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jeudi 27 juin 2013

DECLARATION DU RENADHOC SUR LA PRATIQUE DE LA TORTURE1 EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO



Le Réseau National des ONGs des Droits de l’Homme de la République Démocratique du Congo, RENADHOC en sigle, demeure profondément préoccupé par la pratique continuelle de la Torture dans plusieurs milieux carcéraux des coins et recoins de la République Démocratique du Congo.
Le RENADHOC note avec regret, que le recours à la torture tant physique que mentale est une pratique généralisée et au demeurant banalisée au quotidien pour tous ceux qui ont le malheur de tomber dans les mailles des forces rebelles, des forces négatives, des forces armées de la RDC, de la Police Nationale Congolaise ou des services de sécurité de la République Démocratique du Congo.
En dépit du fait que le droit de ne pas être torturé constitue l’un des droits intangibles faisant partie des droits de la personne humaine ; Ce droit doit être protégé en toutes circonstances, y compris en période des conflits armés ou des crises politiques internes graves. Plusieurs instruments internationaux ratifiés du reste par la République Démocratique du Congo, interdisent formellement de recourir à la torture en tout temps et en tout lieu.
La Convention Contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CCT), par exemple, précise sans équivoque qu’aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
1 La torture est l'imposition volontaire de sévices d'ordre physique ou psychologique qui vise à faire souffrir un individu. Lorsque la torture accompagne l'exécution d'une condamnation à mort on parle plutôt de supplice, qui rend la mort longue et douloureuse sous forme de châtiment. La torture est aussi un moyen employé pour obtenir des aveux ou terroriser des populations ou des organisations, en ciblant des membres d'un groupe de personnes particulier, afin que les autres restent passifs de peur d'être victimes à leur tour. Les actes de torture produisent le plus souvent des séquelles physiques (ex : mutilations) et psychologiques (ex : traumatismes). Du point de vue du tortionnaire (ou bourreau), qui tient sa victime à sa merci, torturer peut répondre à des pulsions sadiques ou simplement s'inscrire dans la soumission à l'autorité établie. La torture est proscrite par le droit international depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Outre la Convention européenne des droits de l’homme, les conventions et traités suivant concernent spécifiquement la torture :
· Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 7) ;
· Les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels de 1977 ;
· La Convention relative aux droits de l'enfant (1989) ;
· La Convention américaine relative aux droits de l'Homme (1969) ;
· La Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples (1981) ;
· La Charte arabe des droits de l'Homme (1994), qui n'est pas encore entrée en vigueur.
La Convention précise encore que l’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture. Cet instrument international adopté par l’Assemblée Générale de l’ONU par sa résolution 39/46 du 10 décembre 1984 et entré en vigueur le 26 juin 1987, a force de loi en République Démocratique du Congo depuis sa ratification suivant l’Ordonnance-Loi N°89-014 du 17 février 1989.
La Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, instrument juridique africain relatif aux droits de l’homme et ratifié par la République Démocratique du Congo, précise sans équivoque à son article 4 que : La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité physique et morale de sa personne : Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit. Et l’article 5 de ladite Charte Africaine insiste sur le fait que : Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d'exploitation et d'avilissement de l'homme notamment l'esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels inhumains ou dégradants sont interdites.
Cet instrument régional adopté le 27 juin 1981 à la 18ème Conférence des chefs d’état et des gouvernements de l’OUA /UA tenue à Nairobi au Kenya, est entré en vigueur le 21 octobre 1986 a force de loi en République Démocratique du Congo suivant sa ratification du 20 juillet 1987. La Constitution de la République Démocratique du Congo consacre à son article 16 : « La personne humaine est sacrée. L'Etat a l'obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l'intégrité physique ainsi qu'au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l'ordre public, du droit d'autrui et des bonnes mœurs. Nul ne peut être tenu en esclavage ni dans une condition analogue. Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Nul ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire ».
De ce fait, les droits intangibles sont donc des droits qui ne peuvent pas être supprimés, suspendus ou limités sans aucune exception. Ces droits sont notamment, outre le droit de n’est pas être torturé ni de subir des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le droit à la vie, le droit de ne pas être tenu en esclavage ou en servitude, le droit à la non-rétroactivité de la loi pénale, le droit à la reconnaissance de la personnalité juridique, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion.
Les tortures corporelles (terme créé par la Jurisprudence) constituent cependant des circonstances aggravantes d’une série d’infractions prévues et punies aussi bien par le Code pénal ordinaire que par le Code pénal militaire. Il s’agit généralement de l’arrestation arbitraire et de la détention illégale.
De manière assez paradoxale, il existe cependant une note circulaire N° 07/008/In/PGR/70 du 16 mai 1970 émanant du Procureur Général de la République, interdisant aux Officiers de police judiciaire de recourir à la torture. Dans la pratique, aucun cas de sanction disciplinaire pour les actes de torture par un agent public n’a été rapporté. Les instructions menées par le Parquet pour des actes de tortures ou mauvais traitements demeurent extrêmement rares, augmentant encore le sentiment d’impunité.
