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dimanche 15 juillet 2012

Discours de l’ambassadeur de France à l’occasion de la fête nationale


 Le 14 juillet 2012 - Je tiens tout d’abord à vous remercier d’avoir répondu nombreux à notre invitation, mon épouse et moi-même, à venir célébrer dans les jardins de la Résidence la fête nationale française. Je souhaite également remercier tous ceux grâce à qui cette soirée sera j’espère digne de la tradition d’hospitalité et de convivialité de cette résidence, à commencer par les entreprises membres du CFA qui ont bien voulu nous aider à organiser cette manifestation.
J’ai, juste avant cette réception, eu le plaisir de remettre des décorations à 5 personnalités que la République française a souhaité honorer pour les services insignes qu’elles ont rendu à notre pays, à notre langue ou à la cause de la coopération franco-congolaise :

-          M. Yenyi Olungu Victor - M. Mutinga Mutuishayi Modeste - M. Muboyayi Mubanga Polydor
-          Mme Kanyimbo Manyonga Chantal - M. Mir Zahid

Permettez-moi à présent de vous adresser quelques mots plus personnels. Il y a un an - presque jour pour jour - j’arrivais à Ndjili pour prendre mes fonctions d’Ambassadeur de France en RDC. A cette occasion, je retrouvais, avec mon épouse Osvalde et nos deux enfants, un pays auquel, pour des raisons personnelles et professionnelles, nous sommes particulièrement attachés. J’y ai retrouvé des amis, des connaissances diverses, m’en suis fait de nouveaux.
J’ai aussi retrouvé un pays qui préparait, 5 ans après celles que j’avais connues en 2006, des élections qui devaient permettre de renouveler le Président de la République et les députés. Je ne reviendrai pas sur les appréciations formulées par les uns ou par les autres sur ces élections (elles sont derrière nous), si ce n’est pour souhaiter que les leçons nécessaires en soient tirées pour améliorer les conditions d’organisation de celles à venir, tout aussi importantes pour ancrer la démocratie dans ce vaste pays : les élections provinciales et locales.
En  2006, la période post-électorale avait été tendue, au point d’aboutir à des conflits à l’arme lourde dans les rues de Kinshasa, avant que finalement le calme ne revienne et que les autorités légitimes puissent se consacrer à la priorité des priorités : le développement.
Cette fois, à l’issue des élections de 2011, c’est à un nouveau conflit à l’Est que doivent faire face les autorités congolaises. Le Président de la République Joseph Kabila a, dans son discours à la Nation à l’occasion de la fête nationale congolaise, rappelé que la priorité du Gouvernement restait l’amélioration du bien-être social d’une population qui a trop longtemps souffert. Pour autant, on voit bien que ce nouveau conflit mobilise les ressources et les énergies, entravant ainsi la nécessaire mobilisation en faveur de la « révolution de la modernité », qui a succédé aux « 5 chantiers de la République ». C’est, pour reprendre une expression du Président de la République, comme si une main invisible - ou trop visible ? - actionnait des forces obscures pour, en permanence, ramener la RDC vers l’arrière, au bord du gouffre ou de l’implosion.
Mesdames et Messieurs, malgré les apparences, il n’y a pas de fatalité dans le destin des Nations. Certaines trouvent en elles-mêmes, ou en collaboration avec d’autres, les ressorts nécessaires pour surmonter les difficultés et les crises qui les menacent. C’est ce qu’essaient de faire les vieilles nations européennes, qui, à des moments divers de leur histoire, ont connu des heures bien plus sombres que les difficultés du moment.
C’est ce que doit faire la RDC, en mobilisant toutes les énergies et toutes les ressources de ce grand et beau pays pour sortir des difficultés présentes. Sachez, MM. les Ministres et parlementaires que, sans parti pris, si ce n’est celui de la paix et de la sécurité des populations, la France est et restera aux côtés de la RDC pour l’aider à pouvoir enfin se tourner vers un avenir meilleur, fondé sur un développement équilibré et harmonieux.
S’il était inévitable et nécessaire d’évoquer devant vous cette nouvelle crise à l’Est, il nous faut aussi ce soir nous tourner vers l’avenir et vers des perspectives plus prometteuses. Dans 3 mois exactement, la RDC accueillera le XIVème Sommet des Chefs d’Etats des pays membres de l’OIF, qui ont pour point commun d’avoir « le français en partage ».
La France a soutenu la candidature de la RDC à l’organisation de cette grande manifestation. Et ça n’est que justice, quand on se souvient qu’en 1991, le Zaïre à l’époque devait déjà l’accueillir et qu’en 2012, plus de 20 ans après, la RDC est devenue par sa population le 1er pays francophone du monde.
Ce Sommet doit être l’occasion pour la RDC de présenter un autre visage que celui d’un pays en crise, luttant contre les vieux démons du séparatisme ou du divisionnisme.
C’est une opportunité pour votre pays, chers amis Congolais, d’offrir au monde, au moins francophone, l’image d’un pays uni autour des valeurs communes à celui-ci : la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et du citoyen. Nous n’avons pas de leçons à donner à qui que ce soit, pas plus à la RDC qu’à d’autres pays en développement.
Mais nous pouvons, en nous appuyant sur les leçons tirées de notre passé, vous accompagner dans vos efforts pour construire, pas à pas, une démocratie participative, dans laquelle chaque citoyen trouve sa place, se sent à sa place et peut légitimement revendiquer le respect de ses droits fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à l’éducation, à la santé et à la sécurité pour lui-même et sa famille.

