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vendredi 25 octobre 2019

Discours du chef de l'Etat Félix-Antoine Tshisekedi à Sotchi en Russie


Je voudrais tout d’abord vous exprimer, Monsieur le Président de la Fédération de Russie, et, à travers vous, au Gouvernement et au peuple russe, notre sincère gratitude pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé depuis notre arrivée sur le sol ami de la Russie. Je salue particulièrement mon frère, le Président de la République Arabe d’Egypte, Monsieur Abdel Fattah al-Sissi, co-président de ce Sommet. Le choix porté sur la charmante ville de Sotchi pour abriter le premier Forum économique Russie – Afrique me semble particulièrement judicieux pour réfléchir sur les orientations nouvelles et fortes dans les relations économiques entre la Russie et l’Afrique. Je n’ai aucun doute que nos échanges de Sotchi aboutiront à la promotion d’un partenariat Russie – Afrique mutuellement avantageux.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Les impératifs de coopération et de développement ont conduit mon pays à adopter le « bon voisinage et l’ouverture au monde » comme principes directeurs de notre politique étrangère qui met l’intérêt supérieur de l’homme Congolais au centre des partenariats porteurs de croissance forte et inclusive. Longtemps victime de conflits et de recul socio-économique, mon pays, la République Démocratique du Congo, mesure l’importance du dialogue des civilisations et du respect des souverainetés nationales.
Les efforts des pays africains pour le développement et le mieux-être social sont sérieusement handicapés par manque de vision de politique commune et concertée. Dans l’esprit d’un partenariat bénéfique pour la Russie et l’Afrique, le présent Forum de Sotchi devra répondre aux attentes des parties prenantes.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Du fait de sa population, sa superficie, son écosystème, ses ressources du sol, du sous-sol et de son potentiel hydro-électrique, la République Démocratique du Congo qui partage ses frontières avec neuf pays, demeure un maillon important dans le développement de l’Afrique. Selon la Banque Africaine de Développement, l’Afrique a besoin d’importants investissements situés entre 130 et 170 milliards de dollars par an avec un gap de 68 à 108 milliards de dollars. La forte dépendance au secteur minier n’a pas été propice à l’émergence des économies africaines. Dans le cas spécifique de mon pays, entre 2010 et 2014, les entreprises minières et pétrolières ont mobilisé des revenus de l’ordre de 48,5 milliards de dollars alors que le pays n’en a tiré que 6,9 milliards de revenus. Les multinationales investissent continuellement en RDC, comme dans les autres pays africains à haut potentiel minier. Il est cependant surprenant de constater qu’elles sont peu sensibles aux sirènes entretenues par les médias dominants à l’échelle mondiale, qui dépeignent le continent comme le réservoir de tous les malheurs, la zone rouge de tous les investisseurs. Cet afro-pessimisme médiatique à géométrie variable constitue une injustice qui devrait cesser.
Mesdames et Messieurs,
Le modèle de développement durable que j’ai choisi consacre le primat de l’agriculture sur les mines. Avec ses 120 millions d’hectares de terres arables, le lac Tanganyika, le plus poissonneux et le deuxième lac au monde par le volume et la profondeur après le lac Baïkal, mon pays peut atteindre l’autosuffisance alimentaire et nourrir deux milliards de personnes en résorbant ainsi deux fois le déficit alimentaire mondial.
Le chemin qui mène de la pauvreté au bien-être a été balisé par les Agendas 2030 des Nations Unies et 2063 de l’Union Africaine auxquels s’ajoute le lancement de la Zone de Libre-échange Continental Africaine, pour lesquels l’Afrique sollicite l’accompagnement de la communauté internationale en général et de la Russie en particulier. Dans ce contexte, l’Afrique entend demeurer en dehors des rivalités des grandes puissances. Partisan d’un nouvel ordre mondial plus équilibré et plus inclusif, je m’associe à la volonté exprimée pour demander que la Russie réintègre le G7.
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs,
Pour terminer, je considère que ces assises de Sotchi ne seront un succès que dans la mesure où la mise en œuvre de leurs résolutions permettra notamment l’installation des usines locales de transformation dans les secteurs des industries extractives et de l’agroalimentaire, le transfert des technologies, la modernisation des infrastructures et l’accessibilité aux financements innovants des investissements.

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