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vendredi 23 septembre 2011

Discours du président Joseph Kabila devant la 66ème Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre


Monsieur le Président,
Permettez-moi au seuil de mon propos de vous féliciter sincèrement vous-même ainsi que l'ensemble de votre équipe, pour votre brillante élection au bureau de la 66ème, session ordinaire de l'Assemblée générale de notre Organisation.
Que votre prédécesseur, Monsieur Joseph Deiss, trouve ici l'expression de notre gratitude pour l'excellent travail abattu et dont notre Organisation a tiré parti.
Mes félicitations s'adressent également à Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général de notre Organisation, pour le renouvellement de son mandat.

Monsieur le Président,
Prendre la parole du haut de cette tribune a toujours été pour moi un moment privilégié et une heureuse occasion pour évoquer quelques sujets d'actualité qui sont d'importance pour mon pays et le monde.
Ce moment est d'autant plus privilégié qu'il intervient dans un contexte où la République Démocratique du Congo se prépare à l'organisation des élections générales, les deuxièmes après celles de 2006.

C'est dans cette mesure qu'il convient de comprendre toute l'importance que revêt cette période charnière pour le Congo. Car elle marque la confirmation d'une rupture définitive avec la spirale de violence et d'instabilité qui l'a caractérisée ces dernières décennies. Elle se veut une phase décisive en ce que, plus que jamais, elle engage le peuple congolais dans une culture démocratique pérenne.

En dépit des défis multiformes qui émaillent le processus électoral, la Commission Electorale Nationale Indépendante, notre peuple et son Gouvernement mettent tout en œuvre pour l'organisation des élections transparentes et crédibles, dans un climat apaisé.
Ces élections sont enfin la preuve d'un retour à la paix effective que les Congolaises et Congolais ont appelé de leurs vœux et qu'ils retrouvent de nouveau.
Aujourd'hui la paix et la sécurité règnent sur toute l'étendue du territoire national. Les institutions républicaines sont toutes en place et fonctionnement normalement.

Monsieur le Président,
La paix et la sécurité dans mon pays étant retrouvées, la présence onusienne mérite d'être repensée. En effet, le rôle de la Monusco doit impérativement s'ajuster dans sa vision et son action sur le terrain.
Dans cette phase de consolidation, la Monusco doit quitter progressivement le strict cadre des opérations de maintien de la paix pour accompagner le pays dans ses efforts de développement et de relance économique.

Certes d'énormes progrès ont été réalisés dans les domaines de la paix et de la sécurité. Cependant, bien d'autres défis demeurent; et la République Démocratique du Congo est déterminée à les relever. C'est dans ce sens que doivent s'inscrire la mobilisation et l'apport de tous.

Il s'agit notamment:

i. De la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, de l'armée, de la police, de la justice et des services pénitentiaires, de manière à garantir les droits et la sécurité des citoyens et à stabiliser le pays et la région;

ii. Du retour progressif et ordonné des personnes déplacées de leur milieu d'origine et des réfugiés dans leurs pays respectifs;

iii. De la poursuite du processus de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats issus des groupes armés;

iv. De la consolidation des relations de bon voisinage avec les Etats qui nous entourent.

A ce sujet, après plusieurs années de conflits, les pays de la région sont arrivés à la conclusion que la guerre est le pire ennemi de l'homme et de son développement. Elle exacerbe les problèmes plutôt qu'elle ne les résout. Ce qui explique leur volonté commune et nos efforts de rechercher la paix à tout prix. Ce qui est chose faite aujourd'hui: la République Démocratique du Congo est en paix avec l'ensemble de ses voisins. Et le temps est à la reconstruction et au développement.

A ce propos, je voudrais saluer l'entrée récente de la République du Soudan du sud en qualité d’État membre de notre Organisation universelle et former à l'endroit de son peuple mes vœux les plus ardents de paix, de bonheur et de prospérité.

