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vendredi 15 août 2025

Une coopérative congolaise désapprouve des sanctions du Trésor américain à son encontre

La Coopérative des Artisans Miniers du Congo/Entité de traitement (CDMC SARL) a été sanctionné le 12 août 2025 par le Département du Trésor américain. La CDMC SARL a pris connaissance de cette annonce concernant les sanctions qui lui sont imposées. « Nous rejetons catégoriquement ces allégations liant notre entreprise à toute forme d'activités de quelque groupe armé que ce soit ou de contrebande de minerais au Nord-Kivu ».

La CDMC est le titulaire légal et enregistré de la concession minière qui comprend l'ensemble de la zone de Rubaya. À ce titre, « nous ne sommes pas les auteurs, mais plutôt les principales victimes du conflit armé et des pillages qui ont déstabilisé cette région. La présence et la taxation de l'activité minière par des groupes armés tels que le Pareco-FF et, plus récemment, les rebelles du M23, ont empêché la CDMC d'exercer un contrôle légal sur sa concession. Notre seul intérêt demeure le rétablissement de la paix et de l'autorité légale afin que les mines puissent être industrialisées au profit des communautés locales et des marchés mondiaux ».

La CDMC a toujours opéré en totale conformité avec le Guide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le devoir de diligence pour des chaînes d'approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque. En tant que membre audité de l'Initiative internationale des chaînes d'approvisionnement en étain (iTSCi), elle a toujours respecté toutes les exigences de conformité pour le commerce des minerais 3T.

Conformément à ces protocoles :  CDMC a suspendu tous ses achats en minerais des 3T dans le Masisi, en ce compris Rubaya, le 3 mars 2023 ; des achats certifiés limités ont repris le 28 juillet 2023, sur la base de la certification iTSCi et d'inspections directes sur site ; tous les achats ont de nouveau été totalement suspendus le 7 décembre 2023 en raison de nouveaux risques de sécurité et d'éventuels indicateurs de non-conformité.

Tout au long de cette période, CDMC a mené des vérifications préalables rigoureuses et n'a, à aucun moment, sciemment ou inconsciemment, aidé Pareco-FF ou tout autre groupe armé. Ses décisions d'achat ont toujours été guidées par une certification vérifiée et des inspections sur site, dans l'objectif primordial de garantir une chaîne d'approvisionnement en minerais exempte de tout conflit, rappelle son communiqué.

Ces dernières années, CDMC a fait l'objet de ce que « nous considérons comme une tentative coordonnée visant à saper sa propriété légale du Permis d’Exploitation (PE) 76, l'une des concessions de tantale les plus riches au monde. Certains acteurs au sein de l'Administration congolaise, soutenus par des canaux diplomatiques et financiers opaques, ont tenté de requalifier notre concession légalement détenue en concession étatique afin de réorienter les flux d'investissements étrangers. Ces tentatives constituent non seulement une violation du droit minier congolais, mais marginalisent également les parties prenantes congolaises légitimes au profit de structures de gouvernance et d'intermédiaires alternatifs ».

CDMC a contesté ces actions aussi bien publiquement que devant les tribunaux. Au demeurant, « nous continuerons à défendre vigoureusement nos droits par tous les moyens juridiques et diplomatiques disponibles. CDMC reste pleinement attachée à la transparence, à la coopération et à une conduite conforme à la loi. Nous saluons l’engagement du Gouvernement américain, des partenaires internationaux et des auditeurs indépendants pour résoudre ce problème et rétablir la confiance dans la chaîne d’approvisionnement légale congolaise ».

Contributions des donateurs : un soutien vital et structurant pour les communautés bénéficiaires du Tanganyika

En 2024, la province du Tanganyika a été durement touchée par une série d’inondations qui ont affecté 137 villages, aggravé les tensions intercommunautaires persistantes et rendu l’accès humanitaire encore plus difficile, paralysant ainsi les activités économiques locales et entravant la relance post-crise.

Dans le même temps, l’analyse du Cadre intégré de classification de l’insécurité alimentaire (IPC) du premier semestre 2024 a révélé qu’environ 1,4 million de personnes vivaient en insécurité alimentaire aiguë (phase 3+), faisant du Tanganyika l’une des provinces les plus touchées de la RDC.

Face à cette situation, le Programme alimentaire mondial (PAM) a renforcé sa présence dans la province, malgré un déficit national de financement estimé à 433 millions de dollars américains, alors même que des ressources sont désespérément nécessaires pour fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle aux personnes les plus vulnérables.

Une réponse intégrée alliant urgence humanitaire, nutrition, éducation et relèvement communautaire

Plusieurs donateurs, dont le Royaume-Uni (FCDO), les États-Unis (BHA/USAID), l’Union européenne (ECHO), la Suède, la Norvège et l’Allemagne, ont répondu à l’appel du PAM entre janvier et décembre 2024 en fournissant des ressources financières et logistiques importantes. Ces contributions ont permis de mobiliser plus de 10,1 millions de dollars, ce qui correspond plus ou moins à 344.827.586 francs congolais.

Grâce à ce soutien, le PAM a pu maintenir ses activités dans cinq territoires prioritaires : Kalemie, Nyunzu, Kabalo et Kongolo, dans la province du Tanganyika, ainsi que Pweto, dans le Haut-Katanga. Malgré les routes impraticables et l’insécurité résiduelle, des distributions de vivres et d’argent liquide ont été effectuées au profit des ménages les plus touchés par la crise.

L’assistance alimentaire a ciblé les familles déplacées et vulnérables. Dans les zones où les marchés sont fonctionnels, des transferts monétaires ont été mis en œuvre, permettant, de janvier à mai 2025, à plus de 145.000 personnes d’acheter directement les produits alimentaires de leur choix, tout en stimulant l’économie locale.

Chaque ménage reçoit un montant proportionnel à sa taille, soit 42.000 francs congolais pour un ménage d’une personne. Dans les zones plus isolées, où l’accès aux marchés est limité, la distribution directe de vivres a permis de répondre efficacement, entre janvier et mai 2025, aux besoins alimentaires de près de 265.000 personnes, avec des rations composées de farine de maïs, de haricots, de sel et d’huile végétale.

La réponse du PAM ne se limite pas à l’urgence

Dans le domaine de la nutrition, des compléments nutritionnels sont distribués aux enfants de moins de deux ans, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes, pour prévenir et traiter la malnutrition aiguë modérée.

Par ailleurs, dans 90 écoles primaires, des repas chauds ont été servis quotidiennement aux élèves grâce au programme d’alimentation scolaire, ce qui a favorisé la rétention scolaire, notamment chez les filles, amélioré la concentration, réduit l’absentéisme et encouragé de meilleurs résultats scolaires.

Le programme de renforcement de la résilience des petits producteurs agricoles a également été consolidé à travers des projets de soutien aux moyens d’existence, incluant des activités agricoles de relance économique locale et un appui aux familles rurales.

