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mardi 3 octobre 2023

Denis Mukwege Mukengere : « Si votre vote a été volé, vous avez le droit de faire une révolution démocratique »

Le Dr Denis Mukwege Mukengere, 68 ans, a déposé le 3 octobre 2023  sa candidature moins de 24 heures après l’annonce de sa candidature à la présidentielle de décembre 2023. Poussé par ses partisans à se lancer dans la course, il a reçu le 16 septembre 2023 la somme de 100.000 dollars américains comme caution pour tout dépôt de candidature à la présidentielle. 

Pourquoi maintenant s’engage-t-il en politique et surtout en postulant à la présidentielle, Denis Mukwege pense que « notre pays va très mal. Il va très mal sur plusieurs plans. Aujourd’hui, nous sommes devant une crise existentielle puisque notre pays est occupé par des pays étrangers. Nous avons plus de 100 groupes armés à l’Est de la RDC. Je crois que dans ces conditions où on ne gère plus l’intégrité territoriale de notre pays, il y a urgence ».

Il y a urgence pense-t-il parce que les richesses du pays sont bradées. « Nous vivons dans une situation de prédation sans précédent. Alors que tout le monde déclare que l’avenir de la planète est en République Démocratique du Congo. Malheureusement le Congolais, lui, vit dans des conditions inhumaines. Ce n’est plus tolérable que la RDC puisse être toujours la source du développement de notre planète en commençant par des véhicules avec des pneus de caoutchouc. Nous avions perdu plus de 10 millions de personnes. Après la bombe atomique, c’est l’uranium congolais qui a été utilisé durant le seconde guerre mondiale.

Le développement électronique, c’est le coltan congolais. Demain ça sera la cobalt congolais pour la transition énergétique. Devant cette situation, « nous ne pouvons plus continuer à rester indifférents et laisser les autres gérer notre patrimoine et nos ressources en nous privant de tout. Le Congolais a toujours répondu absent par rapport à tout ce développement. C’est urgent de faire la part de choses, mettre tout simplement le Congolais en orbite pour qu’il soit le gestionnaire de ses biens.

 

*Tête à tête Denis Kadima et Denis Mukwege*

Avant de déposer son dossier, le Dr Denis Mukwege et le président de la Céni Denis Kadima ont eu un entretien qui a tourné sur le processus électoral en cours en République Démocratique du Congo.

« Nous avons fait le tour d’horizon par rapport au cycle électoral. C’était tout à fait normal qu’il puisse nous donner son point de vue en ce qui concerne l’organisation des élections. Je pense que le président de la Céni est dans la position où il doit donner son point de vue. Mais je crois qu’il appartient aussi à tout citoyen de pouvoir juger la qualité du processus électoral. La finalité des élections, c’est le résultat qui compte. C’est ce que nous attendons, c’est de voir comment ce processus va aboutir ».

Si ce sont les meilleurs qui gagnent, on va les applaudir, assène le réparateur des femmes. « Si c’est le contraire, on dira que nous ne sommes pas d’accord. Nous, nous avons décidé de s’engager dans ce processus malgré tout ce qui se dit. C’est puisque nous croyons à la capacité du peuple congolais de pouvoir non pas seulement d’aller voter mais aussi à la capacité de défendre son vote. Et donc, si le peuple va défendre son vote, nous disons tout simplement peuple congolais : si vous n’êtes pas d’accord avec la qualité de cycle électoral, indignez-vous, résister et nous disons même que si votre vote a été volé, vous avez le droit de faire une révolution démocratique ».

Le réparateur des femmes est d’avis que le Congolais ne peut plus continuer à accepter ce qui s’est passé dans les trois premiers cycles électoraux de se répéter  pendant ce cycle. Sinon, la République Démocratique du Congo entre dans un système où tout le monde pense que les élections ne servent plus à rien.

Pour le prix Nobel de la paix 2018, le fait de déposer sa candidature, de prendre la décision, de quitter son confort, c’est déjà une victoire pour lui. « Je suis dans la position où je me dis, écouter c’est maintenant au peuple de décider. Le peuple aura le choix aujourd'hui entre l’axe que nous avons et tout ce que nous subissons. Je considère que le peuple congolais vit dans une forme d’esclavage qui ne dit pas son nom. On ne peut pas être dans un pays si riche qu’est la République Démocratique du Congo, ne pas être en mesure de manger, pas de routes, pas de possibilité de donner à nos enfants une éducation correcte ».

Dr Denis Mukwege Mukengere croit que le Congolais vit une forme d’esclavage. Le peuple congolais aura le choix de faire une rupture avec ce système qui a trop duré et de s'engager sur un nouveau système qui permet au peuple de s’exprimer et qu’il puisse jouir de ses ressources. C’est un choix que le peuple devra faire.

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