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dimanche 26 février 2012

« Le CODHO lance un appel à la solidarité internationale face aux actes de violence étatique contre les membres de l’ethnie Hunde en République Démocratique du Congo »


                                 
Comité des Observateurs des Droits de l’Homme – CODHO – Committee of Observers of Humain Rights


Kinshasa-Goma-Bukavu, le 24 février 2012
                        

« Le CODHO lance un appel à la solidarité internationale face aux actes de violence étatique contre les membres de l’ethnie Hunde en République Démocratique du Congo»


Kinshasa-Goma-Bukavu, le 24 février 2012
Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo doivent mettre fin à une vague d'arrestations politiques, et en particulier aux arrestations et actes de violences politiques illégales menées contre des membres de l’ethnie Bahunde ou Hunde et ceux qui les ressemblent, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans l’Est du pays.
Des dizaines d'arrestations ont eu lieu dans le pays depuis l’annulation de l'élection législative du 28 novembre 2011 dans certaines circonscriptions électorales du pays dont le territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu aux motifs des violences contre des agents de la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI), des candidats des partis politiques de l’opposition et certaines électeurs, et des fraude massive et organisée. Les personnes visées dans ces arrestations, détentions et autres actes de violences sont pour la plus part des partisans de l'opposition politique, mais pour les cas documentés dans les  provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu (territoire de Kalehe), il s’agit essentiellement des membres de l’ethnie des Bahunde qui sont plus visés, accusés par les caciques du « clan Joseph Kabila », à tord ou à raison, d’avoir soutenu Vital Kamerhe, président de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), un des candidats de l’opposition politique et classé second par presque tous les observateurs indépendants à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 en RD Congo après Etienne Tshisekedi (leader de l’UDPS –Union pour la Démocratie et le Progrès Social).
« Les forces de sécurité congolaises dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu semblent profiter du climat de tension et d'incertitude qui règne actuellement à la suite des récentes élections du 28 novembre 2011 pour mener cette série d'arrestations politiques et procéder notamment à des arrestations et détentions arbitraires qui menacent d'étouffer la liberté d'expression et de réunion, jusqu’à donner une connotation de violence étatique contre l’ethnie Hunde. La justice nationale, toujours décriée face à son inféodation par le pouvoir exécutif s’en mêle maladroitement et/ou accepte de faire le bouc émissaire. », a déclaré Maître N’Sii LUANDA, Président du Comité des Observateurs des Droits de l’Homme - CODHO.
C’est dans ce contexte qu’il faut placer l’ « agression dont l’honorable Député national Bakungu Mythondeke et les membres de sa famille ont été victimes le 2 février 2012, à leur domicile sis quartier Katindo dans la Commune de Goma, province du Nord-Kivu ainsi que l’opération des forces de sécurité consistant au rafle quotidien des jeunes Hunde et ceux qui les ressembles dans les villes et Goma et Bukavu constituent des faits actuels des actes de persécution savamment planifiés et programmés contre mes membres de l’ethnie Hunde  et leurs sembles en République démocratique du Congo. »
Arrêté le 2 février 2012 à Goma (province du Nord-Kivu dans l’Est du pays)  et transféré à Kinshasa le 3 février 2012, le Député national BAKUNGU MYTHONDEKE WEHABWA Dieudonné-Jacques, élu de la ville de Goma de 2006 et Haut cadre de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) est déféré devant la Cour suprême de justice dans une affaire qui l’oppose au Ministère public, lui et un groupe de cinq personnes arrêtées avec lui à son domicile, notamment un élément de la police commis à sa garde (monsieur BAHUNGA Daniel), sa nièce (madame NGUO NYEESHA BAKUNGU),
son cuisinier (MUHINDO SHAMAMBA), son jardinier (KASEMBE Justin) et un visiteur (monsieur MWESSA PENGELE). Il faut ajouter treize autres personnes qui ont été arrêtées  dans la ville de Goma dont monsieur KIMBE (civil).
Dans l’audience de mardi 21 février 2012, le Ministère public a présenté son réquisitoire très sévère. Il a requis la peine de mort contre Bakungu Mythodeke et ses coaccusés trouvés à sa résidence, et la peine de prison à perpétuité contre les autres coaccusés. L’organe de la loi (le parquet général de la République près la cour suprême de justice) accuse le Député national d’avoir, selon l’accusation, « d’avoir recruté des jeunes membres de l’ethnie Hunde dans un mouvement dont le but est de chasser de la ville de Goma tous ceux qui ne sont pas de cette ethnie », et que ces faits, toujours selon le Ministère public,  « sont constitutifs d’infractions de rébellion contre des agents en exercice de leur fonction, atteinte à sûreté intérieure de l’Etat, meurtre, détention illégale d’armes de guerre, incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline, et l’appartenance à un mouvement armé »
Une Pétition de sept pages et daté du 20 février 2012 a été adressé à madame la Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme à Genève (Suisse) par le Comité Directeur de la Communauté Ethnique Hunde organisée au sein de la Mutuelle Bushenge Hunde basée à Goma dont le Docteur HANGI VUMILIA Augustin est le président en exercice. Son intitulé dit tout ou presque : « Pétition de la Communauté ethnique Hunde relative aux actes de persécution contre ses membres dont l’agression contre l’honorable Député national Bakungu Mythndeke du 2 février 2012 à Goma dans la province du Nord-Kivu (République Démocratique du Congo). »

