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mercredi 21 décembre 2011

Kabila assermenté, les irrégularités dénoncées

Radio Canada - Au jour de l'investiture de Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), les États-Unis se disent « profondément déçus » de la validation de sa réélection par la Cour suprême de justice, et l'Union européenne menace de réévaluer son soutien au pays.
Malgré la contestation des résultats électoraux par son principal opposant, Etienne Tshisekedi, et la dénonciation par la communauté internationale d'irrégularités ayant entaché le processus électoral, la Cour suprême de justice de la RDC a confirmé en audience publique son arrêt du 16 décembre proclamant la victoire de Joseph Kabila avec 48,95 % des suffrages.
Joseph Kabila a donc prêté serment, mardi, à Kinshasa, devant la Cour suprême, provoquant de nombreuses réactions sur la scène internationale.
Dans un communiqué, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, reproche à la Cour suprême d'avoir confirmé les résultats provisoires de la commission électorale « sans évaluer complètement les nombreux rapports faisant état d'irrégularités » dans le vote.
Mme Clinton dénonce un scrutin mal géré et « manquant de transparence ». Elle suggère également « une révision du processus électoral ». La chef de la diplomatie américaine demande par ailleurs « à tous les dirigeants politiques congolais et à leurs soutiens d'agir de façon responsable » et sans violence. Elle estime que la classe politique de RDC doit « résoudre ses désaccords au moyen d'un dialogue pacifique et constructif ».
Quant à l'Union européenne, elle menace de « réévaluer » son « soutien » au pays si des progrès ne sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives.
« L'UE fait à nouveau part de sa préoccupation quant aux graves déficiences et l'absence de transparence dans la compilation et la publication des résultats, rapportées entre autres par la Mission d'observation électorale de l'UE » qui ont « entamé la confiance dans le processus électoral » lors du scrutin présidentiel, souligne sa chef de la diplomatie, Catherine Ashton.
L'UE encourage résolument la commission électorale et les autorités congolaises à tenir compte des préoccupations des missions d'observation, à mettre en oeuvre leurs recommandations et à s'ouvrir à la coopération avec l'opposition.
En outre, Mme Ashton demande que la « lumière soit faite sur les violations alléguées des droits de l'homme rapportées dans le contexte électoral et, s'il y a lieu, que les responsables soient traduits en justice ».
Harper pour la tenue du sommet de la Francophonie en RDCLe gouvernement Harper a déclaré mardi qu'il était toujours pour la tenue du prochain sommet de la Francophonie en République démocratique du Congo (RDC), en dépit des irrégularités de l'élection présidentielle et de la répression dont font l'objet les dissidents politiques. Il estime que le sommet d'octobre 2012 sera une excellente occasion de dialoguer avec ce pays.
Les promesses de Kabila
Dans son discours d'investiture, Joseph Kabila a promis d'améliorer le climat des affaires et de reconstruire les infrastructures détruites pendant des décennies de conflit.
Le président, élu pour un deuxième quinquennat, a souligné que l'élection présidentielle était la première de l'histoire du pays à ne pas se tenir après une crise de fin de mandat. Il a salué les Congolais pour leur discipline.
« Nous allons continuer à améliorer le climat des affaires pour mieux servir les investisseurs. Nous allons également poursuivre et accélérer la reconstruction du pays. » — Joseph Kabila
Seul le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, s'était déplacé pour la cérémonie d'investiture parmi les chefs d'État invités. Des ministres de pays africains ainsi que les ambassadeurs des États-Unis, de France et du Royaume-Uni étaient présents à la cérémonie organisée sur les rives du fleuve Congo.
De son côté, Etienne Tshisekedi, qui s'est proclamé « président élu », a annoncé qu'il allait prêter serment « devant le peuple » vendredi au stade des Martyrs de Kinshasa.

La capitale étroitement surveillée
La capitale Kinshasa était sous haute surveillance des forces de l'ordre, après des violences à l'annonce des résultats provisoires le 9 décembre. Une dizaine de chars de la garde républicaine étaient déployés, notamment devant le stade des Martyrs.
Par ailleurs, huit opposants ont été arrêtés à Bukavu, mardi, lors de la dispersion d'une marche pour protester contre la réélection de M. Kabila.
Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001, Joseph Kabila a été réélu le 28 novembre à l'issue d'une élection destinée à renforcer la stabilité du pays. Mais la campagne électorale et le vote ont été émaillés par des violences meurtrières et des accusations de fraude.
Avant même la proclamation des résultats de l'élection, des violences électorales ont fait au moins 18 morts et plus de 100 blessés en RDC, principalement à Kinshasa. Selon Human Rights Watch, la plupart des victimes ont été tuées par les forces du président Joseph Kabila.

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