APO

lundi 2 mars 2015

Entretien avec Linda Thomas-Greenfield, Secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines

Le 25 février 2015 avec les médias
MODERATEUR : Bienvenue sur LiveAtState, la conférence de presse internationale et interactive du gouvernement des États-Unis. Nous avons reçu des questions de toute l'Afrique au cours des semaines passées et si vous n’avez pas encore eu l’opportunité de poser vos questions, vous pouvez le faire dans le coin inférieur gauche de votre écran. Si vous avez des problèmes techniques, vous pouvez envoyer vos questions par email à live@state.gov. Malheureusement, l’interprétation simultanée en français et en portugais n’est pas disponible, mais nous pourrons vous fournir une transcription juste après la présentation. J’aimerais accueillir de manière particulière nos participants de tout le continent africain, en particulier de nos ambassades d'Angola, du Burkina Faso, du Tchad, de la République Démocratique du Congo, d'Éthiopie, du Gabon, de Guinée, du Kenya, de Madagascar, du Sénégal, d’Afrique du sud, du Nigéria et du Togo.
Nous avons avec nous ce soir, pour la sixième fois sur LiveAtState, une personne qui travaille aux affaires étrangères depuis 32 ans et qui est actuellement secrétaire adjointe aux affaires africaines, Linda Thomas Griffin. Merci beaucoup d'être présente ce soir.

LINDA THOMAS GRIFFIN : Merci, je suis très heureuse d’être présente. Est-ce que je commence ?

MODERATEUR : Oui, allez-y.

LINDA THOMAS GRIFFIN : Et bien j'aimerais vous accueillir et vous Michael, étant donné que c'est la sixième fois que je suis là et c'est la première fois que je suis avec vous. J’aimerais déjà souhaiter la bienvenue à tous nos collègues qui viennent de toute l'Afrique. Je suis très heureuse d'être ici avec vous aujourd'hui, et vous savez, c'est une double opportunité aujourd'hui puisque nous avons le secrétaire adjoint d’État aux affaires publiques, Doug Frantz, qui sera avec nous tout à l’heure. Nous avons beaucoup de choses à mentionner aujourd’hui, les élections à venir, le sommet UA-UE, la sécurité régionale, les difficultés économiques et les opportunités parce que cette année va représenter beaucoup d'opportunités pour les peuples, pour les nations d'Afrique, en particulier en ce qui concerne les élections. De nombreux pays africains vont se rendre aux urnes au cours des mois à venir, donc il est important de parler du rôle de la presse internationale, et pour le soutien d’élections dans la paix et dans l’équité. Ceci d’ailleurs s’applique au monde entier, y compris ici, aux États-Unis. Au cours du mois dernier, je me suis rendue à Addis en tant qu'observatrice lors du sommet de l'Union africaine et à Washington nous avons accueilli différents membres de la société civile et de différents gouvernements dont 13 pays qui étaient représentés, et d'autres pays du monde entier, et nous avons donc parlé de la lutte contre l’extrémisme violent. Ces opportunités sont d’excellentes opportunités pour les États-Unis de renforcer notre partenariat dans ce domaine. Nous parlons de questions très complexes ici, qu’ ‘il s’agisse de l’intégration économique, de fournir des opportunités pour les générations à venir, et pour parler des menaces à la sécurité transnationale. Il n’y a pas une seule organisation ou une seule nation qui puisse s'attaquer à ces problèmes seule. Donc notre réponse doit être collective et la meilleure manière de faire des progrès vers nos buts, c’est de travailler ensemble à des solutions à long terme. Ceci étant, je vais m’arrêter là et donc je vais écouter vos questions.

MODERATEUR : Première question du Nigéria. Aboubé demande : quel est le rôle du gouvernement des États-Unis pour encourager le vote électronique et pour éliminer la fraude dans le processus électoral en Afrique ?

LINDA THOMAS GRIFFIN : Excellente question pour commencer. Comme vous le savez, la promotion d’élections dans la paix, dans la transparence et l’équité sur le continent africain est une haute priorité pour les États-Unis. Donc nous avons appuyé le travail de la commission électorale nationale du Nigéria au fur et à mesure de leur progrès vers un processus électronique. Nous les aidons en ce sens depuis 1999 et nous allons continuer de le faire. Il semble qu'actuellement, nous avons 75% des cartes, des bulletins de vote,  pardon, qui sont disponibles et nous espérons que d’ici le 8 mars d’autres bulletins soient rassemblés, et d’ailleurs nous encourageons tous ceux qui écoutent actuellement à aller chercher ces bulletins de vote. Cette élection est une élection cruciale pour l’Afrique. Nous l’observons de près. Elle aura lieu au 28 mars et je vous y retrouverai.
