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lundi 18 février 2013

Johnnie Carson : l’instabilité chronique de la RDC n’est pas sans conséquence pour les intérêts nationaux des États-Unis et des neuf pays qui partagent une frontière avec elle

Bonjour à tous dans cette salle comble ! 
Qu’il me soit permis tout d’abord de remercier M. Kimenyi de ses aimables paroles de présentation, et la Brookings Institution qui a accepté d’accueillir la rencontre d’aujourd’hui. Je ne saurais omettre de saluer trois personnes qui sont parmi nous cet après-midi, l’Ambassadeur Mitifu, de la République démocratique du Congo, l’Ambassadeur Kimonyo, du Rwanda, et l’Ambassadeur de la plus jeune nation de l’Afrique et du monde, le Sud-Soudan.
Nous avons parmi nous plusieurs éminentes personnalités qui, je l’espère, me pardonneront de ne pas mentionner leur nom, mais dont je salue chaleureusement la présence à cette rencontre. La Brookings Institution est de longue date un centre d’excellence pour la politique publique et la politique étrangère. Et son programme de l’Initiative pour la croissance de l’Afrique (Africa Growth Initiative) – faisant fond sur les connaissances des chercheurs et universitaires tant africains qu’américains – contribue maintenant de manière importante à notre compréhension de certains des problèmes économiques et sociaux les plus complexes de l’Afrique.
La République démocratique du Congo ou, comme on l’appelle fréquemment, la RDC, est un des pays qui méritent plus de recherche et d’attention, et une place de choix sur la liste de nos priorités en matière de politique étrangère.
Depuis son accession à l’indépendance le 30 juin 1960, la RDC a été un exemple des nombreux problèmes dont a souffert l’Afrique au cours des 50 dernières années – coups d’État militaires, corruption rampante, développement anémique, pandémies sanitaires, inflation galopante, minerais de conflit et gouvernance décevante. Après bien des années d’examen et de tentatives de résolution de maintes crises récurrentes en RDC, nombreux sont ceux qui ont fini par ignorer ce pays ou à le considérer comme un cas désespéré. Ce serait une grave erreur pour la population du Congo, pour ses voisins de l’Afrique centrale et ceux qui partagent une frontière avec la RDC et pour la communauté toute entière qui reconnaissent que nous avons un rôle à jouer pour promouvoir la stabilité et le progrès social dans le monde entier, et que l’instabilité en RDC n’est pas sans effet sur les États-Unis.
Votre présence ici aujourd’hui témoigne de votre intérêt et votre désir pour une solution durable à l’instabilité, aux troubles sociaux, et au potentiel économique non réalisé dont souffre la RDC depuis si longtemps. Je pense qu’il existe un groupe très nombreux d’Africains, d’Américains et de membres de la communauté internationale toute entière qui veulent voir la RDC atteindre son plein potentiel. Et je suis convaincu que le gouvernement actuel bénéficie d’un soutien parallèle au sein du Congrès pour accorder une importance accrue aux problèmes affectant la RDC.
Aujourd’hui, j’aimerais évoquer avec vous la raison pour laquelle selon nous, le monde devrait redoubler d’efforts afin de mettre un terme à l’instabilité en RDC. Et j’aimerais également vous soumettre quelques idées quant à la manière dont nous pourrions faire avancer les choses.
Permettez-moi de commencer par replacer la situation dans son contexte. La RDC devrait être l’une des dynamos économiques et politiques de l’Afrique. C’est le 2e plus grand pays de l’Afrique subsaharienne, et le plus peuplé après le Nigéria et l’Éthiopie. On trouve en RDC certains des sols les plus fertiles de l’Afrique, et un potentiel hydroélectrique presque sans égal. Ce pays possède en outre bon nombre des matériaux les plus précieux de l’Afrique et certains des territoires les plus recherchés. D’ailleurs, si vous avez avec vous un téléphone portable, vous avez peut-être un peu de la RDC dans votre poche ou votre sac, sous forme de coltan.
Mais comme vous le savez tous, la RDC n’est pas l’une des locomotives politiques et économiques de l’Afrique. On y trouve une présence récurrente des forces de maintien de la paix de l’ONU depuis son indépendance en 1960, le 5e taux de mortalité infantile le plus élevé au monde, le 17e taux de mortalité maternelle le plus élevé et moins de 3.200 kilomètres de routes pavées. La pauvreté qui règne en RDC, les carences de ses infrastructures et divers autres jalons de développement sont parmi les pires au monde. Le Congo se trouve en lanterne rouge – au 187e rang – de l’indice du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement. Au lieu de vivre dans la paix et la prospérité, la population congolaise a souffert de décennies de mauvaise gestion, de corruption, de piètre gouvernance et de troubles sociaux récurrents. Ces problèmes, tout comme la prolifération d’armées étrangères, les groupes rebelles, les violences ethniques, le trafic d’armes et l’extraction minière illicite, ont imposé un coût effroyable pour la RDC et sa population.
