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vendredi 6 juillet 2012

Mise au point du gouverneur Julien Paluku face a la prétendue coopération avec les Fdlr


Depuis le 9 novembre 2007, un communiqué conjoint a été signé à Nairobi entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda sur une approche commune pour mettre fin à la menace pour la paix et la stabilité des deux pays et de la région des Grands Lacs.
Chacun de deux gouvernements avait des engagements pour l’aboutissement heureux de ce processus. Au point 9(a), (b) et (d) de ce communiqué conjoint, il est clairement dit que le gouvernement de la Rdc s’engage à : « préparer un plan pour désarmer les ex-FAR/Interahamwe… il sera demandé à la Monuc de fournir un soutien… le plan inclura la réactivation et optimisation, parallèlement à l’exercice de la pression militaire, des efforts destinés à sensibiliser les éléments ex-FAR/Interahamwe à déposer les armes et à rentrer au Rwanda. »
Ainsi, des contacts se sont multipliés, d’une part, entre les dirigeants congolais et les partenaires et, de l’autre côté, entre les autorités congolaises et les responsables des Fdlr. A ce sujet, une commission interministérielle composée de Chikez Diemu, Jean-Claude Muyambo et Antipas Mbusa Nyamwisi, respectivement ministres de la Défense, des Affaires Sociales et des Affaires Etrangères a été mise sur pied. Elle avait pour mission d’étudier les voies et moyens pour aboutir au rapatriement des combattants Fdlr et de leurs dépendants. A cet effet, une rencontre entre le gouvernement congolais et les représentants des Fdlr avait été prévue le 26 mai 2008 à Kisangani, chef lieu de la Province Orientale. Une autre rencontre a été organisée à Rome (Italie) par l’Ong catholique Sant Egidio entre les Fdlr et le gouvernement congolais.
La tenue de la rencontre de Kisangani sera confirmée à Brazzaville en marge de la réunion du comité interministériel régional de la Conférence Internationale sur la  Région des Grands Lacs (Cirgl). Au cours de cette réunion, M. Richard Sezibera, ambassadeur du Rwanda chargé de la région des Grands Lacs, a fait savoir qu’il n’a pas « de position particulière à  ce sujet ». Et Sezibera de  poursuivre : « le Rwanda croit que la liste de 6997 génocidaires publiée par son pays en février dernier (2008 ndlr), ne doit rien bloquer », a-t-il rassuré, avant de calmer le jeu : « ils peuvent rentrer, puisque c’est leur propre pays, car tous ceux qui sont en RDC ne sont pas forcément des génocidaires »
Par ailleurs, faut-il rappeler que déjà en juin 2007, le ministre des affaires étrangères de la Rdc avait adressé une lettre à Mgr Jean-Luc Kuye Ndondo dans laquelle M. Kare Lode consultant norvégien était mis en contribution en ces termes : «  Subsidiairement à ma lettre n°130/19/NKL/0715/2007 du 01 juin 2007, relative au Mémorandum que vous m’avez adressé, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale appuie, dans le cadre du processus de paix dans la Région des Grands Lacs, l’initiative de l’ECC/Sud-Kivu et de M. Kare Lode, Consultant norvégien, en collaboration avec la Mission Extérieure des Eglises de Pentecôte en Norvège (PYM) et le Centre pour la Communication Interculturelle (SIK), à travers les deux projets suivants :
-   Le rapatriement des réfugiés et combattants rwandais (Fdlr, Interahamwe) ainsi que les groupes burundais et ougandais et leurs assimilés vivants en République Démocratique du Congo ;
-      Et le rapatriement des Mbororos. »
A la suite de cette volonté manifeste de la Rdc à en finir avec le phénomène Fdlr, des résultats probants ont été atteints, notamment :