MODERATEUR : Question suivante du Sénégal de la part de Christine. À l’époque où l’Union africaine s’appuyant sur les organisations régionales africaines travaillent pour mettre en place une force d'intervention opérationnelle, quelle doit être l'aide des États-Unis ? Est-ce que c’est une aide directe, ou est-ce qu’il s’agit d’une aide par le biais des Nations Unies, surtout en ce qui concerne le maintien de la paix ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Excellente question Christine, d’ailleurs nous travaillons de manière très étroite avec l’Union africaine, au fur et à mesure qu’ils avancent vers ces efforts de maintien de la paix. Nous avons travaillé en Somalie avec la MESA, nous  avons travaillé avec l’Union africaine dans le cadre des efforts de maintien de la paix jusqu’au transfert qui a été fait et nous avons beaucoup travaillé pour soutenir les efforts contre le Boko Haram. Donc en fait nos efforts sont multiples. Nous travaillons directement avec l’Union africaine. Nous travaillons au soutien bilatéral avec des pays qui apportent leur contribution aux efforts de maintien de la paix. Nous travaillons avec les Nations unies s’il s’agit d’un groupe de travail de maintien de la paix des Nations Unies. Donc nous n’avons pas une seule approche, mais ce que j’aimerais vous dire, c’est que nous soutenons les efforts des pays africains dans le maintien de la paix. Et l’Afrique est un excellent partenaire au cours de ces dernières années.
MODERATEUR : Richard de la RDC. Les mandats de certains chefs de gouvernement se terminent cette année ou l’année prochaine. Il y a des politiciens pro-Kabila qui pensent que les États-Unis exercent une pression un peu trop intense sur Kabila. Pourquoi est-ce que les  États-Unis pensent que Kabila doit se retirer quoi qu’il en coûte ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Vous savez, ce genre de décision dépend de la constitution des pays africains. Notre politique est une politique de soutien aux limites aux mandats et de soutien parce que cela représente en fait la volonté du peuple africain. Donc nous ne sommes pas en train de mettre la pression sur M. Kabila, mais nous vous demandons d’honorer votre constitution, parce que c’est ce que nous disent les peuples d’Afrique, c’est ce qu’ils désirent, et dans tous les sondages nous voyons que les peuples africains préfèrent la transition. Encore une fois, il s’agit d’une politique très large que nous appuyons au niveau mondial, pas seulement en RDC mais dans le monde entier.
MODERATEUR : Jean au Gabon. Quel est le soutien militaire que le gouvernement du Nigéria reçoit des États-Unis dans sa lutte contre le Boko Haram ? Est-ce que votre gouvernement prévoit d'aider les pays tels que le Tchad et le Cameroun ? Quelle est l’aide qui leur est apportée ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors, j’aimerais commencer par présenter mes condoléances à toutes les personnes qui dans la région ont perdu des vies. Donc toutes ces personnes qui ont été affectées par le Boko Haram. Nous travaillons avec le gouvernement du Nigéria depuis plus d’un an, même plus longtemps que ça dans leur lutte contre le Boko Haram.  Nous leur avons fourni de la formation, des équipements ainsi que des informations par le biais de nos programmes de partage des informations. Nous sommes très impliqués dans les cellules de fusion d’informations qui existent et nous travaillons également de manière très étroite avec les pays voisins et d’ailleurs je loue la décision qui a été prise lors du sommet de l’Union africaine de soutenir la force de travail dans la région en termes de la lutte contre le Boko Haram.  J’ai rencontré vos présidents. J’ai rencontré vos ministres des Affaires étrangères qui étaient présents ici l’année dernière. Nous soutenons le Cameroun dans son travail. D’ailleurs cette semaine nous avons envoyé de l'équipement et nous sommes en train de considérer différentes demandes qui nous ont été faites par vos gouvernements, ainsi que par d'autres gouvernements de la région. Nous souhaitons soutenir leurs efforts dans la lutte contre la terreur qui est perpétrée par le Boko Haram dans toute la région. Nous nous engageons à nous assurer que ces efforts réussissent. 
