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mardi 19 juin 2012

Nord-Kivu : Les attaques des groupes armés se poursuivent, maintenant la pression sur les mouvements de populations


La situation humanitaire déjà précaire de la province a connu dans certains territoires une aggravation suite à l’insécurité causée par des attaques de groupes armés et des combats les opposants aux FARDC. Les 13 et 14 juin, de violents affrontements ont opposé le M23 aux FARDC au niveau de Rutsiro et Ngonkwe. Situées à près de 10km des sites de déplacements, les zones de combats et l’avancée du front ont provoqué quelques déplacements préventifs notamment à Ntamugenga, site abritant près de 4.500 ménages déplacés et d’autres mouvements ont eu lieu dans les localités environnantes. Par ailleurs, au sud du Territoire de Masisi, des attaques répétées de groupes armés à Remeka et dans les environs de Katoyi, ont provoqué des mouvements de populations vers Kinigi et Kibabi. Plus de 700 ménages déplacés avaient été identifiés au niveau de Katoyi Centre pour bénéficier d’une assistance mais pour des raisons sécuritaires et suite au déplacement de ces derniers, l’intervention a dû être suspendue temporairement.
Sur l’ensemble de la province du Nord Kivu, les partenaires humanitaires oeuvrent à assister les personnes déplacées et les personnes vulnérables. Cependant, face à l’ampleur des besoins et à l’insécurité prévalente, les interventions ne peuvent pour l’instant pas répondre à l’ensemble des besoins identifiés. A l’image des évènements précités, la poursuite des affrontements et le rapprochement de la ligne de front dans certaines zones occasionnent des déplacements supplémentaires dans des sites déjà fortement peuplés et saturés. Les capacités d’accueil dans les sites publics et en familles sont poussées à leur limite, augmentant notamment les besoins en abris et biens non alimentaires ainsi qu’en eau, hygiène et assainissement. Les interventions des partenaires humanitaires déjà mise en oeuvre risquent de ne pas avoir l’impact voulu dans le cas où les populations assistées se trouvent à nouveau déplacées. La nécessité d’assurer la protection des populations civiles reste primordiale et nécessaire avant toute intervention en faveur des personnes vulnérables.

Nombre de personnes déplacées internes au Nord-Kivu depuis avril 2012
Katanga: La population déplacée interne a plus que doublé en moins de six mois
Selon le Comité provincial inter-agence (CPIA) du Katanga, le nombre de personnes déplacées internes est passé de 55.400 au 31 décembre 2011 à 130.831 au 31 mai dernier, soit une augmentation de plus de 100 % en seulement six mois. Ces personnes se trouvent principalement dans les territoires de Kalemie, Pweto, Mitwaba, Manono, Malemba Nkulu et Nyunzu. Environ 75.000 personnes déplacées au Katanga ont fui leur milieu d’origine au cours du second trimestre de cette année à cause de l’insécurité liée à l’activisme du groupe Maï-Maï de Gédéon et des opérations militaires des FARDC contre ce groupe armé. La poursuite des opérations militaires de l’armée nationale contre les Maï-Maï Yakutumba au Sud-Kivu dans la zone frontalière avec le Katanga, d’une part, et, d’autre part, la précarité de la situation sécuritaire dans la zone de Kasongo Mwana au Katanga Centre, accentuent la pression sur les populations. La plupart de ces personnes déplacées sont restées à ce jour sans assistance humanitaire alors que les humanitaires ont été contraints à quitter la zone de Kasongo Mwana suite à l’attaque le 13 juin d’un poste de la Police Nationale Congolaise par les éléments Maï-Maï du groupe Gédéon.

Equateur: Plus de 1.200 Centrafricains ont fui vers la RDC suite à l’insécurité
Les autorités administratives du District du Nord-Ubangi confirment l’arrivée de 1.230 personnes de nationalité centrafricaine dont 280 femmes et 724 enfants dans la localité de Ngele, dans le Territoire de Bosobolo. Ces personnes auraient fui des attaques armées en fin mai dans leurs villages d’origine, selon les premiers résultats d’une mission d’évaluation. Un lieu d’aménagement leur a été offert mais leurs conditions de survie restent difficiles. Un décès a été rapporté depuis leur arrivée dans le Territoire de Bosobolo.

