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mercredi 22 décembre 2010

Education nationale, les jeunes s’éloignent de plus en plus de l’enseignement


Depuis plusieurs décennies, les enseignants congolais vivent dans une situation très dramatique. L’Etat congolais ne consacre qu’environ 7 % du budget national au secteur de l’éducation. Après la démocratisation intervenue en 1990, le système de « prise en charge » des enseignants a été introduit pour éviter des grèves à répétition et épargner des années blanches et surtout sauver les années scolaires. 
Henri Mayina, professeur de droit à l’Institut Notre-Dame de Fatima, a choisi de faire ce métier pour encadrer la jeunesse. Si tout le monde refuse d’enseigner, il n’existerait pas de relève et le pays tomberait dans l’illettrisme, dit-il avec amertume. Il énumère les difficultés qu’il rencontre dans son travail au quotidien. Il y a des problèmes de travail, des mauvaises conditions de vie et de travail, le manque de politique salariale. A ces difficultés s’ajoute l’absence de logistique appropriée.
Selon lui, le métier qu’il exerce n’est pas pris en compte par les pouvoirs publics. Or, c’est le métier qui devrait être, insiste-t-il, considéré étant donné que ceux qui gèrent la chose publique doivent avoir des notions qu’ils auraient apprises à l’école. L’école est le chemin obligée pour tout le monde et elle est le commencement d’une société. Malheureusement, les pouvoirs publics négligent ce domaine combien primordial dans la vie d’un pays.


Il a émis le vœu que le gouvernement comprenne que l’enseignement est un domaine capital et essentiel dans un pays. Pour gérer et arriver à développer le pays, nous devons avoir des notions scientifiques. Ces notions, les citoyens les acquièrent à l’école. Il propose que l’Etat améliore les conditions de travail et de vie des enseignants. Il rappelle au gouvernement de respecter la Constitution qui dit que l’enseignement primaire soit gratuit. Mais il regrette la violation de cette disposition. Il recommande aux pouvoirs publics de prendre en compte cet élément pour valoriser l’enseignement.
« Je ne fais pas l’enseignement comme une carrière. C’est un travail secondaire par rapport à mon domaine puisque je suis juriste de formation. Si je le souhaite, je peux continuer », lance-t-il.
Le préfet de l’Institut Notre-Dame de Fatima, M. Jean-Marie Kusukila pense qu’il n’est pas facile d’être enseignant en Rdc parce qu’il fait son travail dans des conditions difficiles. Il est mal payé mais on lui exige trop. Les conditions dans lesquelles l’enseignant est mis ne sont pas convenables, reconnaît-il. L’enseignant n’a pas que la charge horaire ou les recherches à faire, mais il doit vivre.