Le CODHO constate que dans cette pétition les membres de l’ethnie Hunde accusent, sans ambages, l’Etat congolais. Ils s’estiment pourtant inscrit dans une dynamique régionale de dialogue permanent vis-à-vis de l’Etat et de cohabitation pacifique avec les autres membres des autres communautés locales. Les Bahunde déclare, par la bouche leur porte-parole que : « 05. (…) Malgré cet effort, il est à déplorer l’instrumentalisation dont sont victimes des membres de certains groupes ethniques dans la région, de la part des pouvoirs publics congolais, notamment l’armée et les Gouvernements central et provincial du Nord-Kivu afin d’exterminer les populations Hunde par des armes distribuées aux paysans et du poison retardé. Le régime du 17 mai 2007, des « Kabila », au Congo n’a pas trouvé mieux de cibler les Bahunde comme ses ennemis à éliminer en plus des  milliers des enfants-soldats massacrés en chairs à canon entre 1996-1997, que ce régime a enrôlé parmi ses rangs à partir des populations Hunde à partir de la province du Nord-Kivu. L’actuelle mise en place mono-ethnique des commandements des régiments militaires  et les assassinats, les disparitions forcées, les enlèvements, les tortures dont les Hunde sont actuellement victimes dans la province du Nord-Kivu confortent nos propos concernant une extermination ethnique planifiée. ».

Cette Pétition dénonce un plan de génocide planifié et programmé par l’Etat au cœur de l’Afrique contre le Peuple Hunde et appel l’ONU, Union africaine, la Commission européenne, etc, à intervenir avant qu’il ne soit tard. On peut lire des éléments des actes constitutifs de génocide dans une des parties de la Pétition que voici : « 07. Depuis le 2 février 2012, les victimes sont prises dans des opérations d’interpellation massive, les nuits comme les jours. A Goma, elles sont provisoirement gardées soit au cachot de l’Agence Nationale de renseignement (ANR) soit à la Direction de renseignement Militaire (T2) de la 8e Région militaire du Nord-Kivu, ou même à la prison centrale de Goma. Celles de Bukavu sont détenues provisoirement au cachot de la 9e Région militaire du Sud-Kivu avant d’être transférés à Goma au cachot du T2. A l’issue des interrogatoires, les jeunes détenus qui n’appartiennent pas visiblement à l’ethnie Hunde sont relâchés moyennant payement d’argent. Les autres sont torturés pour leur arraché des aveux ou des informations avant de les acheminer à Kinshasa par avion. Ces détenus sont sélectionnés sur la base des signes culturels ou morphologiques distinctifs sur leurs corps, les accents dans leurs parlés ; des éléments de les cartes d’identité, notamment les noms et les lieux de naissance ; des éléments biologiques, notamment des tatouages antiasthmatiques, lieu de naissance, noms des parents, territoires d’origine, etc. »

Des méthodes à la fois policières et de ruse pour exclure les membres de l’ethnie Hunde le bénéfice des droits au même titre que les autres citoyens congolais, décrit la Pétition : « 02. Ces actes de persécution contre les membres de l’ethnie Hunde au Congo se manifestent par des assassinats politiques, des arrestations et détentions illégales, l’exclusion systématique dans les nominations aux postes ou fonctions de commandement, notamment la diplomatie, l’armée, la police nationale, les entreprises  publiques et mixtes, et l’administration publique. Après l’année 2006, deux Vices - Ministres et un Chef d’une entreprise publique,  membres de l’ethnie Hunde ont été nommés, mais dès qu’il a été découvert par les forces de sécurité leur appartenance ethnique, ils ont été limogés, et de manière très humiliante. »

