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jeudi 5 juillet 2012

Projets des Lois sur les défenseurs la Commission nationale des droits de l'Homme et la lutte contre l'impunité en RDC


Discours de S.E.M. Jean-Michel Dumond, ambassadeur de l'Union européenne en RDC
Distingués invités,
C'est un honneur de prendre la parole à l'occasion de cette deuxième table ronde qui réunit les autorités nationales et les forces vives de la société civile congolaise sur le thème des droits de l'Homme.
Cette initiative, soutenue sans réserve par l'Union européenne et ses Etats-Membres, est une excellente opportunité de raviver et d'intensifier le dialogue entamé entre les représentants de la société civile et le précédent gouvernement autour de thèmes qui nous sont chers.
Comme vous le savez, l'Union européenne est fortement engagée sur la scène internationale dans le domaine les droits de l'Homme. Elle a récemment adopté une stratégie ambitieuse sur les droits de l'Homme et la démocratie. Nous tenons ce document à la disposition de ceux qui souhaiteraient en prendre connaissance. L'UE s'apprête à nommer un représentant spécial pour les droits de l'Homme. Elle soutient depuis de longues années les nombreuses initiatives en cours à travers le monde, afin de lutter contre la peine de mort, la torture et toute forme de discrimination. La liberté d'expression est une de nos priorités, tout comme le renforcement de la société civile et la protection des défenseurs des droits de l’Homme partout où ces derniers sont menacés. Enfin, nous soutenons fermement la coopération en matière de justice internationale, particulièrement avec la Cour Pénale internationale.
En tant que partenaire de longue date de la RDC, notre dialogue avec le Gouvernement est toujours franc et sincère sur ce sujet. En ce début d'année, nous avons exprimé nos préoccupations auprès des autorités quant aux allégations de "violences électorales" décrites dans le Rapport d'enquête du BCNUDH de mars 2012. Dans la perspective des prochaines échéances en 2013, nous souhaitons que les enquêtes sur ces graves violations soient conduites jusqu'à leur terme et, s'il y a lieu, que les responsables soient traduits en justice.
L'UE et ses Etats-Membres ont fermement condamné l'assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana. Depuis le premier jour, nous avons demandé que toute la lumière soit faite sur ce crime qui ne doit pas rester impuni, et que la procédure judiciaire soit menée de manière exemplaire. Les missions de l'Union européenne qui avaient assisté régulièrement aux audiences publiques lors du premier procès, ont suivi avec attention l'ouverture du procès en appel.
A cet égard, l'UE a publié aujourd'hui même un communiqué dans lequel nous enregistrons avec satisfaction l'ouverture du procès en appel devant la Haute cour militaire de Kinshasa. Nous encourageons les autorités congolaises à mettre en œuvre tous les moyens afin que ce procès obéisse aux exigences d'une justice indépendante et soit conduit dans des conditions de transparence qui garantissent son impartialité.
Nous avons également suivi avec beaucoup d'attention les débats à Genève au sein du Conseil des Droits de l'Homme. Dans ce contexte, l'UE et ses Etats membres sont disposés à poursuivre leur soutien et à aider le Gouvernement de la RDC à mettre en œuvre les recommandations qui lui sont adressées. Ainsi, la mise en place du cadre juridique et des institutions de protection des droits de l'Homme apparait prioritaire. A cet égard, nous avons noté avec satisfaction l'inscription au calendrier de cette session parlementaire du projet de loi établissant une Commission nationale indépendante des droits de l'Homme. Dans ce contexte, un large processus de consultation entre les autorités et l'ensemble de la société civile congolaise (avant et après l'adoption de cette loi) donnera à cette commission les meilleures chances de réussite. Parmi les défis à relever pendant la nouvelle législature figurent notamment l'adoption de la loi sur la mise en œuvre du Statut de Rome et la loi sur les défenseurs des droits de l'Homme. S'agissant de la réforme du Code de la Famille, visant à supprimer les clauses discriminatoires qui y subsistent, la volonté affichée par le gouvernement de consulter l'ensemble des composantes de la société congolaises en vue d'aboutir à un texte de consensus semble sage.  
Malheureusement, des violations très graves des droits des droits de l'Homme continuent, notamment à l'est du pays. L'UE se félicite des récentes condamnations de tous ceux qui se sont rendus coupables d'exactions à l'endroit des populations civiles. La volonté affichée par les autorités de la RDC de poursuivre vigoureusement dans cette voie est la bienvenue. La première condamnation depuis la création de la CPI, prononcée le 14 mars 2011 à l’encontre de Thomas Lubanga, prouve bien le rôle essentiel que cet organe joue dans la lutte contre l’impunité au niveau mondial. L'UE encourage les autorités congolaises à continuer de coopérer avec la Cour Pénale Internationale, notamment sur la traduction en justice du général Bosco Ntaganda dans les meilleurs délais.
Dans le cadre de la coopération au développement, l'UE soutient le renforcement de l'Etat de droit et la lutte contre l'impunité. Il s'agit là d'un élément essentiel du contrat social et de la confiance de la population congolaise envers les institutions de la république. Ce soutien passe notamment par des programmes ambitieux dans le secteur de la justice qui visent à favoriser l'accès à la justice et soutenir les justiciables, et notamment ceux qui sont les plus vulnérables. A ce sujet, je me réjouis de la qualité du dialogue et des échanges constructifs que j'ai pu récemment avoir avec la Ministre de la justice dans la préparation d'un programme qui réponde véritablement aux besoins de la société congolaise. Plus largement, je tiens à saluer ici la bonne coopération avec nos partenaires congolais, du gouvernement, de la société civile, et avec l'ensemble de nos partenaires internationaux avec qui nous collaborons quotidiennement. 
Comme vous le savez, l'UE soutient de nombreuses organisations de la société civile qui agissent quotidiennement en faveur des droits de l'Homme sur l'ensemble du territoire et encourage le dialogue entre ces activistes et le gouvernement. Cette table ronde est, dans ce contexte, un signal positif. Nous avons-nous même organisé une table ronde le 19 juin entre les ambassadeurs de l'UE et les ONG de défense des droits de l'Homme dont certaines que nous finançons à travers des appels à proposition. Prochainement, une nouvelle table ronde avec la société civile sera organisée par l'UE à Kinshasa.
Je vous remercie et vous souhaite plein succès dans vos travaux.

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