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lundi 7 avril 2014

Un député de la Majorité présidentielle se prononce pour la révision de certaines dispositions de la Constitution

Me Mbayo, vous êtes Président National du Mouvement des Indépendants Réformateurs -MIR-, parti membre de la Majorité Présidentielle ; vous êtes également Député National élu de Kabongo au Katanga. Ces derniers temps, il s’observe un antagonisme autour de la révision ou pas de la Constitution. Quel est votre point de vue ?
C’est un débat qui a été ouvert par l’Opposition. Nous de la Majorité, nous estimons que d’ici jusque 2016, nous avons encore deux ans. Nous avons été élus sur base du programme de «La Révolution de la modernité ». Nous avons encore du temps pour travailler, il y a encore du temps. Mais nous avons suivi qu’il y a des pétitions qui s’organisent. Nous, nous disons que d'un côté, nous n’allons pas violer la Constitution. Nous sommes respectueux des lois de la République. De l'autre côté, les gens doivent savoir que la Constitution actuelle tire son origine de l’Accord Global et inclusif signé le 17 décembre 2002 à Sun City. Les constituants d’alors étaient des belligérants. L’idée qu’on avait c’était d’unifier le pays et impulser la démocratie. Est-ce qu'aujourd’hui, nous avons le même enjeu ? Parce que déjà il y a la démocratie. Nous avons eu à deux reprises les élections. Nous avons maintenant un autre objectif qui est l’émergence d’ici 2020 à 2030. Ce qui est possible aujourd’hui, il y a des élus qui sont légitimes et qui peuvent carrément impulser un référendum. Alors, comme l’Opposition est en train d’aller vers la population pour une pétition, nous savons déjà que ces 100.000 signatures seront tirées ici à Kinshasa. J’ai par exemple posé la question dans ma circonscription de Kabongo, si mes électeurs ont été consultés pour cette pétition. Il n’en est rien. Nous sommes de la Majorité, nous allons donner la chance à tous les Congolais de se prononcer sur la question. Il n’est pas interdit aujourd’hui de penser à un référendum qui pourra par exemple nous donner un nouveau contrat social avec la population congolaise pour l’émergence d’ici 2020 à 2030. Et, à ce moment-là, c’est le souverain primaire qui va se prononcer.
Estimez-vous que le contexte politique, social et économique a tellement évolué qu’il faut revoir certaines dispositions de la Constitution ?
Le contexte politique a sérieusement évolué. A l’époque, le pays était divisé en 5 ou 6 morceaux. On avait d’une part le RCD/KML, le RCD/N, le RCD/Goma, le MLC… Aujourd’hui si vous allez à l’Assemblée nationale, vous pouvez me donner le quota du RCD, le constituant d’alors ? Le RDC/Goma n’a aucun député. Quand vous prenez le MLC, il est dans l’impossibilité d’avoir un Groupe parlementaire à lui seul. Il est avec les alliés. Donc, le contexte politique a tellement évolué. Dans la même dynamique, le contexte social a aussi évolué. Vous voyez avec la révolution de la modernité, il y a toutes ces nouvelles infrastructures.  Nous devons aller de l’avant, vers l’émergence. Alors nous disons que nous devons avoir un autre contrat social qui n’est pas basé sur l’esprit des belligérants d’alors. Quand vous prenez l’exposé de motif de notre Constitution en son deuxième paragraphe, on dit clairement que c’est suite à l’Accord Global et inclusif du 17 décembre 2002, comme il y avait crise de légitimité, il fallait avoir une Constitution afin d’organiser des élections. Ce qui fut fait. Maintenant, nous avons d’autres enjeux. Si en 2002 l’objectif était la pacification du pays, aujourd’hui nous avons l’émergence. Que de réviser cette Constitution-là que de garder l’Accord global et inclusif comme un haut fait, le choix est clair. La population était prise en otage. Nous avons des arguments. Nous allons motiver en disant que comme les enjeux actuels sont ceux de l’émergence, il faut