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samedi 19 novembre 2011

Lambert Mende réagit aux propos tenus par le leader de l'Udps contre sa personne



Mesdames et messieurs,

18 novembre 11 - Le Gouvernement voudrait profiter de ce rendez-vous avec la presse pour appeler tous les acteurs impliqués dans les élections prévues le 28 novembre courant à redonner à ces scrutins leur véritable sens.
Au moment où les Congolais se préparent à cet exercice citoyen, il faut rappeler avec force qu’il s’agit, pour chaque homme et chaque femme vivant dans ce pays, d’exprimer librement son choix sur les priorités de l’action publique et la désignation des animateurs chargés au plus haut niveau de conduire cette action. Rien de plus, rien de moins. On a malheureusement l’impression que pour un certain nombre d’acteurs politiques congolais, la fin justifiant les moyens, le seul objectif de ces élections est de satisfaire leurs ambitions. C’est la raison pour laquelle il faut dénoncer à haute et intelligente voix tous les discours de la haine et d’incitation à la violence constamment répétés par quelques candidats.
Le Gouvernement prend à témoin le peuple congolais et l’opinion publique nationale et internationale et les invite  à dissuader avec fermeté cette dérive délibérée qui risque de compromettre la paix et la sérénité des élections.
Il est assez intéressant pour le Gouvernement d’entendre le candidat Président de la République n° 11, M. Tshisekedi, prendre pour la première fois l’engagement devant ses partisans à Bukavu de se soumettre au verdict des urnes.
Tout en espérant que ces propos marquent un changement d’attitude de cette personnalité par rapport à sa perception controversée du processus électoral, force est de constater qu’on a enregistré dans le même temps des graves désordres suscités par le comportement violent des membres de son parti à Kamina - Katanga -.
Il vous souviendra, par ailleurs que ce candidat avait appelé naguère ses partisans à « casser » des prisons pour libérer des militants, à « terroriser » les membres de la Majorité et à pourchasser les membres des forces de l’ordre jusque dans leurs casernes et leurs maisons d’habitation s’ils venaient à leur échapper.
Conformément aux lois et règlements en vigueur en République Démocratique du Congo, j’avais pris une mesure conservatoire suspendant pour raisons d’ordre public et de sécurité la chaîne de Télévision Rltv qui avait diffusé ce discours irresponsable et transmis le dossier au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac -, ainsi qu’à la justice.
Le CSAC étant réuni en mode d’urgence avait décidé de suspendre pour sept jours ladite chaîne. Il faut espérer que cette entreprise de média qui émet à nouveau saura se conformer aux lois et aux règlements en vigueur y compris le cahier des charges qui régit ce secteur d’activités sous peine de nouvelles mesures d’ordre public. Les menaces physiques ou autre contre le Ministre de tutelle n’y feront rien car force restera à la loi.
En effet, le candidat à la base de cette sanction continue imperturbablement à proférer des menaces et à inviter ses militants à « terroriser » toute personne dont la tête ne lui plaît pas. Ainsi, à Kisangani, monsieur Tshisekedi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a dit me donner, en me citant nommément et me gratifiant du nom d’un agréable oiseau de compagnie, jusqu’à samedi midi pour « remettre le signal » de la télévision coupé. « Sinon, les combattants de base à Kinshasa qui me suivent, qu’ils aillent au bureau de Mende (…) qu’ils le terrorisent très fort pour qu’il sache qu’au Congo les choses ont changé ».
Le Gouvernement condamne ces outrances verbales qui reflètent un profond mépris des lois en vigueur incompréhensible dans le chef d’un aspirant à la magistrature suprême. Aussi avons-nous apprécié à sa juste valeur la condamnation de ces propos par plusieurs pays et institutions internationales, notamment la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l’Union Européenne, l'Onu, ainsi que, fait rare, par des Ong locales et l'Eglise catholique.
