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mercredi 27 février 2013

Point de presse conjoint des ministres des Affaires étrangeres, coopération internationale et Francophonie et des Médias, relations avec le parlement et initiation à la Nouvelle citoyenneté

Echanges et concertations pour le renforcement de la cohesion nationale et l’appel a la mobilisation generale
Vous venez d’être édifié, par Monsieur le ministre Raymond Tshibanda au sujet de la signature, dimanche 25 février 2013 à Addis-Abeba, de l’accord-cadre sur la paix à l’Est de notre pays. Sans avoir à revenir sur les détails qui vous ont été fournis, il est heureux qu’après des décennies de relations tumultueuses avec quelques uns de nos  voisins, la Communauté internationale, à travers les regroupements régionaux SADC et CIRGL, l’Afrique et les Nations Unies, parraine un processus qui fixe et défini clairement les conditions globales d’une paix durable dans la région des Grands Lacs.
En même temps qu’il encourage les institutions publiques de la République Démocratique du Congo à poursuivre et accélérer les efforts de réconciliation et de restauration de l’autorité de l’Etat et de la bonne gouvernance en cours. il n’est pas inutile de répéter, pour écarter tout malentendu qu’au cœur de cette action de normalisation demandée aux autorités congolaises se profile la loi des lois ou la constitution qui régit depuis 2006 les institutions publiques dans notre pays.
Aucune démarche ne peut écarter à ce jour la RDC de la voie tracée par son peuple à travers les textes fondateurs de sa jeune démocratie. La restauration et la consolidation de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national de même que le règlement des questions sécuritaires sont à ce prix. On ne peut en effet pas imaginer un seul instant que la réforme, en cours, du secteur de la sécurité, qu’il s’agisse des forces armées, de la police ou des services d’intelligence puisse s’effectuer en violation des prescrits constitutionnels et légaux. Personne ne nous l’a demandé du reste.
La bonne fin de cette tâche requiert l’adhésion de tous les Congolais, à quelque bord et à quelque catégorie qu’ils appartiennent car il s’agit de mettre fin aux souffrances indicibles de notre peuple pour consacrer toutes nos énergies au développement. C’est la raison pour laquelle le Chef de l’Etat a engagé une vaste concertation au niveau national depuis quelques semaines et qu’il a annoncé pour bientôt une initiative en vue de renforcer la cohésion des Congolaises et des Congolais face aux menaces qui se dressent contre leur pays, des menaces dont seuls quelques exaltés nient la réalité au moment où le monde entier se joint à nous pour les conjurer.
Le but est de rassembler et mobiliser les filles et les fils du Congo dans un effort national pour barrer la route aux ennemis de la paix et consolider la refondation de l’Etat-Nation mise à mal par une conflictualité récurrente instiguée et entretenue à partir de l’extérieur. La Communauté internationale ayant accompli sa part d’obligations relatives au retour à la paix à l’Est de la RDC, il importe que les Congolais eux-mêmes fassent leur part avec loyauté, abnégation et responsabilité. Il faut à cet égard espérer que soient abandonnées les attitudes, propos et comportements égocentriques et ambivalents qui donnent à croire que leurs auteurs veulent à la fois une chose et son contraire.
La cohésion nationale face aux menaces de balkanisation est une question fondamentale de patriotisme et de nationalisme qui dépasse les calculs partisans qui semblent prendre le pas dans un certain microcosme kinois.
C’est le lieu d’affirmer que ni la Communauté internationale, ni le Président de la RDC n’ont à aucun moment fait du rétablissement de l’autorité de l’Etat et de la bonne gouvernance dans ce pays une question de partage dit « équitable et équilibré » du pouvoir.
Il suffit de rappeler que le délitement de l’Etat de droit en RDC a coïncidé avec ledit partage équitable et équilibré pour se rendre compte de la vanité de ce schéma inconstitutionnel et illégal. Il ne s’agit pas non plus de dépouiller l’ordre judiciaire congolais du pouvoir de dire le droit en matière de contentieux électoraux pour le confier aux parties en litiges elles-mêmes et à des réseaux extérieurs, ce qui aboutirait à tuer l’Etat de droit.
Il s’agit, au-delà de toutes ces considérations particulières, de donner à la RDC une seconde chance de redevenir un pays souverain, en paix avec lui-même et son environnement régional, respectueux de ses propres lois. La participation aux concertations auxquelles le Chef de l’Etat convie son peuple, et pas seulement les acteurs politiques de Kinshasa, est bien ouverte à toutes les forces politiques et sociales du pays.
Elle ne peut, dans l’entendement du Gouvernement, être conditionnée par des arrangements au mépris de la légalité républicaine comme tentent de faire certains acteurs politiques qui n’ont pas trouvé mieux que de surfer sur les crimes innommables de la pseudo-mutinerie du M23 pour exiger notamment une dispensation non constitutionnelle des pouvoirs d’Etat en leur faveur en échange de leur solidarité avec leur pays victime d’agression. Nous nous devons de déplorer de telles attitudes antipatriotiques et recommander avec insistance à ceux qui les manifestent de toujours raison garder : on ne peut pas conditionner la survie de la nation à des intérêts personnels.