Pendant de nombreuses années, la communauté internationale a investi des sommes considérables en RDC, avec bien peu de résultats en retour. Pourquoi continuerions-nous à le faire quand il y a tant d’autres problèmes tout aussi cruciaux qui demandent notre attention de par le monde ?
Tout d’abord, aucun autre conflit ou acte de violence depuis la Deuxième guerre mondiale n’a eu un tel coût en vies humaines. Le Rwanda, la Somalie, la guerre civile au Soudan et le conflit au Darfour ont tous retenu notre attention. Au Rwanda, 800.000 personnes ont été tuées pendant l’été de 1994, en Somalie, un peu plus d’un million pendant les vingt années de conflit, au Darfour, 300.000 personnes ont perdu la vie et deux millions d’êtres humains ont été tués lors du conflit entre le Soudan du Nord et le Sud-Soudan avant la signature des accords de paix de Naivasha en janvier 2005. Cependant, en RDC, les conflits et les maladies en résultant ont tué plus de cinq millions de personnes depuis 1998. Permettez-moi de répéter ce que je viens de dire : Depuis 1998, plus de cinq millions de personnes sont mortes en RDC des suites de la violence.
Selon moi, la communauté internationale se doit, moralement, d’agir avec plus d’efficacité en RDC pour rompre ce cycle de mort et de souffrance, et trouver des solutions aux autres conséquences de cette violence – les viols et la violence sexuelle inqualifiables perpétrés à l’encontre des femmes et des enfants, les près de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, les quelque 450.000 Congolais contraints de se réfugier dans les pays voisins, et l’absence de vies dans la sécurité et la prospérité pour pratiquement tout le pays.
Par ailleurs, l’instabilité chronique de la RDC n’est pas sans conséquence pour les intérêts nationaux des États-Unis et des neuf pays qui partagent une frontière avec elle. Ces intérêts vont des efforts menés par plusieurs pays en vue de démanteler l’Armée de résistance du Seigneur aux changements climatiques et à la protection de l’un des plus importants écosystèmes du monde, en passant par le renforcement de la sécurité énergétique mondiale et les bénéfices économiques associés à des frontières sûres et ouvertes. Si la RDC était plus stable et dotée d’une économie bénéficiant à l’ensemble de la population congolaise, elle pourrait devenir l’un des principaux exportateurs de ressources naturelles, de produits agricoles et un centre de recherche scientifique susceptible de mobiliser d’importants investissements étrangers, notamment en provenance des États-Unis. La RDC possède la deuxième plus vaste forêt tropicale au monde, et à ce titre, doit être l’un des partenaires essentiels de tout effort mondial de lutte contre le changement climatique et de conservation et de protection de notre biodiversité.
Qui plus est, il existe de bonnes raisons budgétaires et financières de redoubler les efforts de la communauté internationale en RDC. Les États-Unis, comme bon nombre de nos partenaires internationaux, sont confrontés à de multiples priorités internationales qui sollicitent l’argent des contribuables américains. La crise au Mali est la plus récente de ces demandes pour nos ressources, dont l’engagement exige parfois des décisions extrêmement difficiles entre différentes causes tout aussi importantes les unes que les autres. Durant le dernier exercice budgétaire, les États-Unis ont contribué 410 millions de dollars à titre de quotes-parts à la mission onusienne de maintien de la paix en RDC, la MONUSCO, et nous avons fourni plus de 3 milliards pour la MONUSCO depuis l’année 2000. Qui plus est, lors de notre dernier exercice budgétaire nous avons versé près de 115 millions de dollars au titre d’efforts humanitaires en RDC. Il s’agit là de dépenses essentielles qui doivent, certes, se poursuivre sur le moyen terme, mais, ce n’est pas une stratégie tenable ad vitam aeternam. Nous devons commencer dès maintenant à nous assurer que les investissements réalisés se concentrent sur la résolution des causes sous-jacentes du conflit et débouchent sur une solution durable aux problèmes dont ce pays continue à souffrir.
