépendent financièrement, en grande partie, des contributions de leurs présidents. Ceci pour attirer des joueurs de qualité, de les payer et de soutenir les activités de l’équipe de manière générale. Pour beaucoup de présidents des clubs (mais pas tous), gérer une équipe n’est pas une activité financièrement rentable. Un président provincial d’un grand club de Kinshasa nous a indiqué que les hommes d’affaires qui, selon lui, sont « toujours derrière [leurs] bénéfices » et qui deviennent présidents sont souvent déçus : « Ne venez pas dans le club pour faire des rêves de bénéfices, c’est compliqué. » Quels sont les autres intérêts – non financiers – qui poussent alors les hommes politiques à s’impliquer dans le football ?

Depuis le rétablissement des élections multipartites en RDC en 2006, la popularité individuelle est devenue pour beaucoup une condition sine qua non pour se faire élire et réélire. Bien que certains députés nationaux et provinciaux se fassent élire grâce à leur appartenance à une liste d’un parti ou regroupement politique, d’autres sont élus grâce à leur popularité individuelle. Et cette popularité individuelle se crée, entre autres, à travers des actes de communication publique. C’est ainsi que l’on voit, par exemple, la Fondation Gode Mpoy, appartenant au président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, passer avec un camion de lavage de route avec le nom de la fondation inscrite sur le côté. Dans le cas du football, l’élément le plus important pour garantir la popularité du président du club, ce sont les victoires.

Mais est-ce que présider un club de football est un bon moyen d’obtenir une popularité politique ? Un journaliste sportif nous offre une réponse : « Les chefs d’État ont tellement échoué qu’ils s’accrochent derrière une passion pour apprivoiser les esprits. Parce que si on laisse le secteur être libéral, ils vont perdre l’électorat comme ils sont impopulaires. Pour garder leur électorat, ils infiltrent leurs hommes [dans des clubs de football]. Ces derniers viennent comme des gestionnaires et mettent beaucoup d’argent, non pour que les clubs en profitent, mais pour entretenir les esprits afin que demain la politique gagne. » Dans cette logique, les hommes et femmes politiques chercheraient donc à mitiger leurs bilans peu convaincants dans la politique en se créant un soutien populaire qui provient de quelque chose (football) d’en dehors de la politique. La prémisse est claire : (re)trouver une popularité politique à travers une popularité sportive, ce que Kristof Titeca et Albert Malukisa appellent « lavage de réputation ». Une autre source, ancien président de club, explique que le politique entre dans les clubs de foot puisqu’ils sont « en quête d’une base : il veut être élu député ou autre chose.

Ou encore un politique qui veut avoir une assise populaire pour maîtriser la base ». Ici donc il y a aussi le besoin de création d’une notoriété. En effet, plusieurs de nos sources ont affirmé que le but principal des politiques à se mêler du football est de faire ou renforcer leur notoriété23. Un président d’un club de football a signalé au chercheur GEC/Ebuteli qu’il utilisait souvent les supporters de l’équipe pour ses manifestations politiques et que ces derniers étaient même majoritaires dans ses soutiens lors des manifestations publiques. Il a aussi avoué que le sport lui avait apporté une notoriété d’envergure nationale à travers son équipe. Ceci ne se limite pas aux présidents des clubs, mais s’applique aussi à certains joueurs : l’exemple de Robert Kidiaba, ancien gardien célèbre de TP Mazembe, qui s’est fait élire comme député provincial dans le Haut-Katanga. D’autres sources, peut-être moins critiques, ont plutôt souligné l’amour du club et du football comme raison principale des politiques de vouloir diriger des équipes en RDC.

Cependant, l’investissement dans un club de football ne garantit pas le succès politique. Comme le souligne un président actuel d’une équipe, la notoriété gagnée à travers le football n’est qu’une première étape : elle sert à vous faire connaître, mais c’est insuffisant pour vous faire élire. Pour cela, il faut également faire ses preuves, surtout à travers les victoires. Sans succès sur le terrain du jeu, le succès politique est loin d’être garanti : « Pour être président d’un club de football, il faut être envoûté », lâche-t-il, car les fanatiques l’insultent au stade, et il y a beaucoup de pression pour gagner.

Hormis les bénéfices potentiels pour les acteurs politiques individuels, les clubs de football dont le pouvoir s’est accaparé sont parfois appelés à soutenir le régime. Une autre source, ancien haut dirigeant d’un club, nous a également confié avoir parfois mobilisé des supporters de son équipe, sur demande de l’Agence nationale de renseignement (ANR), pour affronter des manifestants de l’opposition. Ceci démontre la façon dont le pouvoir se sert également de son implication dans les clubs de football pour des fins politiques. Jacques Kyabula, actuel gouverneur du Haut-Katanga, est élu président de coordination de FC Lupopo en juillet 2021, après avoir adhéré à l’Union sacrée de la nation (USN) du président Tshisekedi. À ce moment-là, Katumbi n’est pas encore officiellement candidat à la succession de Tshisekedi, mais les signes de leur antagonisme politique sont déjà présents.

