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mardi 22 décembre 2015

Progrès sur la voie de la justice: Comment les Etats-Unis soutiennent les victimes de violences sexuelles

Par Catherine Russell, Ambassadrice itinérante chargée des questions des femmes dans le monde, et William R. Brownfield, Secrétaire d’Etat Adjoint aux Affaires Internationales relatives aux Stupéfiants et à l’application des lois

Après avoir été violée brutalement par son voisin en République démocratique du Congo (RDC), Marie* pensait avoir peu d’options à sa disposition. Elle n’avait que 14 ans, et le violeur était un personnage puissant censé échapper à la justice. 
Il continuait, en compagnie de sa famille, de menacer Marie, et elle pensait mettre fin à ses jours.  Elle se rendit à une clinique d’aide juridique financée par les Etats-Unis et dirigée par l’Initiative pour la primauté du droit de l’Association du barreau américain, où les victimes des violences sexuelle basées sur le genre reçoivent une aide juridique et un soutien psychologique.   
Marie reçut des conseils pour l’aider à surmonter le traumatisme du viol. Avec l’aide de la clinique, elle porta plainte contre son voisin et continua sur cette lancée même après que le procureur général demandât que les parties réglassent l’affaire à l’amiable. L’auteur du viol fut jugé et reconnu coupable. 
Ce genre de justice est de plus en plus nécessaire dans les pays et les communautés affectés par les conflits, l’absence de droit et les violences sexuelles basées sur le genre. Les femmes et les jeunes filles sont souvent la cible de viols, d’esclavage sexuel et de trafic d’êtres humains, bien que les jeunes garçons et les hommes puissent aussi en être victimes.
Il est difficile d’exagérer l’impact durable que ce genre de violence produit sur les individus et les communautés. Les victimes des violences sexuelles basées sur le genre, qui qu’elles soient, sont marquées physiquement et émotionnellement de façon traumatisante, parfois tout au long de leurs vies.
L’impact sur des communautés entières est palpable. Comme l’a déclaré le Dr Denis Mukwege, qui soigne des victimes de violence sexuelle en RDC, « une mère qui a été violée en présence de ses enfants, ne se sent plus mère. Un père qui assiste au viol de ses filles ou de sa femme a l’impression de ne plus être un père ou un mari, parce qu’il n’a pas su les protéger ».
Ces crimes détruisent le tissu social des communautés affectées et pérennisent les conflits. Il est fondamental que les communautés développent la capacité institutionnelle de traduire les auteurs de violences sexuelles basées sur le genre en justice afin que les individus et leurs communautés puissent commencer à se reconstruire.
Il s’agit là du fondement même de l’Initiative d’imputabilité (Accountability Initiative) que le
Secrétaire d’Etat John Kerry a présentée à Londres en 2014, au Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits – pour aider à rendre justice aux victimes et renforcer les capacités des systèmes judiciaires, en vue de s’attaquer efficacement à ce mal social dans les pays africains en proie aux conflits. 
Aujourd’hui, l’Initiative d’imputabilité renforce les promesses de justice en République Centre Africaine, en RDC et au Libéria. En RDC, le Département d’Etat capitalise sur l’impulsion fournie par la nomination récente d’un conseiller spécial en matière de violence sexuelle par le Président Kabila et sur des investissements internationaux prospères en matière de programmes axés sur les violences sexuelles basées sur le genre – tel que le projet financé par les Etats-Unis qui a aidé Marie – en améliorant  l’établissement des dossiers criminels et les processus de gestion dans l’est du pays.   
En République Centre Africaine, le Département d’Etat forme des acteurs du secteur judiciaire afin qu’ils soient mieux à même de reconnaitre et de répondre aux violences sexuelles basées sur le genre. En outre, des para-juristes évoluant dans les communautés enseignent des communautés-cibles à propos des droits légaux et des services disponibles. Ces efforts ont atteint plus de 5.000 personnes rien que pour l’année dernière. 
Au Libéria, l’approche du Département d’Etat comprend un appui aux victimes et une composante vulgarisation, combinés à des réformes judiciaires, pour transformer des systèmes
qui, actuellement, pérennisent les violences sexuelles basées sur le genre. Nous travaillons avec le système judiciaire libérien pour améliorer l’efficacité et la transparence de la cour pénale qui s’occupent des cas de violences sexuelles basées sur le genre afin de soutenir les victimes et de renforcer la confiance des citoyens en un système judiciaire en état de fonctionner. 
·     L’engagement des Etats-Unis à travailler avec les gouvernements et la communauté internationale pour sensibiliser les citoyens et mettre un terme à l’impunité est ferme. Comme de plus en plus de gens sont informés des cas de violences sexuelles basées sur le genre déférés devant les tribunaux et qui sont jugés équitablement, leur confiance envers le système judiciaire s’accroit ainsi que l’espoir de voir d’autres victimes emprunter le même chemin menant à la justice. 
Bien que le renforcement des institutions judiciaires et l’accroissement des capacités de la police, des procureurs et des juges soient cruciaux, les actions en dehors des tribunaux sont également importantes. Les personnes fournissant des services psychologiques et sociaux devraient être formées et autonomisées afin d’aider les victimes à se rétablir et à se réintégrer. Les gouvernements aux niveaux local, régional et national ont aussi un rôle à jouer en encourageant et en appuyant ces programmes, en protégeant les innocents et en prenant des mesures visant à assurer l’efficacité des systèmes judiciaires.  
Les violences sexuelles basées sur le genre ne sont pas un phénomène nouveau. Toutefois, un effort international pour répondre à ce problème, mieux éduquer les communautés et construire et renforcer des systèmes qui réagissent aux violences où elles se déclarent – en guérissant les victimes et en punissant les auteurs – contribuera grandement à y mettre un terme. 
*Le nom de Marie a été changé pour protéger son identité. 

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