Réponses et besoins humanitaires
Nord-Kivu : La réponse humanitaire s’organise mais reste limitée à cause de l’insécurité persistante
Territoire de Rutshuru : selon les estimations rapportées par l’ONG locale FEMISA, plus de 19.000 ménages seraient déplacés dans ce territoire à la date du 4 juin 2012. La plupart des personnes déplacées se trouvent en famille d’accueil, cependant une partie a trouvé refuge dans des sites spontanés et des sites publics. Des interventions en eau, hygiène et assainissement ont été menées notamment sur le site de Ntamugenga où Caritas a procédé, les 12 et 13 juin, à une distribution de vivres au profit de 3.960 ménages déplacés. En date du 14 juin, 800 autres ménages ont bénéficié de la même assistance sur le site spontané de Rubare, situé à quelques kilomètres de celui de Ntamugenga. L’ONG International Rescue Committee (IRC) a également distribué, le 13 juin, des intrants médicaux essentiels devant couvrir un mois d’intervention au Centre de santé de référence de Ntamugenga. Depuis le début des combats, le nombre de consultations est passé d’une moyenne de 40 cas par jour à près de 160 cas actuellement, en majorité des blessés. IRC est en partenariat avec la zone de santé de Rwanguba et apporte un soutien supplémentaire à l’ensemble des centres de santé de la Zone de santé depuis le début de la crise.
Territoire de Masisi : dans la zone de santé de Mweso, l’ONG Merlin a renforcé ses activités de cliniques mobiles dans cinq postes de santé, notamment dans des zones où les populations vulnérables éprouvent des difficultés à accéder aux centres de santé. A Katoyi Centre, suite à l’insécurité causée par les attaques de groupes armés, l’assistance en vivres et abris initialement prévue par l’ONG Care International au profit de 720 ménages déplacés sera reconduite très prochainement dans la mesure où la situation sécuritaire le permettra. Par ailleurs, des interventions en eau, hygiène et assainissement ont été menées par différents partenaires dans la zone de santé de Mweso et les distributions de vivres aux personnes déplacées dans sept camps CCCM se sont poursuivies à travers l’ONG Caritas, partenaire du Programme alimentaire mondial (PAM).
Territoire de Lubero : dans la Zone de santé de Kayna, les résultats d’une mission conjointe des autorités sanitaires et du PRONANUT font état d’un taux inquiétant de Malnutrition aiguë globale (MAG) de 12,2 %, le seuil d’intervention se situant à 10 %. Certains partenaires humanitaires tentent de répondre à cette situation à travers leurs projets, tel que Lutherian World Federation (LWF) qui a distribué à Luofu (sud Lubero) des intrants agricoles à 300 ménages, certains déplacés et d’autres ayant des enfants malnutris. Par ailleurs, dans la même localité, le Gouvernement provincial a également procédé à une distribution de vivres et savons au profit de 618 ménages déplacés.
Territoire de Walikale: suite à la reprise de l’axe Walikale – Kibua par les FARDC, des équipes humanitaires, dont le RRMP, sont actuellement sur le terrain afin de mener des évaluations et déterminer les besoins des personnes déplacées en conséquence des affrontements successifs entre groupes Maï-Maï Cheka et FARDC. Cette situation s’ajoute à celle qui a prévalu au début de l’année 2012, où d’importants mouvements de populations avaient eu lieu le long de l’axe. 

Le PAM apporte une assistance alimentaire à plus de 50.000 personnes dans la zone de Mitwaba au Katanga
Pour répondre aux besoins grandissants des personnes déplacées, le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) – en collaboration avec l’ONG CORDPS – a distribué cette semaine des vivres à 1.276 IDP dans le site Kabulo, 52 km de Kalemie. Le PAM a également débuté l’acheminement de plus de 1.000 tonnes des vivres destinées à l’assistance des déplacés dans les territoires de Pweto, Mitwaba, Malemba Nkulu et Manono. Pour contribuer à la réponse humanitaire aux besoins des IDP au Katanga, le Gouvernement provincial a mis 400 tonnes de farine de maïs à la disposition du PAM. 3
Malgré cette contribution, le stock en vivres du PAM reste insuffisant pour couvrir les besoins des personnes déplacées dans la province. Actuellement le Programme Alimentaire Mondial apporte une assistance alimentaire à 55.000 personnes dans la région de Mitwaba au Katanga et à plus de 240.000 nouveaux déplacés dans les deux Kivu.

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