soumettre au souverain primaire par voie référendaire une nouvelle Constitution. Dans celle-ci, nous allons respecter les principes de libertés individuelles parce que la Constitution interdit formellement même en cas de modification ou de révision, qu’on réduise les libertés individuelles. Nous allons entériner cela. Aussi, vous savez que dans cette Constitution il est dit que la nationalité congolaise est une et exclusive. Cela crée des grands problèmes avec nos frères de la diaspora qui gardent par devers eux leurs passeports congolais. Nous devons penser à résoudre ce problème en faisant comme en France par exemple.
Ça fait près de 6 mois depuis que le Chef de l’Etat a annoncé la formation d’un gouvernement de cohésion nationale. A votre avis, qu’est-ce qui retarde l’échéance ?
Vous savez, le chef de l’Etat c’est l’un des pouvoirs constitutionnels qu’il a, et qu’il assume pleinement. Nous nous fions donc à son pouvoir discrétionnaire. Mais cependant, Monsieur le Président de la République se prononce solennellement devant le Congrès, il vous dit: je vais mettre en place un gouvernement de cohésion national. Par éthique politique, un Premier ministre qu’est ce qu’il fait, il lui présente sa démission. Quand il lui a déposé sa démission, le président peut lui réitérer sa confiance. Politiquement, le chef est libéré. Il pourra même de ce fait se choisir quelqu’un d’autre qui puisse conduire les enjeux du moment.
Bientôt deux ans d’exercice du gouvernement Matata. En tant qu’élu du peuple, comment jugez-vous son action ? Est-ce il a rencontré les préoccupations de la population ?   
La République Démocratique du Congo est un sous-continent. Nous avons un Premier ministre qui, lorsqu’il est arrivé devant l’Assemblée pour l’investiture, nous avait dit qu’il n’avait pas de programme. Il fallait donc l’investir sur base du programme de la Révolution de la modernité initié par le Président de la République. Il nous avait promis un chronogramme de l’exécution du programme du chef de l’Etat, que nous n’avons jamais eu pour nous permettre d’évaluer son action. A ce jour, il n’y a que le Chef de l’Etat, sans doute, qui est censé avoir ce chronogramme qui pourra le coter comme lui-même l’avait fait avec ses ministres il y a près d’une année. Dans tous les cas, ça c’est mon opinion, je pense qu’avec le gouvernement Muzito on avait parlé de la gabegie financière. On avait besoin d’avoir un comptable. Et le comptable a eu un comportement d’un boutiquier. Vous êtes Premier ministre, vous allez aux Etats-Unis, ce sont les autorités du Fonds Monétaire International qui font un coup de fil en Rdc pour lui soutenir. Ca fait tiquer. Le deuxième voyage, le Premier ministre parle du leadership. Ca fait tiquer. Pas très longtemps, il y a un article de Collette Braeckman  qui dit que c’est le Premier ministre qui est aimé par la population et haï par le sommet. De ce fait, nous disons que si le Premier ministre, vous sentez que vous êtes haï par le Chef, rendez lui votre démission. C’est simple. Le chef de l’Etat a été élu par toute la population. Je profite de l’occasion pour vous informer que le Premier ministre était suppléant d’un candidat député malheureux aux législatives nationales de 2011. Ce qu’il sait au moins ce qu’est se  mouiller une chemise aux élections. Quand vous êtes aux affaires, sachez respecter celui qui vous a donné la possibilité d’y être. Nous nous remettons au pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat. S’il veut le reconduire, nous allons accepter mais de toutes les façons, par éthique politique, parce que le chef de l’Etat qui est respectueux de la loi, de l’éthique et de la déontologie, nous sommes convaincus que pour n’avoir pas déposé sa démission comme l’a fait le Premier ministre français, il va être limogé au lieu de sortir par la grande porte.  



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