Moins de faim, plus d’espoir : des résultats qui parlent

De janvier à mai 2025, les interventions du PAM, notamment en transferts monétaires pour l’alimentation et en nutrition, ont permis d’atteindre plus de 400. 000 personnes réparties dans plus de 250 villages. En mars 2025, les résultats du suivi post-assistance ont révélé une nette amélioration de la situation nutritionnelle des ménages dans les zones ciblées.

La proportion de ménages présentant une consommation alimentaire jugée « pauvre » a chuté de 34,8  % à 3,5  %, soit une baisse de 31,3 points de pourcentage. Cette évolution reflète une amélioration significative de la qualité et de la fréquence de la consommation alimentaire, en lien avec les interventions en vivres et en espèces mises en œuvre dans les communautés ciblées.

Dans le même temps, la part des ménages atteignant un niveau de consommation alimentaire « acceptable » est passée de 19,5  % à 38,9  %. Cette progression marque une avancée importante vers l’atteinte des cibles nutritionnelles fixées pour cet indicateur, bien qu’elle ne mesure pas directement la diversité alimentaire, laquelle fait l’objet d’un indicateur spécifique.

Cette évolution témoigne de l’efficacité des mesures prises et de l’impact tangible de l’assistance alimentaire sur les conditions de vie des bénéficiaires. Elle confirme également que, malgré les contraintes opérationnelles, l’appui fourni par les donateurs et les partenaires de coopération a permis de renforcer la sécurité alimentaire des populations les plus vulnérables.

Derrière les chiffres, des vies transformées

Dans le territoire de Kongolo, des distributions en espèces ont été réalisées pour soutenir les familles vulnérables. Safi Ilunga, mère de famille, témoigne : « Après avoir tout perdu dans un incendie, je reçois chaque mois une aide en espèces de 252. 000 FC offerte par le PAM pendant six mois. Cette aide me permet de soigner mes enfants, de leur offrir des repas quotidiens et de les scolariser. Elle m’a aussi donné la chance de lancer un petit commerce de savon et d’huile de palme. Je suis profondément reconnaissante envers le PAM et ses donateurs pour ce soutien qui fait une vraie différence dans notre vie, ici, dans notre communauté ».

Ce témoignage illustre l’impact direct et humain de l’aide apportée. Cependant, les contraintes demeurent nombreuses. Le manque ponctuel de liquidités en francs congolais peut parfois retarder les transferts monétaires, en particulier lors des périodes de forte demande. Toutefois, ces retards n’entraînent pas la rupture de l’assistance : les bénéficiaires reçoivent leur ration, même si le calendrier de distribution est réajusté. Par ailleurs, les conditions routières dégradées en saison des pluies compliquent l’acheminement des vivres, tandis que l’insécurité persistante, les risques de fraude et les contraintes logistiques continuent de poser des défis importants sur le terrain.

Malgré cela, les contributions combinées des donateurs ont permis d’éviter une détérioration de la situation humanitaire. Le parcours de Musigwa Moket Petro est un autre témoignage poignant de résilience. À 52 ans, ce père de famille, abandonné par son épouse en 2022 à cause de son handicap, a dû tout reconstruire.

« J’étais couturier, mais j’ai décidé de revenir dans mon village natal, à Manyanga, entre le Maniema et le Tanganyika, pour me consacrer à l’agriculture. Aujourd’hui, je cultive un hectare de maïs associé à l’arachide et un demi-hectare de manioc. L’aide alimentaire du PAM m’a redonné espoir. Grâce à elle, je peux envisager un avenir plus stable pour mes enfants, relancer mon activité et, un jour, acheter un moulin à manioc et à maïs à Kalemie ».

Renforcer aujourd’hui pour mieux résister demain

Alors que les projections pour 2025 annoncent une crise prolongée, il est crucial de consolider, voire d’intensifier, les efforts engagés jusqu’à présent. L’impact positif des interventions humanitaires dans le Tanganyika est indéniable, comme en témoignent l’amélioration de la consommation alimentaire des ménages, la relance des moyens d’existence et les récits de résilience individuelle.

Pour inscrire ces résultats dans la durée, une approche intégrée et coordonnée est indispensable. Cela implique de renforcer la synergie entre les acteurs locaux et les partenaires humanitaires, de sécuriser les corridors d’intervention et de basculer progressivement d’une aide d’urgence vers des actions structurelles de résilience.

Ce sont ces leviers qui permettront de réduire la dépendance à l’aide extérieure et de guider le Tanganyika vers une autonomie durable, au bénéfice des communautés les plus vulnérables.

Les résultats obtenus dans la province du Tanganyika témoignent de l’impact concret des contributions des donateurs sur la vie des communautés vulnérables. Grâce à leur soutien, des milliers de familles ont retrouvé un accès à la nourriture, à la santé et à l’éducation, malgré un contexte difficile. Mais la crise demeure. Pour préserver ces acquis et bâtir une autonomie durable, il est essentiel de maintenir et de renforcer les efforts engagés. Une réponse intégrée, alliant urgence et développement, reste la clé pour permettre aux populations du Tanganyika de surmonter les crises d’aujourd’hui et de construire leur résilience pour demain.

jeudi 14 août 2025

Des administrateurs de territoires en grève illimitée à compter du 18 août 2025 pour non paiement de leurs salaires

Les administrateurs de territoires et leurs assistants annoncent une grève illimitée à partir du 18 août 2025 sur toute l'étendue du pays. Depuis trois ans, ils exercent leurs fonctions sans salaire et sans autres avantages. Ils l'ont fait savoir jeudi à Kinshasa dans une correspondance adressée au vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur. Malgré les efforts fournis par pour faire avancer certains dossiers liés à leurs avantages sociaux, les administrateurs de territoire et leurs assistants constatent que leur situation reste désespérément bloquée, sans perspective claire d’amélioration.

« Nous, administrateurs de territoires et administrateurs de territoires assistants, avons l’honneur d’adresser la présente correspondance tout en saisissant cette occasion pour vous présenter nos sincères félicitations à l’occasion de votre reconduction à la tête du ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières dans le Gouvernement Suminwa II. Cette décision témoigne de la confiance que l’Autorité Suprême de notre pays accorde à votre leadership, votre engagement et vos compétences dans la gestion de ce portefeuille stratégique pour notre pays ».

C’est justement fort de cette confiance renouvelée qu’ils se voient dans l’obligation d’informer Jacquemain Shabani Lukoo de leur décision d’observer une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire national, à dater du lundi 18 août 2025, en raison des conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles ils sont contraints d’exercer leurs fonctions dans la territoriale, bientôt trois ans, sans salaire.

Malgré les efforts appréciables du Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, notamment l’octroi de la prime spécifique, « il nous est malheureusement donné de constater que son paiement qui est censé être régulier conformément à l’article 99 du code de travail, s’apparente désormais à un chemin de la croix. Ledit article stipule pourtant que le paiement de la rémunération doit être effectué à des intervalles réguliers ne dépassant pas un mois, et au plus tard dans les six jours suivant la période à laquelle il se rapporte. Cette disposition n’est jamais respectée dans notre cas ».