Les appels à la violence du candidat Tshisekedi ont occasionné des effets déplorables. Ainsi, par exemple, le sous-commissaire principal Anyenyola affecté à la sécurité du Ministère de la Communication et des Médias a été tabassé et grièvement blessé à Limete par des ‘‘combattants’' qu’on ne présente plus au seul motif qu’il était vêtu de sa tenue de policier. Ses agresseurs se sont servis de chaînes métalliques, de bâtons, etc. et assénaient à leur victime des coups de poing et des coups de pieds. Le policier s’en est sorti quasi miraculeusement pour se retrouver dans la soirée dans une polyclinique de Limete d’où il apprendra par son fils qu’un appel émis de son téléphone avait annoncé à ses proches qu’il était mort.
Nous avons suivi les plates explications de quelques cadres du parti de M. Etienne Tshisekedi pour nous faire croire que les propos de leur leader ne constituaient pas un appel à la violence. C’est prendre les congolais pour des idiots.
Par ailleurs, il y a une semaine, un congolais Paul Bimba, membre du parti politique Pprd vivant à Barcelone en Espagne, a été assassiné par des combattants qui semblaient réagir  de la sorte aux instigations du leader de l’Udps. Je ne crois pas qu’il faille attendre plusieurs autres victimes pour prendre conscience du danger que représentent les incitations à la violence qu’affectionne de plus en plus le leader de l’Udps pour la sécurité, pour l’ordre public et pour la paix tout court.
Les heurts enregistrés ces derniers jours entre partisans de partis membres de la Majorité Présidentielle et ceux de l’Udps à Lubumbashi, à Mbuji-Mayi, Kikwit et Tshikapa, où l’on déplore la mort de trois membres de  partis membres de la Majorité Présidentielle, ne peuvent qu’interpeller toute bonne conscience par rapport aux discours qui génèrent de telles violences.
Lors de son dernier point de presse, le Secrétaire Général de ce parti m’avait mis au défi de prouver le caractère pénal des propos tenus par  son leader. Sans vouloir faire le travail de l’appareil judiciaire qui du reste est saisi à cet effet, je suis en mesure, comme citoyen et intellectuel, d’affirmer que la nature délictueuse des propos susvisés n’est pas discutable.
On peut s’étonner qu’un avocat inscrit au barreau de Kinshasa ignore les dispositions de l’article 133 du code pénal congolais qui qualifie de rébellion « toute attaque, toute résistance avec violences ou menaces envers les dépositaires ou agents de l'autorité ou de la force publique, agissant pour l'exécution des lois, des ordres ou ordonnances de l'autorité publique, jugements ou autres actes exécutoires ». C’est, faut-il le rappeler, ce que M. Tshisekedi a fait de manière délibérée dans ses déclarations sur Rltv à partir de l’Afrique du Sud.
Par ailleurs, ordonner sans titre ni qualité au ministre de la communication, dépositaire de l’autorité, agissant en application de la loi,  de remettre le signal avant samedi midi et assortir ledit ordre illégal de menaces de le ‘’terroriser’’ sont des faits constitutifs des incriminations pénales de rébellion et de chantage.
Me Shabani ne devrait pas non plus ignorer les pénalités prévues à l’article 135 bis du même code pénal, qui précise que « Quiconque aura provoqué directement à désobéir aux lois sera puni d'une servitude pénale de deux mois à trois ans et d'une amende de mille à dix mille zaïres, ou d'une de ces peines seulement. »
L’article 136 du code pénal congolais puni quand à lui d'une servitude pénale de six à douze mois et d'une amende ou de l'une de ces peines seulement, celui qui, par paroles, faits, gestes ou menaces, aura outragé un membre des institutions publiques nationales dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de son mandat ou de ses fonctions.
Est puni d'une servitude pénale de trois à neuf mois et d'une amende ou de l'une de ces peines seulement, celui qui, par paroles, faits, gestes ou menaces, aura outragée soit un membre des cours et tribunaux, soit un officier du ministère public, soit un officier supérieur des Forces armées et de la gendarmerie dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions.
Je lui rappelle enfin que quiconque aura outragé par paroles, faits, gestes ou menaces les dépositaires de l'autorité ou de la force publique dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions sera puni d’une servitude pénale de sept à quinze jours.
