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vendredi 2 septembre 2011

Victime collatérale de l’affaire Yves Kisombe, mal conseillé, Evariste Bosbab voit sa cote s’effondrer danss les salles de rédaction


A la suite des injures et insultes proférées par le député Yves Kisombe du Pprd à l’endroit de la journaliste  Eugénie Ntumba de la Rtvs 1, des professionnels des médias et des activistes des droits de l’homme ont organisé le vendredi 26 août 2011 une grande marche de colère. La marche est partie du croisement des avenues des Huileries et Colonel Ebeya dans la commune de la Gombe jusqu’au Palais du Peuple, où ils ont déposé un mémorandum auprès du président de l’Assemblée nationale, M. Evariste Boshab.
Les corporations de journalistes ont réclamé dans la foulée la levée de l’immunité parlementaire dont jouit le député incriminé. Tout est parti d’une interview que la consœur voulait réaliser le 4 août dernier au téléphone avec Yves Kisombe. Piqué on ne sait par quelle mouche, ce dernier a déversé un flot d’insultes sur la journaliste. L’enregistrement de cet élément sonore a fait le tour du monde via Internet.
Les Organisations professionnels ont organisé mardi 23 août une conférence de presse pour appeller les professionnels des médias à descendre dans la rue. Au Palais du Peuple, le président de l’Assemblée nationale a réceptionné le mémo qui lui a été remis par M. Polydor Muboyayi, président de l’Obsevatoire des médias congolais - Omec -.
Ce dernier a déclaré que les organisations professionnelles se sont déplacées pour remettre au speaker de l’Assemblée nationale et le mémo et l’objet du délit pour sa propre édification. Cette manifestation a été organisée, a-t-il poursuivi, pour poser un problème de fonds qui concerne l’intégrité physique des professionnels des médias, rappelant au passage les divers assassinats dont ils ont été l’objet ces dernières années sur l’ensemble du territoire national.
Il s’est agi donc d’attirer l’attention du législateur sur la nécessité du respect des lois du pays. Dans la foulée, le président de l’Omec a posé le problème de représentation d’un membre de la corporation au sein du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication.
« Nous sommes au regret de vous dire qu’il y a eu quelque part manipulation des noms et qui n’ont pas été approuvés par la corporation », a martelé le président de l’Omec.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, dans sa réaction, le président de l’Assemblée nationale, M. Evariste Boshab n’a pas du tout condamné l’acte posé par le député Yves Kisombe, préférant donner la leçon aux professionnels de médias. Il s’est néanmoins déclaré disposer à rencontrer les préoccupations exprimées dans le mémo sans entrer dans les détails.
Selon lui, lorsqu’il s’agit des injures, des insultes et des imputations dommageables, cela relève des cours et tribunaux. Dans le fonctionnement de la démocratie, il est utile de respecter la spécificité de chaque institution.
Il a ainsi conseillé que la consœur qui aurait été incommodée dans sa vie saisisse les instances judiciaires. Quant à la levée de l’immunité d’un député, M. Boshab Mabuj a ajouté qu’il faut d’abord le Procureur général de la République qui saisit à son tour l’Assemblée nationale pour respecter la procédure. « Nous ne pouvons de notre propre chef décider de lever les immunités d’un député. Nous sommes saisis par le Procureur général de la République. C’est lui qui fait la demande. A ce jour, je n’ai reçu aucune demande émanant du Parquet général de la République allant dans ce sens ».
Pour Evariste Boshab, s’il a un conseil à donner aux professionnels des médias c’est celui d’informer. « Je sais que c’est à la fois un métier noble et difficile.
« Mais un conseil, tout à fait un conseil : vous avez le devoir d’informer au lieu de vous ériger finalement en d’autres politiciens qui défendent les positions qui ne sont plus les positions informatives mais plutôt les positions politiciennes ». 

Provocations ?
Ces propos tenus par le président de l’Assemblée nationale ont mis le feu aux poudres, poussant les professionnels des médias à claquer bruyamment la porte de la salle des spectacles du Palais du Peuple. Interrogés, la plupart d’entre eux ont estimé qu’en tenant ces propos, le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab s’était dangereusement engagé dans une entreprise de soutien aveugle au député Yves Kisombe qui est désormais membre de son parti, le Pprd, après avoir été expulsé du Mlc.
Une provocation, en somme, que, les professionnels des médias ont fait payer cash à Evariste Boshab. Frustrés et déçus, ils ont pour marquer leur sortie, scandé des chants à la gloire de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, insinuant qu’à leurs yeux, ce dernier leur paraissait plus pate à remplir les fonctions de speaker de la Chambre haute qu’Evariste Boshab, dont les maladresses ne cessent, comme l’absence de tact, de se multiplier
Dans cette effervescence, des journalistes ont indiqué que le député Yves Kisombe était un dangereux récidiviste pour avoir affiché le même comportement par le passé. Le cas, notamment, M. Anthony Shamba, journaliste à Raga Tv et Fm, a déclaré avoir eu une altercation avec lui au Palais du peuple.
 « Moi je ne peux que confirmer ses propos. Ca c’est du Yves Kisombe puisque je suis l’une de ses victimes. Il y a plusieurs journalistes qui peuvent également témoigner du comportement de ce député ».
Un air de polémique sur la diffusion de ces propos sur Internet
Si aucun doute ne subsiste sur les propos du député Yves Kisombe ainsi que sur leur auteur, en revanche, une certaine polémique a semblé voir le jour sur  l’opportunité ou non de mettre ces déclarations sur Internet. Pour le secrétaire général de Journaliste en danger - Jed -, M. Tshivis Tshivuadi, rien ne dit que ce sont les journalistes qui ont diffusé cet enregistrement sur la toile. Selon lui, le monde est à l’heure de l’Internet, n’importe qui peut le faire sans demander l’autorisation de personne. Le plus important, a-t-il ajouté, est que l’auteur de ces propos ne les a pas niés.

Pour sa part, le directeur exécutif de la Voix des sans voix pour les droits de l’homme - Vsv -, M. Dolly Ibefo a fait état de son indignation par tels propos de la part d’un député de la République. Il a regretté que ces insultes aient été relayées sur Internet. « A notre entendement, les personnes qui les ont diffusées ne pouvaient pas le faire. Je crois qu’elles ont amplifié un peu l’immoralité et le comportement de celui qui les a tenus ».
Pour M. Bienvenu Marie Bakumanya, journaliste au Groupe de presse « Le Potentiel », il est difficile de ce jour d’éviter le réseau social de communication qu’est Facebook. De son coté, Désiré-Israël Kazadi de l’association de défense des journalistes « Freedom for journalist », a indiqué qu’il ne saurait être question d’incriminer les médias qui ont relayé ce message, mais plutôt de s’attaquer à la personne qui a proféré ces injures et insanités.
A la fin d’une journée très mouvementée, une chose était sûre. Si Yves Kisombe a donné piètre image des députés congolais désormais obligés de prendre leurs distances, en prenant maladroitement sa défense et en frustrant la presse, Evariste Boshab n’a pas non plus amélioré celle du parti auquel s’identifie désormais le transfuge du Mlc. Mais dans les salles de rédaction, l’agressivité et l’autoritarisme du speaker de l’Assemblée nationale n’étonnent plus.

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