A ce jour, 5 mois de primes (mars, avril, mai, juin et juillet 2025) restent impayés sans justification valable malgré la présence des OPI n°P7332 du 22 avril 2025, n°P7386 du 12 mai 2025, n°P7401 du 09 juin 2025 et celui de mars et juillet dont ils ignorent les numéros. Ce retard devenu chronique, en violation manifeste et délibéré de l’article 99 précité, installe un climat de frustration et de désespoir parmi les administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistants, déjà épuisés par une précarité persistante.

Ils ont tenu à rappeler au Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur que le paiement du salaire et des primes revêt un caractère légal, alimentaire et humanitaire. Il est intrinsèquement lié au respect de l’article 36, alinéa 2 de la Constitution, selon lequel l’Etat garantit le droit de travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine. Il est donc inadmissible que pour les administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, la libération des OPI relatifs à leur rémunération soit conditionnée à une programmation spéciale, contrairement aux autres catégories de personnel, créant ainsi une discrimination administrative injustifiée.

Par ailleurs, la prime d’itinérance, pourtant inscrite dans la loi des Finances 2025, ne fait à ce jour l’objet d’aucune information ni de mise en application. Il en est de même pour les frais de fonctionnement ainsi que la prime de sécurité, dont l’absence compromet sérieusement notre efficacité et notre sécurité dans l’exercice de nos fonctions.

Malgré les efforts fournis par le ministre de tutelle pour faire avancer certains dossiers liés à leurs avantages sociaux, ils constatent que la situation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistants reste désespérément bloquée, sans perspective claire d’amélioration.

« Nos multiples correspondances et démarches officielles sont restées sans suite concrète, notamment : la pétition adressée à Son Excellence Monsieur le Président de la République le 20 avril 2024, le plaidoyer vous transmis lors de l’audience que Votre Excellence avait accordée à la délégation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, le 12 août 2024 ainsi que le mémorandum qui vous a été transmis par la délégation des administrateurs de territoires et des administrateurs de territoires assistant, en marge de l’atelier de formation sur la gouvernance sécuritaire organisée au mois de juin dernier à Kisangani ».

C’est pourquoi, après 30 mois de patience, de résilience et de silence institutionnel qui leur a conduit à un épuisement moral et mental ainsi qu’à la destruction de leurs foyers et de l’avenir de leurs enfants, cette grève illimitée qu’ils engagent constitue un ultime recours, dans le respect des dispositions de l’article 39 de la Constitution, qui reconnaît et garantit le droit de grève. Son objectif principal n’est nul autre que d’obtenir l’application du barème des avantages sociaux liés à l’ordonnance du chef de l’Etat leur nommant.

« Espérant que cette démarche responsable et justifiée trouvera auprès de votre haute autorité une oreille attentive et des mesures urgentes, conformes aux engagements de l’Etat envers ses agents publics, veuillez agréer, Excellence Monsieur le Vice-premier ministre, l’expression de notre haute considération ». 

Kinshasa : Mise en place d'un projet pilote pour assurer les soins de santé aux populations démunies dans la Zone de santé de Limete

« Nous pouvons dire merci à ce projet à Enabel qui va nous aider à ce que nous puissions améliorer la santé de la mère et de l'enfant dans notre ville province de Kinshasa. A ce titre donc au nom des autorités de la ville province de Kinshasa je lance officiellement le projet Bobatelami dans la ville de Kinshasa ». C’est en ces termes que le chef de division provinciale de la Santé de la ville de Kinshasa, Paul Ntangu a lancé le 14 août 2025 à Kinshasa le projet Bobatelami. Ce projet est financé par l’agence de coopération belge Enabel. Paul Ntangu a remercié Enabel qui appuie la division provinciale de la santé de la ville de Kinshasa, notamment la zone de santé de Limete et qui va compléter le paquet par rapport à ce qui est mis en œuvre. « Vous savez que nous sommes dans le cadre de la couverture santé universelle dans le volet surtout la maternité gratuite et de la prise en charge des nouveau-nés. Donc, ce projet est le bienvenu parce que nous sommes dans un contexte de difficulté par rapport aux appuis dans le secteur santé au niveau mondial ». Le deuxième pilier du portefeuille 2023-2027 a été conclu entre le Royaume de Belgique et la République Démocratique du Congo. Il vise l'amélioration de l'accessibilité aux services sociaux de base. Dans ce cadre, le volet santé et protection sociale en santé, lutte contre les violences sexuelles et impunité ainsi le travail décent et protection sociale, les deux pays ont initié le projet Bobatelami qui est mis en œuvre par l'Etablissement d’utilité publique Fonds d’actions des services de santé du Kongo Central (EUP-FASS KC MUSAKIS) pour contribuer à l'amélioration du niveau de santé et de bien-être de la population de façon équitable, dans le respect de son environnement quotidien et des droits humains, en renforçant son pouvoir d'agir sur sa santé. La présente action s'inscrit dans le cadre du programme d'Enabel à travers les interventions spécifiques. En dehors de deux interventions, Enabel met aussi en œuvre un portefeuille thématique régional portant sur le travail décent et la protection sociale dans trois pays d'Afrique centrale dont la RDC. Ce portefeuille a pour objectif de permettre aux jeunes et aux femmes en âge de travailler de s'engager dans un travail décent, qu'ils soient mieux protégés par les droits du travail et bénéficient d'une protection sociale et d'un dialogue social plus inclusif. Ainsi, la troisième intervention consiste à financer une indemnisation à l'accouchement et la période postnatale des femmes enceintes œuvrant dans le secteur informel afin de garantir la protection de leurs capitaux d'activités et le repos en post-partum. L'intervention sera mise en œuvre dans la Zone de santé de Limete, dans la ville province de Kinshasa,ciblant l'hôpital général de référence Bondeko et l'Hôpital Saint Joseph, la structure de référence secondaire du réseau Bureau diocésain des oeuvres médicales (BDOM) Kinshasa ainsi que les 11 Centres de santé de la Zone de Santé de Limete, lieu de recrutement des femmes enceintes du secteur informel. Dans le cadre de sa mise en œuvre, après l'atelier d'harmonisation des vues tenu du 21 au 22 juillet 2025 entre l'EUP FASS KC MUSAKIS et Enabel, il est prévu un atelier de lancement officiel du projet impliquant toutes les parties prenantes. Le directeur de l’EUP FASS KC et chef de projet a indiqué que la Zone de santé de Limete a été ciblée comme une zone expérimentale. Le projet vise trois accès. En fait, au finish le tout ouvre ce qu'on appelle l'extension de la couverture santé ou couverture sociale. C'est l'un des piliers de plan national de développement sanitaire de prévoyance sociale pour la protection financière des ménages contre les dépenses catastrophiques liées à la maladie. « Nous assurons la protection sociale et facilitons l'accès de tout le monde aux soins de santé sans barrière financière ». Ce projet est particulièrement innovant puisque c'est un programme qui n'a jamais existé que ce soit au pays même au niveau de la région. Ce programme a l’ambition de soutenir l'extension de la couverture sociale à travers les allocations de maternité pour les femmes enceintes exerçant des activités économiques dans le secteur informel. Une fois que ces femmes mettent au monde, elles sont d'abord prises en charge dans le cadre de la couverture santé universelle à travers la gratuité de soins et bénéficient de la gratuité pendant trois mois qu'elles resteront à la maison. Elles vont bénéficier d'indemnités sous forme de paiement direct chaque mois et durant trois mois pour leur faciliter une reconstruction de santé et pourquoi pas prendre en charge leurs enfants. Ces femmes doivent être assurées durant plus ou moins une année dans une mutuelle de santé et qui doit constituer la relève du mécanisme assurantielle. Lorsque le gouvernement congolais va mettre en place l'assurance maladie obligatoire avec les fonds de solidarités pour la santé.