Pour améliorer le travail de l’enseignant, c’est simple. Il faut poser la question au pouvoir organisateur.  C’est ce dernier qui est censé mettre à l’aise non pas seulement l’enseignant mais tous les agents de l’Etat. Pour mettre l’enseignant dans des bonnes conditions, il faut d’abord le payer décemment en tenant compte le panier de la ménagère. M. Kusikila propose la piste de solution qui est celle de « Mbudi » qui prévoit qu’un huissier touche 209 dollars américains contre 2090 pour un secrétaire général. « Nous avons notre planche à laquelle l’Etat doit se référer. S’il est incapable de s’y référer, qu’il aille par palier jusqu’à atteindre le montant convenu dans les accords de Mbudi ».
Il n’y a pas que l’argent qui améliorerait les conditions de l’enseignement. Il y a tout un conditionnement, l’environnement, affirme M. Kusukila. Il doit travailler dans les bonnes conditions. Dans un mauvais environnement, l’enseignant ne peut produire un travail de qualité. En bref, il y a l’aspect infrastructures, bibliothèque, documentation, recherche. Les conditions misérables qui vit l’enseignant peuvent être passagères. Avec l’espérance, il croit que dans les années ou les siècles à venir, ces conditions changeront. Toutefois, il encourage ses enfants à devenir des enseignants.
A la question de savoir si la relève dans ces conditions est assurée. Le préfet de l’Institut Notre-Dame de Fatima enchaîne que sa réponse est mitigée. D’après lui, la relève est assurée tout comme elle n’est pas assurée. Dans les instituts supérieurs pédagogiques, les étudiant(e)s sont là pour le diplôme et non pour embrasser la carrière d’enseignant.
Son établissement a reçu 36 étudiantes stagiaires de l’Isp Gombe  en sections hôtellerie et hôtesse d’accueil. Parmi elles, une seule a accepté après ses études de graduat de faire l’enseignement. Les 35 autres ont affirmé qu’ils étudient à l’Isp pour avoir le diplôme. Et rien d’autres. Leur souhait est de travailler dans des entreprises ou là où ça paye mieux que dans l’enseignement. De ce point de vue, la relève n’est pas assurée. « Il arrivera un jour où nous allons importer des enseignants comme on l’a fait entre les années 62 et 64 avec les Haïtiens ».
En même temps, M. Kusukila mentionne que la relève est assurée. Une fois leurs études terminées, ceux qui fuient l’enseignement après plus de deux ans au chômage, ils finissent par rentrer au bercail. Leur premier réflexe est de fuir ce métier. Lorsque le chômage les ruine, ils viennent déposer leur demande d’emploi. Après tout, c’est le premier métier qu’ils ont appris à l’université. L’espoir est permis avec des garçons.
Il fait tout même un constant, l’enseignement va de plus en plus se féminiser. Comme en Belgique ou en France, la Rdc aura beaucoup plus d’enseignantes que d’enseignants. Toutes les écoles maternelles s’emploient que des femmes. Rare sont des écoles maternelles où l’on trouve des enseignants.
Malgré le désintérêt des jeunes à ce métier, M. Kusukila souligne que l’enseignement ne mourra jamais. L’enseignement a commencé depuis Charlemagne, il persistera et ne va pas s’esquinter un jour. Sinon un pays qui n’a pas des gens formés, c’est un pays qui appelle son peuple à la barbarie. Et donc, la formation et l’enseignement occuperont toujours une place de choix dans la société. Qui que vous soyez, tout le monde y passe. Et la formation passe par l’enseignement. Ce n’est pas un secteur à négliger.
L’un des parents, Albert Omba déplore les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent les enseignants congolais. Ces derniers ont un salaire modique et ils se rabattent sur nous les parents pour compéter leur salaire que nous appelons « les frais de contribution des parents ». Parents et autres catégories sociales ont lutté pour mettre fin à cette pratique, mais elle persiste encore. Il soutient que malgré ce complément, il ne sera pas possible qu’on atteigne le niveau de vie de l’enseignant d’antan.
Les mauvaises conditions de vie et de travail des enseignants ont une incidence négative sur la qualité de qualité de l’enseignement parce que le programme n’est pas correctement exécuté. Le nombre d’heures pour donner les cours ne sont plus respecté. L’enseignant peut ne pas dispenser les cours à cause de son enfant qui serait tombé malade ou soit il a faim et il doit aller chercher de l’argent de gauche à droite. « Tout ça retombe sur l’enfant et ça diminue sensiblement le niveau de l’éducation des enfants ».  
M. Omba déclare les pouvoirs publics qui ont une seule obligation, c’est de bien payer l’enseignant. « Quand on parle de Smig et de Mbudi, jusqu’aujourd’hui on devrait ajouter à chaque enseignant ou fonctionnaire d’abord le logement. Deux mois après, on lui ajoute le transport et trois mois plus tard on lui ajoute encore les indemnités familiales et ainsi de suite… On aurait abouti à quelque chose ». Les autorités disent qu’ils sont nombreux. Ce nombre fait suite à la demande de ce grand pays. Il se pose la question si tous les enseignants remplissent le vide qu’il y a pour encadrer tous les enfants congolais.

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