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mercredi 12 juin 2019

L’ONU-Habitat facilite la sécurisation des droits fonciers de 72 ménages au Nord-Kivu et du Camp Militaire de Rumangabo


Gatera/Kisigari, le 5 juin 2019 – Le ministre provincial en charge des Affaires foncières du Nord-Kivu, Jean de Dieu Giza, a remis 72 titres fonciers aux ménages dont les habitations et plantations s’étaient retrouvées dans l’enceinte du Camp Militaire de Rumangabo. Un processus facilité par le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
Le mnistre provincial des Affaires foncières, Jean de Dieu Giza, posant avec les bénéficiaires
Grâce à une médiation de l’ONU-Habitat, les militaires stationnés au Centre de brassage et de recyclage-Rumangabo et les populations vivant dans les environs dudit centre viennent de fumer le calumet de la paix après plus d’une décennie de conflit foncier.  Les militaires reprochaient aux populations d’utiliser leur espace pour y exercer des activités agricoles et leur imposaient des taxes et redevances d’usage.  Pour parer à cette situation de tension, l’ONU-Habitat n’a ménagé aucun effort pour amener les parties concernées à la table de négociation pour que soit trouvé enfin un règlement à l’amiable et définitif à ce conflit. 
 « C’est maintenant chose faite », a déclaré le Ministre Jean de Dieu Giza après avoir remis les titres individuels aux bénéficiaires et également un titre pour le Camp Militaire de Rumangabo.  « L’implication des hommes en uniforme dans ce processus nous donne une garantie d’une jouissance paisible et durable.  Ils sont obligés de cohabiter ensemble, ils sont obligés de faire la paix ensemble et nous estimons qu’avec les espaces crées par l’ONU-Habitat, la voie de paix est là », conclut-il.
Mayingamiye Savura, 45 ans et mère de 6 enfants, est veuve depuis 1994.  « Mon mari a perdu la vie alors que nous habitions dans le camp de réfugiés de Kibumba en territoire Nyragongo dans la province du Nord-Kivu », raconte-t-elle.  « Après sa mort, la vie de ma petite famille était devenue incertaine et désespérée. Mes enfants et moi-même avions pris la décision de quitter le camp pour chercher refuge dans la localité de Kabaya [en groupement de Kisigari dans le territoire de Rutshuru] en bordure du Camp Militaire de Rumangabo », se souvient Mme Savura qui poursuit : « malheureusement la parcelle que j’avais acheté se retrouve, selon le croquis de l’Administration foncière datant de 1954, dans l’enceinte du Camp militaire.  Ainsi, notre malheur et misère se sont poursuivis sans cesse. Les hommes en uniforme troublaient notre paix. Ils nous imposaient des taxes exagérées voire-même imaginaires, sans compter des nombreuses menaces qui durèrent plusieurs années.  Et soudain, nous avons reçu la bonne nouvelle : la mise à la disposition des parcelles pour nous sur le site de Gatera/Kisigari », a relaté Mme Savura qui regrette n’avoir jamais vu le corps sans vie de son mari.
Mme Mvuanga Semirama recevant le titre de propriété des mains du Ministre Jean de Dieu Giza


 Un couple d’enseignants parmi les heureux bénéficiaires
Mariée à Christian Rukaragashori depuis 4 ans, Mme Clémentine Maombi est enseignante, comme d’ailleurs son mari, à l’Ecole primaire Kianderema en groupement de Kisigari.  Surprise par une issue heureuse de la démarche menée par l’ONU-Habitat, souriante et spontanée, elle déclare : « C’est une journée exceptionnelle et inoubliable pour notre famille, car nous avons, enfin, notre propre parcelle ».
Les repères délimitant le Camp de Rumangabo et la localité de Kabaya identifiés
Les repères délimitant le Camp de Rumangabo et la localité de Kabaya ont pu être identifiés grâce à un croquis de situation trouvé dans les archives de la division des Affaires foncières à Rutshuru. « Ni les hommes en uniforme et encore moins les résidents de la localité riveraine de Kabaya ne savaient réellement où se situaient la limite et la zone tampon », a ajouté Kasereka Kiro. « Mais au finish, nous avons pu trouver la superficie et la configuration réelles de la concession du camp militaire.  Les deux parties en conflit étaient satisfaites. Elles ont coopéré avec l’Administration foncière pour mettre à terme ce conflit foncier qui datait de plusieurs décennies et qui ne cessait d’empoisonner l’atmosphère et d’inciter le climat de méfiance », conclu-t-il. 
Le Secrétaire administratif du groupement de Kisigari qui fait l’intérim du Chef de groupement, Floribert Hakizimwami, était aussi au site de Gatera/Kisigari pour se rendre compte de l’état d’avancement du processus de distribution des parcelles aux nouveaux occupants. « En tant qu’autorité de proximité, l’installation de 72 ménages-bénéficiaires sur le nouveau site va sceller une paix durable entre les hommes en uniforme et la population civile qui vit de l’agriculture et de l’élevage », a-t-il soutenu.

