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lundi 4 janvier 2016

Célébration des martyrs de l’indépendance et besoin d’un nouveau discours mobilisateur pour la protection des droits civils et politiques, en RDC

Par Maître Tshiswaka Masoka Hubert, Directeur Général de l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH)

Lubumbashi, le 4 janvier 2016. 
Ceci est une conclusion d’un papier de 13 pages qui posté sur le site de l’IRDH : www.tcct.co.za 
Libre de reproduction, à condition de citer la source et l’auteur. 

Conclusion Générale
A l’étranger comme en RDC, il est démontré qu’en des moments difficiles de l’histoire des peuples, des penseurs articulent des discours, citations, slogans ou simples bouts de phrase mobilisateurs qui restent des références pour les droits et valeurs fondamentaux. 
La présente analyse a rappelé qu’avant tout, il faut avoir un idéal ferme qu’on poursuit pour lequel on consacre sa vie. Dans le cas de la RDC, en ce moment, on parle de la protection, l’exercice et la jouissance des droits civils et politiques, au cours de l’année 2016.
Ceci est le même objectif que poursuivait Nelson Mandela devant le régime injuste d’apartheid quand il avait dit : « Mais si c’est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis préparé à mourir ». L’idéal humain est lié à la société. C’est un service d’intérêt général dont les membres doivent être conscients. Dans les circonstances racistes des Etats-Unis, le Pasteur Martin Luther King recommandait aux noirs américains que « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots». 
Effectivement, la prise de conscience est l’élément central de la revendication des droits civils et politiques. Un droit n’est droit que lorsqu’on le connait et on sait le revendiquer. Pendant la colonisation anglaise, Mathma Gandhi disait aux indiens: « Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir ! ». 
Certes ! Aucune tyrannie ne peut asservir la connaissance. C’est seulement si, et seulement si on s’en souvient. A ce propos, Patrice Emery Lumumba disait : « Qui oubliera, enfin les fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'injustice, d'oppression et d'exploitation ». 
Hélas ! Que faire devant un régime qui institutionnalise la terreur et l’oppression, qui réprime toujours à l’extrême de la douleur, afin de faire peur ? Dans ces circonstances, il convient de se souvenir d’Etienne Tshisekedi de qui l’on retient qu’« il faut enlever la peur, afin de faire tomber la dictature». 
Or, les communs de mortels savent que les dictatures ne cèdent jamais le pouvoir. Elles s’y installent à vie, comme les esclavagistes et colonialistes. La RDC a de la chance d’avoir vécu une dictature des plus sanguinaires dont le dictateur, lui-même, avait prédit sa propre fin. Oui ! C’est du déjà-vu. Le Marechal Mobutu avait emprunté une prophétie de Franz Fanon selon laquelle : « Un fruit ne tombe que quand il est mûr, mais devant l'ouragan et la tempête de l'histoire, mûr ou pas mûr, il tombe quand même». Alors, faut-il attendre que le fruit soit mur pour qu’il tombe, ou un ouragan providentiel pour qu’il tombe quand-même ? Non, le français Jean Paul Sartre répond en disant que « seuls les actes décident de ce qu’on a voulu ». 
Cependant, devant l’inconstance du congolais, il convient de souvenir du Mzee, « le soldat du peuple », Laurent Désiré Kabila qui n’a cessé de rappeler de ne « Jamais trahir le Congo ». 
En somme, comment et avec qui aller, pour ne pas trahir le Congo, dans ce contexte où d’une part le gouvernement refuse d’organiser des élections et dit que « le dialogue s’impose à nous » pour trouver « des solutions » et de l’autre, la population qui ne veut ni guerre ni violence, et ne jure que par le respect des termes et délais constitutionnels ? Et bien, est-il temps de se tourner vers Moïse Katumbi qui dit haut et fort : « non à un troisième penalty non justifié » ? Ou, faut-il aller, avec Etienne Tshisekedi, au « Dialogue » avec Kabila ? 
Moise Katumbi dit qu’il ne ménage aucun effort pour faire respecter la Constitution. Il en parle aux ONG, églises et autres organisations de la société civile ; Il se déclare membre du « Front Citoyen 2016 » ; Il a vu Etienne Tshisekedi ; Il a consulté la Dynamique de l’opposition du modérateur Martin Fayulu ; il a consulté Vital Kamerhe, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, devenu opposant à Kabila, sorti troisième aux élections présidentielles de 2011 ; il a parlé à Eve Bazaiba, la nouvelle Secrétaire Générale du Mouvement de Libération du Congo (MLC), deuxième force politique de 2006 ; il est avec le G7, la toute nouvelle plateforme d’opposants au régime de Kabila. Par cette démarche, Moïse peut-il trouver une formule d’alternance pacifique au sommet de l’Etat ? 
Etienne Tshisekedi a toujours appelé au « dialogue ». Il est le symbole de la lutte non violente contre toute forme de dictature et a été proclamé deuxième, aux élections présidentielles contestées de 2011. Mais, son « dialogue » est défini en des termes et conditions de l’assistance de la Communauté internationale. Il se réfère aux accords d’Addis-Abeba et des acquis démocratiques de la Conférence Nationale Souveraine (CNS). A ces conditions, le gouvernement a répondu : Les réponses aux problèmes congolais ne viendront ni de l’ONU, ni de l’Orient ni de l’Occident. Alors, Tshisekedi trouvera-t-il un moyen de contraindre le régime en place à organiser des élections dans les délais constitutionnel ?
En conclusion de ce qui précède, le congolais retiendra qu’il appartient exclusivement à la population d’agir, d’exercer et de jouir de ses droits civils et politiques garantis par la Charte des Droits de l’Homme et la Constitution. C’est à cette unique condition que le politicien la respectera. En dehors d’un discours mobilisateur, il ne faut rien attendre. Oui, « ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ». (John Fitzgerald Kennedy).

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