Un autre défi que mon pays doit relever est celui du maintien de la croissance économique. Malgré un environnement économique international difficile, la République Démocratique du Congo présente aujourd'hui, après une décennie de décélération, un taux de croissance positif. Et cette tendance va se poursuivre.
Pour cela, les mesures d'encadrement et d'encouragement de nos économies fragiles d'Afrique sont plus que nécessaires.
Car cette croissance, pour durable qu'elle soit, au niveau national ou continental reste largement dépendante de l'économie mondiale.

Monsieur le Président,
Après vous avoir entretenu sur la situation dans mon pays, je voudrais maintenant aborder quelques grandes questions de l'heure.
L'organisation des Nations Unies a répondu à bon nombre de défis qui avaient justifié sa création à la fin de la seconde guerre mondiale. En 66 ans, notre monde a beaucoup évolué et la vitesse des transformations s'accentue chaque jour d'avantage.

Une grande Institution comme la nôtre ne peut rester statique alors que son environnement se modifie sans cesse. Le moment est arrivé d'envisager l'adaptation de l'Organisation des Nations Unies aux réalités actuelles afin d'améliorer son efficacité et surtout de renforcer la confiance entre les États membres.

Pour ce faire, elle doit réaliser des avancées substantielles sur les grands chantiers d'une réforme qui n'a que trop duré. Qu'il s'agisse de la revitalisation de l'Assemblée Générale, de la réforme du Conseil de Sécurité ou du renforcement du rôle du Conseil Économique et Social.

Un Conseil de Sécurité qui intègrerait autant les aspirations légitimes des pays en développement, et de l'Afrique en particulier, sera sans doute plus légitime.
D'autre part les questions relatives aux changements climatiques et à la protection de la nature exigent une modification d'approche, qui tienne compte des aspirations de tous les peuples.

Voilà un domaine, Mesdames et Messieurs, où il faut faire preuve d'esprit de compromis et de solidarité pour l'intérêt bien compris de tous les pays.
Il en est de même des objectifs primordiaux du désarmement et de la non-prolifération des armes de destruction massive, qui demeurent otages de la politique des deux poids deux mesures, tout comme les pratiques discriminatoires et de non-respect des engagements pris, en particulier, par certaines puissances nucléaires.

Le combat contre l'impunité, contre les violations des droits de l'homme, qui fait l'objet d'approches secrètes, et la mise en œuvre partisane du droit international humanitaire soulèvent de légitimes doutes quant à l'instrumentalisation à des fins politiques de ces nobles causes. Notre Organisation en est interpellée.

La République démocratique du Congo estime que la question israélo-palestinienne devrait constituer une préoccupation majeure de Notre organisation universelle. L'ONU doit poursuivre inlassablement ses efforts pour trouver une solution équitable, tenant compte des intérêts légitimes des deux peuples, qui chacun a droit de vivre en paix. Le Moyen-Orient ne pourrait retrouver la paix et la stabilité sans un règlement juste et durable de cette question.

Je ne saurais poursuivre mon propos, Mesdames et Messieurs, sans évoquer la collaboration que Nous voulons plus active entre l'Union africaine et l'Organisation des Nations unies, en matière de gestion des conflits. Il conviendrait à Mon humble avis de la renforcer utilement, afin de réduire les foyers de tensions dans notre continent. Nous y gagnerons tous.

Monsieur le Président,
J'ai axé ma prise de parole de ce jour sur la nécessité de renforcer la paix. Elle est la condition sine qua none de tout progrès; mais une paix limitée à l'absence des bruits de bottes n'est pas la paix. Sans méconnaitre ses succès, il faut dire que sur ce terrain notre organisation a encore énormément à réaliser, afin que chacun et tous trouvent là, les conditions de participer à l'avancement de l'humanité toute entière.

Je termine mon propos en renouvelant le vœu de voir modifiées la conception et la conduite des affaires internationales par un engagement effectif et sincère de l'ensemble de la Collectivité des Nations en faveur du renouveau et du renforcement du système multilatéral.
Je vous remercie.

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