Le recours des victimes est généralement freiné voir empêché pour différentes raisons suivantes :
- Il y a lieu de relever l’ignorance par les victimes de leurs droits ;
- La réticence des autorités d’ouvrir une enquête dans la mesure où les auteurs des actes de torture ont la qualité d’agents publics ;
- L’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l’Exécutif ;
- L’absence de contrôle du parquet sur les officiers de police judiciaire des services de sécurité ;
- L’impunité des tortionnaires et la peur des victimes de la torture.
Par exemple : le décret N°003/2003 du 11 janvier 2003 portant création et organisation de l’Agence Nationale de renseignements (ANR) stipule en son article 23 alinéa 1 que « les officiers de police judiciaire de l’Agence nationale de renseignements sont, dans l’exercice des fonctions attachées à cette qualité, placés sous les ordres et la surveillance exclusifs de l’Administrateur Général et accomplissent leurs missions de police judiciaire dans le respect des lois et règlements ».
L’article 25 du même texte porte que : « Les officiers de police judiciaire ou du ministère public, avant d’interpeller ou de poursuivre les agents et fonctionnaires de l’Agence Nationale de Renseignements pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions doivent demander l’avis préalable de l’Administrateur Général. Les officiers de police judiciaire ou du ministère public, avant d’interpeller ou de poursuivre les fonctionnaires de l’Agence Nationale de renseignements pour les actes n’ayant pas trait à l’exercice de leurs fonctions, doivent en informer l’Administrateur général ».
En conséquence, si la torture est infligée à une personne par une autorité de l’Etat, la victime ne pourra voir sa plainte contre cette dernière aboutir, le Parquet pouvant recevoir un ordre du Ministre de la Justice pour suspendre les enquêtes. Le droit de porter plainte connaît ainsi beaucoup des « freins légaux ».
Que dire des prions et cachots de la RDC qui sont devenues des mouroirs, des dépotoirs ou des réservoirs de transmission des maladies contagieuses de toutes sortes ? Etre détenus dans nos prisons même sans jugement définitif équivaut à une condamnation à mort, car les conditions carcérales sont inhumaines et tragiques. En sortir vivant relève d’un miracle. Nos prisonniers sont entassés comme des personnes ne bénéficiant d’aucun droit : C’est de la pure torture !
Face à tous ces défis sur la pratique de la Torture en RDC, le RENADHOC2 propose les recommandations suivantes :
Invitons le Gouvernement de la République à vulgariser et à mettre en œuvre des mesures d’application de la Loi N° 011/10 du 13 Juillet 2011 portant sur la criminalisation ou la pénalisation de la pratique de la Torture en République Démocratique du Congo ;
Invitons le Gouvernement de la République à adopter une politique d’appui Institutionnel aux 12 Centres de Réhabilitation des victimes de la Torture que compte le Pays car l’assistance médicale, judiciaire, psychologique et matérielle aux victimes de la Torture, ne peut pas être l’apanage de seuls partenaires internationaux ;
Invitons le Gouvernement de la République à doter les hôpitaux de nos différentes provinces de l’imagerie à la résonance magnétique (IRM) qui est un outil médical indispensable pour l’assistance aux victimes de la Torture ;
Rappelons au Gouvernement de la République la recommandation du Comité contre la Torture selon laquelle la RDC devrait prendre des mesures urgentes pour que tout lieu de détention soit sous autorité judiciaire, en accord avec la décision du Président de la République datée du 8 mars 2001 ;
2 Principale plate-forme nationale regroupant 750 ONGs des Droits de l’homme de la République Démocratique du Congo, oeuvrant sur l’ensemble du territoire national depuis août 2000 par le truchement de 11 Réseaux provinciaux des ONG des droits de l’homme (REPRODHOC), avec pour mandat : de lutter contre l’impunité ; de faire le monitoring national de la situation globale des Droits de l’Homme en RDC ; de faire le plaidoyer national, régional et international sur la situation des droits de l’homme en RDC ; Et de promouvoir l’Etat de droit et de la bonne gouvernance en République Démocratique du Congo.
Rappelons au Gouvernement de la République la recommandation du Comité contre la Torture selon laquelle la RDC devrait prendre des mesures urgentes pour limiter au strict minimum le nombre des forces et de services de sécurité dotés de pouvoirs d’arrestation, de détention et d’enquête et Veiller à ce que la police reste la principale institution responsable de l’application des lois ;
Rappelons au Gouvernement de la République la recommandation du Comité contre la Torture selon laquelle la RDC devrait prendre des mesures urgentes pour mettre fin aux pratiques contraires à l’Ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus ;
Rappelons au Gouvernement de la République la recommandation du Comité Contre la Torture selon laquelle la RDC devrait prendre des mesures urgentes pour faire figurer dans son prochain rapport périodique des données statistiques détaillées, ventilées par infraction, origine ethnique et sexe, sur les plaintes concernant des actes de torture et des mauvais traitements qui auraient été commis par des responsables de l’application des lois, ainsi que sur les enquêtes, poursuites et sanctions pénales et disciplinaires correspondantes. Des renseignements ont été également demandés sur les mesures d’indemnisation et les services de réadaptation offerts aux victimes de la Torture en République Démocratique du Congo ;
8° Rappelons au Gouvernement de la République, la nécessité et l’urgence de redynamiser l’Entité Nationale de Liaison des Droits de l’Homme, en tant que mécanisme citoyen de dialogue interinstitutionnel sur les préoccupations majeures des Droits de l’Homme en République Démocratique du Congo ;
9° Rappelons au Gouvernement, la nécessité et l’urgence de doter la République Démocratique du Congo, d’une Politique Nationale des Droits de l’Homme ainsi que d’une Politique Nationale de lutte contre l’Impunité.

