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vendredi 19 juin 2015

Le Katanga sur le précipice d’une épidémie grave de rougeole

En cinq mois, plus de 12 200 cas de rougeole ont été rapportés au Katanga, une hausse de plus de 50% comparée à la même période l’année dernière. La cause : de nombreux enfants n’ont pas été vaccinés. Selon les autorités sanitaires provinciales, douze zones de santé sont touchées et 186 enfants sont décédés de cette maladie pourtant évitable par la vaccination. La Zone de santé de Malemba, dans le Territoire de Malemba Nkulu, a rapporté, à elle seule, plus de la moitié du nombre total de cas enregistrés. L’évolution rapide de la rougeole dans cette zone fait craindre une urgence épidémique, une situation qui rappelle la grande flambée qu’a connue la province en 2011. Selon les spécialistes de la santé, les décès liés à la rougeole, particulièrement à Malemba, seraient entre autres dus au retard à emmener les enfants dans les structures sanitaires. De nombreuses familles peinent à parcourir les grandes distances séparant les centres hospitaliers des villages. Pour d’autres, les soins dans les centres de santé ne peuvent être envisagés qu’en derniers ressorts, considérations socioculturelles obligent. Dans la zone de Malemba, plus de 1.500 cas de rougeole sont enregistrés chaque semaine, souvent associés à d’autres pathologies dont la malnutrition. Cependant, il n’y a plus d’acteur de prise en charge de la malnutrition dans la zone, le dernier projet dans la zone étant arrivé à terme en mars dernier.
L’appui à la réponse reste localisé alors que l’épidémie s’étend
Les humanitaires interviennent dans la prise en charge des cas au niveau des hôpitaux de référence et centres de santé, dans l’approvisionnement des intrants de prise en charge de la rougeole et de la pneumonie, ainsi que dans l’organisation de la vaccination de riposte. Cependant, cet appui humanitaire se concentre seulement sur quatre zones de santé – Kikondja, Kilwa, Mukanga et Malemba Nkulu – sur les 12 zones affectées. Dans les zones sans appui, les structures sanitaires interviennent avec les moyens de bord. Cette situation fait suite au manque d’acteurs humanitaires capables de prendre en charge cette pathologie, à l’insuffisance de financement consacré à la rougeole et au manque d’intrants de prise en charge. Actuellement, la réponse reste sous-financée, une situation délicate face à une pathologie aussi meurtrière pour les enfants. La rougeole est devenue endémique dans certaines zones du Katanga. Sa persistance est liée principalement au dysfonctionnement du système de vaccination de routine. Dans certaines zones, la couverture vaccinale est d’à peine 50%. Comme partout en RDC, le système sanitaire est dépassé par l’ampleur des besoins. Les structures de santé – là où elles sont encore fonctionnelles – font régulièrement face à des ruptures de stocks de médicaments et de vaccin. Dans le cas de vaccin, maintenir la chaîne de froid pour garantir son efficacité est un vrai casse-tête. D’autres provinces ne sont pas en reste La rougeole ne touche pas seulement le Katanga, cinq autres provinces sont touchées : le Bandundu, le Bas-Congo, l’Equateur et les deux Kivu. A travers le pays, plus de 16 000 cas ont été rapportés. La RDC a développé une stratégie nationale pour faire face à la persistance de la rougeole. Elle se repose essentiellement sur le renforcement de la surveillance épidémiologique, la prise en charge médicale des cas, la riposte vaccinale dans les zones en épidémie et les zones contiguës, et la vaccination de masse ciblant les enfants de 6 mois à 15 ans. Toutefois, sa mise en œuvre normale reste hypothétique. L’urgence en cette période d’épidémie est d’organiser rapidement une campagne vaccinale de masse dans tout le Katanga pour limiter l’expansion de cette pathologie vers les zones non encore touchées. La dernière campagne vaccinale de suivi contre la rougeole date de mars 2014. A l’occasion, plus de 4 millions d’enfants étaient ciblés.
Maniema: Des centaines d’enfants guéris de la malnutrition
Plus de 3.700 enfants, âgés de 6 mois à 5 ans, sont sortis des centres de traitement de malnutrition des territoires de Kailo et Kabambare, dans la Province du Maniema, au cours de six derniers mois, grâce à un programme intensif de l’ONG internationale COOPI. Localisation de l’épidémie de la rougeole en 2015 (carte OMS) Dans certaines zones, la couverture vaccinale est d’à peine 50 %, d’où la persistance de la rougeole. 95 % Des enfants admis dans les centres nutritionnels en sont sortis guéris R.D. Congo.
La coordination sauve des vies Ces enfants, représentant 95 % de tous ceux qui y avaient été admis, ont ainsi été guéris de la malnutrition, un fléau qui ravage cette province enclavée, jadis considérée comme un des principaux greniers de la République Démocratique du Congo. Ce programme, dont l’objectif principal était de contribuer à réduire les décès liés à la malnutrition aigüe sévère (MAS), a aussi permis de former plus de 100 agents et personnels sanitaires et 144 relais communautaires sur la prise en charge intégrée de la malnutrition aigüe (PCIMA). Ces formations avaient pour but de voir pérenniser les acquis de cette intervention qui est loin de résoudre durablement la crise nutritionnelle devenue endémique dans cette partie du territoire congolais. Ampleur et causes de la malnutrition au Maniema La malnutrition touche cinq territoires sur les sept que compte la Province du Maniema. Selon la dernière enquête nutritionnelle menée par le Programme national de nutrition (PRONANUT), les taux de prévalence de la malnutrition aigüe globale (MAG) et de la malnutrition aigüe sévère (MAS) chez les enfants de moins de cinq ans sont au-dessus des seuils d’alerte respectifs de 10 % et 2 %. Les territoires de Kailo et de Kabambare sont les plus affectés avec les taux de malnutrition aigüe sévère au-dessus du seuil d’intervention d’urgence. Selon PRONANUT, les causes de la malnutrition aiguë chez les enfants et les femmes sont multiples : insécurité alimentaire due à la forte baisse de la production vivrière, maraîchère et animale ; faiblesse du pouvoir d’achat de la population liée à la grande pauvreté ; mauvaises pratiques de l’alimentation du nourrisson et jeune enfant ; et propension à privilégier les activités minières aux travaux champêtres.
L’ombre de la rechute continue de planer  
Malgré le succès enregistré par ce projet, les risques de rechute pour les enfants guéris sont très élevés. Sur les 31 aires de santé des territoires de Kailo et de Kabambare, seulement 20 ont été couvertes dans le cadre de ce projet, excluant ainsi onze autres aires de santé n’ayant enregistré que des cas de la malnutrition aigüe modérée (MAM). A défaut d’une sensibilisation conséquente, il y a non seulement le risque de voir la rechute des enfants guéris, mais aussi et surtout de voir les enfants devenir sévèrement malnutris. Ce passage est déjà à la base du dépassement du nombre d’enfants pris en charge dans des unités de traitement ambulatoire. Ce projet touche à sa fin alors que pointe à l’horizon la période de soudure allant de juillet à janvier. Avec le désengagement des nutritionnistes et autres conseillers sociaux pris en charge par le projet, le suivi régulier des enfants malnutris posera problème et exposera ces derniers aux risques de rechute. Enfin, la multiplicité des causes de la malnutrition dans ces deux territoires commande la mise en place d’une réponse multisectorielle – nutrition, sécurité alimentaire, eau, hygiène et assainissement, etc. – pour résoudre de manière durable le problème. Il faut en plus une communication soutenue pour changer certaines pratiques et mentalités qui aggravent une situation nutritionnelle déjà critique.