mardi 12 août 2025

Des investissements jusqu’en 2030 pour stimuler l’innovation dans la santé maternelle, menstruelle, gynécologique et sexuelle des femmes à l’échelle mondiale. La Fondation Gates a annoncé le 4 août 2025 un engagement de 2,5 milliards de dollars d’ici 2030 pour accélérer la recherche et le développement (R&D) exclusivement consacrés à la santé des femmes. Ce financement soutiendra le développement de plus de 40 innovations dans cinq domaines essentiels, mais chroniquement sous-financés, en particulier ceux qui touchent les femmes dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

« Depuis trop longtemps, les femmes souffrent de problèmes de santé mal compris, mal diagnostiqués ou ignorés », a déclaré la docteure Anita Zaidi, présidente de la division Égalité des sexes de la Fondation Gates. « Nous souhaitons que cet investissement ouvre une nouvelle ère d’innovation centrée sur les femmes, une ère où leurs vies, leurs corps et leurs voix sont mis au cœur de la recherche en santé ».

La recherche et le développement (R&D) en santé des femmes restent aujourd’hui chroniquement sous-financés. Des domaines tels que la santé gynécologique et menstruelle, les soins obstétricaux, l’innovation en matière de contraception, les infections sexuellement transmissibles (y compris la PrEP contre le VIH pour les femmes), ainsi que la santé et la nutrition maternelles, reçoivent des investissements limités.

 Selon une analyse menée en 2021 par McKinsey & Company, seulement 1 % des investissements en recherche et innovation en santé concernent des pathologies spécifiquement féminines en dehors de l’oncologie. Des problématiques majeures comme la pré-éclampsie, le diabète de grossesse, les règles abondantes, l’endométriose ou encore la ménopause, qui touchent ensemble des centaines de millions de femmes, restent largement sous-étudiées.

« L’investissement dans la santé des femmes produit des effets durables à travers les générations. Cela mène à des familles en meilleure santé, des économies plus solides et à un monde plus juste », a déclaré Bill Gates, président de la Fondation Gates. « Et pourtant, la santé des femmes continue d’être ignorée, sous-financée et marginalisée. Trop de femmes meurent encore de causes évitables ou vivent en mauvaise santé. Cela doit changer. Mais nous ne pouvons pas y parvenir seuls ».

Pour combler les lacunes persistantes en matière de financement et de recherche, la fondation appelle les gouvernements, les philanthropes, les investisseurs et le secteur privé à cofinancer l’innovation en santé des femmes, à contribuer au développement de nouveaux produits, et à garantir l’accès aux traitements pour les femmes et jeunes filles qui en ont le plus besoin.

« C’est le plus grand investissement que nous ayons jamais réalisé dans la recherche et le développement en santé des femmes, mais cela reste encore bien en deçà de ce qui exigerait un domaine aussi négligé, sous-financé et porteur d’immenses besoins humains », a déclaré Anita Zaidi. « La santé des femmes n’est pas seulement une cause philanthropique : c’est une opportunité d’investissement, avec un potentiel immense de découvertes scientifiques capables d’améliorer la vie de millions de femmes. Ce qu’il faut désormais, c’est la volonté de s’engager et d’aller jusqu’au bout ».

L’investissement de la fondation soutiendra l’innovation dans cinq domaines clés du parcours de vie des femmes : soins obstétricaux et vaccination maternelle : pour rendre la grossesse et l’accouchement plus sûrs ; santé et nutrition maternelles : pour améliorer la santé des femmes enceintes et de leurs enfants à la naissance ; santé gynécologique et menstruelle : en développant des outils et des recherches pour mieux diagnostiquer, traiter et améliorer la santé gynécologique, tout en réduisant les risques d’infection ; innovation en matière de contraception : en proposant des méthodes plus accessibles, mieux acceptées et plus efficaces ; infections sexuellement transmissibles (IST) : en améliorant le diagnostic et le traitement afin de réduire les lourdes conséquences que ces infections font peser sur les femmes. 

Les domaines à fort potentiel d’innovation incluent la recherche sur le microbiome vaginal, le développement de traitements novateurs contre la prééclampsie, ainsi que des méthodes de contraception non hormonales. L’engagement comprend également des investissements destinés à soutenir la production de données et les actions de plaidoyer, afin de faciliter l’adoption des produits développés et maximiser leur impact une fois approuvées.

Les cinq domaines prioritaires ont été définis sur la base d’une combinaison de données et de preuves identifiant les secteurs où l’innovation peut sauver et améliorer le plus de vies, mais aussi grâce aux retours directs de femmes vivant dans des pays à revenu faible et intermédiaire, exprimant leurs besoins et préférences. Ils tiennent également compte des taux élevés de diagnostics erronés, liés aux lacunes en matière de connaissances médicales et de formation. Ces domaines reflètent aussi les défis spécifiques rencontrés dans les contextes à faibles ressources, ce qui en fait des cibles particulièrement pertinentes pour des investissements publics et privés plus larges visant un impact concret réplicable à grande échelle.

« Nous voyons chaque jour les conséquences du sous-investissement dans l’innovation en santé des femmes, lorsque des femmes souffrent inutilement, et parfois perdent la vie, en raison des lacunes dans notre compréhension et notre prise en charge des pathologies qui les concernent spécifiquement », a déclaré la docteure Bosede Afolabi, professeure en obstétrique et gynécologie au College of Medicine de l’Université de Lagos. « Cet engagement attire enfin l’attention sur les enjeux de santé auxquels les femmes sont confrontées, notamment là où les ressources sont les plus limitées et le fardeau le plus lourd. Il traduit une prise de conscience claire : la  vie des femmes, et les innovations qui la protègent, doivent être une priorité partout ».