Fait à Kinshasa, le 26 Juin 2013

samedi 22 juin 2013

Réfus des étudiants rwandais de réjoindre le M23 en Rdc: le gouvernement congolais déplore et condamne cette violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba

I.         DE LA TROISIEME TRIPARTITE SUR LES RÉFUGIÉS A KIGALI

Les 20 et 21 juin derniers s'est tenu la troisième réunion tripartite entre le Rwanda, la RDC et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Kigali au Rwanda. Cette rencontre avait pour ordre du jour l’examen de la question des réfugiés rwandais se trouvant sur le territoire congolais, à dix jours de l’entrée en vigueur d’une clause de cessation du statut de réfugiés rwandais sollicité par les autorités du Rwanda.
C’est depuis le 31 décembre 2011 que le gouvernement rwandais avait annoncé sa décision de mettre en œuvre au 30 juin 2013 la clause de cessation du statut de réfugié pour ses ressortissants où qu’ils se trouvent.
Ainsi que l’a fait clairement savoir notre Ministre de l'Intérieur qui a en charge le dossier des réfugiés lors de cette tripartite, pour la RDC, la clause de cessation du statut des réfugiés rwandais ne peut pas être appliquée en RDC en l’état actuel de la situation. Le Gouvernement de la RDC a réitéré  ainsi la position qu'il avait exprimée à Pretoria (Afrique du Sud) en avril dernier considèrent que l’application de cette clause est «mécanique et inopérante» car elle ne porte pas de solutions durables aux multiples problèmes vécus aussi bien par les réfugiés que par la RDC, pays d’accueil, du fait de leur présence.
En effet, si Kigali appliquait cette clause au 30 juin 2013, il sera considéré qu’il n’y a plus de citoyens rwandais ayant un statut de réfugiés dans notre pays. Une fiction aussi vielle irréelle.
Cette disposition doit être accompagnée de mesures concrètes organisant pour les réfugiés des campagnes d’information sur la clause de cessation et ses conséquences. Elle devrait aussi renforcer toutes les activités préalables pour passer du rapatriement facilité au rapatriement volontaire.
En plus la commission tripartite devra programmer la réunion du groupe technique en vue d’élaborer un plan détaillé des opérations de rapatriement.
Il ne faut pas perdre de vue que, pour le cas congolais, cette décision du Rwanda concerne 127.000 réfugiés rwandais vivant sur le territoire de la RDC. Au terme de cette tripartite, nous sommes heureux qu’un consensus se soit dégagé autour de la position congolaise. Espérons que ce soit le début d’une accalmie dans la région.