Nord-Kivu : Deux sites de déplacés fermés, plus de 800 personnes rentrent chez elles

« Même si nous savons que ça ne sera pas facile, nous sommes très contents de pouvoir rentrer. Nous n’avons pas de maison, mais nous voulons seulement rentrer. Nous allons reprendre les activités dans nos champs et ne plus vivre en fonction de l’assistance alimentaire à chaque mois. Ça sera difficile au début parce que ça fait plusieurs années que nous n’avons pas cultivé nos champs. Nous allons encore souffrir pendant deux ou trois mois avant de pouvoir semer et récolter à nouveau, nous aurons toujours faim.» Parfait Kanyama, un ex-occupant du site de Buhimba retourné depuis peu avec sa famille dans le Masisi. Parfait Kanyama et sa famille, ainsi que plus de 800 autres personnes déplacées internes (PDI) ont quitté, en mai, les sites de déplacés de Buhimba et Nzulo, situés dans la périphérie de Goma, la capitale provinciale. Ces deux sites, ouverts à la fin 2012 – début 2013 lors de la crise sécuritaire née de l’attaque de la province par le Mouvement du 23 mars (M-23), viennent d’être fermés. Le processus de fusionnement et de fermeture des sites de déplacés au Nord-Kivu est entamé depuis avril 2014 par la Commission nationale des réfugiés (CNR) avec l’appui des membres du groupe sectoriel Coordination et gestion des sites de déplacement (CCCM). Ce processus vise à améliorer la protection et l’assistance des PDI après une réduction de plus de la moitié de la population déplacée occupant les sites autour de Goma. Les deux sites fermés, Buhimba et Nzulo, avaient enregistré une baisse de leur population de plus de 90 %. Sur environ 7.336 personnes que le site de Nzulo accueillait à son ouverture fin 2012, il n’en restait à sa fermeture que 375. De l’optimisme pour le retour malgré les incertitudes L’annonce de la fermeture de ces sites a été généralement bien accueillie par les PDI. Ces dernières ont manifesté l’intention de retourner chez elles ou d’être relocalisées lors des séances d’information organisées par les humanitaires, sous la coordination du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM).

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