En remédiant aux insuffisances de longue date dans le domaine de la santé des femmes, cet investissement vise à produire des effets sociaux et  économiques plus larges. Les recherches montrent que chaque dollar investi dans la santé des femmes peut générer trois dollars de croissance économique, et que réduire les inégalités de santé entre les sexes pourrait augmenter le PIB mondial de 1 000 milliards de dollars par an d’ici 2040.

Cette action s’inscrit dans les objectifs de long terme de la fondation à l’horizon 2045 : contribuer à mettre fin aux décès évitables de mères et d’enfants, permettre à la prochaine génération de grandir sans subir le poids des maladies infectieuses mortelles, et sortir des millions de personnes de la pauvreté en les plaçant sur la voie de la prospérité.

Elle s’appuie sur 5 ans d’engagement en faveur de la santé maternelle et infantile et de soutien à l’émancipation des femmes à l’échelle mondiale. Ce volet de recherche et développement vient compléter les efforts de la fondation en matière de diffusion à grande échelle de produits de santé destinés aux femmes, de vaccins – notamment contre le papillomavirus (HPV) – et de soutien à la santé infantile.


À propos de la Fondation Gates

Guidée par la conviction que chaque vie a la même valeur, la Fondation Gates agit pour permettre à chacun de vivre en bonne santé et de façon épanouie. Dans les pays en développement, nous travaillons avec nos partenaires pour développer des solutions à impact, afin que chacun puisse reprendre le contrôle de son avenir et réaliser pleinement son potentiel. Aux États-Unis, nous œuvrons pour que chacun – en particulier celles et ceux qui disposent de peu de ressources – puisse accéder aux opportunités essentielles pour réussir à l’école comme dans la vie. Basée à Seattle, dans l’État de Washington, la fondation est dirigée par son président-directeur général Mark Suzman, sous la direction
 de Bill Gates et de son conseil d’administration. 

vendredi 8 août 2025

OLPA exige la réouverture d’un média à Gemena prend acte de la relaxation d'une journaliste à Kinshasa

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), ONG de défense et de promotion de la liberté de la presse, exige la réouverture immédiate et inconditionnelle de la radio télévision Gemena 1 (RTG1), station privée émettant à Gemena, chef-lieu de la province du Sud-Ubangi, au Nord-ouest de la République Démocratique du Congo (RDC).

Le média a été réduit au silence, le 6 août 2025, après avoir reçu une lettre de Marie-Thérèse Thontwa, ministre provinciale du Genre, Famille et Enfant, Culture et Arts, Communication et Médias du Sud-Ubangi portant fermeture de RTG1 jusqu’à nouvel ordre.  

Une décision consécutive à la diffusion, le 31 juillet 2025, sur les antennes de RTG1 d’une interview en direct au cours de laquelle le présentateur Jonas Mageto et son invité M. Magbaka Ndimbo, ancien ministre provincial du Nord-Ubangi et pasteur de l’église dénommée « Communauté évangélique du Christ de l’Ubangi (CEUM) », intervenant depuis Kinshasa, ont évoqué plusieurs sujets d’actualité sur la province principalement les activités de l’Assemblée provinciale et la suspension d’activités d’une l’église locale dénommée Phoenix Tabernacle depuis le 30 juin 2025.

Marie-Thérèse Thontwa accuse le média d’avoir violé les dispositions du communiqué officiel du ministre provincial de la Justice du 30 juin 2025 interdisant formellement à « toutes les radios locales d’animer ou de permettre à quiconque d’animer une quelconque émission se rapportant aux activités de l’église précitée sous peine de subir la rigueur de la loi ».   Elle reproche, en outre, à la radio d’avoir laissé l’invité traiter le Gouverneur de tous les maux et d’avoir violé le Code du numérique du 13 mars 2023, comparant RTG1 à la radio Milles collines du Rwanda.

Eu égard à ce qui précède, OLPA condamne cette mesure excessive qui constitue une entrave à la libre circulation de l’information garantie par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme. Par voie de conséquence, OLPA exige la réouverture immédiate et inconditionnelle de la radio télévision Gemena 1.

OLPA prend acte de la relaxation d'une journaliste à Kinshasa

L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), ONG de défense et de promotion de la liberté de la presse, prend acte de la remise en liberté de Glody Ndaya, journaliste et directrice générale de Eventsrdc.com, média en ligne basé à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC).

Elle a été libérée, le 7 août 2025, en début de soirée après 72 heures de détention et paiement d’une caution. Cette libération intervient aussi après la publication, le 7 août 2025, d’un article rectificatif intitulé : « Démenti : Réparation sur les propos diffamatoires, mensongers et délibérés : Docteur Vincent Lokonga, un vrai sauveur qui guérit du cancer.

A titre de rappel, Glody Ndala a été interpellée, le 4 août 2025, par la police au centre ville de Kinshasa et inculpé au Commissariat de police où elle a été soumise à un interrogatoire de diffamation après que son média eut publié un article mettant en cause Vincent Lokonga, médecin spécialisé dans le traitement du cancer.

Tout en prenant acte de cette libération, OLPA réitère son appel à la justice congolaise de privilégier toujours le principe de liberté en lieu et place de la détention qui est exceptionnelle.

jeudi 7 août 2025

Procès Constant Mutamba : il ne revient pas aux avocats de la défense de rejeter la qualité d'expert à celui qui apporte son expertise devant la cour

Selon une source judiciaire, les partisans du prévenu Constant Mutamba n’ont retenu qu’un seul aspect lorsqu’un contrat non approuvé dans un délai et ils acquiescent. "Un prévenu, on ne le caresse pas. Un prévenu insolent peut même être poursuivi pour outrage à magistrat ou pour délit d’audience. Malheureusement, l’assistance prend cette posture comme un haut fait d’arme".

Il y a des questions qui sont posées au prévenu Mutamba dans l’intime conviction de la cour et c'est dans l'intérêt de l'accusé. Il veut que le Secrétaire exécutif de la Cellule nationale des renseignements financiers (Cenaref), Adler Kisula Betika, du fait que la loi lui interdit de comparaître pour qu’il soit auditionné de par ses fonctions. Mutamba dit qu’il a eu des réunions avec Kisula et qu’il a des choses à dire. C’est simple puisqu’il dit qu’il a eu des réunions privées avec lui. Si c’est dans un cadre privé, il aurait fallu qu’il le dise. La cour pouvait se dire qu’ils avaient eu des réunions privées. En tout état de cause, Kisula "s’est dépouillé" de sa qualité de secrétaire exécutif de la Cenaref. De ce point de vue, la Cour peut être amenée à lui poser des questions.

La cour n’a pas d’état d’âme puisque le parquet est l'une des parties au procès comme Mutamba. La justice est une émanation divine. Les membres de la cour sont des chrétiens. Lorsqu’ils sont devant de tels dossiers, ils ne peuvent que se prévaloir de cette foi chrétienne. Le parquet le poursuit et il est devant la cour. Celle-ci doit se mettre au milieu. Les membres de la composition ne sont ni pour l’une ni pour l’autre partie. Il arrivera un moment après la clôture des débats, ils vont les départager.