MODERATEUR : Question suivante du Kenya, de Margaux Kesser, freelancer. Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui se passe en termes d’implication des États-Unis dans le maintien de la paix au Sud Soudan, dans le processus de paix plutôt.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors, j’aimerais dire que les efforts par le gouvernement Gade et surtout par le ministre de l'Éthiopie pour trouver une solution à cette situation au Sud Soudan sont louables, et nous avons travaillé de manière très étroite avec le gouvernement de la région pour aider à trouver une solution de paix dans la région. Je dois dire que nous avons été déçus parce qu’actuellement le processus de négociation est en perte de vitesse. Notre envoyé spécial, l’ambassadeur Don Booth est dans la région et il travaille en étroite collaboration avec les négociateurs Igades pour les aider à trouver un moyen de ramener les différentes parties à la négociation à la table de discussion. Mais je dois dire que leurs agissements nous ont déçus, en dépit de tous les efforts qui avaient été faits pour essayer de trouver une solution pour ramener la paix. La guerre au Sud Soudan a un impact énorme sur les peuples du Sud Soudan. Et les millions de personnes qui ont dû quitter leur domicile, les réfugiés, sont de plus en plus nombreux et il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas en mesure de cultiver leurs terres ou d'envoyer leurs enfants à l'école à cause des agissements de certains individus ou de certains partis qui se disputent au Sud Soudan.
MODERATEUR : Question suivante de l'Ambassade d'Angola, Alexander Kosseki, journaliste à TVTPA. Quel est l’engagement des États-Unis dans la lutte contre l’Ébola ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors merci pour cette question, parce que cette lutte contre l’Ébola, c’est une lutte qui nécessite tous nos efforts, et je dois dire que nous sommes très fiers de ce que nous avons réussi à faire aux États-Unis et lorsque la décision a été prise de déployer des troupes pour aider dans ces efforts au Libéria, et bien cela vraiment a donné une impulsion à toute la communauté internationale. Nous avons travaillé de manière étroite avec d’autres entités, des gouvernements, le gouvernement du Libéria, les Nations Unie, pour trouver un moyen de mettre un terme à l'épidémie de l’Ébola en Afrique du Sud. Je suis très heureuse de voir que nous en sommes à un point où il y a moins de 10 cas, mais il y a encore du travail à faire puisque ces différents pays doivent en arriver à avoir zéro cas. Et puis il faut également pouvoir s’assurer qu’il n’y ait pas d’autre épidémie d’Ébola. Par le biais de l’USA nous avons plus de 10 000 personnes qui sont aidées financièrement. Le CDC a déployé plus de 200 personnes et nous allons continuer de travailler dans la région jusqu’à ce que tout soit terminé. Notre engagement est total et nous ne partirons pas tant que tout n’est pas terminé.
MODERATEUR : Nicolas Champon de RFI France demande : Certains observateurs ont dit que la démission de Russ Feingold en tant qu’envoyé des États-Unis dans la région des Grands Lacs signifiera que la président de la RDC sera moins sous pression et que la situation sera moins observée par Washington et que cela aura un impact sur les élections.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors j’aimerais commencer par déjà remercier le sénateur Feingold pour tout son travail, pour tout ce qu’il a fait pour que nous puissions en arriver au point où nous sommes actuellement, pressés de trouver une solution dans la région des grands lacs, et j’aimerais répondre de manière catégorique à votre question. Notre engagement va se poursuivre. Donc le Sénateur Feingold  nous a amenés jusqu’à un certain point, mais ce qu’il faisait c'était de suivre les instructions du secrétaire, et je suis toujours engagée, le secrétaire est toujours engagé à trouver une solution pour faire pression sur les gouvernements dans la région pour que les bonnes décisions soient prises. Nous allons poursuivre nos efforts en ce sens et bien sûr nous sommes déçus de ne plus avoir la voix du Sénateur Feingold pour porter notre message, mais un autre envoyé sera nommé et cette personne continuera de faire passer le même message et d’agir de la même manière que ce qu’a pu faire le Sénateur  Feingold .
