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jeudi 20 avril 2023

La Régideso appelée à humaniser la campagne de recouvrement forcé de ses créances auprès de ses abonnes à Kinshasa en mettant fin aux menaces et tracasseries contre la population

La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme (VSV) salue les efforts fournis par les autorités congolaises pour que le droit de la population à l’eau potable soit respecté. La VSV salue également les efforts fournis par la Régie de Distribution d’Eau (Regideso) pour que certains quartiers longtemps oubliés des communes de la ville de Kinshasa aient de l’eau (cas de Mbudi, etc.).

Cependant, la VSV dénonce les coupures intempestives et avis de coupure de la desserte en eau potable dont des milliers d’abonnés de plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa font l’objet en ce moment ainsi que de nombreuses menaces de déterrement des tuyaux des abonnés dans le cadre de l’opération de recouvrement forcé des créances lancée, depuis le mois de mars 2023 par cette Régie dans la ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RD Congo).

La VSV s’insurge contre les méthodes utilisées par les agents souvent zélés de la Regideso commis à cette opération qui sans respect envers les abonnés menacent ces derniers de coupure d’eau et de déterrement des tuyaux de raccordement aux installations de la Regideso. Curieusement, ces menaces qui n’épargnent personne touchent même les citoyennes et citoyens qui font preuve de bonne foi en payant régulièrement non seulement leurs factures du mois mais également en s’efforçant, malgré la précarité de leurs conditions de vie, de s’acquitter régulièrement de leurs dettes.

Ces agents zélés exigent souvent de l’argent pour leurs propres poches dans certaines parcelles avec insistance pour ne pas interrompre la fourniture d’eau ou ne pas déterrer les tuyaux. Certains auraient l’habitude de dire aux abonnés « Si toyaki to kozonga pamba te. Nous sommes déjà là, nous ne pouvons rentrer mains bredouilles ». Un autre cas de tracasserie en lien avec le recouvrement forcé est, à titre illustratif celui d’une famille à Kasa-Vubu, qui avait une dette de 173.000 FC et qui en date du 23 mars 2023 a payé de bonne foi 75.859 FC. 

En date du 29 mars, soit six jours seulement après des agents de la Regideso sont revenus à la charge avec un avis de coupure sous fortes menaces. Ces genres de comportements face à la précarité des conditions de vie ne peuvent être tolérés car il est important de constater parfois la bonne foi de l’abonné comme bon citoyen soucieux de payer sa dette alors qu’il y a des autorités et des institutions qui ne font pas autant et qui ne sont jamais sous les mêmes menaces et pressions.

Il sied également de dire que selon les informations recueillies par la VSV auprès de nombreux abonnés, c’est effectivement la précarité des conditions de vie, les coupures intempestives et le manque d’eau au robinet obligeant souvent la population dans certains quartiers de la capitale de veiller pour attendre parfois en vain de l’eau entre 2 heures et 4 heures du matin qui sont entre autres les raisons de la léthargie observée pour le paiement des factures toujours envoyées aux abonnés sans tenir compte des préjudices graves causés à la clientèle…

En outre, l’opinion publique estime que la mesure de recouvrement forcé est non seulement discriminatoire mais aussi et surtout non équitable dans la mesure où plusieurs entreprises publiques et autorités congolaises détenant une grande partie des créances de la Regideso ne sont même pas concernées par cette opération.

Pour la VSV, autant la population a l’obligation de payer ses factures de consommation d’eau, autant la Regideso doit mettre en place des mesures idoines pour garantir un service de qualité à ses abonnés et veiller à ce que le recouvrement forcé de ses créances ne soit pas une pratique avilissante, déshonorante, discriminatoire et non respectueuse des intérêts socio-économiques de la population.

La population congolaise ne peut pas supporter tout le poids des dettes en millions de dollars américains de consommation d’eau pendant que le plus grand créancier de cette entreprise publique est l’Etat congolais lui-même comme ne cessent de le dire les délégués syndicaux.

D’aucuns se demandent pourquoi les agents de la Regideso ne se rabattent que sur une population démunie et ont peur de recouvrer leurs créances auprès de l’Etat congolais. Cet état de choses ne constitue pas moins une discrimination entre citoyens vivant dans un même pays alors que tous les citoyens sont égaux en droits, en dignité et en obligations.

Sur un autre volet, la VSV dénonce le manque de considération de la part des agents zélés de la Regideso qui sillonnent les rues des quartiers et communes de Kinshasa avec des mégaphones pour s’adresser sans égard à la population en brandissant sans la moindre courtoisie des instruments de coupure d’eau ou de déterrement des tuyaux.

L’accès à l’eau potable est un droit fondamental de l’Homme

Quelles que soient les raisons, les autorités congolaises et les responsables de la Regideso sont appelés à prendre des mesures nécessaires pour en garantir la jouissance et ce, en fournissant régulièrement l’eau potable à toute la population de la ville de Kinshasa et ailleurs. La Regideso doit instruire ses agents à se comporter dignement sur terrain sans se livrer aux tracasseries contre les abonnés, leurs clients souvent menacés même pour des sommes insignifiantes des dettes. En agissant ainsi, la population pourrait s’acquitter en toute dignité de ses factures.

Les autorités de la Regideso doivent s’inspirer de la sanction qui vient de frapper le Directeur Général de la Société Nationale d’Electricité pour des motifs quasi similaires.

En définitive, la VSV demande à la Regideso de :

- Mettre fin aux tracasseries et aux coupures intempestives d’eau ;

- Sursoir l’opération de recouvrement forcé contre la population en organisant, cette fois-ci, un autre recouvrement forcé contre les entreprises publiques, institutions et autorités qui ne paient pas leurs factures ;

- Instruire les agents déployés sur terrain pour le respect strict de la dignité humaine en recourant à l’élégance dans leurs propos sinon les sanctionner en cas de manquement et de manque de considération vis-à-vis des abonnés.

Fait à Kinshasa, le 20 avril 2023 


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