1.      Regroupement des combattants Fdlr à Kasiki, en Territoire de Lubero
Après la conférence de Kisangani (26 mai 2008), déjà en juillet 2008, grâce à la sensibilisation de l’Eglise du Christ au Congo, du Gouvernement congolais et des civiles rwandais identifiés à travers le monde, ± 168 Fdlr et leurs dépendants sont regroupés dans la localité de Kasiki, en territoire de Lubero. Une délégation rwandaise dans laquelle on pouvait reconnaitre M. Damacene de la Présidence du Rwanda fera son déplacement à Kasiki pour constater les efforts.
La sensibilisation s’intensifiera au point de rassembler près d’1 millier des combattants dans les environs de Kasiki. Mais à la grande surprise, ce plan de regroupement des ex-combattants sera saboté par ceux qui ne veulent pas de la paix lorsque la guerre de Laurent Nkunda éclate en août 2008, soit un mois après le regroupement de ces rwandais à Kasiki. Les troupes de Nkunda avanceront vers Kanyabayonga à une vingtaine de kilomètre de Kasiki.
Et au cours d’une nuit, tous les ex-combattants ainsi que leurs dépendants disparaitront dans la nature à la suite de l’avancée des rebelles de Laurent Nkunda dont la provenance du soutien était connu de tous. Tous les efforts du Gouvernement Congolais, de l’ECC et des partenaires sont ainsi jetés à l’eau et les troupes de Nkunda ayant constaté le démantèlement du camp regroupement des Fdlr à Kasiki,  refuseront de progresser vers Kanyabayonga en tournant les canons désormais vers Goma (octobre 2008).
Ainsi dit, entre la Rdc et ceux qui ont créé la guerre de Nkunda, qui d’entre les acteurs s’est réellement investi dans la recherche de la paix !!! Qui a finalement provoqué la fuite des combattants rwandais regroupés à Kasiki ?
A chacun de faire ses déductions !
2.      Le rapatriement par la Commission Nationale pour les Réfugiés en partenariat avec le Gouvernement Provincial du Nord-Kivu et le Hcr
Arrivé à la tête de la province du Nord-Kivu en 2007, peu avant la signature du communiqué de Nairobi, Julien Paluku définit le retour de la paix comme priorité des priorités. Une forte sensibilisation est faite pour obtenir le désarmement, la démobilisation et le rapatriement des Fdlr dans leur Rwanda natal.
Pour preuve,  voici les statistiques des rwandais rapatriés chez eux depuis 2007 :
-      2007 : 2549 rwandais rapatriés
-      2008 : 3809 rwandais rapatriés
-      2009 : 9019 rwandais rapatriés
-      2010 : 7666 rwandais rapatriés
-      2011 : 5562 rwandais rapatriés
Pendant les 5 ans du Gouverneur Julien Paluku à la tête de la Province du Nord-Kivu, 28.605 Rwandais ont été rapatriés dans leur Rwanda natal. Par ailleurs, pour le premier semestre de l’année 2012, voici comment se présentent les statistiques des rwandais rapatriés :
-      Janvier 2012 :382 Rwandais rapatriés,  février 2012 : 680 Rwandais rapatriés, mars 2012 : 463 Rwandais rapatriés, avril 2012 : 534 Rwandais rapatriés, mai 2012 : 872 Rwandais rapatriés, juin 2012 : 1.353 Rwandais rapatriés, juillet (4 premiers jours) : 228 Rwandais rapatriés.
Depuis 1999 à nos jours : 107.817 Rwandais y compris les combattants Fdlr ont été rapatriés en bonne et due forme vers le Rwanda. Avec toutes ces statistiques, il ne reste plus que moins d’un millier de fdlr au Nord-Kivu, les autres étant des Fdlr dites « congolais » qu’on retrouve aussi bien à Masisi, Walikale, Rutshuru et Sud Lubero. Avec ces statistiques de rapatriement, peut-on dire que la Rdc ne montre pas sa ferme volonté de pacifier la région des Grands Lacs !!!