Enfin, en un mot, le monde ne peut se permettre d’échouer dans ses efforts de stabilisation en RDC. Si nous voulons vraiment que les pays d’Afrique continuent leurs progrès sur la voie d’une croissance économique et d’un développement renforcés, et parviennent à jouer un rôle plus central au sein de la communauté internationale, la RDC devra être l’un des éléments fondamentaux qui permettront à ces aspirations continentales et internationales de se matérialiser. Dans la négative, la RDC continuera à absorber des ressources limitées, au lieu de s’épanouir dans son potentiel et de contribuer à la sécurité et à la prospérité économique de sa population et de sa région.
Je ne suis pas de nature pessimiste, mais je ne suis pas non plus un optimiste romantique. La RDC est confrontée à des problèmes graves – d’aucuns diraient même redoutables –, mais il existe des raisons concrètes de faire preuve d’optimisme quant à l’avenir de cette nation. Un nombre croissant de soldats et de policiers de la RDC sont rémunérés de manière régulière, et de plus en plus par le biais de services bancaires itinérants. L’économie du pays se stabilise peut à peu. Lors de la visite du Premier ministre Matata à Washington la semaine dernière, nous avons été encouragés par son annonce des réformes qu’il met en place pour accroître la stabilité macroéconomique du pays et renforcer la surveillance et la transparence. L’inflation est en baisse, le PIB de la RDC est en hausse, et personne n’envisage un retour à l’époque de Mobutu, avec son taux d’inflation de 1.000 % par semaine et son billet de banque d’un milliard de Zaïres, symboles de la dévastation de l’économie du pays il y a moins de vingt ans.
Bien que la résolution de l’instabilité et des autres défis en RDC n’ait pas bénéficié du même degré de priorité internationale que les cas de la Somalie, du Soudan ou de la Côte d’Ivoire au cours des quatre dernières années, nous ne sommes cependant pas restés inactifs face aux défis complexes du Congo. Bien au contraire, nous avons œuvré en étroite collaboration avec d’autres membres de la communauté internationale pour tenter de résoudre les causes sous-jacentes de l’instabilité en RDC, et nous avons également contribué à atténuer la crise la plus récente dans la partie Est du Congo. Nous reconnaissons qu’il est indispensable d’adopter une approche exhaustive, et qu’il nous faut aborder simultanément les défis politiques et humanitaires et ceux liés à la sécurité et au développement. Permettez-moi de passer brièvement en revue nos récents accomplissements.
Nous avons accordé la plus haute priorité à la réduction de la violence sexuelle et sexiste, ainsi qu’à la lutte contre l’impunité. En 2009, l’ancienne Secrétaire d’État, Hillary Clinton, a choisi la RDC pour son tout premier voyage en Afrique. Elle a rencontré le Président Kabila et s’est également rendue à Goma pour évoquer le traitement et la prévention des violences sexuelles à l’encontre des femmes, exigeant que leurs auteurs soient appelés à répondre davantage de leurs actes. Nous avons lancé des appels aux plus hauts niveaux pour que soient arrêtés et traduits en justice cinq responsables de l’armée congolaise, dits les Cinq des FARDC, accusés de s’être livrés à des violences sexuelles en 2008 et en 2009. Le procès du plus haut gradé des cinq est en cours, et d’autres officiers des FARDC accusés d’avoir commis d’autres atrocités par la suite ont été condamnés et purgent actuellement leur peine en prison.
Nous formons des soldats congolais en première ligne aux questions de violence sexiste, aux aspects juridiques des droits de l’homme et à d’autres questions visant à améliorer les rapports entre civils et militaires, et avons exhorté les FARDC à mener à terme le processus de retrait des enfants-soldats se trouvant parmi eux. L’an dernier, le gouvernement congolais a franchi une étape importante lorsqu’il a signé un plan d’action de l’ONU en vue de résoudre ce problème. Et l’Ambassadeur Barrie Walkley a poursuivi les travaux du regretté Howard Wolpe sur tous ces problèmes et d’autres, dans le but de renforcer la coordination avec nos partenaires d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs pour résoudre les problèmes dans la région Est de la RDC. Nous savons cependant qu’il nous reste encore beaucoup à faire.
 
En septembre dernier, après l’explosion de la rébellion du M23, Madame Clinton, l’ancienne Secrétaire d’État, a rencontré le Président Kabila et le Président Kagamé pour les exhorter à s’engager dans un dialogue constructif pour établir la paix et la stabilité dans la région. Au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons proposé l’imposition de sanctions ciblées à une liste de cinq des principaux commandants du M23 et au M23 dans son ensemble. Ils font tous maintenant l’objet d’un gel de leurs avoirs à l’échelle mondiale, et les cinq personnes en question sont en outre frappées d’une interdiction de voyager.