MODERATEUR : Daniel, d’Angola National Radio, pose la question suivante : Quel est le point de vue des États-Unis sur la lutte contre le terrorisme en Afrique ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Notre engagement est total. Je vous l’ai dit, nous avons tenu une conférence sur la lutte contre l’extrémisme violent la semaine dernière et nous avons rassemblé 13 pays africains ainsi que l’Union africaine ainsi que d’autres pays du monde entier pour justement discuter de notre partenariat, ensemble, dans la lutte contre le terrorisme, pas seulement en Afrique mais dans le monde entier. La question de l'Afrique est une question qui nous préoccupe beaucoup. C'est une priorité pour nous. Nous travaillons de manière étroite en Somalie avec nos partenaires dans la lutte contre Al-Shabaab. Nous soutenons le travail en Afrique du Sud dans la lutte contre le Boko Haram. Nous travaillons avec des partenaires au Mali, au Niger, en Algérie, en Mauritanie pour lutter contre Al-Qaim et nous allons continuer d’investir dans le soutien à nos amis et nos partenaires africains pour nous assurer de mettre un terme à ces attaques terroristes qui ont un impact négatif sur la croissance, qui ont un impact négatif sur la paix et sur la sécurité et qui empêchent les jeunes d’atteindre leurs objectifs en termes d’éducation et de prospérité sur le continent. Notre engagement est très fort, et encore une fois, c’est un travail que nous ne pouvons pas faire seuls et que les pays africains ne peuvent pas faire seuls. Nous devons travailler ensemble. 
MODERATEUR : Théodore de l’Ambassade du Burkina Faso : Quelle est la vision des États-Unis pour l’Afrique d’ici 2020 ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Je crois que notre vision est claire. Notre vision, c'est la vision africaine. C'est une vision de paix. C'est une vision de sécurité. C'est une vision de prospérité. Et pour y arriver, nous devons continuer d’être engagés par rapport à la gouvernance, d’être  engagés par rapport à la transparence, et par rapport à la fin de la corruption afin d'aider à bâtir des économies en Afrique qui fournissent des emplois qui permettent la prospérité de tous les peuples africains. C'est un travail difficile, c'est l’adhésion que nous avons aujourd’hui, et ce n’est pas quelque chose que nous pourrons accomplir du jour au lendemain. J’espère que d’ici 2020 nous pourrons revoir cette vision commencer à se développer et à devenir quelque chose de concret sur le continent africain.
MODERATEUR : Autre question de notre participant d’Addis-Abeba. Néo d’Afro FM. Est-ce que les États-Unis sont prêts à aider et à stabiliser toute instabilité qui pourrait se produire dans les processus d’élection dans les différents pays d’Afrique ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Comme vous le savez, en 2015 et en 2016, il y a plus d'une douzaines d'élections qui auront lieu sur le continent africain, et nous travaillons en étroite collaboration dans les différents pays où il y a des élections qui auront lieu pour assurer la paix pendant les élections pour assurer qu'il y a transparence, qu'il y a liberté, et pour que ces élections reflètent le point de vue des peuples qui se rendront aux urnes. Il y a dans l'immédiat les élections au Nigéria et nous avons beaucoup travaillé avec la Commission indépendante sur les élections au Nigéria. Vous savez peut-être que j’ai parlé au Président Djega la semaine dernière pour l’encourager dans son travail, afin qu’il poursuive son travail de soutien aux élections dans le Nigéria. Et c’est quelque chose que nous ferons dans tout le continent. Nous serons présents dans les différents pays,  par le biais de nos Ambassades, nous serons présents auprès des partis politiques pour apporter notre soutien, pour fournir l'éducation aux citoyens qui voteront pendant les élections. Nous serons présents dans tous les cas sans exception pour nous assurer que tout ce que nous pouvons faire, tout ce qui est possible soit fait pour donc soutenir la transparence des élections.
