Les administrateurs de territoires et leurs assistants annoncent une grève illimitée à partir du 18 août 2025 sur toute l'étendue du pays. Depuis trois ans, ils exercent leurs fonctions sans salaire et sans autres avantages. Ils l'ont fait savoir jeudi à Kinshasa dans une correspondance adressée au vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur. Malgré les efforts fournis par pour faire avancer certains dossiers liés à leurs avantages sociaux, les administrateurs de territoire et leurs assistants constatent que leur situation reste désespérément bloquée, sans perspective claire d’amélioration.
« Nous, administrateurs de territoires et administrateurs de territoires assistants, avons l’honneur d’adresser la présente correspondance tout en saisissant cette occasion pour vous présenter nos sincères félicitations à l’occasion de votre reconduction à la tête du ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières dans le Gouvernement Suminwa II. Cette décision témoigne de la confiance que l’Autorité Suprême de notre pays accorde à votre leadership, votre engagement et vos compétences dans la gestion de ce portefeuille stratégique pour notre pays ».
C’est justement fort de cette confiance renouvelée qu’ils se voient dans l’obligation d’informer Jacquemain Shabani Lukoo de leur décision d’observer une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national, à dater du lundi 18 août 2025, en raison des conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles ils sont contraints d’exercer leurs fonctions dans la territoriale, bientôt trois ans, sans salaire.
Malgré les efforts appréciables du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, notamment l’octroi de la prime spécifique, « il nous est malheureusement donné de constater que son paiement qui est censé être régulier conformément à l’article 99 du code de travail, s’apparente désormais à un chemin de la croix. Ledit article stipule pourtant que le paiement de la rémunération doit être effectué à des intervalles réguliers ne dépassant pas un mois, et au plus tard dans les six jours suivant la période à laquelle il se rapporte. Cette disposition n’est jamais respectée dans notre cas ».
A ce jour, 5 mois de primes (mars, avril, mai, juin et juillet 2025) restent impayés sans justification valable malgré la présence des OPI n°P7332 du 22 avril 2025, n°P7386 du 12 mai 2025, n°P7401 du 09 juin 2025 et celui de mars et juillet dont ils ignorent les numéros. Ce retard devenu chronique, en violation manifeste et délibéré de l’article 99 précité, installe un climat de frustration et de désespoir parmi les administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistants, déjà épuisés par une précarité persistante.
Ils ont tenu à rappeler au Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur que le paiement du salaire et des primes revêt un caractère légal, alimentaire et humanitaire. Il est intrinsèquement lié au respect de l’article 36, alinéa 2 de la Constitution, selon lequel l’Etat garantit le droit de travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine. Il est donc inadmissible que pour les administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, la libération des OPI relatifs à leur rémunération soit conditionnée à une programmation spéciale, contrairement aux autres catégories de personnel, créant ainsi une discrimination administrative injustifiée.
Par ailleurs, la prime d’itinérance, pourtant inscrite dans la loi des Finances 2025, ne fait à ce jour l’objet d’aucune information ni de mise en application. Il en est de même pour les frais de fonctionnement ainsi que la prime de sécurité, dont l’absence compromet sérieusement notre efficacité et notre sécurité dans l’exercice de nos fonctions.
Malgré les efforts fournis par le ministre de tutelle pour faire avancer certains dossiers liés à leurs avantages sociaux, ils constatent que la situation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistants reste désespérément bloquée, sans perspective claire d’amélioration.
« Nos multiples correspondances et démarches officielles sont restées sans suite concrète, notamment : la pétition adressée à Son Excellence Monsieur le Président de la République le 20 avril 2024, le plaidoyer vous transmis lors de l’audience que Votre Excellence avait accordée à la délégation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, le 12 août 2024 ainsi que le mémorandum qui vous a été transmis par la délégation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, en marge de l’atelier de formation sur la gouvernance sécuritaire organisée au mois de juin dernier à Kisangani ».
C’est pourquoi, après 30 mois de patience, de résilience et de silence institutionnel qui leur a conduit à un épuisement moral et mental ainsi qu’à la destruction de leurs foyers et de l’avenir de leurs enfants, cette grève illimitée qu’ils engagent constitue un ultime recours, dans le respect des dispositions de l’article 39 de la Constitution, qui reconnaît et garantit le droit de grève. Son objectif principal n’est nul autre que d’obtenir l’application du barème des avantages sociaux liés à l’ordonnance du chef de l’Etat leur nommant.
« Espérant que cette démarche responsable et justifiée trouvera auprès de votre haute autorité une oreille attentive et des mesures urgentes, conformes aux engagements de l’Etat envers ses agents publics, veuillez agréer, Excellence Monsieur le Vice-premier ministre, l’expression de notre haute considération ».
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