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mercredi 3 mai 2023

Président de l’UNPC, Gaby Kuba : « La dépénalisation partielle est un piège qui nous est tendu par l'Etat car nous ne serons pas à l’abri de certains ennuis »

Excellence Monsieur le Président de la République Chef de l'Etat,

Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités respectifs,

Nous célébrons ce 3 mai 2023 le trentième anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse sous le thème : "Liberté d'expression comme moteur de tous les droits de l'homme". Une journée instaurée par l’UNESCO depuis la Déclaration de Maputo. Au niveau national, nous avons adapté le thème comme suit : "Liberté d'expression à l'épreuve de la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo : Nouvelle loi sur la presse pour une nouvelle dynamique".

Notre thème national tient compte du nouveau cadre légal et du contexte sécuritaire du pays. La nouvelle loi sur la presse était le vœu de chacun de nous lors des États généraux de la Communication et Médias tenus l'année dernière. Nous étions tous unanimes pour la modification de la loi de 1996 dont plusieurs dispositions étaient devenues désuètes au regard de l'évolution de la société et des innovations technologiques. Cette loi, appelée "Loi Muyaya" apporte une nouvelle dynamique et renforce la liberté de la presse. Elle consacre un chapitre sur les médias en ligne, aborde le statut des médias communautaires et associatifs et accorde une place de choix à la viabilité économique des médias. A défaut d'obtenir la dépénalisation totale des délits de presse, nous n’avons obtenu qu’une dépénalisation partielle en attendant la ‘’salubrité médiatique’’ prônée par le Président de la République Félix Tshisekedi. Je tiens donc à féliciter tous ceux qui ont travaillé pour cette nouvelle loi.

 Excellence Monsieur le Président de la République Chef de l'Etat,

Mesdames et Messieurs,

Nous ne sommes pas encore arrivés au bout du tunnel malgré la promulgation de la nouvelle loi sur la presse. La dépénalisation partielle est un piège qui nous est tendu par l'Etat car nous ne serons pas à l’abri de certains ennuis. La prudence s’impose. Nous devons donc être plus responsables dans l'exercice du métier en respectant notre code d'éthique et de déontologie ainsi que les lois du pays. La liberté et la responsabilité sont indissociables. C'est pourquoi la ‘’salubrité médiatique’’ est un vaste chantier sur lequel nous devons déployer beaucoup d'énergie. Et, les pouvoirs publics doivent prêcher par l'exemple en cessant de légaliser, d'adopter et de légitimer les moutons noirs qui ont aujourd'hui pignon sur rue plus que les vrais journalistes. Ils sont décriés autant qu'ils sont adulés. On ne résout pas le problème avec ceux qui en tirent profit.

Nous rappelons au Gouvernement, son engagement de financer le congrès extraordinaire de l'Union Nationale de la Presse du Congo, conformément aux recommandations des États généraux. L’UNPC a déjà donné le go avec la réunion de son Comité directeur, financée par Internews l’année dernière à l’issue des Etats généraux. Ce congrès vise des réformes. De l'assainissement de la corporation des journalistes, dépend aussi la réussite du Gouvernement dans le secteur. En outre, pour une bonne appropriation de la "Loi Muyaya’’, il faut la vulgarisation. C'est ainsi que nous demandons à l'Etat de nous transmettre la version définitive publiée dans le Journal officiel afin d'éviter toute spéculation. Aussi, l'UNPC sollicite-t-elle l'appui du Ministère de la Communication et d'autres partenaires pour la vulgarisation de ladite loi. 

Excellence Monsieur le Président de la République Chef de l'Etat,

Mesdames et Messieurs,

La RDC fait face à des guerres à répétition depuis plus de 25 ans. Cette situation n'est guère reluisante pour la liberté de la presse. C'est ici l'occasion pour l'UNPC d'exprimer son soutien à tous ses membres ayant abandonné leurs rédactions à cause de l'agression orchestrée par le M23. Nous avons une pensée pieuse pour ceux qui sont morts dans l'exercice de la profession et dont leur seul péché n’a consisté qu’à donner l'information au public. Les ennemis de la République les ont considérés comme des témoins gênants. D'où, les assassinats et le mauvais traitement. Le déplacement massif des journalistes des entités occupées par le Rwanda dans l'Est du pays et l'interruption des émissions de la radio Top Congo sont des illustrations de la cruauté vis-à-vis de notre presse. La tragédie au Kivu impacte négativement notre presse. Et tout cela, sous le regard complice, passif et complaisant du monde entier.

Entre-temps, les observateurs et autres spécialistes du Congo sont sur les rapports et les décomptes pour placer la RDC dans tel ou tel classement, alors qu'ailleurs, une simple interpellation d'un journaliste est un tsunami qui suscite la mobilisation générale. Deux poids, deux mesures ! Chers confrères journalistes, Il n'y a pas d'incompatibilité entre la défense de la patrie et le journalisme. La liberté a des limites. La RDC traverse une période difficile. Notre presse est impérativement appelée à se désolidariser et à quitter des cercles complotistes. Il faut qu'elle refuse catégoriquement de relayer des infox, des campagnes de diabolisation et des fake news sur la situation sécuritaire du pays. 

La presse nationale comme étrangère doit cesser de manipuler l'opinion et les esprits pour ne pas faire le jeu de l'ennemi. Convertissez-vous et retirez vos micros, vos caméras et vos plumes de la conspiration contre la RDC. 2023, est une année électorale. La bataille sera rude entre les politiciens. Ces derniers se servent toujours des médias. Et surtout qu'ils les contrôlent. Aux journalistes de faire le choix entre le mercenariat politique et l'information. L'UNPC réitère sa position de désapprouver tout activisme politique des journalistes, tout discours haineux ou xénophobe et toute délinquance médiatique. Le nouveau variant du journalisme congolais, sous couvert du journaliste d'opinion ou d'analyste politique, actuellement en vogue, est invité à revisiter son mode opératoire. 

Je vous remercie.

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