II.      DES SEIZE ÉTUDIANTS RWANDAIS EXILÉS EN OUGANDA

Vous avez appris comme moi que seize étudiants rwandais ont demandé et obtenu l'asile en Ouganda parce qu'ils ont déclaré être victimes du harcèlement des autorités de leur pays pour avoir refusé de se joindre aux forces négatives congolaises du M23.
Ce fait nous révèle qu’il n'y a plus  le moindre doute possible sur les vraies origines de la guerre que subit la RDC à l'Est de son territoire. Il est une fois de plus attesté que c’est bien dans le territoire de ce pays voisin que se trouve la main qui arme et soutient les criminels du M23. La nouveauté c’est que les commanditaires de la guerre contre la RDC se permettent de contraindre des étudiants rwandais à rejoindre les forces négatives après la signature de l'accord-cadre d’Addis-Abeba engageant tous les Gouvernements des pays de la région.
En effet, ces étudiants rwandais, dont 14 jeunes garçons et deux filles, qui se sont enfuis de leur pays le 3 juin dernier, ont expliqué que la raison de leur fuite était d'échapper au harcèlement de leurs autorités qui les persécutent pour n’avoir pas adhéré à un programme de "conscientisation politique" à Butare, dont ils ont constaté que les participants avaient été forcés de traverser la frontière vers le Congo et de se battre dans les rangs du M23. L'un de ces jeunes âgé de 21 ans, M. Mugisha, a même affirmé qu'ils avaient imploré les autorités de leur pays de leur épargner cet enrôlement forcé sans succès. Raison pour laquelle ils ne peuvent retourner au Rwanda. Le Gouvernement de la RDC déplore et condamne cette violation flagrante de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui entretient ainsi les conditions de rupture de la paix dans la région des Grands Lacs.

III.             DÉPLOIEMENT DE LA BRIGADE D'INTERVENTION DE LA MONUSCO ET REDDITIONS DANS LES RANGS DES FORCES NEGATIVES

Le Gouvernement se félicite du déploiement progressif de la bridage d’intervention des Nations-Unies à Goma et dans les environs. En effet à ce jour, la totalité des éléments tanzaniens et une grande partie des éléments sud-africains composant cette brigade sont déjà sur place à Goma avec leurs matériel et équipement. Plus de 2.000 unités sont déjà sur terrain sur les 3.000 attendues. Les éléments Malawites de la Brigade sont attendus dans moins d’une semaine.
C’est presque superflu de le dire au vu de l’enthousiasme que suscite l’arrivée des éléments de la brigade d’intervention, mais le Gouvernement tient à appeler au soutien de tous les congolais à cette force internationale et aux FARDC en tout ce qui est susceptible de leur permettre le meilleur accomplissement possible de leur tâche.
Il est constaté ces derniers temps une forte augmentation du nombre de redditions des membres des groupes armés tant nationaux qu'étrangers qu'il s'agisse des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des Forces combattantes Abancunguzi (FOCA), du mouvement du 23 mars (M23), aussi bien que divers groupes Maï-Maï, notamment les Patriotes résistants Maï-Maï (PRM) et un de l’UPCP (FPC).
Le Gouvernement salue cette augmentation des redditions dans les rangs des forces ciblées par la résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu qui a créé la brigade d’intervention. Nous continuons d’encourager tous ceux de nos compatriotes qui trainent encore parmi les forces négatives à en sortir aussi vite qu’ils le peuvent. Car, si la brigade d’intervention peut se limiter à dissuader les forces négatives de persévérer sur la voie où elles sont engagées, nous aurons beaucoup gagné ; notamment par rapport aux pertes en vies humaines. L’objectif du gouvernement n’est pas d’aller en guerre. L’option demeure triptyque : le premier axe est politique, le deuxième diplomatique. L’option militaire n’est envisagée que comme dernier recours.