"Le prévenu, on le malmène même s’il est présumé innocent mais il est un prévenu délinquant. On ne le caresse pas. Il n’est pas devant la cour dans le populisme pour dire qu’il ne répond pas aux questions ou à choisir des questions auxquelles il doit répondre. Ou quand la cour lui pose une question, il spécule puis revient à la question".

L’expertise est destinée à la cour. Ce sont les membres de la composition qui doivent apprécier toutes les réponses ou les explications que l’expert requis lui fournit à l'audience, a fait observer une source judiciaire proche du dossier. Même le témoin, c’est à la cour d’apprécier l’opportunité de l’auditionner. Ce n’est pas au prévenu de dire qu’il faut absolument qu’un témoin qu’il a cité à comparaître vienne devant la barre pour l'auditionner. "La cour lui demande sur quel point qu’il souhaite que le témoin soit auditionné. La Première ministre a répondu à sa manière. Que ça plaise au prévenu ou pas, qu’est-ce qu’il y a de mal à le ramener à l’ordre ? La cour ne le menace pas", précise la source.

Mutamba a soulevé un problème et la cour lui a posé une question. "Il a le droit de répondre ou de garder le silence plutôt que de dire qu’il n’est pas l’avocat du premier avocat général Adler Kisula. Le prévenu a besoin de lâcher de petits mots que c’est un « complot » et ça fait du buzz. Il doit se rappeler qu’il est devant la cour et non pas devant les militants ou sympathisants d’un parti politique. Il doit se rappeler également que c’est la cour qui a la dernière décision". La Cour de cassation a 56 magistrats. S’il estime que les six magistrats ne peuvent pas le juger, il y a d’autres qui vont les remplacer. Il ne peut pas bloquer toute la cour.

"Il est convenu comme cela au prévenu de se défouler mais quand on se défoule dans les considérations qui n’ont rien avoir avec les faits, il se perd. Il disait devant la foule au Palais de justice qu’il ne se présenterait jamais devant Firmin Mvonde. Deux jours après, il s’est retrouvé devant lui. Qui pouvait croire que Mutamba se présenterait devant la cour pendant des heures ? Il a fait croire aux gens qu’il était le chef des juges. En ces temps, il aurait fallu qu’il adopte une attitude ou une posture diminuée et même polie".

Vital Kamerhe devant le juge malgré la clameur publique a gardé une attitude digne et polie tout en se gardant de divulguer les secrets d’Etat. Avant Constant Mutamba, la Cour de cassation a eu à juger les anciens ministres comme Eteni Longondo, Oly Ilunga... Ces prévenus respectaient la cour et connaissaient qu’est-ce que la cour. "Mutamba comme s’il n’a pas bien étudié son droit à l’université. Un étudiant bien informé peut se dire que le juge lorsqu’un prévenu l’emmerde, il peut s’emporter dans le sentiment. Le prévenu ne peut ne pas l’oublier".

Même si les membres de la composition ont des circonstances atténuantes à lui attribuer au cas où ils constatent que les faits étaient établis mais ils risquent de le nuire. Ils n’ont pas de préjugé en eux-mêmes sur des personnes qu’ils jugent. Les juges essaient de demeurer ce que Dieu a mis en eux. Si une personne est innocente, ils l’acquittent. Si elle ne l’est pas, ils voient ce qui peut être fait, conclut une source judiciaire proche du dossier.

vendredi 1 août 2025

La CNDH, une institution en quête de crédibilité

Créée pour protéger les droits humains en RDC, la CNDH peine à remplir son mandat surtout avant, pendant et après les élections. Entre crises internes, politisation et sous-financement, elle voit sa légitimité contestée, au point que certains acteurs politiques envisagent sa suppression dans le cadre de la réforme institutionnelle. Cette quatrième et dernière note de la série analyse ses blocages structurels et explore des pistes pour restaurer son rôle.

Avant la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), un Observatoire des droits de l’homme avait été mis en place durant la transition de 2003 à 2006. Cependant, à l’adoption de la Constitution de 2006, seules la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) avaient été maintenus comme institutions d’appui à la démocratie. La possibilité de créer d’autres institutions était laissée au législateur. Ce n’est qu’en 2013 que la CNDH a vu le jour, grâce à la loi organique n°13/001 du 21 mars 2013. Sa mission est de « promouvoir et protéger les droits de l’homme en RDC, tout en affirmant son indépendance juridique face aux ingérences tant nationales qu' internationales ».

Outre la réception des plaintes pour violations des droits humains, la CNDH mène des enquêtes, visite des centres de détention et s’implique dans le suivi du processus électoral en qualité d’observatrice. Son rôle reste toutefois affaibli par des lacunes structurelles et des tensions internes;

Une gouvernance fragilisée par des tensions internes

La CNDH compte neuf commissaires, désignés par l’Assemblée nationale sur proposition de groupes sociaux et professionnels, puis investis par le président de la République. Si ces nominations, encadrées par la loi, sont censées garantir compétence et intégrité, elles font régulièrement l’objet de critiques pour leur manque de transparence et leur forte politisation.

Malgré la participation théorique de divers groupes sociaux à la désignation des commissaires, la procédure de nomination reste critiquée par son manque de transparence et sa politisation. Pour garantir une indépendance réelle, il est nécessaire d’aller au-delà du multipartisme formel en instaurant une procédure véritablement transparente, pluraliste et ouverte à la société civile.

Paul Nsapu, président de la CNDH, met en avant la composition citoyenne de l’institution :

« La CNDH est essentiellement constituée des civils et pas des politiques ». Pourtant, dès l’installation de la commission en 2015, des conflits internes au sein de la société civile ont retardé les nominations, ce qui a nourri les accusations de cooptation politique. Cette situation a d’emblée fragilisé la crédibilité de l’institution.

Le renouvellement des commissaires, qui n’a eu lieu qu’en 2022, aurait dû intervenir deux ans plus tôt, en 2020, conformément au mandat légal de cinq ans. Mais les tensions internes et les retards administratifs ont prolongé cette transition, alimentant des critiques sur la gestion de la CNDH. À peine installée, la nouvelle équipe s’est retrouvée confrontée à une crise de leadership. En septembre 2023, une plénière élective a destitué Paul Nsapu de la présidence de la CNDH en son absence, élisant Gisèle Kapinga pour le remplacer.

Véronique Ngongo, rapporteur-adjoint, a alors affirmé que plusieurs accusations pesaient sur Nsapu, notamment des malversations financières et des atteintes au droit à la dignité humaine. Toutefois, le Conseil d'État a annulé cette décision en novembre 2023, réhabilitant Paul Nsapu dans ses fonctions. Cette réhabilitation n’a cependant pas permis d’apaiser immédiatement les tensions : moins de deux semaines plus tard, une nouvelle tentative de destitution a ravivé la crise interne.