MODERATEUR : Autre question de Kevin Kelly. Est-ce que les États-Unis reconsidéreront leur avertissement aux voyageurs étant donné la chute du tourisme dans la région, et est-ce que vous pensez que ce conseil aux voyageurs a un impact sur le terrorisme, un impact négatif, étant donné la perte d'emploi dû à la chute du tourisme ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors je vais d’abord répondre à la dernière partie de votre question. Je ne pense pas, d’ailleurs je vous le dis de manière catégorique, nos conseils aux voyageurs ne contribuent pas à la participation des gens au terrorisme. Et nous regrettons tout impact que ces avertissements peuvent avoir. La solution, c'est la sécurité. La solution, c'est s'assurer que lorsque des citoyens américains ou des citoyens de n'importe où dans le monde se rendent dans n’importe quel pays du monde, qu’ils se sentent en sécurité. Nous avons une responsabilité en tant que gouvernement des États-Unis, d'avertir nos citoyens et de leur dire que s'il y a des risques en termes de sécurité dans les pays dans lesquels ils se rendent, c’est quelque chose de légal, de juridique. Il n'y a pas de compromis possible. Et nous ne visons pas un pays spécifique. Nous ne visons pas le Kenya. Si vous vous rendez sur notre site Web, vous verrez que nous avons des conseils aux voyageurs, des avertissements dans le monde entier. Ceci est important pour que les citoyens puissent assumer la responsabilité de leur sécurité en sachant ce qui se passe dans les pays. Encore une fois en termes d'impact, c'est quelque chose qui est regrettable. Nous souhaitons travailler avec le gouvernement du Kenya pour aider à améliorer la sécurité sur la cote de manière à ce qu’il n’y ait pas ces attaques, qu’il n’y ait pas de possibilité que les gens soient en danger lorsqu’ils se rendent en vacances. Mais tant qu’il existe ce risque, en termes de sécurité, nous nous devons d’avertir nos citoyens.
MODERATEUR : Autre question du Kenya de Mohammed Adou, Ostar Newspaper. Le président Obama a nommé un ambassadeur en Somalie depuis 5 ans. Pourquoi maintenant, l'Ambassade sera basée à Nairobi ? Pourquoi pas dans un autre pays comme l’Éthiopie, ou Djibouti ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors j’aimerais dire, pourquoi pas, maintenant ? Il est grand temps, cela fait plus de 20 ans. Donc moi j'ai été très heureuse hier de voir qu’enfin nous pouvions annoncer cette nouvelle Ambassade. Ceci est un signe que la situation s’améliore et ceci indique que nous sommes confiants que le pays est sur la bonne voie. Donc encore une fois, pour moi c'est quelque chose de positif et donc ma réponse, c'est "Pourquoi pas?" maintenant. Maintenant, quant à la question du lieu de l'Ambassade, le Kenya est un lieu facile d'accès pour nous et facile pour envoyer les gens à partir du Kenya vers la Somalie. J’espère à long terme que nous allons ouvrir une Ambassade en Somalie et que nous n’aurons plus besoin d'avoir cette Ambassade en exil. Mais c'est un signe positif. C'est un signe que nous avançons dans le bon sens, que la Somalie avance dans le bon sens. Bien sûr, on n'en est pas à une situation positive à 100% et c'est la raison pour laquelle cette Ambassadeur n'est pas envoyé physiquement en Somalie, mais l'Ambassadeur se rendra de manière régulière sur place pour entrer en lien avec le gouvernement et le peuple de manière beaucoup plus régulière.
MODERATEUR : Encore au Kenya, autre question de radio Ergo de la part de Mohammed. La corruption force les gens à rejoindre des gangs. Est-ce qu’on pourrait faire quelque chose par rapport à ça ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : La corruption comme je vous l’ai déjà dit, c'est un cancer dans toute l'Afrique. Et la corruption a empêché l'Afrique de réellement avancer dans ce siècle. En termes d'éducation, En termes d’infrastructures et en termes de croissance. Et il y a beaucoup de personnes dans tout le continent qui sont affectées par des dizaines de milliards de dollars qui ont été volés de leur économie. Suite au Sommet africain, ou plutôt pendant le sommet, il a été annoncé une initiative sur les finances illicites et nous travaillons avec les pays d'Afrique afin de les aider à s'occuper de la question de la corruption. Le gouvernement du Sénégal s'est mis d'accord pour travailler avec nous dans ce domaine et nous travaillons avec l'UA. Il y a une commission à très haut niveau qui a analysé ces questions sous la présidence de l'ancien président Mbeki. De toute évidence cela a un impact très négatif sur l’Afrique. Nous devons tous y travailler. C’est quelque chose qui doit attirer l’attention des populations, de la presse également qui doit pouvoir dénoncer ce genre de choses. Mais ce qui est important, c’est que lorsque les peuples se rendent aux urnes, qu’ils votent contre la corruption. Qu’ils élisent les politiciens qui ne soutiennent pas la poursuite de cette corruption dans leurs économies, qui a conduit à d'énormes problèmes éducatifs. Lorsqu'il n'est plus possible d'obtenir une bonne éducation, lorsqu'il y a un impact sur l'emploi, nous avons par exemple au sein de notre programme Diali qu’il y a eu plus de 50 000 jeunes qui se sont portés candidats, 30 000 cette année. Nous allons bientôt annoncer les 500 jeunes qui vont être sélectionné au sein de cette bourse Mandela pour ce programme. Nous voyons qu’il y a un nombre incalculable de jeunes qui se rendent sur le site du programme. Je ne suis pas d’accord pour dire que la corruption pousse les gens à s’impliquer dans la criminalité.  En fait, cela pousse les jeunes à s’impliquer, à prendre position contre la corruption pour qu’ils puissent justement s’assurer que cette souffrance dont ils sont victimes ne se poursuive pas à la génération suivante.