Lors d’un entretien avec le Président Kagame fin décembre, le Président Obama a souligné que tout soutien, tout soutien, au M23 irait à l’encontre de la paix et la stabilité tant désirées par le Rwanda. De surcroît, il a encouragé les parties à parvenir à un accord politique transparent et crédible mettant notamment un terme à l’impunité. Au vu d’une vaste quantité de preuves, comme l’exige la loi, nous avons suspendu l’envoi de fonds au Rwanda destinés à l’aide militaire à l’étranger – et nous poursuivrons notre suivi attentif de la situation et, lorsque cela s’impose, nous gèlerons également l’assistance envoyée à des partenaires dans la région soupçonnés de fournir un soutien au M23 ou d’entraver de quelque manière que ce soit le processus de paix dans la région.
De surcroît, l’Ambassadeur Susan Rice à New York, Wendy Sherman, la Sous-secrétaire d’État chargée des affaires politiques, l’Ambassadeur Walkley, et moi – ainsi que d’autres membres dévoués de notre équipe diplomatique à Kinshasa, dans la région et ici même à Washington – avons travaillé sans relâche pour aider à résoudre les causes sous-jacentes de l’instabilité. Jusqu’ici, la cessation des hostilités entre les forces congolaises et le M23 semble tenir bon, et la communauté internationale encourage le dialogue entre ces parties d’importance critique.
Mais la prise de Goma par le M23 à la fin de l’année dernière a révélé à tous que les efforts collectifs de la RDC, de ses voisins, et de la communauté internationale toute entière n’ont pas suffi pour jeter les bases d’une solution durable. Si le monde ne déploie pas d’efforts plus sérieux à l’identification d’une formule qui déboucherait sur une stabilisation durable de la situation en RDC, il est extrêmement probable que le même cycle de violence et des horreurs qui l’accompagnent se poursuivra à l’avenir. Je ne pense pas que nous puissions, ou que nous devions, accepter le statu quo. Nous nous devons de faire mieux.
Il est évident que la seule manière de procéder consiste à adopter une solution subtile bénéficiant de l’appui de la communauté internationale. Nous sommes parvenus à une telle solution pour mettre un terme au conflit dans l’ex-Yougoslavie par le biais des Accords de Dayton. Nous avons réussi à mettre un terme à la plus longue guerre civile qu’ait connue l’Afrique, le conflit au Soudan, grâce à l’Accord de paix global négocié par les États membres de l’EGAD et appuyé par les États-Unis, la Norvège et la Grande Bretagne. Il faut maintenant un nouvel effort international dynamique au service de la RDC. Avant toute chose, le gouvernement de la RDC et sa population sont les premiers responsables de relever les défis auxquels ils sont confrontés. Mais la communauté internationale se doit de compléter ces efforts dans le cadre d’une approche plus pointue et holistique.
Cette approche, selon moi, doit être constituée de quatre éléments, tous interdépendants et tous de même importance. Tout d’abord, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, et d’autres pays de la région doivent signer l’accord cadre des Nations Unies et le mettre en vigueur le plus rapidement possible. Les États-Unis appuient les principes couchés dans cet accord ainsi que les efforts continus de l’ONU pour en obtenir la signature. Cependant, la simple signature de l’accord ne suffit pas. Les signataires doivent également donner suite à leurs engagements par des actions concrètes et visibles sur le terrain, et ils doivent être tenus responsables s’ils ne tiennent pas leurs engagements.
Ensuite, nous devons étoffer l’accord par l’établissement d’un processus global de paix fondé sur ses principes. Ce processus doit inclure toutes les parties pertinentes – pas uniquement les pays se trouvant dans la région immédiate, mais aussi les communautés locales des Kivus, la société civile, et un rôle clairement défini pour la communauté internationale. Un tel processus de paix ne se matérialisera pas du jour au lendemain, pas plus qu’il ne sera d’une mise en place aisée ; c’est pourquoi les États-Unis appuient la nomination d’un envoyé spécial de haut niveau des Nations Unies auquel sera confiée la tâche difficile de rassembler toutes les parties prenantes pour élaborer le processus de paix et en assurer le respect sur le long terme.