Un plaidoyer qui s’est soldé par la mise à la disposition de 5 hectares en faveur des 72 ménages
L’Equipe de l’ONU-Habitat posant avec les Militaires devant l’entrée du Centre de Brassage et Recyclage Rumangabo lors du processus de délimitation de la zone tampon entre eux et les populations riveraines (Photo d’archives, juillet 2018)
L’ONU-Habitat en collaboration avec l’Administration du territoire de Rutshuru s’est impliquée, depuis 2018, dans la médiation et la résolution du conflit foncier qui opposait les hommes en uniforme du Camp de Rumangabo contre les populations de la localité de Kabaya où « vivent plus de 8 mille habitants », selon le Secrétaire administratif du groupement de Kisigari, Floribert Hakizimwami. 
Le plaidoyer initié par l’ONU-Habitat s’est soldé par la mise à la disposition par le Mwami Francis Ndizeye, de 5 hectares en faveur des 72 ménages dont leurs habitations et plantations se retrouvaient dans l’enceinte de la concession du camp militaire.
 « Le processus de sécurisation des droits fonciers du nouveau site de Gatera/Kisigari où seront désormais logés pour de bon les 72 ménages-bénéficiaires était riche en défis, mais vient de se conclure avec succès.  Les droits fonciers des bénéficiaires sur les nouvelles terres sont garantis par des titres fonciers signés et octroyés par les autorités de la province du Nord-Kivu. Le ministre de tutelle a même fait le déplacement de Goma jusqu’à Kisigari », se félicite Kasereka Kiro, géomètre du Cadastre près l’Administration foncière de Rutshuru en poste depuis 9 ans.
Le processus a bénéficié, depuis 2018, d’un appui considérable de l’ONU-Habitat
Depuis le début de ce processus, l’ONU-Habitat n’a ménagé aucun effort pour apporter son appui précieux à l’Administration foncière du territoire de Rutshuru.  Cette agence des Nations unies couvrait tous les frais de déplacement des agents de l’Administration du Centre de Rutshuru vers la localité de Kabaya et le Camp militaire de Rumangabo, a disponibilisé les fonds qui ont servi à l’achat de plus de 200 bornes délimitant le Camp Militaire et les environs de la localité de Kabaya, et également à l’établissement de 72 titres fonciers pour les ménages-bénéficiaires. 
L’ONU-Habitat a aussi mis à la disposition des agents de l’Administration foncière des outils de travail, tels que les GPS pour la collecte des données parcellaires, les stations totales, les jalons qui les ont aidés à accomplir un travail de qualité dans un délai raisonnable. « Tous ces outils resteront une propriété de l’Administration foncière », rassure le géomètre Kasereka. 
Le Projet de Planification Communautaire Foncière Participative (PCFP) pour assurer un avenir meilleur pour les communautés congolaises
Cette initiative menée par l’ONU-Habitat s’inscrit dans le cadre de son Projet de Planification Communautaire Foncière Participative (PCFP) financé par l’Agence britannique de développement (DFID). Visant à assurer un avenir meilleur pour les communautés congolaises, ledit projet est mis en œuvre dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, et celle de l’Ituri.
 Daniel MASSAMBA MEBOYA




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