MODERATEUR : Nous passons à Madagascar et nous allons parler de la faune et la flore. Jacky demande : il y a des records en termes de violation par rapport aux exports de faune et de flore, je donne des exemples, le bois de rose, les tortues, les hippocampes, etc. Qu'est-ce que vous faites par rapport à ça ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Encore une fois, lors du sommet de dirigeants africains, nous avons eu toute une séance sur la faune et la flore, et la protection de la faune et la flore et nous travaillons étroitement avec les dirigeants africains dans le cadre de cette initiative pour lutter contre le trafic. Je sais qu’à Madagascar, il y a eu beaucoup de travail par le biais du fonds sur le bois de rose, et ils s’assurent de faire tout leur possible pour mettre un terme à ces trafics. Nous essayons de voir comment mieux travailler avec d'autres gouvernements tels que le gouvernement de Chine ou autres afin d'aider les pays africains à traiter ce problème.

MODERATEUR : Question suivante sur le Sud Soudan de Kevin Kelly. Est-ce que les États-Unis vont proposer une résolution au conseil de sécurité des Nations Unies pour un embargo sur les exportations d’armes ? Quand est-ce que les États-Unis vont mettre en place des mesures positives contre ceux qui gâchent les cessez le feu et qui empêchent les progrès vers la paix.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Les Nations Unies en tant qu’organisation considèrent de manière très intense. Comment mettre en place des mesures punitives contre le Sud Soudan ? Nous avons déjà puni certains individus et nous pouvons en punir d’autres qui font obstacle au processus de paix au Sud Soudan. Nous allons continuer de dialoguer avec les pays voisins du Sud Soudan pour voir comment eux, également, peuvent participer dans ces efforts pour faire comprendre à ceux qui sont impliqués dans la guerre qu'il est inacceptable de continuer d'agir de la sorte. Et nous allons essayer de nous assurer de les rendre responsables de leurs actions.
MODERATEUR : Question suivante de Dakar, de Frankie Tagger de l’AFP. Les États-Unis sont en train de diminuer leurs opérations militaires dans la lutte contre l’Ébola en Afrique de l’Ouest. Il y a eu une réussite absolue mais cette relation n’a pas toujours été bonne avec le Libéria. Je ne sais pas si vous connaissez James Simmons qui parle de l’histoire du Liberia et des anciens esclaves. Il décrit le Libéria comme le batard oublié des États-Unis, qui a été négligé par les États-Unis. Comment est-ce que vous caractériseriez la relation du Libéria et des États-Unis ? Est-ce que les États-Unis pensent avoir une relation de responsabilité morale étant donné l’historique de la relation, et est-ce que le pays est considéré comme lieu stratégique du point de vue militaire ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Alors je ne sais pas si je vais pouvoir me souvenir de toutes ces questions, mais j’aimerais commencer par dire que j’étais ambassadrice pendant quatre ans pratiquement au Libéria et la présidente Sirleaf est d’ailleurs présente à Washington cette semaine. Nous aurons une série de réunions avec elle pour réaffirmer notre relation, notre partenariat avec ce pays. Vous avez tout à fait raison. Les efforts des États-Unis dans la lutte contre l’Ébola ont connu une excellente réussite. Nous avions plus de 2 800 troupes qui avaient été déployées en Afrique de l’Ouest, qui ont accompli leur travail. Nous sommes en phase de transition, nous ne tournons pas le dos mais nous sommes en phase de transition vers une opération par des civils, avec un soutien à plus de 10 000 civils qui travaillent dans la région et nous allons continuer de travailler avec ces pays. Nous ne pouvons pas changer l’histoire du Libéria, mais nous pouvons changer l’avenir du Libéria et nous travaillons de manière très étroite avec le gouvernement pour nous assurer qu’ils restent dans la bonne voie, qu’ils continuent de bâtir leur démocratie, et de promouvoir des opportunités pour le peuple et je crois que le peuple du Libéria va continuer de voir le soutien du gouvernement des États-Unis. Le Liberia a une histoire difficile. Il y a eu plus de 0 ans de conflit, et suite à ce conflit, ils se sont trouvés confrontés à l'Ébola. Donc très lentement ils commencent à sortir de cette maladie et nous travaillons avec eux pour nous assurer d’arriver à aucun cas d’Ébola et commencer à rebâtir le pays, de manière à ce que le peuple et en particulier les enfants du Liberia aient un avenir.
