Sit in des magistrats devant la Primature |
A
la suite de la publication des ordonnances d’organisation judiciaire portant
révocation, retraite, démission d’office, confirmation, promotion et
affectation des magistrats du siège et du parquet, le comité exécutif national
du Syndicat autonome des magistrats du Congo - Synamac -, a pris avec soin le 1
novembre 2011 d’en scruter l’adéquation par rapport à la Constitution du 18
février 2006, aux lois organiques portant statut des magistrats et organisation
et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature ainsi qu’aux
résolutions prises par la dernière assemblée générale extraordinaire du Csm
tenue en 2011 et à d’autres principes généraux de droit régissant la magistrature.
Le
Synamac a fait trois observations dans son mémorandum, notamment la révocation
et la démission d’office ont été ordonnées conformément au droit positif
congolais, la retraite a été ordonnée en l’absence d’une optique globale de
préparation des concernés et surtout de leur adéquate substitution et la
promotion de certains magistrats en raison d’un enjambement spectaculaire et inadéquat
de deux voire trois grades.
Pour
le siège : à la Cour suprême de justice, certains conseillers à la Cour
d’Appel nommés en 2009 ont été promus conseillers à la Cour d’Appel. C’est donc
sans expérience éprouvée qu’ils feront face à la cassation et particulièrement
au contentieux électoral. Au niveau des Cours d’Appel, certains conseillers
nommés en 2009 ont été élevés au rang de premier président de Cour d’Appel.
Sans avoir présidé une quelconque chambre en CA, ni encadré des conseillers,
leur gestion de la CA sera une rude épreuve.
Pour
le parquet : au Parquet général de la République, certains avocats
généraux nommés en 2009 ont été promus avocats généraux de la République.
D’autres y sont arrivés en un temps record de 5 ans en partant du grade de 1er
substitut du procureur de la République. Au niveau des parquets généraux,
certains substituts du procureur général nommés en 2009 sont promus procureur
général. Force est de craindre sur la gestion judiciaire efficiente des
procureurs généraux.
Le
Synamac a aussi remarqué le maintien injustifié au même grade de certains
magistrats durant plus de 10 ans contrairement à la résolution du Csm. Une
promotion comme chef de juridiction sans aucune affectation. C’est le cas du
président Nsambay Mutenda Lukusa promis premier président de la Cour d’Appel
sans effet de prestation juridictionnelle effective et dont le seul tord serait
de défendre les intérêts des magistrats congolais et enfin la violation du
principe sacro-saint du respect de la hiérarchie à la dispensation des grades.
Le
Synamac constate avec force regret que la gestion du pouvoir judiciaire
s’articule en dehors des textes légaux qui le régissent et surtout des
résolutions du Csm dont la référence n’est plus qu’allusive. Ce regret est
d’autant plus vif qu’à ce jour, le social des magistrats ne compte plus à
l’instar de l’accumulation de plusieurs arriérés de salaires au passif des
magistrats, notamment les substituts du procureur qui nommés le 20 juillet
2011, n’ont jamais été rémunérés et peinent à toucher leurs frais
d’installation.
Cas d’anomalie constatés dans
l’enjambement des grades
La
plupart de magistrats promus conseillers de la Cour d’Appel au grade de
conseillers à la Csj n’ont été nommés conseillers à la Cour d’Appel qu’en 2009.
Il s’agit de Banide, Muhindo, Mate qui étaient des juges de paix en conseillers
à la Cour d’Appel en 2009, Mukengule et Odio, conseillères à la Cour d’Appel en
2009, Kilomba Joël, juge d’instance promu en 2009 au grade de conseillers à la
Cour d’Appel. N’a pas vraiment exercé car toujours nommé conseillers du
ministère de la Justice, Kombe Kalala, Muangilwa…
Des magistrats devant la magistrature |
Promotion
de conseillers à la cour d’Appel nommés en 2009 au grade de premier président
de la Cour d’Appel, c’est le cas de Masudi, conseiller à la Cour d’Appel de
Kinshasa-Gombe promu premier président de la Cour d’Appel.
Promotion
des avocats généraux au grade de d’avocat général de la République, c’est le
cas de Sumbulu. Il est passé de premier substitut du procureur de la République
au grade de substitut du procureur général d’avocat général et à ce jour à
celui d’avocat général de la République en 5 ans.
Promotion
des substituts du procureur général au grade de procureur général, c’est le cas
de Kahasa, de substitut du procureur général au procureur général, Useni passe
de substitut du procureur général à l’avocat général et au grade de procureur
général en l’espace de 3 ans ; c’est le cas également de Mayindombe,
conseiller du ministre de la Justice qui a gravi trois grades en 3 ans soit de
procureur de la République à l’avocat général et à ce jour au procureur
général. Il y a aussi le cas de Pongo qui n 3 ans, est passé de substitut du
procureur général au grade d’avocat général et puis de procureur général près
la Cour d’Appel de Kisangani.
Maintien anormal au même grade
Suivant
l’une des résolutions prises par la dernière assemblée générale extraordinaire
du Csm, tous les magistrats ayant le même grade durant 10 ans devraient, en
priorité, être promus au grade immédiatement supérieur. Et ce en application
quoique biaisée de l’article 11 de la loi organique portant statut des
magistrats qui prescrit une telle promotion après trois ans au même grade sous
réserve d’une cotation positive y articulée.
Contrairement
à al loi et à la résolution du Csm précitées, plusieurs magistrats tant du
siège que du parquet croulent encore sous le poids d’un même grade, saluant
avec regret ou indifférence la promotion des autres magistrats qui les y
rejoignent ou les dépassent. C’est, de manière flagrante, le cas de l’avocat
général Mokola du Parquet général de la République qui a ce grade depuis plus
de 10 ans. C’est aussi, avec la même ampleur, le cas du substitut du procureur
général Bokango, délégué Csm du ressort de la Cour d’Appel de Kinshasa-Gombe
qui peut avoir plus de 15 ans avec ce même grade. Pour le Synamac, il s’agit
d’une injustice flagrante qu’il s’impose de corriger et que le Csm devra
absolument redresser dans le cadre d’une politique adéquate du corps
judiciaire. L’indépendance et la noblesse de la magistrature en dépendant.
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