Le Gouvernement apprécie en outre le fait que la Cpi ne soit pas restée  indifférente face à ces multiples appels à la violence. En effet, répondant à une invitation du Ministère de la Justice et des Droits Humains sur requête de la Céni, la Cour Pénale Internationale a commis une équipe d’observateurs à l’effet d’assurer un monitoring d’éventuelles violations graves des droits de l’homme dans le cadre de ces élections. Les pêcheurs en eaux troubles et autres fauteurs de violences électorales ont intérêt à savoir que les Cours et Tribunaux nationaux et la justice internationale se tiennent prêts à intervenir le cas échéant contre leurs activités attentatoires à la sécurité et à l’intégrité physique des congolais.
Le Gouvernement rappelle que les élections ne sont pas une question de vie ou de mort. L’avenir du Congo doit transcender nos modestes personnes. Les ambitieux et leurs bandes d’excités devraient savoir que notre pays paye encore aujourd’hui les pillages provoqués par leurs émules de la Deuxième République en 1991. Personne ne peut sortir ragaillardi de la mise à feu du Congo. Nous devons tous apprendre à regarder plus loin que le bout de notre nez.
Pour sa part, le Gouvernement fait de son mieux pour permettre à la Céni de respecter le rendez-vous fixé avec les électeurs en date du 28 novembre 2011.
Au plan budgétaire, les versements directs du Trésor Public à la Commission sont estimés à 340 millions de dollars américains. Ce montant s’élève à 370 millions de dollars si on y ajoute les fonds alloués aux forces de sécurité pour leur permettre d’assumer leurs responsabilités en rapport avec le processus électoral. Ces décaissements représentent à ce jour 90 % des dépenses électorales alors que les projections de départ prévoyaient une contribution de 60 % du gouvernement congolais.
C’est un sacrifice que les congolais s’imposent pour démocratiser effectivement leurs institutions publiques. Le Chef de l’Etat Joseph Kabila et le Gouvernement considèrent cet exercice de démocratisation de nos institutions comme un préalable indispensable pour le développement intégral dont notre peuple a été sevré pendant de trop longues années. C’est grâce à cette forte volonté politique que les élections, présidentielle et législatives, pourront se tenir à la date prévue du 28 novembre 2011.
A cet égard, le Gouvernement se doit d’exprimer ses réserves les plus vives face à certaines allégations contenues dans le rapport n° 0147/2011 du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme - Hcdh – Monusco -, selon lesquelles « la préparation des élections a eu lieu dans un climat où les libertés d’expression et d’association étaient limitées ». Le caractère gratuit et infondée de telles allégations saute aux yeux dans un pays et à un moment où des leaders ayant exprimé des propos incendiaires attentatoires aux lois continuent à mener paisiblement leur campagne et où plus de            18.000 candidats issus de plusieurs centaines d’associations politiques (partis) mènent campagne.
Le rapport qui semble vouloir enfoncer dans les crânes des Congolais l’importance incontournable du mandat de ses auteurs, prétend en outre que « les journalistes sont confrontés à un risque d’être triés et sont régulièrement torturés, menacés ou arbitrairement arrêtés et détenus ». Une affirmation qui ne repose sur aucun fait et qui se nourrit de rapports antérieurs de ses auteurs qui dans une tentative de se donner un semblant d’objectivité, se citent surabondamment comme sources des informations infamantes qu’ils diffusent. Le rapport ajoute aussi que « l’interruption de l’émission de certains médias est une méthode récurrente de l’Etat afin de restreindre la liberté d’expression (…) cela s’est  produit notamment le 27 juillet 2010 lorsque des hommes armés en tenue civile sont entrés dans les locaux de diffusion des chaînes Cctv et Ck Tv à Kinshasa et ont interrompu les signaux des deux radios appartenant à Jean Pierre Bemba après la diffusion d’une conférence  de presse du Mlc dénonçant la mauvaise gestion des affaires publiques ».
Cette partie du rapport du Bcnudh ne tient pas la route. En effet, le gouvernement ou les services n’ont pas besoin de se trouver physiquement dans les locaux d’un média audiovisuel pour interrompre le signal qui est géré à partir d’un unique centre d’émission qui est contrôlé par l’Etat.
Il appert clairement que l’auteur de ce passage du rapport n’est pas au fait des réalités qu’il décrit avec autant d’aplomb. Nous en appelons également à nos partenaires de la Communauté Internationale pour les inviter à résister à la tentation de mettre de l’huile sur le feu dans une démarche auto-justificative.

Je vous remercie.

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