MODERATEUR : Alors Cabré, du Burkina Faso pose la question suivante : étant donné la situation politique au Burkina Faso, est-ce que le Burkina Faso est toujours éligible pour un nouveau contact dans le cadre de l’ACA ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Nous travaillons avec votre gouvernement pour nous assurer que le Burkina Faso reste sur la bonne voie. Je dois louer le gouvernement actuel qui essaie d’organiser des élections de manière à ce que le Burkina ne soit pas en difficulté dans ce domaine. En ce qui concerne le NCC, nous allons continuer d'observer ce que fait le Burkina par rapport aux indicateurs, mais pour l'instant, le pays est sur la bonne voie, donc nous espérons que ceci se maintiendra.
MODERATEUR : Nous allons maintenant passer à l’Afrique du Sud avec une question de Cheroui. Quelle est la mise à jour sur la loi Ageoua depuis le sommet Afrique/États-Unis d’aout dernier ? Pensez-vous que la législation sera renouvelée et quand? Et que pouvez-vous dire sur l’inclusion ou l’exclusion de l’Afrique du Sud après les préoccupations exprimées par certains sénateurs américains en termes d'exportation des poulets américains.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Comme vous le savez il y a un énorme soutien par rapport à cette loi Agoua au Senat et dans la chambre des représentants. Lorsque la loi a été acceptée, à l'époque, cela a vraiment représenté un exemple dans notre collaboration avec l'Afrique. Je peux vous dire que cette loi sera prolongée. Cela dépend de ce qu'il va se passer au niveau du Sénat et de la chambre des représentants mais nous avons déjà engagé des discussions avec le gouvernement d'Afrique du sud. En fin d’année dernière, j’ai discuté avec le ministre du commerce pour donc savoir un peu comment traiter les préoccupations qui existent dans le marché d’Afrique du Sud. Nous allons donc continuer en ce sens pour nous occuper des problèmes. Mais pour ce qui est de la loi, je peux vous dire que vous verrez une loi sortir du congrès cette année et que la loi sera prolongée.

MODERATEUR : En Afrique du Sud toujours, une question de Johannesburg. Quelle est la réaction des États-Unis par rapport aux revendications d’Al-jazeera comme quoi les États-Unis seraient opposés à la nomination de Dlamini Zouma en tant que présidente de l’Union africaine.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Je dois vous dire que c’est ridicule. Nous travaillons de manière très étroite avec l’Union africaine. Nous ne sommes pas membres de l’organisation, nous ne sélectionnons pas les responsables, mais nous travaillons avec eux. Et nous travaillons de manière très étroite avec Dlamini Zouma et avec ce qu’elle fait dans l’organisation. D’ailleurs notre partenariat n’a fait que croitre dans la période où elle a été impliquée à ce niveau, donc je ne sais pas du tout d'où viennent ces allégations mais je peux vous dire de manière catégorique qu'elles sont fausses.
MODERATEUR : Ensuite, suivi par rapport à notre question de tout à l'heure sur la Somalie, de Joe Beattle à l’AFP. Qu’en est-ce que vous allez ouvrir une Ambassade à Mogadishu ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : J’aimerais bien pouvoir vous dire quels sont les délais. J’aimerais bien pouvoir vous dire que demain nous allons ouvrir une Ambassade à Mogadishu mais ce que je peux vous dire c’est que nous sommes en phase de planification. Cela dépend beaucoup de la situation en termes de sécurité. Nous voyons que les choses s’améliorent mais de temps à autre il y a quand même des problèmes. Vous avez entendu le problème de l’hôtel qui a été attaqué par un Shebab donc  je sais que tout est mis en œuvre pour éviter que ce genre de choses se produise et j’ai espoir que nous allons rouvrir cette Ambassade dans des délais courts.