IV.        DU RECENT RAPPORT D'AMNESTY INTERNATIONAL SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME DANS LES MINES CONGOLAISES

Un rapport d'Amnesty international datant du 19 juin 2013 et intitulé "Pertes et profits" a fait état d'atteintes graves aux droits humains dans  les compagnies minières chinoises qui opèrent en République démocratique du Congo et particulièrement au Katanga. Il est affirmé que les "creuseurs" (vocable désignant les mineurs artisanaux) sont maltraités, mal payés et soumis à des règles iniques.
Le rapport fustige en plus les expulsions forcées – prohibées par le droit international – et l'imposition de conditions de travail très dangereuses constituant des formes d'exploitation, voire d’esclavage. Notamment : de nombreux mineurs travaillent à main nue, des dizaines de milliers d'enfants sont employés en raison de leur petite taille dans des galeries mal aérées qui s'enfoncent parfois à plus de 100 mètres sous le sol. Et le rapport souligne que les "creuseurs" sont gravement exploités à la fois par les responsables des pouvoirs publics et les acteurs privés qui contrôlent les sites miniers.
Des containers seraient transformés en cachots où les mineurs sont enfermés plusieurs jours quand ils enfreignent les règles, sans compter les accidents, glissements de terrain, meurtres, etc. Le comble, selon Amnesty International, c'est que les mineurs artisanaux sont obligés de passer par l'intermédiaire d'entreprises concessionnaires qui sous-payent le produit de leur travail. Alors que dans un comptoir de vente la teneur du minerai est estimée à 18%, les acheteurs (marchands chinois) ne paient que pour une teneur de 4%.
D'après le rapport, les autorités congolaises ne feraient rien pour empêcher les compagnies minières et les marchands de bafouer les droits fondamentaux de la personne. Pire, elles auraient elles-mêmes commis des violations de ces droits afin de faciliter les opérations d'extraction.
La première chose à dire à cet égard est que le Gouvernement qui a pris acte de ces graves accusations est préoccupé par la situation des mineurs telle qu’elle ressort de ce rapport. Il importe toutefois de signaler qu’en confrontant les informations relayées par Amnesty International avec celles à notre disposition, on est frappé par le caractère trop ciblé dudit rapport. En effet, comme l'a si bien relevé un expert de la division des mines de la province du Katanga, « Comment expliquer que de toutes les entreprises minières qui écument le Katanga, seules les entreprises chinoises sont accusées au sujet des problèmes rencontrés par les creuseurs artisanaux ? »  
Les entreprises minières installées au Katanga appartiennent en effet à une trentaine de nationalités différentes. Aucune d’elles n’offre à ses employés et clients des conditions différentes des compagnies chinoises. Rien ne justifie donc l’acharnement sur la seule Chine à cet égard. Surtout que cet élan de solidarité exprimée aujourd’hui par Amnesty International ne s’est pas observé pendant que ceux-ci vivaient des situations bien pires avant et après l'indépendance.
Tout porte à croire que les multiples pressions exercées sur le président Joseph Kabila pour l’amener à revoir à la baisse le volume des engagements commerciaux et industriels entre la RDC et la Chine ayant fait long feu, des groupes d’intérêts recourent vraisemblablement à des ONG internationales comme Amnesty International qui semble avoir décidé de mettre sur la balance sa crédibilité. C'est dommage car c’est là un cas de concurrence déloyale qui n’est pas dû au hasard au moment où notre pays est redevenu le 1er producteur mondial de cobalt.

V.      LIBÉRATION DES ÉTUDIANTS CONGOLAIS EN INDE

Vous le savez, vingt et un étudiants congolais avaient été arrêtés mercredi dernier en Inde dans des conditions marquées par des attitudes racistes évidentes de la part de certains policiers indiens. Suite à cette arrestation, la machine diplomatique de la République a été déployée. Aussi sommes-nous satisfaits que lesdits étudiants aient à ce jour recouvré leur liberté.
Nous demandons aux autorités indiennes de veiller à ce que les policiers qui se sont caractérisés par un tel racisme soient  sanctionnés.
A notre peuple, nous recommandons que cet incident n'entrave en rien les bonnes relations avec les ressortissants indiens vivant en République Démocratique du Congo qui n’ont aucune responsabilité dans le comportement répréhensible de quelques policiers de la ville de Jalandar en Inde.

VI.             UN ANCIEN EMPLOYE DE LA CPI ACCUSE D'ABUS SEXUELS

Le Gouvernement de la RDC se félicite de l'ouverture d'une enquête indépendante demandée par la Cour pénale internationale sur des accusations d’agressions sexuelles par un de ses anciens employés en République démocratique du Congo.
Nous avons appris le communiqué de la CPI du jeudi dernier qui a précisé que cette décision fait suite à l’accomplissement d’une enquête initiale interne, laquelle avait “confirmé la gravité des allégations et la nécessité d’une enquête plus détaillée”. Le Gouvernement congolais suivra de près cette affaire afin que les victimes obtiennent réparation. Il salue d'ores et déjà la décision de la CPI d'appliquer dans ce cas le principe de la tolérance zéro.

