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jeudi 12 juin 2014

RD Congo : Les gardes du Parc national des Virunga et les activistes ont toujours besoin de protection et de justice



Par Ida Sawyer
La compagnie pétrolière britannique SOCO International et  le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont annoncé le vendredi 12 juin 2014 un accord mettant provisoirement fin aux travaux de recherche pétrolière dans le Parc national des Virunga, un site inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO situé dans l'est de la République démocratique du Congo. Cependant, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour protéger les gardes du parc et les activistes qui ont été menacés et attaqués pour avoir critiqué les projets d'exploration pétrolière dans le parc, et pour traduire les responsables en justice.
Les activités de SOCO dans le parc des Virunga ont suscité des critiques de plus en plus nombreuses. Cette compagnie a déclaré aujourd'hui qu'elle n'entreprendrait ou ne passerait commande d'aucun forage - exploratoire ou autre - à l'intérieur du parc, à moins que l'UNESCO et le gouvernement congolais ne concluent que de telles activités sont compatibles avec le statut de site inscrit au patrimoine mondial du parc. WWF a accepté de surseoir à faire valoir ses arguments dans le cadre de sa plainte à l'encontre de SOCO auprès du Point de contact national du Royaume-Uni aux termes des principes directeurs à l'intention des entreprises multinationales de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Human Rights Watch a documenté plusieurs cas d'arrestations arbitraires par les autorités gouvernementales, ainsi que de menaces et d'attaques de la part d'agresseurs non identifiés, contre des gardes du parc et des activistes qui ont critiqué les projets d'exploration pétrolière dans le parc. Le gardien-chef du secteur central du parc a été averti en septembre 2013 qu'il serait tué s'il continuait à s'opposer aux activités de SOCO. Quelques jours plus tard, des militaires et des membres des services de renseignement congolais l'ont battu, arrêté et détenu arbitrairement.
Le 15 avril, le directeur du parc, Emmanuel de Mérode, de nationalité belge, a été grièvement blessé par balles par trois hommes armés vêtus d'uniformes militaires. La semaine suivante, plusieurs défenseurs de l’environnement ont reçu des menaces. Un message texto (SMS) provenant d'un numéro non identifié disait: « Vous pensez qu’en écrivant, vous nous empêcherez d’extraire le pétrole. Vous allez mourir pour rien comme de Mérode. »
Des membres du gouvernement, de l'armée et des services de renseignement congolais ont été impliqués dans un grand nombre des menaces et des agressions documentées par Human Rights Watch. Certains auraient reçu de l'argent de la part de la compagnie SOCO. Des activistes et des gardes du parc ont également affirmé que des représentants de SOCO et de sociétés de sécurité avaient essayé de les soudoyer afin d’obtenir leur soutien, de les décourager de prendre la parole contre l’exploration pétrolière dans le parc ou pour qu'ils facilitent les activités de la compagnie dans le parc. 
SOCO a condamné l'attentat contre de Mérode et a nié tout rôle dans les menaces, les actes de violence ou le recours à des pots-de-vin, mais a affirmé qu’elle examinerait les allégations de corruption de ce type et a condamné le recours à la violence et à l’intimidation.
Les individus responsables de ces abus doivent être traduits en justice. Les autorités congolaises devraient mener des enquêtes approfondies et impartiales sur les menaces et les violences à l'encontre des gardes du parc et des activistes. Le procureur fédéral de Belgique devrait également envisager d’ouvrir une enquête sur l’attentat contre de Mérode, du fait qu'il est de nationalité belge. Les autorités britanniques devraient enquêter sur les activités de SOCO dans l'est de la RD Congo, au nom de la loi britannique sur la corruption.
L’accord provisoire annoncé aujourd'hui ne devrait pas servir de prétexte pour relâcher la pression exercée sur les gouvernements congolais, britannique et belge afin qu'ils effectuent des enquêtes, qui sont grandement nécessaires. Il ne devrait pas non plus décourager la compagnie SOCO de procéder à son propre examen de ce qui s'est passé et de s'assurer que ses opérations respectent les normes internationales en matière de droits humains. Les gardes du parc et les activistes ont le droit d'exprimer leur point de vue librement et de protéger le parc sans risquer leur vie.


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