Le passage de Kyabula à la tête de FC Lupopo devient une extension sportive d’une rivalité politique. Une autre source, président sectionnaire de DCMP, nous a indiqué que le club avait mobilisé des gens lors des élections de 2018 pour voter pour le Front commun pour le Congo (FCC), et que cette coalition présidentielle avait, à l’époque où le FCC était au pouvoir, contribué au financement du club.

L’ingérence des politiques dans la gestion des clubs de football sert donc à la fois à leur apporter popularité politique tout comme elle peut leur permettre de servir des objectifs politiques du pouvoir en place. Comment se comparent les clubs de football avec les sphères officielles de mobilisation politique, c’est-à-dire des partis politiques ?

 

Clubs de football et partis politiques : réflexions comparatives

Le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli ont récemment publié deux rapports sur les partis politiques : l’un sur l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et l’autre sur le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). L’un des éléments importants qu’ont soulevé ces deux études, c’est la façon dont ces deux partis – et les partis politiques en RDC en général – sont dominés par leurs leaders. Dans le cas du PPRD, il s’agit de l’ancien président Kabila et à l’UDPS, Étienne Tshisekedi d’abord et ensuite son fils Félix Tshisekedi. Ces partis ont une gestion non démocratique et, surtout, n’ont pas de véritable redevabilité envers leurs bases. Les partis semblent appartenir à leurs fondateurs ou à leurs leaders. Tel est aussi le cas, par exemple, de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, d’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ÉciDé) de Martin Fayulu ou même d’Ensemble pour la République de Katumbi. Ce dernier a été critiqué lorsqu’il a annoncé, avant la tenue du congrès de son parti en décembre en 2022, être déjà candidat à l’élection présidentielle de 2023. Pour certains, cela démontre que le congrès du parti n’est qu’une approbation les yeux fermés d’une décision prise en avance.

Les structures associatives sont en effet, de manière générale, fortement hiérarchisées en RDC. Dans ce type d’organisation, les présidents dominent souvent les structures de prise de décision, et les membres ordinaires n’ont pas forcément de pouvoir réel de sanction du président ou du comité de gestion. Qu’en est-il alors des clubs de football ?

À la différence des partis politiques, les présidents des grandes équipes de football changent régulièrement. Un président de club et député national nous l’a expliqué en ces termes : « Les grands clubs de football appartiennent à des endroits, pas à des individus34. » Cette distinction est importante : elle explique comment le contrat social entre présidents de grandes équipes et leurs supporters est caractéristique d’une notion de leadership et de relation avec la base (les supporters) qui diffère des partis politiques.  

 

Le club n’appartient pas à son président

Plusieurs supporters que nous avons interviewés ont eu des propos qui dénotent une conception du pouvoir et du rapport de forces au sein des clubs où les présidents doivent être redevables envers leurs « bases » (les supporters formels et plus globalement les fanatiques).

« Sans les supporters, Daring ne peut plus exister », a soutenu même un président sectionnaire du DCMP. Un autre président sectionnaire du même club, parlant de la décision de son conseil d’administration de faire partir son président, Vidiye Tshimanga (conseiller spécial en matière stratégique du président Tshisekedi à l’époque) en avril 2022, a dit : « Ce que je reproche au président Tshimanga c’est qu’il n’a pas voulu collaborer avec les autres ; il a géré Daring à sa façon, lui-même. Or, Daring est comme le globe terrestre, ça pèse. Et ça l’a conduit à sa perte [du pouvoir]. S’il avait collaboré avec ceux qu’il a trouvés au club, il allait peut-être réussir son mandat. Chez nous, a-t-il conclu, nous avons un slogan : les supporters gagnent toujours ».

En d’autres termes, le refus de gérer le club de manière collaborative avec les supporters aurait, selon cette source, conduit à l’éjection du pouvoir de Tshimanga : une forme, peut-être, de sanction qui fait preuve d’une certaine redevabilité. Un président sectionnaire de l’AS V. Club souligne le caractère non protocolaire que peuvent prendre les relations entre supporters et présidents : « Lorsque nous, les présidents provinciaux des supporters, sommes en réunion avec maman Bestine [Kazadi], nous ne voyons plus la casquette de conseillère du président de la République. Elle est simplement présidente de V.Club et s’il y a des sujets à traiter, il y a des discussions terribles et à la fin on trouve des compromis.

(...) Tu peux l’appeler même à minuit, elle va répondre au téléphone ».

