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samedi 28 mai 2016

Lancement officiel de la Cogestion du Parc National de Salonga à Monkoto - Province de la Tshuapa - RDC



A travers un accord de cogestion visant l’amélioration de la gestion et l’établissement d’un partenariat public-privé afin de préserver la biodiversité et les services écologiques fournis par le Parc National de Salonga, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) s’engagent dans un programme de gestion conjointe du premier parc forestier d’Afrique.
« Ce qui fait de la Cogestion une innovation à la Salonga c’est son caractère inclusif, intégral et participatif qui remet véritablement la population au centre de la conservation. Aujourd’hui plus que jamais, le message du WWF et de l’ICCN est clair et révolte positivement les communautés de la Tshuapa qui comprennent pour la première fois que les éléphants, les bonobos, les perroquets etc. du PNS sont économiquement plus important pour eux et les futures générations, non pas à cause de leur ivoire mais bien lorsqu’ils sont vivant, se reproduisent, sont visités etc. Plus il y aura cette biodiversité à la Salonga, plus les investisseurs injecteront les ressources qui bénéficieront à  la conservation et aux  populations. De ce point de vue, l’ennemi le plus redoutable à combattre quel que soit le prix à payer, c’est tous ces réseaux de trafiquant d’ivoire et d’espèces qui travaillent malheureusement en complicité avec les membres des communautés eux-mêmes» a dit dans son allocution; M. Jean Claude Muhindo Bakwabaya, Directeur National du WWF.
Créé en 1970 et couvrant 33.350 km²,  le Parc National de  Salonga (PNS) représente la plus grande étendue de forêt dense humide protégée en Afrique. Constitué de deux grands blocs «nord » et « sud », chacun constitué de trois secteurs, séparés par le couloir de Monkoto (45 km de large), il est le parc national forestier le plus grand d’Afrique et le deuxième parc de forêt tropicale au monde.
En 1984, le PNS a été  inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses espèces phares dont le (Bonobo, éléphant de forêt, paon congolais,….). Cependant, en raison de la guerre civile qu’a traversé le pays, il figure depuis 1999 sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Au sortir d’une longue période de conflits et de déstabilisation du pays, le réseau des aires protégées de la RDC dont l’ICCN a la responsabilité de gestion se trouvait dans une situation d’affaiblissement. Le manque de contrôle de l’Etat sur plusieurs zones du pays dont les parcs  nationaux, a mené à une situation de gestion difficile aggravée plus encore par les pressions subies par les aires protégées du fait du braconnage récurrent, en particulier pour l’ivoire; la vente de gibier et d’animaux vivants, l’extraction massive de minerais, la demande de plus en plus accrue d’utilisation des sols pour l’agriculture et l’élevage, et la présence de groupes armés.
Depuis 2005, en étroite coopération avec l'ICCN et ses partenaires, le WWF met en œuvre un programme de conservation dans le Parc National de  Salonga (PNS) et dans le paysage environnant le parc. Mais en dépit de ces initiatives de conservation, l’ICCN, le WWF  et leurs partenaires ayant reconnus que les valeurs de la PNS étaient toujours sérieusement menacés, et que par conséquent, un programme plus ambitieux et sous une approche novatrice était nécessaire, ont mis sur pied le programme de Cogestion du Parc National de Salonga.
« C’est la première fois qu’une enveloppe aussi importante est allouée à la gestion du Parc National de  Salonga, ce qui est pour nous une occasion de remercier nos partenaires notamment l’UE, la KfW, et L’USAID, pour leur engagement ininterrompu dans nos différents parcs. Aujourd’hui c’est au tour de Salonga de bénéficier d’un appui qui non seulement est consistant mais aussi tient compte des populations riveraines. Le programme de Cogestion prévoit une enveloppe importante aux projets bénéficiant aux populations environnantes du Parc » a dit  M. Wilungula Balongelwa Cosma, Directeur général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).
Afin de marquer l’importance de l’accord de Cogestion, ensemble les autorités représentant le gouvernement central et provincial, les principaux partenaires financiers représentés par l’ambassadeur de l’Union Européenne, l’Ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne et le représentant adjoint de l’USAID en RDC, qui se sont engagés à soutenir cette initiative, se sont retrouvés le 19 Mai 2016 à Monkoto dans la province de la Tshuapa au cœur du Parc National de  Salonga pour lancer le démarrage officiel de cette nouvelle phase de l’histoire du parc et  installer officiellement par la même occasion le nouveau Directeur du Parc, M. Oliver Nelson.
Le programme de cogestion du PNS vise à contribuer à l’objectif global de la conservation de la biodiversité tout comme à la réduction de la pauvreté et à la stabilisation des effets du changement climatique. Dans le cadre de la gestion des aires protégées, il s’agit de réduire la tendance à la surexploitation des aires protégées et d’établir les conditions d’une gestion durable contribuant à la protection de la biodiversité et à l’exploitation durable des forêts tropicales ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des populations locales. 
« Aujourd’hui il n’existe aucune infrastructure à Monkoto, le niveau d’éducation est l’un des plus alarmant du pays et pourtant les éléphants ont été massivement massacrés pour leur ivoire vendu aux trafiquant dans des grandes villes qui n’ont rien rapporté aux communautés. Par contre, c’est à cause des quelques éléphants, bonobos, et autres espèces emblématiques encore vivantes, qu’aujourd’hui Monkoto et la Tshuapa commencent à avoir quelques infrastructures grâce aux investissements des partenaires financiers tel que l’UE, la KfW et l’USAID engagés dans la protection de Salonga ». a dit, le Directeur Muhindo. La Cogestion de Salonga par l’ICCN et le WWF est une dernière chance pour cette province, de profiter des retombées de cet immense héritage légué par la Nature  et de lutter contre la pauvreté». 
La République Démocratique du Congo (RDC) est internationalement reconnue parmi les deux premiers pays d’Afrique, avec l’Afrique du Sud, en termes de diversité biologique de par la grande gamme de ses écosystèmes, habitats, espèces fauniques et floristiques, dont nombreuses sont endémiques, ainsi que le réservoir génétique qu’ils constituent.
L’ICCN a pour mission d’assurer la protection de la faune et de la flore dans l’ensemble des aires protégées de la RDC, de favoriser la recherche et le tourisme en leur sein et de gérer les stations de capture et de domestication.