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mardi 3 février 2015

Rd Congo : Le signal Internet a été rétabli partiellement au terme de deux semaines d’interruption

Le signal Internet a été remis le 31 janvier 2015 après qu’il ait été interrompu le 20 janvier 2015 à la suite des manifestations anti-régime projetées par l’opposition le 19 janvier pour protester contre le projet de loi électoral en discussion à l’Assemblée nationale. Pour des raisons d’ordre sécuritaire, le gouvernement avait décidé de couper la connexion Internet sur l’ensemble du territoire national.
Mais les conséquences de cette interruption ont été énormes sur tous les plans. Pour l’éditeur du quotidien « Le Phare », Polydor Muboyayi, qu’il est évident qu’aujourd’hui la Rdc n’est pas un îlot puisque nous travaillons en connexion avec l’extérieur et nous devons vérifier un certain nombre d’informations et pas seulement sur le plan international mais aussi sur le plan interne. Lorsque vous recevez l’information concernant l’intérieur du pays, vous devez procéder à des recoupements et tout ça nous utilisons l’Internet. Il n’y pas que cela. La plupart des médias qu’ils soient des médias audiovisuels ou écrits ont des sites Web.
Donc, pour envoyer et poster des informations sur des sites Web, ça passe nécessairement par l’Internet. Donc, nous avons subi un préjudice qui est réel.
Si au moment où tout le monde regarde en avant et évolue avec des nouvelles technologies de l’information et de la communication, si nous nous devons encore nous tourner vers les techniques de l’époque de la « Pierre taillée » dans le domaine des médias, je pense que c’est un préjudice réel pour les médias congolais. Nous pensons et espérons que cette situation ne va pas perdurer et que dans les meilleurs délais cela sera rétabli et que nous pourrions travailler dans les conditions les meilleurs, avait déclaré Muboyayi.
L’éditeur du quotidien « La prospérité », Marcel Ngoyi a enchaîné qu’il n’est pas possible à l’instant à faire un journal à jour, un journal d’actualité sans la connexion Internet. Nous avons des sites qui sont régulièrement mis à jour. Les organes de presse modernes aujourd’hui sont en double version, papier et électronique. Nous ne pouvons pas faire la mise à jour sans Internet. Ça fait à la fois un double préjudice pour les lecteurs mais aussi pour les internautes. Nous avons des contrats qui sont préjudiciés parce que les annonceurs qui viennent chez nous et qui ne trouvent pas notre site à jour c’est un préjudice pour eux également. Depuis mardi 20 janvier 2015 les courriels, les dépêches que nous recevons  transitent par Internet. Je ne voudrais pas parler des entreprises comme les banques et les sociétés de télécommunication. Au niveau des médias, ça a un impact négatif considérable.
S’il y a moyen de faire quelque chose c’est d’endiguer les pratiques négatives en amont. Ce n’est pas parce qu’il y a eu des manifestations qu’il faut généraliser. Tout le monde n’est pas Kuluna, badaud ou manifestant. Les médias ont un rôle à jouer pour désamorcer tout ça. A la limite on aurait donné aux médias un accès ou une ouverture. Le journal joue le rôle de lampe témoin dans une société. Lorsqu’il y a un trou noir ce sont des médias qui jouent le rôle de lampe témoin.
Patient Ligodi, expert et communication et responsable de la Radio Univers Fm indiquait que le premier changement que les internautes allaient constater que tout le monde va se défouler sur Internet. Même ceux qui n’étaient pas intéressés par la question liée à la révision de la loi électorale vont vouloir se défouler sur la toile. Le contexte s’y prête bien puisque la configuration générale de Facebook est que tout le monde a la parole, tout le monde se sent important et tout le monde veut s’exprimer.
Le premier comportement qui sera observé, ce que même ceux-là qui ne font pas partie de ce mouvement de contestation qui revendiquent dans la rue, tout le monde va devoir dire quelque chose. Du moins d’abord c’est de fustiger le fait que l’Internet a été coupé et que tout le monde aura un mot à dire.
