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vendredi 5 juin 2020

200.000 déplacés suite à la dernière vague d’attaques des villages et des centres de santé en Ituri


La recrudescence des violences dans la province de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC) a entraîné une nouvelle vague de déplacement forcé. Plus de 200.000 personnes ont été jetées sur les routes ces deux derniers mois suite à la destruction de leurs villages et des centres de santé par des groupes armés. Actuellement, la RDC est le deuxième pays au monde comptant le plus grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, derrière la Syrie.
Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les acteurs nationaux et internationaux à renforcer l’assistance apportée aux populations de cette région située au nord-est du pays.

Enrayer le cycle de violence
« Le 2 mai, plus de 200 maisons ont été incendiées dans la localité de Wadda. Le centre de santé que nous soutenions y a été pillé, rapporte Alex Wade, chef de mission pour MSF en Ituri. Au moins 4 autres structures de santé ont été attaquées au cours du mois de mai ». En effet, la dernière attaque recensée dans la région de Drodro s’est déroulée le 17 mai et les équipes de MSF sont venues en support des acteurs de santé locaux pour fournir des soins d'urgence à des femmes et des enfants dont les blessures avaient été causées par des armes à feu et des machettes.
La plus jeune victime de l'attaque est un garçon âgé de 15 mois, était sur le dos de sa mère lorsque celle-ci a été abattue. « La balle a traversé la jambe du nourrisson et tué sa mère. Il n’a pu être amené à l'hôpital que par des voisins, car ses parents sont morts sur le coup pendant l'attaque, tout comme trois de ses sœurs et trois de ses frères. Seul son frère aîné a réussi à s'échapper dans la brousse et a survécu », relate Diop El Haji, responsable médical de MSF.
Les civils sont les principales victimes de ces confrontations entre milices, forces nationales et autres groupes armés. MSF est témoin d’une situation dramatique pour les plus vulnérables qui vivent sous la menace permanente d’être pris pour cibles. « Cette violence est systématique. Les centres de santé et les villages sont détruits afin de décourager ceux qui nourriraient l’espoir d’y retourner, poursuit Alex Wade. Comme notre accès à certaines zones n’est pas garanti, nos équipes peinent à fournir des soins de santé aux populations locales et déplacées ».

Garantir l’accès aux soins et augmenter l’aide humanitaire
Dans une région secouée par des décennies de conflits communautaires, l’insécurité permanente entrave les mouvements des populations et complique ceux des humanitaires. « Les gens ont peur de se rendre dans les centres de santé, qu’ils soient dans les villages ou dans des sites d’accueil. Ils vivent dans la brousse et nous avons dû mettre en place des cliniques mobiles pour pouvoir les y atteindre », explique Benjamin Courlet, coordinateur de terrain pour MSF à Bunia.
MSF exhorte les acteurs nationaux et internationaux à accroître leur présence en Ituri auprès des centaines de milliers de personnes réfugiées sur des sites où les standards humanitaires minimums sont loin d'être atteints, entre insalubrité et surpeuplement. Dans ce quotidien déjà fragile, accéder aux soins s’avère de plus en plus difficile. MSF tente de combler les besoins les plus urgents, mais la crise ne saurait être résorbée sans davantage de services, d’acteurs et de personnels de santé.
« Les priorités immédiates sont l’accès de ces personnes à l’assistance médicale et à des conditions de vie meilleures, résume Benjamin Courlet. La mise en œuvre des protocoles de prévention des épidémies ajoute un niveau de complexité, en particulier au vu de la menace de propagation de la COVID-19 dans la région.  Les besoins sont énormes et nous ne pouvons pas tout faire tous seuls... »


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