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vendredi 1 mai 2015

République Démocratique du Congo : Katanga Rapport hebdomadaire du 29 avril 2015

Ce rapport a été produit par OCHA en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il a été publié par OCHA et couvre la période du 22 au 29 avril 2015 Faits saillants
• Des éléments FARDC soupçonnés de pillages et méfaits contre les humanitaires
• Plus de 1,3 millions de dollars US du Fonds central pour les interventions d’urgence pour l’éducation et la protection au Katanga
Aperçu de la situation Le 14 avril 2015, le site spontané des déplacés internes à Mujinya, situé à 66 km au sud-ouest de Manono, a été pillé par des éléments soupçonnés appartenir à l’armée nationale congolaise, selon plusieurs sources humanitaires et sécuritaires. Ces soldats auraient emporté des articles ménagers que les déplacés avaient pu emmener lors des attaques de leur village. Cet incident a poussé ces personnes à se déplacer de nouveau vers Kachambuyi et aux alentours de Ilunga Ngoy.  
Mi-mars, plus de 10.000 personnes avaient fui les incursions des combattants Mayi-Mayi à Kabumbulo vers Kibumba, Malemba et Mwanza Seya. Environ 12.500 autres déplacés se trouvent à Mulongo et ses environs.  
A Kasungeshi, village situé à 50 km au nord de Mitwaba,  quatre camions humanitaires transportant des vivres pour Mulongo et Mitwaba, ont été la cible d'agression d'une poignée d'éléments FARDC, passant à tabac les chauffeurs et s'enfuyant avec du carburant. Une semaine  plutôt, sur l’axe Lubumbashi – Mitwaba, un incident similaire  a été enregistré le 10  avril 2015 où des militaires ont contraint ces transporteurs à convoyer leurs familles et effets de Kasungeshi à Lubumbashi.   
A Pweto, l’ONG ACTED a suspendu, depuis le 14 avril, ses activités sur l’axe Mutendele - Kisele, à 150 km de Pweto pour des raisons de sécurité. En effet, depuis le début du mois d’avril, les agents de cette organisation reçoivent des menaces anonymes de mort et d’incendies de leurs maisons. Sur cet axe, ACTED avait prévu organiser des foires alimentaires en faveur d’environ 10.000 personnes déplacées, retournées et autochtones. Des séances de sensibilisation sont en cours auprès des communautés et autorités locales dans ces villages sur l’importance de l’aide humanitaire.  
Ces restrictions de l'espace humanitaire sont des violations graves du Droit International Humanitaire (DIH). Les humanitaires demandent aux autorités de prendre des mesures nécessaires pour protéger les civils et garantir l’accès des humanitaires aux personnes vulnérables afin que l’action humanitaire ne soit pas entravée. Ils plaident aussi auprès de.   
Financement
Le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) vient d’allouer 1,3 millions dollars US au Katanga pour répondre aux besoins urgents dans les secteurs de l’éducation et de la protection dans les territoires de Manono et Mitwaba. En éducation ($ 889.700), ce financement va aider à améliorer l’accès et le maintien à l’école d’environ 15.000 enfants déplacés, retournés et autochtones de 6 à 11 ans dans 50 écoles du Territoire de Mitwaba. Parmi les activités prévues, il y a entre autres la distribution de fournitures scolaires et matériels récréatifs et le renforcement des capacités pédagogiques des enseignants. Mitwaba reste la zone n’ayant pas bénéficié, pendant plus de deux ans, des financements dans le secteur de l’éducation. 
Dans le domaine de la protection ($ 509.000), cette allocation va cibler plus de 3.400 personnes affectées par les conflits armés – survivantes des violences sexuelles, enfants associés aux forces et groupes armés et enfants non accompagnés- dans les territoires de Manono et Mitwaba. Ce financement permettrait à fournir, entre autres, des biens essentiels et une assistance psychosociale et médicale aux victimes des violences sexuelles, des activités récréatives et psychologiques aux enfants affectés et ceux sortis des forces et groupes armés.  Situation/Réponse humanitaire
Education • 5.600 enfants déplacés des villages à Manono et Ankoro, Territoire de Manono, sont privés de scolarité depuis le début du mois d’avril à la suite des incendies de leurs écoles, lors de différents affrontements entre les Twa et Luba. Les incursions des certains éléments Mayi-Mayi Bakata Katanga ont également contribué à cette détérioration.  Parmi les actions prises, les experts de l’éducation ont initié des cours de rattrapage pour remettre à niveau ces enfants et ainsi faciliter leur réintégration scolaire pour l’année 2015-2016. Un atelier organisé, du 17 au 19 avril à Manono, a permis de renforcer les compétences de ces spécialistes sur la préparation, la planification et la réponse en éducation dans les situations d'urgence.       
US$ 1,3 millions  
5.600 enfants non scolarisés depuis le début du mois d’avril à Manono
Education 64 %
Protection 36 %