Comme nous le savons tous, bien des accords signés de par le passé dans la région des Grands Lacs n’ont pas été respectés ou mis intégralement en application. Nous devrions donc élaborer de robustes mécanismes d’exécution et d’incitation pour assurer la conformité. Par exemple, l’envoyé de l’ONU devrait régulièrement faire rapport au Conseil de sécurité sur la mise en application de cet accord, et le Secrétaire général Ban Ki-moon devrait en surveiller attentivement le respect. Les États-Unis se déclarent prêts à travailler avec les autres membres du Conseil de sécurité et avec nos partenaires africains pour déterminer la marche à suivre sur le dossier de la RDC.
D’autres partenaires internationaux de premier plan ont également un rôle à jouer. Les structures de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de la Banque africaine de développement, de l’Union africaine et de l’Union européenne, notamment, devraient toutes porter une attention accrue à la RDC.
Par ailleurs, les Nations Unies doivent mener à terme leur réévaluation du rôle et de la force de la MONUSCO et modifier comme il se doit la structure de la Mission dans les meilleurs délais. Par exemple, la Mission et les pays y contribuant des contingents doivent avoir la capacité et la volonté politique requises pour empêcher un groupe relativement peu nombreux de rebelles de prendre le contrôle de l’une des villes les plus grandes et les plus peuplées de la RDC. Les États-Unis appuient énergiquement l’intégration d’une brigade régionale d’intervention au sein de la MONUSCO. Selon nous, une force intégrée sera à même de maximiser l’impact de la Mission grâce à une action coordonnée et à une utilisation optimale des ressources existantes. Qui plus est, l’intensification de la pression militaire ne constitue pas une solution en soi. Toute solution relative à la sécurité doit compléter le processus de paix et d’autres étapes politiques et mesures essentielles.
Enfin, pour que nous puissions adopter une approche holistique, le gouvernement de la RDC doit faire fonds sur les progrès graduels qu’il a accompli en matière de réforme en mettant en application des réformes dues de longue date et en témoignant une volonté politique et une inclusivité accrues. Et pour être sérieux, l’assistance internationale devrait être tributaire de futurs progrès par le gouvernement de la RDC sur la voie de la réforme. La responsabilité première de la stabilité et de la prospérité en RDC réside entre les mains de son gouvernement à Kinshasa. Tout comme la RDC peut raisonnablement compter sur le respect de ses engagements par la communauté internationale dans le pays, la communauté internationale peut tout autant raisonnablement attendre de la RDC qu’elle tienne ses promesses et qu’elle utilise les contributions de la communauté internationale pour le mieux-être du pays et de sa population.
Selon nous, les réformes doivent se produire essentiellement dans deux domaines. Tout d’abord, le gouvernement de la RDC a besoin de restructurer son secteur de la sécurité, y compris ses forces armées, son système judiciaire et sa police. Plus précisément, le pays a besoin d’une stratégie de réforme du secteur de la sécurité de longue haleine, dirigée par les Congolais et pouvant recevoir le soutien de la communauté internationale. Ensuite, la RDC doit étendre ses institutions démocratiques dans tout le pays, et œuvrer notamment à résoudre les problèmes de gouvernance les plus flagrants dans l’est du pays, comme par exemple les litiges fonciers, le retour des réfugiés, la protection des communautés de minorités, et les changements requis par le processus électoral. Nous comprenons que certaines de ces réformes exigent un certain temps, mais le monde a besoin de voir la RDC prendre l’initiative et commencer à les mettre résolument en application. Sans exemples visibles de ce type, il sera de plus en plus difficile pour la communauté internationale de poursuivre ses grands investissements en RDC.
Pour la communauté internationale, trouver une solution durable à l’instabilité prolongée en RDC demeurera un défi redoutable. Mais nous ne pouvons renoncer à agir simplement parce que c’est difficile, pas plus que nous ne saurions abandonner la RDC en raison de la complexité des défis auxquels elle se trouve confrontée. Si nous nous fixons des attentes trop faibles, celles-ci risquent de se matérialiser. Nous devons continuer à viser haut et à attendre beaucoup de nos partenaires de la RDC et de ses voisins. Je sais que le peuple congolais est courageux et persévérant. Nous en avons tous eu la preuve dans le cadre de nos engagements et de nos nombreuses visites dans le pays. Nous devons saisir cette opportunité de faire fonds sur ce courage et cette persévérance pour créer un avenir meilleur pour la RDC et sa population, ainsi que pour les pays qui l’entourent et pour l’Afrique toute entière.

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