Ces querelles persistantes, survenues en pleine période pré-électorale, ont non seulement terni l’image de la CNDH, mais aussi paralysé ses activités essentielles. En conséquence, la commission n’a pas pu remplir pleinement son rôle de gardienne des droits de l'homme. Paul Nsapu lui-même le reconnaît : « À cause de cette crise, nous avons raté de transmettre notre budget au gouvernement à ce moment-là ».

Faute de prévisions budgétaires claires, la CNDH a vu ses ressources financières, déjà limitées, encore plus compromises, ce qui a affecté directement son efficacité sur le terrain.

Une institution sous perfusion budgétaire

Le financement de la CNDH dépend exclusivement de la dotation budgétaire de l’État, conformément à l'article 26 de la loi organique. Or, ce financement est non seulement insuffisant, mais aussi décaissé de manière irrégulière, limitant considérablement les capacités de l'institution. Paul Nsapu l’admet : « Les moyens ne sont pas suffisants. En général, les institutions d'appui à la démocratie sont souvent délaissées. Nous devons nous battre pour faire en sorte que les administrations soient en mesure de décaisser régulièrement le budget et avoir un gouvernement plus stable ».

Pour l'année 2024, le budget de la CNDH a été fixé à 17 milliards de francs congolais, soit quelque 6 millions de dollars. Cependant, les taux d'exécution des budgets illustrent une tendance préoccupante : par exemple, en 2022, seuls 65 % des crédits votés ont été exécutés, et ce taux est tombé à 43 % à la fin octobre 2023.

Le sous-financement chronique a forcé la CNDH à réduire drastiquement ses activités. En avril 2023, 75 % des effectifs provinciaux ont été gelés, ne maintenant en poste que les coordonnateurs provinciaux. Sur 400 agents, environ 200 sont restés en poste, la rémunération n’atteignant que 50 dollars américains par mois. Bien que la Monusco ait apporté un soutien ponctuel, notamment en finançant un bâtiment pour la CNDH en Ituri, ces appuis extérieurs demeurent marginaux et ne compensent pas les faiblesses structurelles de financement.

Cette précarité budgétaire limite particulièrement la capacité d’action de la CNDH dans les provinces, là où les violations des droits humains sont souvent les plus graves. Paul Nsapu insiste sur les conséquences de cette situation : « Quand les moyens manquent, les activités prévues ne peuvent être exécutées, et l’impact sur le terrain devient invisible ».

Ce paradoxe est frappant : une institution censée être un pilier de la démocratie se retrouve elle-même fragilisée par une gouvernance défaillante et un manque de ressources. En conséquence, ces tensions budgétaires ont non seulement limité les activités régulières de la CNDH, elles ont aussi affaibli sa capacité à agir lors des crises majeures, comme le cycle électoral de 2023. L’institution a donné l’impression d’être dépassée.

Un rôle marginal dans le processus électoral Le processus électoral de 2023 a été marqué par des atteintes graves et systématiques aux droits humains ainsi qu’à une restriction notable de l’espace politique. Des opposants politiques ont été empêchés de manifester, de se réunir, et parfois même de se déplacer à travers le pays, illustrant des entraves aux libertés fondamentales.

Après la répression brutale de la marche de l’opposition du 20 mai 2023, les autorités ont interdit d’autres manifestations, notamment sur le boulevard du 30 juin à Kinshasa. La tentative de l’opposant Moïse Katumbi de relancer son parti dans le Kongo central s’est heurtée à une interdiction d’entrée par le gouverneur de cette province. Dans la foulée de la marche du 20 mai, l’ex-député Mike Mukebayi a été arrêté et détenu près de deux ans avant de bénéficier d’une libération conditionnelle le 1er mars 2025. Le point le plus culminant de ces répressions a été atteint, le 13 juillet 2023, avec l’assassinat du député Chérubin Okende, ancien ministre et porte-parole du parti politique d’opposition Ensemble pour la République.

Au cours de la campagne électorale et des scrutins, l'intolérance politique a exposé certains partisans de l’opposition à des violences de la part de milices et partisans du pouvoir. Franck Diongo, candidat à la présidentielle, en a été victime. Par ailleurs, le jour du scrutin, des personnes soupçonnées d’avoir voté pour l’opposition dans la région du Kasaï ont été tabassées, dénudées et blessées. D’autres cas de violence des droits humains ont également impliqué des partisans de l’opposition à travers le pays. Face à ces atteintes, la CNDH n’a pas été perçue comme jouant un rôle pleinement actif.

L’institution défend néanmoins son action : « Nous avons déployé 1.500 observateurs dans toutes les provinces, assistés par des partenaires de la société civile. Notre objectif était d’observer et documenter les violations des droits humains liées au processus électoral ». La CNDH affirme avoir documenté des « cas emblématiques » et avoir soumis, le 4 janvier 2024, un rapport relevant une trentaine de cas de violations graves auprès du procureur près la Cour de cassation. Cependant, ce document n’a pas été rendu public. « Nous avons des obligations légales qui limitent la divulgation de certains contenus sensibles, mais nous avons partagé ces conclusions avec d’autres missions d’observation pour maximiser leur impact », justifie Paul Nsapu.

L’absence de publication de ce rapport de la CNDH et le manque de suites judiciaires concrètes ont nourri la défiance de la société civile et du public. Cette opacité rend difficile toute mobilisation citoyenne et interroge sur la capacité de l’institution à protéger réellement les droits humains : tant que seuls les autorités et quelques dénonciateurs ont accès aux informations sur les abus commis durant la période électorale, il est illusoire de croire à une réelle protection des droits fondamentaux. À ce jour, aucune sanction n’a été prononcée contre les auteurs de ces violations documentées.

L’impact de la CNDH a été ainsi affaibli par des obstacles structurels et contextuels :

● Sous financement chronique, limitant la capacité de l’institution à déployer des ressources suffisantes, notamment dans les provinces les plus touchées ;

●Manque de suivi sur les recommandations, réduisant l’efficacité et l’impact des actions menées ;

● Absence de mécanisme de transparence et de communication régulière avec la société civile, accentuant la perception d’inefficacité.

En définitive, l’évaluation de l’action de la CNDH lors du processus électoral de 2023 repose sur un double constat :

D’une part, la CNDH affirme avoir contribué à documenter et dénoncer certaines violations, ce qui est essentiel dans les efforts de transparence et d’intégrité des scrutins ;

●D’autre part, son incapacité à traduire ces efforts en résultats concrets – poursuites judiciaires, propositions de réformes institutionnelles – a fragilisé sa crédibilité et renforcé la défiance.