Le deuxième comportement. Ceux qui travaillent, notamment je ne parle pas des réseaux sociaux, pour les mails et pour tout ce qui concerne l’utilisation professionnelle d’Internet, il y a un retard considérable que nous avons accumulé. Et que beaucoup d’internautes vont tenter de récupérer puisque nous avons deux semaines de retard dans nos boites que nous allons essayer d’exploiter. Ça sera laborieux puisque nous ne savons pas combien avons-nous perdu en tant qu’utilisateurs ou professionnels tout en restant déconnectés pendant deux semaines.
Il y a de ceux-là qui attendaient des informations pour certaines activités ont dû attendre pour faire ce qu’ils devaient faire. Parmi eux, on compte des étudiants qui attendaient des visas pour aller à l’étranger. Ç’a pris deux semaines avec plusieurs conséquences. Un autre phénomène à constater du côté gouvernement, il n’aura plus d’autres possibilités que de couper l’Internet parce que les internautes ont développé des mécanismes d’autodéfense.
Depuis un certain temps, on remarque qu’il y a plusieurs applications qui ont été utilisées en Syrie, en Hong Kong et en Turquie contre les cyberattaques qui sont visibles sur Facebook pour contourner la censure. Ces applications vont être téléchargées par des utilisateurs dans leurs téléphones, ordinateurs pour leur permettre de dévier cette censure si jamais elle aura encore lieu. Ceux qui ont pris cette décision de couper l’Internet n’ont pas réfléchi suffisamment sur les conséquences futures de cette action. Pour contourner la censure sur l’Internet maintenant c’est très facile, il y a de petites applications que les internautes ont utilisées en Egypte, en Libye pour contourner les coupures éventuelles de l’Internet.
L’économiste Al Kitenge pense que l’Etat congolais ne s’est jamais posé la question à quel point l’Internet impliquait des conséquences positives et négatives dans la vie de tous les jours et ce y compris l’économie. Je pense que cette opportunité est bien faite pour que les services de renseignements et les services des ministères se posent la question réelle sur ce nouveau moteur de l’économie qui se trouve être l’Internet.
J’en appelle donc à une discussion de citoyenneté entre les détenteurs du pouvoir, entre les détenteurs politiques et la communauté nationale. Je voudrais vous informer qu’à partir du moment où l’on a brutalement arrêté le signal de l’Internet il y a de grandes sociétés comme les sociétés du secteur banquier et financier qui se sont retrouvées bloquées. Le seul qui ne s’est pas trouvé bloqué c’est l’Etat congolais lui-même parce qu’il est très peu utilisateur de l’Internet. Ça devrait nous interpeller.
La deuxième série, ce sont de petites et moyennes entreprises qui travaillent en grande partie avec des partenaires qui sont à l’étranger. C’est très malheureux il y en a beaucoup qui se sont tout simplement arrêté. Et donc, étant donné que malheureusement les statistiques ne sont pas très fiables dans ce pays. Mais la troisième de chose qui est beaucoup plus importante que c’est le signal que l’on donne au monde entier. Le monde entier est train d’aller vers la connectivité permanente, ça veut dire la connectivité totale au niveau de l’utilisation de l’Internet dans la manière de gérer au quotidien. Il est difficile d’imaginer qu’un pays comme le nôtre qui peut à n’importe quel moment arrêter le signal, accueillir les investisseurs dans le secteur. Il est important que nous nous rendions compte c’est un très mauvais message que nous avons envoyé à la communauté internationale et à la communauté d’opérateurs économiques. Je voudrais vous donner des illustrations c’est par exemple, le guichet unique de l’Ofida est complètement bloqué simplement parce que c’est un des rares points où l’Etat a pu absorber un certain degré de technologie, a conclue Al Kitenge. 

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