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jeudi 9 février 2012

Situation humanitaire en République Démocratique du Congo Crise sanitaire grave en Province Orientale : plus de 17.700 cas de paludisme en trois semaines, plus de 1.000 cas de cholera en deux mois


La situation humanitaire en Province Orientale se caractérise en ce début d’année par la résurgence des épidémies et des maladies à potentiel épidémique notamment le cholera, le paludisme, la rougeole et la méningite.
Dans le District de l’Ituri, 1.024 cas de cholera dont 30 décès ont été enregistrés entre le 5 décembre 2011 et le 5 février 2012, selon le Comité de lutte contre les épidémies et les catastrophes naturelles. La Zone de santé de Tchomia est la plus touché, ayant enregistré à elle seule 797 cas dont 19 décès, soit 78 % du nombre total de cas rapportés. Selon une évaluation d’Oxfam Grande-Bretagne, cette flambée est due aux faits, entre autres, que la population est contrainte de consommer l’eau du lac Albert qui est impropre et que la quasi-totalité des ouvrages installés depuis 2008 pour l’approvisionnement en eau potable soit défectueuse. Oxfam indique que plus de 60 % de ménages ne disposent pas de latrines familiales.
Concernant le paludisme, 17.736 cas de paludisme dont 28 décès ont été enregistrés du 1er au 21 janvier 2012, selon l’Inspection provinciale de la santé. La Zone de Santé de Viadana dans le District du Bas-Uélé est la plus touchée avec 1.107 cas dont quatre décès. Les Zones de Santé de Basoko et Yahuma dans le District de la Tshopo sont également touchées.
La rougeole fait également l’objet d’une attention des acteurs humanitaires
Médecins Sans Frontière (MSF) a lancé le 1er février une campagne de vaccination contre la rougeole à Dungu, dans le District du Haut-Uélé. Cette opération vise 23.600 enfants de 6 mois à 15 ans visant dans les six aires de santé de la ville. MSF avait déjà vacciné 11.000 enfants à Faradje où près de 200 cas de rougeole dont trois décès avaient été enregistrés lors du dernier trimestre de 2011. Au cours de la dernière semaine de janvier 2012, l’épidémie s’est propagée dans les régions environnantes de Faradje, notamment à Dungu. Cette campagne est menée en collaboration avec la zone de santé et le Programme élargi de vaccination (PEV) et s’achèvera le 11 février. En 2011, plus de 131.000 cas de rougeole ont été enregistrés à travers le pays, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
Outre l’épidémie de rougeole, MSF a indiqué que 17 cas de méningite dont 5 mortels ont été enregistrés pendant la deuxième quinzaine du mois de janvier dans la Zone de santé de Pawa, dans le District du Haut-Uele. Les préparatifs de réponse à la méningite sont en cours.
La Province Orientale nécessite une attention accrue. Il est primordial que les autorités congolaises –  premières responsables du bien-être des Congolais – puissent s’investir de manière conséquente dans la réponse à cette crise sanitaire et créer les conditions pour faciliter le travail des acteurs humanitaires. Le Plan d’action humanitaire 2012 a été lancé la semaine dernière pour une enveloppe totale de 718 millions de dollars. Depuis des années, des millions de Congolais se tournent vers la communauté humanitaire pour leur survie.  
Deux dépôts pharmaceutiques pour approvisionner les centres de santé du Bas-Uele et de la Tshopo
Pour faire face à la rupture de stock de médicaments dans les Districts du Bas-Uele et de la Tshopo, l’Ong CIMA International vient d’installer deux dépôts pharmaceutiques relais à Buta (Bas-Uele) et à Isangi (Tshopo) grâce à un financement de la Banque africaine de développement (BAD). Ces structures ont pour mission de distribuer des médicaments dans les deux districts. Plusieurs structures sanitaires de la Province Orientale sont confrontées au problème d’approvisionnent en médicaments (notamment les anti-rétroviraux), intrants de vaccination, médicaments essentiels. Cette situation ne permet pas toujours une bonne riposte à certaines maladies notamment la résurgence des épidémies (choléra, paludisme, rougeole, etc.).
Des dizaines de maisons incendiées dans les Territoires de Lubero et de Walikale, dans la Province du Nord-Kivu
Plusieurs dizaines de maisons ont été incendiées au cours de dernières semaines dans les Territoires de Lubero et de Walikale. A Luhanga (Lubero), des éléments d’un groupe armé poursuivis par les militaires de l’armée nationale ont incendié 37 maisons dans la nuit du 30 au 31 janvier, entraînant des mouvements de populations. Deux personnes ont succombé dans l’incendie. A Kailenge (Walikale), des présumés éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont  incendié une dizaine de maisons lors des affrontements avec un autre groupe armé. D’autres sources font état de l’incendie des centaines de maisons dans plusieurs villages des groupements de Walowa-Yunga et Walowa-Uroba (Territoire de Walikale). Ces attaques avaient provoqué des déplacements de populations. Cependant pusieurs personnes sont retournées et ont besoin d’abris.
Dans le cadre de son programme « school voucher », le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a payé les frais scolaires en faveur de 1.269  élèves de huit écoles primaires au sud-est de Beni pour un montant total de 11.421 dollars américains. Ce programme permet de garder les enfants à l’école au cours de l’année scolaire, d’appuyer la scolarisation gratuite des enfants en situation de handicap et de promouvoir la gratuité de l’éducation.
Plus de 46.000 personnes déplacées sont arrivées dans la région de Kalonge (Sud-Kivu)
Des mouvements de populations continuent d’être rapportés à la suite des attaques début janvier des présumés éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) dans le nord du Territoire de Shabunda. Plus de 46.000 personnes sont déjà arrivées dans plusieurs villages autour de Kalonge, dans le Territoire de Kalehe. Les communautés d’accueil sont saturées par l’afflux des personnes déplacées. D’autres se dirigent vers l’axe Bunyakiri – Hombo.

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