La CNDH reste ainsi confrontée à des attentes élevées qu’elle ne parvient pas encore à satisfaire pleinement. Pour nombre d’observateurs, elle est devenue une structure inefficace, incapable de peser sur les décisions en matière de droits humains. Cette remise en question s’inscrit dans un contexte plus large de réformes institutionnelles : au moment de la relance fin 2024 du débat sur une révision constitutionnelle, certaines voix au sein du cercle présidentiel plaidaient déjà pour une rationalisation des institutions d’appui à la démocratie.

Comme l’a confirmé un vice-Premier ministre lors d’un entretien avec Ebuteli, la suppression ou la fusion de la CNDH avec d’autres structures figure parmi les options de réforme institutionnelle actuellement envisagées, en raison de son efficacité jugée limitée et de son poids budgétaire. Une telle mesure, qui ne nécessiterait pas de modification constitutionnelle mais simplement une réforme législative, est défendue par certains détracteurs qui estiment que la CNDH, dans sa configuration actuelle, représente une charge injustifiée pour l’État.

Cette remise en question institutionnelle s’explique aussi, en grande partie, par les doutes persistants sur l’indépendance réelle de la CNDH. Au-delà des critiques sur son efficacité, c’est la capacité de la commission à fonctionner sans ingérence politique qui alimente le débat sur sa légitimité et son avenir.

Une indépendance en trompe-l’œil ?

Dès son renouvellement en 2022, la CNDH a été rapidement confrontée à des querelles internes et à des accusations de politisation, mettant sérieusement en doute son indépendance réelle. Paul Nsapu, son président, s’est retrouvé, en août 2023, au centre d’un conflit ouvert avec cinq de ses commissaires généraux, accusé de trafic d’influence, de gestion opaque et d’absence de vision stratégique pour la CNDH. Ce climat de défiance a paralysé l’institution et renforcé les soupçons d’ingérence politique dans son fonctionnement.

La politisation de la CNDH ne se limite pas aux luttes internes : la capacité de la commission à s’affirmer comme contre-pouvoir a été soulignée à plusieurs reprises dans les débats publics, notamment en raison de son alignement perçu sur les intérêts du pouvoir en place. Si Paul Nsapu rejette fermement ces accusations, il admet entretenir des contacts avec des responsables politiques, qu’il justifie par la nécessité de traiter en urgence certains dossiers relatifs aux droits humains, et non par opportunisme partisan. « Je ne mettrai jamais en péril la souveraineté de mon pays », affirme-t-il.

Conformément à l’article 14 de la loi organique, la CNDH est censée fonctionner de manière indépendante, sans influence extérieure. Dans la pratique, elle évolue dans un environnement où les marges de manœuvre des institutions d’appui à la démocratie sont extrêmement restreintes. Comme le rappelle le président de la CNDH, « nous sommes une institution publique de l'État ; nous devons donc agir avec prudence ».

Il insiste sur le fait que la CNDH ne peut pas communiquer aussi librement qu’une ONG et que certaines informations doivent rester confidentielles pour ne pas « exacerber les tensions ». La prudence revendiquée par la direction de la CNDH, loin d’être une simple précaution, traduit une dépendance structurelle vis-à-vis de l’exécutif et une autocensure institutionnelle. Cette position assumée de réserve et de confidentialité limite la capacité de la CNDH à remplir pleinement sa mission de vigile des droits humains, notamment en matière de dénonciation publique et de transparence. Il en résulte une institution qui, de son propre aveu, agit dans un cadre contraint et ne peut exercer qu’un rôle partiellement effectif de protection des droits fondamentaux.

En période électorale, cette dépendance aux dynamiques politiques s’est encore accentuée. Plusieurs rapports dénonçant des violations des droits humains, y compris ceux produits par la CNDH, sont restés confidentiels ou n’ont jamais été rendus publics.

Face à ces contraintes, la CNDH se heurte à un véritable dilemme : vouloir remplir pleinement sa mission de contre-pouvoir expose l’institution à des risques de représailles budgétaires, tandis que la prudence limite sa portée. Un ancien commissaire résume ainsi cette tension : « L’enjeu n’est pas seulement le manque de moyens, c’est aussi une question de courage institutionnel. Une CNDH qui dénonce trop risque de se voir couper les vivres ».

C’est pourquoi, au-delà des querelles de personnes, c’est la conception même de la CNDH qui interroge. Peut-on garantir l’indépendance d’une institution dont les responsables sont désignés ou cooptés par des acteurs politiques avant d’être investis par le chef de l’État ? À force de compromis et de pressions, la CNDH semble s’être enfermée dans une position d’équilibriste.

Conclusion et recommandations : refonder la CNDH

Aujourd’hui, la CNDH se trouve à un carrefour décisif : son avenir ne dépend plus seulement de sa survie institutionnelle, mais de sa capacité à se transformer en une véritable autorité indépendante et efficace dans la défense des droits humains en RDC. Les constats de sous-financement, de politisation et d’inefficacité ne sont pas une fatalité : ils appellent à un choix politique assumé et à des réformes structurelles ambitieuses.

Le statu quo n’est plus tenable :

● Maintenir la CNDH dans son état actuel, sans moyens ni indépendance, reviendrait à entériner son inutilité et à priver la société congolaise d’un outil essentiel de

protection des droits fondamentaux.

● Sa suppression pure et simple, désormais évoquée dans certains cercles politiques, ne ferait que renforcer le déficit de surveillance et de recours en matière de droits humains, sans répondre aux besoins de transparence et de justice. L’expérience internationale, notamment celle du Ghana avec la Commission nationale des droits de l’homme du Ghana (CHRAJ), montre qu’une institution nationale des droits humains peut jouer un rôle déterminant à trois conditions :

● Un mode de nomination pluraliste et transparent, associant société civile, Parlement, experts indépendants, pour garantir l’impartialité et limiter l’influence de l’exécutif.

● Un financement sécurisé et protégé par la loi, afin d’éviter toute pression politique par le biais du budget et de permettre à l’institution d’agir sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones les plus sensibles.

Pour que la CNDH devienne une actrice crédible et utile :

● Il est urgent de renforcer son indépendance statutaire et opérationnelle : cela implique de revoir le processus de nomination (voir encadré ci-haut), de garantir la stabilité des mandats, de protéger les membres contre la révocation arbitraire et d’ouvrir la gouvernance à la société civile.

● Le financement doit être pérennisé par la loi, avec des décaissements automatiques et une autonomie de gestion.

● La transparence doit devenir la règle : tous les rapports et recommandations de la CNDH doivent être publiés, et la société civile associée à leur suivi.

● Un mécanisme contraignant d’évaluation et de réponse aux recommandations doit être instauré, obligeant les autorités à rendre compte publiquement de la mise en œuvre des mesures proposées.

En définitive, seule une réforme structurelle, inspirée des meilleures pratiques internationales et adaptée au contexte congolais, permettra à la CNDH de remplir sa mission. Faute de quoi, elle risque de demeurer marginalisée, voire de disparaître, laissant un vide dangereux dans l’architecture de protection des droits humains en RDC.