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mardi 9 juillet 2019

Le Grand Kasaï doit vite saisir ses chances de réconciliation et de justice selon les experts de l’Onu à Genève


« Avec la diminution des violences au Kasaï, l’arrivée de nouvelles autorités provinciales et la nomination d’un nouveau premier ministre, les conditions sont réunies pour engager la lutte contre l’impunité et envisager la réconciliation des communautés. Mais encore faut-il que les autorités agissent sans tarder », ont déclaré le 9 juillet 2019 Bacre Waly Ndiaye du Sénégal et Sheila B. Keetharuth de Maurice. C’était à l’occasion de la présentation de leur rapport final sur la situation au Kasaï devant le Conseil des droits de l’homme.
La mission de l’équipe d’experts internationaux sur la situation dans le Grand Kasaï est unique, car à la différence d’une mission d’enquête habituelle, celle-ci vise surtout à vérifier la mise en œuvre par le gouvernement congolais des recommandations du rapport de la première équipe d’experts internationaux sur le Grand Kasaï, publié en juillet 2018.
Dans le nouveau rapport présenté le 9 juillet 2019, à la suite de huit mois de présence dans le Grand Kasaï et de trois visites d’experts effectuées en République démocratique du Congo depuis novembre 2018, les deux experts constatent une volonté de la part des autorités congolaises, y compris celles récemment élues, de punir les crimes graves commis dans cette partie du pays entre 2016 et 2017, ainsi que de créer les conditions nécessaires à une réconciliation des communautés.
Les experts notent toutefois que l’objectif du retour à une paix définitive dans cette région, l’une des plus pauvres de la République démocratique du Congo, exigera des efforts importants de la part des acteurs concernés. Mais ces efforts resteront vains en l’absence d’une politique de développement économique et social en faveur du Grand Kasaï, région enclavée qui souffre d’un déficit chronique en infrastructures.
Sur le plan de la lutte contre l’impunité notamment, les enquêtes en cours sur les violences commises dans le Kasaï entre 2016 et 2017 n’ont pas encore débouché sur un verdict. Par ailleurs, le phénomène de réduction en esclavage de femmes et d’enfants par les miliciens Bana Mura dans le territoire de Kamonia perdure.
Enfin, il est important que le gouvernement réactive sans tarder le processus de réconciliation entamé en septembre 2017 en l’accompagnant de propositions concrètes en termes d’investissements en vue de redynamiser l’économie dans le Grand Kasaï.
« Bien qu'il y ait encore des obstacles à surmonter, il est toujours possible de sortir le Grand Kasaï de la crise, d’avancer vers la justice et la résolution inclusive des conflits et le progrès», a encore déclaré Bacre Waly Ndiaye, président de l’équipe d’experts. À cet égard, les experts notent avec satisfaction que les nouvelles autorités congolaises sont disposées à faire leur part pour renforcer la lutte contre l’impunité et favoriser la réconciliation des communautés dans le Grand Kasaï.
La communauté internationale devra aussi continuer à jouer son rôle d’accompagnateur en vue de soutenir les efforts combinés du gouvernement congolais et des populations concernées.
Bacre Waly Ndiaye, originaire du Sénégal. Elle a occupé plusieurs fonctions de directeur au HDCH à Genève et à New York, de 1998 à 2014. De 1992 à 1998, il était rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, participant à des missions en ex-Yougoslavie (1992), notamment à la Commission d'enquête internationale sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité au Rwanda (1993 et 1994), en Papouasie-Nouvelle-Guinée (1995) et d’autres régions du monde.
Ndiaye a été membre du Conseil de l'Ordre des avocats du Sénégal de 1982 à 1998, occupant le poste de Secrétaire général pendant huit ans (1983-1991). En 1995, il a été nommé commissaire à la Commission de vérité et de justice en Haïti. Sheila B. Keetharuth, originaire de Maurice, a été la première rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme en Érythrée, fonction qu’elle a assumée d’octobre 2012 à octobre 2018. De 2014 à 2016, elle a également été membre de la Commission d'enquête sur les droits de l'homme en Érythrée. Jusqu'au 30 juin 2012, Mme Keetharuth était directrice exécutive de l'Institut pour les droits de l'homme et le développement en Afrique (IHRDA), une ONG panafricaine basée à Banjul, en Gambie. En juillet 2002, elle a rejoint Amnesty International, tout d’abord en tant que chercheure et ensuite comme cheffe de bureau intérimaire au bureau régional pour l'Afrique à Kampala, en Ouganda. . Mme Keetharuth a été auparavant journaliste pendant plus de huit ans.

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