Une catégorie de personnes serait plus visée, selon ladite Pétition : « 03. Les jeunes leaders, les musiciens, les membres des familles des Chefs Traditionnels et Coutumiers ainsi que les descendants de ces derniers, les intellectuelles et des jeunes officiers de l’armée et de la police bien que sans poste de responsabilité,  sont les plus visés par ces violences étatiques contre les membres du Peuple Hunde au Congo. Ceci qui justifie l’actuel afflux d’exilés membres Hunde, ces dernières années dans les pays frontaliers à la République démocratique du Congo, dans les autres pays d’Afrique, en Australie, en Europe et aux Amériques. »
En fin, dans cette Pétition on peut aussi lire des recommandations suivantes formulées à madame la Haut Commissaire de l’ONU : «18. Face à cette situation de persécution ethnique systématique en République Démocratique du Congo, les membres de la Communauté  ethnique Hunde, victimes,  recommandent  au Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de bien vouloir: a)-prendre des mesures urgentes et précises visant à stopper tous les actes de persécution étatique contre les membres de l’ethnie Hunde, notamment le Député national Bakungu Mythondeke et ses codétenus à la prison centrale de Kinshasa, ses proches et connaissances, ainsi que les personnes  membres de l’ethnie Hunde fortement recherchés par les forces de sécurité, à Kinshasa comme dans la province du Nord-Kivu,  en République Démocratique du Congo; b)-d’exhorter le gouvernement de la République démocratique du Congo de révéler tous les lieux où les autres jeunes Hunde seraient détenus depuis le 2 février 2012, de protéger leur santé physique et mentale, et de les présenter devant leur juge naturel au cas où il existe des indices sérieux de culpabilité à leur charge ; dans le cas contraire, d’ordonner leur libération sans condition ; c)-diligenter une enquête en par rapport à tous les actes de persécution dont sont victimes les membres de la communauté ethnique Hunde en République Démocratique du Congo,  proposer sanctions contre tous les auteurs présumés desdits actes et obtenir réparation en faveur des victimes .»
Selon les sources de CODHO, des ampliations de cette Pétition seraient transmises à plusieurs instances et autorités tant nationales, régionales, qu’internationales, notamment : aux Chefs d’Etats et de Gouvernement, membres des Nations Unies (TOUS);  au Président du Conseil de Sécurité des Nations Unies New York, USA; au Secrétaire Général des Nations Unies à New York, USA ; au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RD Congo et Chef de la MONUSCO à Kinshasa / Gombe ; au Président et Membres de la Commission Européenne à Bruxelles, Belgique; au Président et Membres de la Commission de l’Union africaine à Addis-Abeba, Ethiopie ; aux Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques auprès des Institutions des Nations Unies à Genève, Suisse (TOUS); aux Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques auprès des Institutions des Nations Unies à New York, USA (TOUS); au Président et Membres de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuple à Banjul, Gambie ; aux Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques auprès des Institutions de l’Union Européenne à Bruxelles, Belgique (TOUS); aux Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques accrédités en République démocratique du Congo à Kinshasa (TOUS) ; et aux Président et Leaders nationaux des Partis politiques en RD Congo (TOUS).

Par ailleurs, les membres de l’ethnie Bahunde, dans leur Pétition remontent l’actualité des actes de persécution  dont ils sont victimes depuis 2006. En 2011, le CODHO a enregistré des assassinats politiques contre les Hunde, notamment AMZA (h), travaillait au cabinet du Vice- Gouverneur  du Nord-Kivu et son père TARZA homme d’affaire, qui ont été assassinés dans des circonstances non encore élucidées. Monsieur Bwira André, alors président de la Société Civile du territoire de Masisi a été enlevé nuitamment à Masisi par des militaires et retrouvé plusieurs jours après dans la brousse, fatigués. Il en est de même pour le chanteur tradi-moderne Munpfiritsa Masumbuko Fabrice qui a été enlevé nuitamment à Goma par des militaires et retrouvé quelques jours après entre les mains de l’Agence nationale de renseignement (ANR) du Nord-Kivu à Goma. Ces deux derniers ont déclarés avoir consommé par la force, les yeux bandés, des substances non connues. Aucune enquête n’a été diligenté ni par la police ni par le parquet, et, si Bwira André est en exil à l’étranger, Fabrice lui est réfugié à Kinshasa après des soins appropriés à Nairobi (Kenya).
« Ces actes de violence d’Etat contre des membres d’une ethnie doivent cesser. Toutes les personnes interpellées doivent être libérées, à moins d'être rapidement inculpées d'une infraction reconnue par la loi et présentées devant un juge afin qu'elles puissent contester la légalité de leur détention dans le plein respect de leur droit à un procès équitable, qui inclut le droit de faire appel à un avocat. »
Le Comité des Observateurs des Droits de l’Homme prie vivement les autorités congolaises de fournir des informations sur ce qu'il est advenu des personnes arrêtées, et de les libérer si elles ne sont pas rapidement inculpées d'une infraction reconnue par la loi et autorisées à contester la légalité de leur maintien en détention ainsi qu'à consulter un avocat et à voir leur famille.
L'organisation demande également aux autorités congolaises de veiller à ce qu'une enquête minutieuse, indépendante et impartiale soit menée sur les violations présumées des droits humains, en particulier les homicides illégaux de manifestants, perpétrées par les forces de sécurité de RD Congo et d'autres acteurs contre les membres de l’ethnie Hunde.
 « Tous les responsables présumés de ces violations doivent faire l'objet d'une enquête et être rapidement déférés à la justice. L'impunité de ces allégations ne ferait qu'engendrer de nouvelles violences et atteintes aux droits humains. »
Contact : Téléphone:+243 (0)8 15 08 99 70 (Mobile)

CODHO Afrique
Pour tout complément d’information, contacter :
Le Bureau de CODHO à Kinshasa :
CODHO – COMITE DES OBSERVATEURS DES
DROITS DE L’HOMME (CODHO)
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