Les grands clubs de football kinois ne sont pas des utopies démocratiques. Plusieurs sources ont également confirmé que le soutien financier des présidents des équipes leur donnait un certain pouvoir : « La main qui donne, c’est celle qui est au-dessus », rappelle un journaliste sportif. Cependant, ce pouvoir n’est pas absolu.

L’histoire de FC Renaissance est un cas instructif sur le rapport entre président et supporters. FC Renaissance est créé en 2014 à la suite d’une scission au sein de DCMP.

Un président sectionnaire explique que, selon lui, cette scission a eu lieu « pour créer [une] équipe des supporters et non l’équipe d’un individu. » Il considère ainsi que les supporters sont les « gardiens du temple » avec qui on doit gouverner l’équipe : « Un dirigeant qui arrive ne doit pas minimiser les supporters. Celui qui se met à dos les supporters prépare sa propre chute. » Mais le pouvoir de cette base dépendrait de ses propres initiatives :

« [Les] supporters doivent obliger [les] dirigeants [de club] à mettre en place des mécanismes pour les associer ou pour qu’ils contribuent, en créant [par exemple] des boutiques pour leur permettre d’acheter des articles de l’équipe. Cela va permettre aux supporters de se sentir capables d’avoir un mot à dire quand ça ne va pas ».

Cette version de l’histoire néglige le fait que le conflit au sein de DCMP à l’origine de la création de FC Renaissance était d’abord entre individus. Notamment entre Pascal Mukuna, alors administrateur de DCMP et Tshimanga, président du club de l’époque. À la suite d’une série de défaites, certains supporters ont décidé de quitter DCMP, et ils ont été ralliés par Mukuna pour créer ce « club des supporters ». Mais la suite n’a pas été aussi belle que souhaité pour les supporters. Peu de temps après la création de FC Renaissance, ce club est passé sous l’emprise de Mukuna, au point où il a proclamé en être le « propriétaire ». Cette équipe semble avoir trahi sa cause originelle, ce qui l’a poussée dans une crise interne.

Le cas de FC Renaissance démontre combien la redevabilité ou le pouvoir des supporters au sein des clubs est fragile, et soumis à des manipulations. Un journaliste sportif pense que les supporters ne reconnaissent pas leur pouvoir collectif : « Les supporters sont des vrais patrons qui s’ignorent. » Selon lui, les manipulations politiciennes ont atteint un degré où les supporters sont « là, mais ils sont affaiblis par le système politique ». Le bilan sombre dressé par cette source nous montre à quel point, sans doute, il existe un fossé entre l’idéal (où les présidents des clubs seraient redevables à leurs supporters) et la réalité. Mais ce n’est pas pour autant que la base des clubs de football congolais est totalement impuissante.

Il existe cependant d’autres formes organisationnelles dans le football congolais qui permettent à un président d’avoir une mainmise plus formelle sur les clubs. Un homme politique et ancien président de club explique d’abord que la différence entre un parti politique et un club de football est qu’au sein des partis, « il y a la discipline. Ce que décide le président de concert avec le comité ou l’assemblée générale s’applique et s’impose ». Si Katumbi a réussi à rester aussi longtemps président de TP Mazembe, c’est peut-être en partie grâce au fait que le club est une société. En novembre 2009, deux ans après que Katumbi est devenu gouverneur de l’ancienne province du Katanga, TP Mazembe se transforme en société par action à responsabilité limitée. Comme l’explique un dirigeant de Mazembe, Katumbi est « l’actionnaire majoritaire et nous sommes là comme comité pour la gouvernance, mais en termes de propriété, Mazembe appartient à Moïse Katumbi ». Pour ce membre du comité de Mazembe, cette façon d’organiser l’équipe favorise la stabilité ou la constance dans la gestion « parce que les mêmes supporters qui vous lapident aujourd’hui, ce sont les mêmes qui vont vous applaudir demain ».

 

Conclusion

Pour promouvoir la redevabilité politique au sein de l’État congolais, il faut d’abord comprendre la redevabilité dans d’autres institutions ou espaces de mobilisation civique.

C’est l’une des prémisses de la série de rapports Mukalenga wa Bantu. Si les précédents rapports dans cette série ont traité des organisations plus explicitement engagées dans la politique, la présente étude prend comme objet une catégorie d’institution qui, formellement, est censée être apolitique : le club de football.

Nous avons démontré au long de ce rapport comment la politique et le sport sont entremêlés à travers la présence des hommes et femmes politiques à la tête des clubs. Au cœur de cette relation se trouve un jeu de pouvoir : d’un côté, la recherche par les politiques d’une base, ou d’un électorat, en essayant de convertir la notoriété liée au sport en popularité politique et, de l’autre, des tentatives par le régime en place d’utiliser des publics sportifs pour des fins politiques. Si ces jeux de pouvoir ont un degré d’efficacité, c’est grâce au pouvoir du jeu : le football suscite des passions et des rassemblements collectifs qui sont plus forts que ceux dans bien d’autres secteurs de la société, à l’exception peut-être des milieux religieux.