Le respect de la Constitution

L’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération signé samedi dernier à Addis-Abeba, ainsi que tous les autres engagements internationaux auxquels le Président de la République, Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a souscrit ont été négociés et conclus au nom et dans l’intérêt du peuple Congolais qui Lui a confié un mandat de garant de la souveraineté du pays, conformément à la constitution de la République.
Les seuls bénéficiaires dont il faut se soucier dans l’analyse de ce texte sont en premier et dernier ressorts les populations congolaises martyrisées par une guerre qui dure depuis 1998. Rien dans ce qui se met en place dans ce cadre ne peut dès lors s’écarter du cadre de ce mandat populaire reçu par le Président Kabila du peuple congolais en 2006 et renouvelé en 2011.
Il y a lieu, à cet égard, de rappeler que le déploiement diplomatique entrepris par le Chef de l’Etat et le Gouvernement de la République n’a été effectué que pour le bénéfice du peuple congolais dans son ensemble et pas pour celui d’une catégorie quelconque au sein de ce peuple comme d’aucuns dans le microcosme susmentionné semblent le croire.
Lorsque l’Accord-Cadre d’Addis Abeba stipule parmi les engagements pris par la RDC celui de « promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat y compris la réforme des finances et promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance et de démocratisation », il ne s’agit certainement pas du partage hors constitution du pouvoir qui ne serait rien moins qu’antidémocratique. On a par ailleurs entendu dire que Kampala aurait été un fiasco du fait de l’absence de quelques personnalités dont il faudrait absolument satisfaire les desiderata pour qu’une initiative soit couronnée de succès.
Une pure présomption de la part d’acteurs politiques à l’ego surdimensionné qui croient que sans eux le Congo n’existerait pas et qui voudraient la recherche des solutions aux vrais problèmes de notre pays dans la réponse à leurs frustrations individuelles. La République n’obéit pas à cette logique de show business. Autrement dit, la République ne négocie pas pour plaire à telle ou telle autre vedette de la scène politique. Les institutions publiques ont pour mission sacrée de se déployer pour le souverain primaire. La classe politique, quelle qu’en soit la tendance, n’est concernée par les résultats de l’action gouvernementale que dans la mesure où elle fait partie, elle aussi, de la population.
Cela devait être dit pour tordre le cou une bonne fois pour toutes au syndrome de substitution qui envahit certains cercles particuliers de notre pays dès qu’une initiative institutionnelle majeure est annoncée dans le pays et qui constitue en quelque sorte le degré zéro de la démocratie représentative. C’est en toute illégitimité que certains acteurs politiques évoluant dans les partis politiques qui sont des faits privés s’auto – arrogent un pouvoir d’intermédiation entre les populations congolaises et les institutions politiques qu’elles ont elles-mêmes mises en place à la faveur des élections. Personne ne dispose d’un tel mandat sauf à vouloir violer la constitution qui régit la vie institutionnelle en RDC.
Les appels des pieds des uns et des autres, tendant à pousser le Président et Son Gouvernement à contourner le souverain primaire pour des conciliabules aux contours tellement flous qu’on les voit même aller au-delà des frontières nationales ne sont donc pas recevables. Ce n’est pas pour rien que la République Démocratique du Congo s’est doté d’un texte constitutionnel. Celui-ci définit les conditions dans lesquelles se règle la dévolution du pouvoir d’Etat en ce compris les règlements des controverses et différents y relatifs, s’ils existent. Proposer aux graves problèmes qui assaillent notre pays des solutions qui violent la constitution et les lois de la République reviendrait à appliquer à ce grand malade qu’est la RDC un remède pire que le mal dont il souffre. Au lieu d’un Etat noyé dans des problèmes créés par une agression et l’incommunicabilité entre certaines de ses composantes communautaires, nous n’aurions simplement plus d’Etat du tout. Une hypothèse que nous refusons même d’envisager.
C’est ainsi qu’il faut comprendre les motivations du Chef de l’Etat et de son Gouvernement lorsqu’ils estiment que rien ne peut se régler en dehors de la constitution et des lois de la République. C’est ce qui a été soutenu à la rencontre de Kampala avec les éléments du M23. C’est également la réponse à ceux des nôtres qui, ces derniers temps, évoquent un Sun City bis.

Les incidents de Rutshuru

Dans la nuit de dimanche au lundi 26 février 2013, des affrontements armés ont opposé deux fractions de la rébellion du M23 à Rutshuru. Les sources gouvernementales et indépendantes crédibles renseignent que ces affrontements dus à une lutte de leadership sur fond de partage du butin des pillages opérés à Goma notamment a fait de nombreuses victimes. Plus de 17 personnes ont trouvé la mort dans ces incidents armés d’une rare violence. Des civils innocents au nom desquels les rebelles prétendent avoir pris les armes ont trouvé la mort dans ces incidents, notamment la journaliste Tatiana Kahashi, ancienne de la radio la Colombe et collaboratrice d’une radio-télévision locale.
Parmi les rebelles, il est fait état, entre autres, du décès du Major Musana, l’aide de camp du Général Ngaruye, dont les obsèques et l’inhumation ont eu lieu à Gisenyi au Rwanda. Les rebelles du M23 ont maladroitement tenté de maquiller ces dissensions armées en suggérant qu’ils auraient été victimes d’une attaque de forces coalisées de notre armée, des forces négatives FDLR et d’autres éléments irréguliers dans la région. Une explication qui ne tient pas la route. Outre que la configuration de l’occupation militaire de la région jette un sérieux doute sur une éventuelle présence des FARDC autour du théâtre de ces affrontements, tout le monde sait, grâce au rapport du Comité d’Experts des Nations-Unies qui recycle les FDLR et pour qui cette milice se bat.
C’est ici l’occasion de lancer un appel solennel au M23 pour qu’il applique les recommandations du Conseil de sécurité des Nations Unies en mettant fin à son existence et en se conformant aux lois de la République Démocratique du Congo qui interdisent la création de groupes politico-militaires.

Je vous remercie.
 
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement

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