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lundi 14 août 2023

Un ancien des Forces armées zaïroises porté à la tête de l’Agence Nationales des Renseignements

Le médecin colonel Daniel Lusadusu est un ancien militaire des Forces armées zaïroises (Faz) a été nommé le 1er août 2023 administrateur général de l’Agence Nationale des Renseignements par le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi. Il est diplômé de l’Ecole Royale Militaire de Belgique. Il a travaillé dans l’armée durant les années 1980 jusqu’avant la chute du régime du Maréchal Mobutu qu’il l’a trouvée à l’étranger. Il a évolué au sein de la Division de la Sécurité Présidentielle (DSP). Il s’occupait du service militaire au Camp Tshatshi et d’autres fonctions qu’il a occupées dans le secteur de la santé militaire.

Peu avant la chute de Mobutu, il est parti en Belgique pour se spécialiser en cardiologie. Lorsque Mobutu a été chassé du pouvoir, il est resté en Belgique où il a mis en place une structure qui regroupait non seulement les ex-Faz mais aussi les anciens des services des renseignements du Zaïre dont il était le coordonnateur. Il s'est vite rendu compte à l’époque que le pays était sous occupation rwandaise.

Daniel Lusadusu a mené plusieurs activités sur le plan intérieur et extérieur, témoigne Jean-Jacques Wondo, expert et analyste des questions politiques et sécuritaires de la RD Congo et de la région. « Le nouvel Administrateur général de l’ANR a eu des contacts avec des responsables sécuritaires et politiques de l’époque pour voir comment toutes ces personnes pouvaient réintégrer les Fardc mais les conditions qui lui ont été posées ne l’ont pas satisfait parce que c’est quelqu’un qui était pris de valeurs républicaines et patriotiques. Il avait refusé d’intégrer une armée dominée par des officiers issus des pays agresseurs du Zaïre. Raison pour laquelle il est resté en exil. Pendant son exil, il combinait ses fonctions de médecin urgentiste et de chirurgien cardiaque avec ses activités patriotiques pour ne pas dire politiques parce qu’il a été très proche de feu Etienne Tshisekedi dont il était conseiller militaire ».

Lusadusu a toujours milité pour la formation d’une armée professionnelle, républicaine et apolitique et des services de sécurité professionnels, républicains et apolitiques. «Sa nomination devrait donner une nouvelle impulsion, à mon avis, dans l’organisation et le fonctionnement de l’Agence nationale des renseignements. Connaissant la personne qui est d’abord intègre, compétente, éprise de valeurs humanistes, Jean-Jacques Wondo dit être mieux placé parce qu’il le côtoie assez souvent en Belgique pour dire qu’il a une autre idée des services.

Pour Jean-Jacques Wondo, la sécurité ne doit pas se limiter dans sa pure composante sécuritaire ou répressive. Mais l’ANR selon la vision de Daniel Lusadusu devrait devenir d’abord un service d’intelligence qui est censé collecter les données, les informations pour permettre aux autorités politiques congolaises à prendre de bonnes décisions. « Je suis personnellement persuadé que sa nomination va certainement apporter une nouvelle dynamique dans la conception et le fonctionnement des services de sécurité et de l’ANR ».

Un ancien militaire ou des services de sécurité sous Mobutu où ces services n’avaient pas une bonne réputation peut-il faire du bon travail ?

Le problème ne se pose pas, argue Jean-Jacques Wondo. « Est-ce qu’il parviendrait à changer l’image ou le fonctionnement des services de sécurité ? Wondo répond que le problème ne se pose pas au niveau des individus mais au niveau de tout un système qui est mis en place. « Nous avons connu à l’époque des militaires très brillants qui se sont distingués sur le plan intérieur et extérieur. Lusadisu fait partie de cette crème, de cette élite pas seulement militaire mais intellectuelle congolaise qui a une vision humaniste de la sécurité ».

Daniel Lusadusu a une vision républicaine de la sécurité. Dans son action, c’est la sécurité de la RDC qui prime et que lui ne tomberait peut-être pas dans le travers de l’excès de sécurité ou l’excès de zèle où l’on a souvent tendance à réduire les services de sécurité à un simple instrument de répression. Ce n’est pas parce qu’il a évolué à l’époque de Mobutu qu’il possède cet art, le défend-il.

Lusadusu a évolué dans le domaine médical. Partout où il est passé, il a laissé une impression très positive. Que ça soit en termes de management (la gestion de l’humain) et en termes de résultats parce qu’il a pu équiper d’ailleurs les services médicaux des Faz d’outils et de cadre de travail assez modernes. Aussi Lusadusu peut compter sur son réseau pas seulement à l’intérieur de la RDC pour pouvoir moderniser le fonctionnement de sécurité.

« De ce côté-là, personnellement j’ai moins d’inquiétude. Si on lui laisse les mains libres, je pense qu’il pourrait apporter un changement parce que les services de sécurité sont appelés à soutenir la dynamique démocratique dans laquelle le pays s’est engagé. Il faudrait qu’à un certain moment qu’on est à la tête de ses services qui ont cette vision-là de pouvoir faire de la sécurité un instrument d’abord de sécurisation des populations congolaises parce que l’ANR est un service qu’on appelle de sûreté. Un service qui doit assurer la sûreté, la sécurité des populations et pas seulement la sécurité politique ».

Jean-Jacques Wondo est assez convaincu que s’il s’entoure de bonnes personnes et qu’on lui laisse une certaine marge de manœuvres et qu’on ne lui mette pas les bâtons dans les roues dans sa vision et manière de fonctionner, il peut amorcer un début de changement dans la manière de fonctionner des services de renseignements en RDC.

Les services de sécurité et de renseignements ont pour missions premières de récolter les informations qui touchent à la sécurité nationale. La sécurité est devenue aujourd’hui une notion centrale dans la gouvernance des Etats.  La sécurité ne se réduit pas à sa simple composante répressive. Mais elle touche tous les domaines de fonctionnement de l’Etat. C’est une notion éclatée aujourd’hui et on ne doit pas la réduire à sa simple acception « sécurito-sécuritaire ».

Wondo soutient que les services de sécurité ne doivent pas devenir les bras armés ou des instruments des régimes politiques ou un instrument répressif au service d’un régime. Ils sont appelés à travailler pour et au profit de la sécurité des citoyens en donnant les bonnes informations aux autorités politiques nationales pour qu’elles prennent des décisions adéquates afin d’assurer la bonne marche du pays. « On doit changer de paradigme de concevoir et de voir des services de sécurité. Ça c’est très important et c’est le pays qui en gagne ».

Pour Jean-Jacques Wondo, les services de renseignements n’ont pas vocation de traquer toujours des opposants ou des contestataires ou encore des jeunes des mouvements citoyens. Un service de renseignement doit plutôt accompagner la gouvernance sécuritaire, les autorités du pays à gérer la sécurité générale du pays pour qu’il règne la sécurité et la tranquillité publique. Pour cela, les services de sécurité doivent pouvoir adopter un certain nombre de principes méthodologiques de fonctionnement et observer aussi une certaine attitude dans leur manière de travailler pour éviter que ces services ne deviennent plutôt des services de répression.

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