3.       Les opérations multiformes et la guerre de Bosco Ntaganda
Depuis 2009, après les opérations conjointes, les forces armées de la Rdc ont poursuivi les opérations contre les Fdlr avec à la tête Bosco Ntaganda qui malheureusement se révélera par la suite comme celui qui les approvisionnait en armes. Les troupes qui n’avaient pas de consigne du Terminator Bosco Ntaganda ont réellement exécuté leur mission au point d’en finir presque avec le phénomène Fdlr.
C’est encore à ce point de vouloir en finir avec les Fdlr que le dossier M23 surgira pour saboter encore une fois tous les efforts de pacification et ainsi détourner l’attention du Gouvernement Congolais qui, par reflexe de conservation, ne s’occupait plus de la mutinerie en lieu et place des questions importantes liées aux Fdlr.
Quid de la lettre du Gouverneur adressée à la Monusco
Devant le regain de violence, l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui est un acteur principal dans la recherche de la paix et réconciliation, prendra le taureau par les cornes pour tenter de sensibiliser les quelques Fdlr ayant échappé aux opérations qui datent de 2009, l’objectif étant de faire référence au communiqué de Nairobi qui alliait pression militaire et sensibilisation.
C’est ainsi qu’en date du 06 juin 2012, le 2ème Vice Président National de l’Eglise du Christ au Congo, l’Ambassadeur de la Paix, le Révérend Milenge Mwenelwata, adressera trois lettres d’invitation à :
-      M. Kare Lode (du centre pour la communication interculturelle  Misjonsveien 34 N_4024 Stavanger, Norvège), lettre N°042/MM/ECC/PN/2012 du 04/06/2012
-      M. Murego Faustin à Bruxelles, Royaume de Belgique, lettre N°040/MM/ECC/PN/2012 du 04/06/2012
-      M. Nzabonimba Joseph à Bruxelles, Royaume de Belgique, lettre N°041/MM/ECC/PN/2012 du 04/06/2012
La lettre adressée à M. Kare Lode stipulait que « l’Eglise du Christ au Congo a le plaisir de vous inviter à séjourner en République Démocratique du Congo  du 7 juin au 30 juillet 2012 afin de participer au suivi-évaluation des projets de l’ECC financés par le Gouvernement Norvégien par le biais du PYG. »
Les deux lettres adressées par l’ECC aux deux sujets belges stipulaient que :  « l’Eglise du Christ au Congo a le plaisir de vous inviter, pour le compte du centre de communication intercommunautaire (S/K Norvège), à séjourner en République Démocratique du Congo  du 07 juin au 30 juillet 2012 afin de participer au suivi-évaluation des projets de l’Eglise du Christ au Congo financés par le Gouvernement Norvégien par le biais du PYG. »
L’Eglise du Christ au Congo, après avoir reçu ses invités, sollicitera une audience auprès du Gouverneur Julien Paluku en date du 19 juin 2012 ; audience au cours de laquelle, l’Eglise exprimera sa ferme volonté de poursuivre la sensibilisation des Fdlr dans laquelle elle était totalement impliquée depuis 2007. Conduite par Mgr Dieudonné Mbaya, Modérateur National, la délégation sollicitera auprès de l’Autorité Provinciale une facilité d’obtention d’un moyen de transport vers Motongo en territoire de Walikale.
Fidèle à sa tradition, Julien Paluku accordera une attention particulière à cette demande et sollicitera auprès de la Monusco une demande de MOP en faveur de 8 personnes qui sont :
1.      Lode Kare (Consultant Norvégien)
2.      Rév. Kipindula Morisho (ECC)
3.      Mgr Dieudonné Mbaya Tshiakany (ECC)
4.      Mgr Bulambo Lembelembe Josué (ECC)
5.      Me Kyalangalilwa Dieudonné (ECC)
6.      Nzabonimpa Joseph (facilitateur Belge)
7.      Murego Faustin (facilitateur Belge)
8.      Félicien Miganda (Gouvernorat de Province)
Et la lettre insiste en disant : «  les concernés sont des animateurs du projet « paix et réconciliation » de l’Eglise du Christ au Congo, ECC, en collaboration avec la Norvège et s’y rendent pour la poursuite de la sensibilisation au retour des Fdlr »
Le 22 juin 2012 face à la réponse qui tardait de la part de la Monusco, Mgr Mbaya Tshiakany Dieudonné s’adressera à Madame le Chef de Bureau de la Monusco à Goma en ces termes : « Nous avons apprécié votre attitude positive de facilitation du transport par hélicoptère de la Monusco vers le site de Mutongo et que vous transmettriez à la hiérarchie. Mais l’exécution n’a pas suivi jusqu’à ce jour. Peut-être était-ce à cause de la présence de deux belges d’origine rwandaise dans l’équipe de l’ECC. Sur ce, nous tenons à préciser que les deux facilitateurs belges avaient été antérieurement invités par le gouvernement congolais pour le même motif, à savoir la sensibilisation des Fdlr à rejoindre le processus Ddrrr. Ceci eut lieu en mai 2008 à Kisangani… ils avaient été également invités par le gouvernement à la rencontre entre la délégation du gouvernement et les représentants des Fdlr à Nyabiondo en août 2008 pour jouer le rôle de facilitateur. Ceci dit, les deux belges ne sont pas étrangers au processus de la sensibilisation des Fdlr, en collaboration avec l’ECC. Tous ces déplacements ont été opérés par les vols de l’ONU. » et Mgr Mbala de poursuivre dans sa lettre adressée à la Monusco « pour le moment, la facilitation de transport s’étant révélée difficile, nous sommes obligés d’interrompre la mission malgré la longue attente d’environ 350 combattants à Mutongo. »
Voilà la vérité sur la prétendue réorganisation des Fdlr par le Gouverneur du Nord-Kivu dont le souci majeur est de voir le Nord-Kivu débarrassé de ce mal qui le ronge à savoir les Fdlr qui pillent, volent et violent les congolaises et congolais et non les rwandaises et rwandais. Doit-on comprendre dans l’acharnement du Rwanda une absence ou non de volonté de trouver une solution durable à la problématique liée à la présence des Fdlr en Rdc ???
En ce jour, il est temps de restituer la vérité à sa juste place et rassurer l’opinion tant nationale qu’internationale que la Rdc ne ménagera aucun effort pour détruire les dernières poches des Fdlr, n’en déplaisent à ceux qui veulent en faire un objet de chantage. Voilà pourquoi nous en appelons à la Cepgl, à la Cirgl, à la Sadc, à l’Ue ainsi qu’aux systèmes des Nations Unies de soutenir la Rdc dans ses efforts de rétablissement de la paix seul gage du développement dans la région des Grands Lacs.
Au peuple congolais, nous en appelons à la mobilisation générale pour la défense de la patrie en soutenant les efforts des Fardc et de la Monusco qui se battent jour et nuit afin que triomphe la vérité et que la paix règne à jamais dans la région des Grands Lacs.
Je vous remercie
Goma, le 5 juillet 2012
Julien PALUKU KAHONGYA
Gouverneur du Nord-Kivu

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