MODERATEUR : Alors, Daniel de Bloomberg. Est-ce que vous pensez que le Nigéria fait des progrès suffisants contre le Boko Haram pour que les élections du 28 mars aient lieu et pensez-vous que ces élections vont donner le ton pour les autres sélections sur le continent africain ?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Le gouvernement nigérien nous a assuré que les élections auraient lieu le 28 mars et nous voyons beaucoup de choses qui sont faites par le service de sécurité du Nigéria en collaboration avec le Cameroun, avec d’autres pays voisins dans la lutte contre le Boko Haram. Nous allons tous observer ces élections. Évidemment, cette élection va être une élection clé pour le continent. Le monde observe, le continent observe, les pays voisin du Nigéria observent et j’espère que ces élections se passeront de manière transparente, dans la paix et de manière équitable et j’espère que le résultat de ces élections reflétera la volonté du peuple du Nigéria. Je me rendrai au Nigéria le 27 mars et il y aura observation des élections le 28. Comme vous le savez le secrétaire Kerry s’est rendu il y a quelques semaines au Nigéria et encore une fois, il a exprimé ses préoccupations par rapport à la violence. Il a rencontré le président Jonathan et le général Buhary. Il a également discuté avec le président Djegua. Il a rencontré la presse et il a dit de manière très claire que le Nigéria est un partenaire stratégique des États-Unis. Nous souhaitons que les élections se passent bien et nous souhaitons continuer de travailler avec le Nigéria à l’avenir.
MODERATEUR : Dernière question. Dan Brown. Quelles ont été vos observations lors du 24e Sommet de l'Union africaine?
LINDA THOMAS GRIFFIN : Et bien c’était mon troisième sommet en tant que secrétaire adjointe et j’ai dit à mon personnel que j’avais trouvé que c’était le meilleur. J’ai participé à 30 réunions bilatérales avec divers gouvernements. Ce Sommet de l’Union africaine donne l’opportunité d’entrer en lien avec des dirigeants de tous les continents de manière exceptionnelle. Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons faire à New York. J'ai été extrêmement satisfaite de la décision qui a été prise par la Commission sur la paix et la sécurité de soutenir le groupe de travail conjoint multinational pour l’Afrique de l’Ouest et de pousser le Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre ceci en considération. J’ai été très heureuse lors de la réunion sur l'Ébola qui a rassemblé tous les pays qui ont soutenus les efforts contre l'Ébola mais qui ont également souligné le rôle clé qu’a joué l’Union africaine dans le soutien de la lutte contre l’Ébola. La 24e séance a reconnu le rôle des femmes dans le développement et c’est quelque chose qui représente une haute priorité pour le gouvernement des États-Unis. Il est important que les femmes sur le continent africain soient reconnues pour les contributions qu’elles apportent au développement  de l’Afrique et la prospérité de l’Afrique à l’avenir. Pour moi, le sommet a été extrêmement productif et j’attends avec impatience de participer au suivant qui se déroulera en Afrique du Sud en juin.
MODERATEUR : Et bien madame la Secrétaire adjointe, merci beaucoup de nous avoir rejoints aujourd’hui.
LINDA THOMAS GRIFFIN : Merci beaucoup, je suis très heureuse d’avoir pu être présente.

MODERATEUR : Merci à vous d’avoir participé de différents pays du continent africain. Je vous invite à rester à l’écoute puisque suite à la press conférence que nous venons d’écouter nous allons en avoir une autre, de la part de Doug Frantz, Secrétaire adjoint aux Affaires étrangères qui va parler des élections et de la liberté de la presse. Encore une fois, je suis désolée que nous n’ayons pas pu avoir d’interprétation simultanée en français et en portugais, mais nous allons avoir une transcription qui sera disponible. Je vous encourage à poursuivre la discussion sur Twitter à StateAfrica et à StateDot. Vous pouvez également nous suivre sur Facebook à DOS African Affairs. Merci beaucoup de votre participation et restez à l'écoute pour le Secrétaire adjoint aux Affaires étrangères, Doug France.

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