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samedi 13 juin 2020

La Covid-19 occasionne la baisse de fréquentation dans les structures de santés


Constatant une baisse de fréquentation dans les centres de santé et hôpitaux de Kinshasa depuis le début de la pandémie de COVID-19 en République Démocratique du Congo, MSF appelle les autorités sanitaires à veiller à ce que chaque structure – qu’elle soit identifiée ou non pour la prise en charge des patients COVID-19 – dispose des circuits et des équipements de protection individuel en quantité et qualité suffisante afin que le public et le personnel soignant puisse y accéder en toute confiance, sans risque de contamination ni de propagation de maladies.
La République Démocratique du Congo est officiellement confrontée à la pandémie de COVID-19 depuis le 10 mars 2020. Au 10 juin 2020, le pays totalisait un cumul de 4.514 cas confirmés dans les onze provinces touchées par la maladie, dont 90% dans la capitale. Plus de 560 personnes sont guéries depuis le début de cette pandémie, tandis que 97 personnes ont succombé au nouveau Coronavirus.
Selon les premières analyses effectuées par les équipes de Médecins sans Frontières (MSF), une baisse alarmante des taux de fréquentation des structures de santé de la capitale serait en cours et s’expliquerait notamment par le fait que de nombreux Kinois redoutent soit d’être infectés par le virus en se rendant dans les structures sanitaires soit d’être isolés et stigmatisés. L’impact économique de certaines mesures de prévention, telle que la restriction de mouvements, serait également l’une des causes.
 « Cette baisse est inquiétante car elle signifie que des malades ne bénéficient désormais plus de soins parfois vitaux dans les structures sanitaires de première ligne », explique Gisèle Mucinya coordinatrice médicale du projet VIH/Sida de MSF à Kinshasa. « Au Centre Hospitalier Kabinda (CHK) et dans les cinq autres structures de santé que nous appuyons dans la prise en charge du VIH à Kinshasa, par exemple, nous avons-nous aussi constaté cette baisse des consultations et des admissions en hospitalisation. Quand bien même les soins contre le VIH y sont gratuits, au CHK par exemple, le nombre de consultations mensuelles de patients est passé de 1 893 malades en janvier 2020 à 1 330 à fin mai 2020. Soit une baisse de 30%. Et ce, alors que les mesures de prévention y sont extrêmement strictes et que nous disposons de tout le matériel de protection requis. ».
Le même constat est tiré par le Dr Rany Mbayabu médecin directeur du centre hospitalier privé « Mudishi Liboke » à Kinshasa : «Depuis mars, les consultations ont chuté de plus de moitié, passant d’environ 250 à 100 patients par mois. Nos malades nous disent qu’ils ont peur de se faire contaminer par la COVID-19 en venant consulter. D’autres par contre évoquent des raisons financières.  »
Alors que le bulletin quotidien national de la situation épidémiologique sur le nouveau Coronavirus rapporte chaque jour des centaines de nouveau cas de COVID-19 dans la capitale congolaise, MSF s’inquiète que des malades  - porteurs ou non du nouveau Coronavirus – ne bénéficient désormais plus de soins parfois vitaux dans les structures sanitaires de première ligne.
« Le bon fonctionnement des structures de santé de première ligne est clé pour éviter que la pandémie du COVID-19 ne réduise l’accès aux soins des patients souffrant du VIH, du paludisme, de la rougeole ou d’autres maladies infectieuses. Et au vu des infections respiratoires qui vont se présenter avec la saison sèche, il est nécessaire que les populations continuent à se rendre à l’hôpital pour obtenir une prise en charge de leur maladie, quelle qu’elle soit, afin d’augmenter les chances de guérison », souligne Karel Janssens, chef de mission de Médecins Sans Frontières en RDC.
« Les structures MSF disposent encore à cette heure-ci de matériel de protection. Mais nous constatons que d’autres structures sanitaires peinent encore à protéger leur personnel. Il est clair qu’une meilleure protection du personnel de santé augmenterait la confiance de patients à se rendre dans les centres de santé, et par ricochet, renforcerait les efforts visant à contenir la propagation de COVID-19, et à fournir les services médicaux essentiels », note-il.
Si l’accès et l’approvisionnement en équipement de protection individuel constitue un problème global dépassant le cadre de la RDC, MSF appelle toutefois à un allègement des procédures administratives congolaises afin de faciliter l’importation des équipements de protection individuelle pour une mise à échelle de la riposte et pour le maintien de ses projets réguliers ainsi que ses interventions d’urgence dans le pays - Ebola, rougeole, choléra, VIH/SIDA, etc.
MSF a démarré la prise en charge des patients suspects et confirmés le 27 avril à l’hôpital Saint-Joseph de Limete à Kinshasa, en appui au Bureau Diocésain des Œuvres Médicales, au Ministère de la Santé et en coordination avec l’équipe nationale de la riposte à la COVID-19. De début mai à début juin, le centre a en moyenne hospitalisé 30 patients par jour, dont près de 20% sous oxygénothérapie. Au soir du 10 juin, 13 des 29 patients hospitalisés étaient placés sous oxygène.

Des équipes mobiles MSF ont également appuyé 50 structures de santé de quatre zones sanitaires de Kinshasa afin d’y renforcer les mesures d’hygiène, de les équiper en masques et lave-mains, de former le personnel médical ainsi que les relais communautaires sur la prévention et le contrôle des infections.




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