65 % des cas des violences sexuelles basées sur le genre au Katanga  
Depuis le début de l’année 2015, la province du Katanga n’a reçu que très peu de financements pour lutter contre les violences sexuelles basées sur le genre. Début avril, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a reçu, via le Fonds central d’intervention d’urgences (CERF), plus de 58.700 dollars US pour prendre en charge 250 survivantes des violences sexuelles dans les territoires de Manono et Mitwaba. Ce financement servira à fournir, entre autres, des biens essentiels et une assistance psychosociale et médicale de ces victimes.  
Les fonds reçus par UNICEF ne représentent qu’une fraction des 2 millions dollars que les acteurs estiment qu’ils ont besoin pour continuer les activités en cours. Une grande partie ciblerait Kalemie, Malemba Nkulu, Manono et autres territoires en proie à des conflits. Ces fonds permettraient, entre autres, d’approvisionner les structures médicales en matériel approprié; renforcer le système judiciaire ; renforcer la réinsertion socioéconomique des survivantes.  La lutte contre les violences sexuelles demeure l’un des « parents pauvres » de l’aide humanitaire en RDC.  
Plus de 600 cas de violences sexuelles basées sur le genre (SGBV), dont 35 % dans le seul district du Tanganyika, ont été rapportés durant les trois premiers mois de 2015. Selon la Division provinciale du genre et famille du Katanga, le viol représente plus de 65 % des cas. Les mutilations sexuelles, la prostitution juvénile, l’incitation des mineurs à la débauche représentent les autres types de violence régulièrement recensés. Près de 52 % des victimes sont des déplacés et retournés ; 35 % sont des résidents dans les zones en conflits – Malemba Nkulu, Manono, Mitwaba, Nyunzu et Pweto- et les 13 % autres sont reparties dans les zones hors conflit.  La majorité de ces actes est perpétrée par les civils (48 %), suivis des miliciens et des groupes armés (43 %) et des forces de l’ordre (9 %).  
Grâce à un financement de 800.000 dollars US reçu en 2014 de l’Office d’aide humanitaire pour la Commission de l’Union européenne (ECHO) et le Département britannique pour le développement international (DFID) ainsi que d’autres mécanismes traditionnels, une poignée de projets sont en cours. D’autres acteurs mènent des projets sur leurs fonds propres dans les territoires de Kalemie, Malemba Nkulu, Manono, Moba et Pweto. La majorité de ce financement est affectée à la prise en charge psychosociale et médicale.  Une partie moins importante sert à organiser des sensibilisations au sein des communautés, à la formation des prestataires et à la réinsertion socioéconomique.   
Du 1 janvier au 31 mars, près de 40 cartons de kits prophylaxie post-exposition (PEP) – un carton de kit PEP peut servir 50 personnes- ont été pré-positionnés dans les centres de santé du District de Tanganyika et dans les territoires de Bukama, Malemba Nkulu, Mitwaba et Pweto. Des formations ont été également organisées à l’intention des policiers et militaires sur leur implication dans la protection des droits humains et des civils. Le Kit PEP est un traitement médical préventif qui doit commencer immédiatement après l’exposition à un virus afin de prévenir l’infection. Dans les cas des violences sexuelles, le traitement doit se faire avant 72 heures pour prévenir les maladies ou grossesses. 
La coordination sauve des vies
Cependant, ces femmes victimes de viols ont besoin d’un suivi psychologique et médical, car leur état actuel nécessite une bonne prise en charge ainsi qu’un soutien pour leur réintégration sociale.  Plusieurs raisons expliquent cette faible prise en charge des victimes des violences sexuelles dans la Province du Katanga : stigma associé au viol et aux autres influences coutumières ; manque de médicament et de structures ; personnel soignant insuffisant; capacité limitée des acteurs.  
En 2014, plus de 2.910 cas ont été enregistrés dans la province. Par manque de moyens financiers, seulement 29 % des victimes des violences sexuelles ont bénéficié d’une prise en charge médicale. Le pourcentage des femmes qui ont reçu une assistance psychosociale ou qui ont bénéficié d’une assistance juridique n’a pas dépassé les 30 pourcent. Seulement 2 % des auteurs de ces actes ont fait l’objet d'une condamnation.  

Entre 2011 et 2013, le Katanga a enregistré 6.582 cas de violences sexuelles basées sur le genre au Katanga. Les violences sexuelles demeurent un problème de protection considérable. Chaque jour, de nombreuses femmes et jeunes filles sont ciblées dans les zones en conflits et hors conflits, avec un niveau de brutalité sans égal.  

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