Lambert MENDE OMALANGA 
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement

vendredi 21 juin 2013

Le Katanga toujours secoué par le choléra avec plus de 60 % du total des cas rapportés en RDC



La Province du Katanga a enregistré près de deux fois plus des cas de choléra que toutes les autres provinces réunies au cours des cinq premiers mois de l’année. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au 20 mai, le Katanga avait rapporté 10.879 cas de choléra dont 247 décès, équivalant à environ 64 % du nombre total des cas rapportés en RDC et 77 % du total des décès.  
Le choléra continue de secouer la province et le nombre de cas continue d’augmenter bien que les interventions aient permis de freiner le rythme de sa progression. Sur les 68 zones de santé que compte la province, 40 sont touchées par le choléra dont les plus affectées sont Kenya dans la ville de Lubumbashi, Kalemie, Kampemba, Kikula dans la ville de Likasi, Malemba Nkulu, Moba et Pweto. 
Face à la persistance du choléra, les humanitaires continuent d’améliorer la  qualité des interventions et de renforcer les interventions pour contenir la progression  de l’épidémie. La moyenne hebdomadaire des cas est tombée à 70 contre environ 900 au début de l’année. Cependant, la situation n’est pas encore stable selon l’OMS, variant d’une semaine à l’autre. Et l’arrivée à échéance de nombreux projets dans les prochaines semaines risque de relâcher la réponse et relancer l’épidémie.
Maniema : Plus de 10.000 personnes déplacées ont bénéficié des bons d’achat du PAM
Le Programme alimentaire mondial (PAM) organise depuis le 15 juin dernier la première distribution de bons d’achat dans la Province du Maniema au profit de plus de 10.000 personnes déplacées par la guerre. Ces personnes pourront acheter des vivres sur les marchés organisés pour l’occasion dans les localités de Biunkutu, Kampene, Kitangi, Malumba et Mubundji dans le Territoire de Pangi. Cette opération s’effectue en partenariat avec l’ONG CARITAS et durera plusieurs semaines.
Depuis lors, les commerçants et producteurs locaux qui peuvent écouler des tonnes de produits alimentaires à des prix justes, se félicitent de cette initiative rendue possible grâce à un financement de DFID, l’agence de développement britannique.
Ces personnes déplacées suite aux combats dans le Territoire de Shabunda, dans la province voisine du Sud-Kivu, vont recevoir deux fois en deux mois des bons d’un montant équivalent à 80 kg de nourriture.
Dans la province du Maniema, enclavée et très difficile d’accès, le PAM assiste plus de 150.000 personnes à travers ses programmes de distributions générales de vivres – en nature ou bon d’achat –, de nutrition, d’alimentation scolaire, de vivres pour le travail ou vivres pour la formation. Plus de 174.000 personnes sont déplacées au Maniema suite aux conflits armés.  
Risque de malnutrition dans les zones de santé de Kabalo et Kinda au Katanga
Selon le Ministère provincial de la santé, les zones de santé de Kabalo (Territoire de Kabalo) et de Kinda (Territoire de Kamina) qui ont enregistré des taux de malnutrition aigue globale (MAG) de 13 %, méritent une attention urgente au risque de détérioration de la situation. C’est ce qui ressort de l’analyse des données nutritionnelles collectées dans près de 60 zones dans la province. La Zone de santé de Kabalo était déjà classée parmi les zones en alerte nutritionnelle en 2009 avec un MAG de 14,9 %.    
Par ailleurs, dans les territoires de Pweto et de Nyunzu, le projet de prévention de la malnutrition mis en œuvre avec un financement du Fonds central des urgences des Nations Unies (CERF) arrive à échéance ce 30 juin. La mise en œuvre de ce projet a été perturbée par des difficultés d’accès liées à l’insécurité et au mauvais état des routes. Selon le PAM, une demande d’extension du projet est en cours pour permettre aux acteurs humanitaires de poursuivre les activités dans la zone de Manono. Le PAM va poursuivre l’assistance aux enfants malnutris aigus modérés dans les zones de Pweto et Nyunzu.