Beaucoup reste à faire. Mais la RDC a les ressources nécessaires, humaines et naturelles, pour relever le défi de bâtir « un pays plus beau qu’avant ». Il faut pour cela de la volonté - et je ne doute pas, que le gouvernement ait cette volonté, ce volontarisme nécessaire pour aller de l’avant.
Il faut aussi de l’unité. Et je ne doute pas non plus que tous les acteurs politiques, tous les corps constitués, toutes les organisations de la société civile aient à cœur, au-delà de leurs légitimes divergences, le souci de l’unité du pays. Il faut enfin de la rigueur, pour lutter contre les fléaux bien connus de la corruption, du manque de transparence dans la gestion publique ou des divisions ethniques.
Permettez-moi d’exprimer le vœu qu’à l’occasion de ce Sommet de la Francophonie, la RDC ait à cœur de montrer, aux yeux du monde, que la… « révolution de la modernité », c’est certes l’amélioration du bien-être de la population, mais c’est aussi celle du respect des droits de la personne, celle du climat des affaires, celle du fonctionnement des institutions.
De grands chantiers sont ouverts. La RDC se reconstruit, après tant d’années de guerres et de souffrances. Elle doit pouvoir compter sur l’aide de ses partenaires, traditionnels ou nouveaux. Mais c’est avant tout à elle, à son gouvernement, à ses responsables politiques, de la majorité comme de l’opposition, à sa population, qu’elle devra son développement.
Je voudrais terminer mon propos par quelques mots à l’adresse de tous les français présents ici ce soir. Notre pays connaît lui aussi des difficultés, nous le savons tous. Nos nouvelles autorités politiques, élues à la suite d’un processus démocratique exemplaire, s’emploient à les surmonter et en appellent pour cela elles aussi à l’unité nationale dans l’effort. Nous avons, vous avez, votre pierre, votre contribution, à apporter à l’édifice national mais aussi européen.
Car notre avenir ne peut pas être fondé sur le repli sur soi. Dans un monde de plus en plus interdépendant, la France doit garder sa place, son rôle et sa grandeur. Elle a vocation à rayonner au-delà de ses frontières hexagonales, pour aider à bâtir un monde meilleur, plus juste et plus respectueux de notre environnement.
Vous êtes, comme tous les français de l’étranger, le fer de lance de cette volonté de rayonnement de notre pays. Soyez en fiers, soyez fiers d’appartenir à la République française, qui porte au-delà de ses frontières et jusqu’ici, au cœur de l’Afrique, sa devise emblématique : Liberté, Egalité, Fraternité. Soyons dignes de cette ambition et cultivons avec nos amis congolais, qui nous accueillent sur leur sol, cette Fraternité sans laquelle aucune paix et aucun développement ne sont possibles.
Je concluerai mon propos en vous souhaitant à toutes et à tous une agréable soirée, qui sera agrémentée, au-delà des mets préparés par Noël Camillieri et son équipe, par la chorale des Enchanteurs, par l’orchestre Jafroz, mais aussi par un spectacle qui va vous être proposé dans quelques instants et qui fait suite à une série de manifestations dans les différents quartiers de Kinshasa, « 7 jours à Kin », dont la dernière étape est ici ce soir, dans les jardins de la Résidence. Merci à tous ceux qui ont permis l’organisation des ces « 7 jours à Kin », qui s’inscrivent dans le cadre des nombreux évènements culturels co-organisés par la France et la RDC à l’occasion de cette année francophone.
Que vive la RDC, que vive la coopération franco-congolaise, que vive la francophonie.
Je vous remercie.

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