La particularité chez les grands clubs de football est qu’à la différence de beaucoup d’associations, de partis politiques et d’autres structures civiques en RDC, ils n’appartiennent pas éternellement à leurs leaders. En partie, ceci est dû au poids que représentent les supporters et fanatiques au sein de ces clubs. Ils sont capables de remettre en question la gestion du club et même, dans une certaine mesure, de sanctionner les dirigeants. Une forme de redevabilité, donc. Cependant, ces clubs ne sont pas des panacées de la démocratie : les risques de dérives sont omniprésents, les manipulations du bas par le haut sont toujours à l’ordre du jour. La façon de conduire la politique en RDC influe toujours sur ces clubs comme dans d’autres structures non formellement politiques. Néanmoins, les grands clubs de football au Congo semblent contenir, en leur sein, des relations entre gouvernants et gouvernés qui sont plus démocratiques que, par exemple, dans les partis politiques.

Peut-être qu’il est question d’une longévité qui a pu faire ancrer ces clubs comme véritables institutions à caractère plus ou moins démocratique : AS V. Club est fondé en 1935, DCMP en 1936 et TP Mazembe en 1939 – bien avant les partis politiques, qui étaient interdits jusqu’à la fin des années 50. Quoi qu’il en soit, les bâtisseurs du Congo nouveau feraient bien de regarder d’autres modèles d’organisation interne, pour éviter de créer des institutions qui appartiennent à des individus, où la redevabilité envers la base n’existe point. Les clubs de football pourraient servir d’un exemple parmi d’autres.

vendredi 10 mars 2023

Des fournitures médicales et des équipements vitaux sont livrés à l'est de la RDC, ravagé par le conflit

Un avion cargo contenant plus de 72 mètres cubes de fournitures médicales de l'UNICEF destinées aux personnes déplacées a atterri vendredi (10 mars 2023) à Goma, en République démocratique du Congo (RDC). Le matériel a été livré à Goma par un vol Humanitarian Air Bridge organisé par l'Union européenne, avec le soutien de la France.

Le matériel d'urgence contient 50.000 sachets de sels de réhydratation orale (SRO) qui joueront un rôle vital dans la lutte contre la diarrhée et le choléra. Les sachets seront principalement distribués à des milliers de personnes déplacées par les récentes violences dans la région de Goma, au Nord-Kivu. La menace du choléra dans les camps surpeuplés où elles vivent est de plus en plus préoccupante. Le choléra, la rougeole et le paludisme sont des problèmes de santé majeurs dans tout l'est de la RDC, en particulier dans les zones touchées par d'importants mouvements de population.

Parmi les fournitures sanitaires et nutritionnelles livrées ce vendredi, des kits sanitaires d'urgence contenant des médicaments et des équipements seront aussi distribués dans plusieurs centres de santé. Cela permettra de fournir du matériel sanitaire et nutritionnel à des dizaines de milliers de personnes dans les zones touchées par la résurgence de la violence.

En outre, le vol transporte d'importantes quantités de suppléments de vitamine A qui seront distribués à 300.000 enfants afin de renforcer leur système immunitaire, de prévenir la malnutrition et d'atténuer les effets de la rougeole.

Bien que la majeure partie de la cargaison soit livrée à Goma, certains équipements, notamment des kits pour sages-femmes, seront livrés dans l'ensemble des provinces de l'est du pays ou le conflit a déplacé plus de cinq millions de personnes. Dans le seul Nord-Kivu depuis le début de la dernière crise en mars 2022, plus de 800.000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons..

Dans la province  de l’Ituri, on estime qu'environ 190.000 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë et que des milliers de personnes ont été déplacées depuis le début de l'année 2023.

"Cet énorme envoi d'aide n'a été possible que grâce aux relations de travail étroites entre l'UNICEF, le gouvernement congolais, la France et l'Union Européenne (UE)", a déclaré Grant Leaity, représentant de l'UNICEF en RDC.

"Elle n'aurait pas non plus été possible sans le financement des opérations européennes de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO), du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF), du Canada, de l'agence gouvernementale suédoise pour le développement (SIDA), de la Banque mondiale et de l' l’Allemagne".

La cargaison de matériel médical est arrivée à Goma en même temps que les visites dans la capitale du Nord-Kivu des ambassadeurs de l'UE et de la France en RDC.

"Cet engagement confirme et renforce notre solidarité avec toutes les victimes de cette tragédie humanitaire dans l'est de la RDC, parallèlement à notre plein soutien aux diverses initiatives en cours pour y rétablir une paix durable", a déclaré l'ambassadeur de l'UE en RDC, Jean-Marc Châtaigner.