Mesdames
et messieurs,
18
novembre 11 - Le Gouvernement voudrait profiter de ce rendez-vous avec la
presse pour appeler tous les acteurs impliqués dans les élections prévues le 28
novembre courant à redonner à ces scrutins leur véritable sens.
Au
moment où les Congolais se préparent à cet exercice citoyen, il faut rappeler
avec force qu’il s’agit, pour chaque homme et chaque femme vivant dans ce pays,
d’exprimer librement son choix sur les priorités de l’action publique et la
désignation des animateurs chargés au plus haut niveau de conduire cette action.
Rien de plus, rien de moins. On a malheureusement l’impression que pour un
certain nombre d’acteurs politiques congolais, la fin justifiant les moyens, le
seul objectif de ces élections est de satisfaire leurs ambitions. C’est la
raison pour laquelle il faut dénoncer à haute et intelligente voix tous les discours
de la haine et d’incitation à la violence constamment répétés par quelques candidats.
Le
Gouvernement prend à témoin le peuple congolais et l’opinion publique nationale
et internationale et les invite à
dissuader avec fermeté cette dérive délibérée qui risque de compromettre la
paix et la sérénité des élections.
Il
est assez intéressant pour le Gouvernement d’entendre le candidat Président de la République n° 11, M. Tshisekedi,
prendre pour la première fois l’engagement devant ses partisans à Bukavu de se
soumettre au verdict des urnes.
Tout
en espérant que ces propos marquent un changement d’attitude de cette personnalité
par rapport à sa perception controversée du processus électoral, force est de
constater qu’on a enregistré dans le même temps des graves désordres suscités
par le comportement violent des membres de son parti à Kamina - Katanga -.
Il
vous souviendra, par ailleurs que ce candidat avait appelé naguère ses
partisans à « casser » des
prisons pour libérer des militants, à « terroriser »
les membres de la Majorité
et à pourchasser les membres des forces de l’ordre jusque dans leurs casernes
et leurs maisons d’habitation s’ils venaient à leur échapper.
Conformément
aux lois et règlements en vigueur en République Démocratique du Congo, j’avais
pris une mesure conservatoire suspendant pour raisons d’ordre public et de
sécurité la chaîne de Télévision Rltv qui avait diffusé ce discours irresponsable
et transmis le dossier au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication - Csac
-, ainsi qu’à la justice.
Le
CSAC étant réuni en mode d’urgence avait décidé de suspendre pour sept jours
ladite chaîne. Il faut espérer que cette entreprise de média qui émet à nouveau
saura se conformer aux lois et aux règlements en vigueur y compris le cahier
des charges qui régit ce secteur d’activités sous peine de nouvelles mesures
d’ordre public. Les menaces physiques ou autre contre le Ministre de tutelle
n’y feront rien car force restera à la loi.
En
effet, le candidat à la base de cette sanction continue imperturbablement à
proférer des menaces et à inviter ses militants à « terroriser » toute personne dont la tête ne lui plaît
pas. Ainsi, à Kisangani, monsieur Tshisekedi, puisque c’est de lui qu’il
s’agit, a dit me donner, en me citant nommément et me gratifiant du nom d’un
agréable oiseau de compagnie, jusqu’à samedi midi pour « remettre le signal » de la télévision coupé. « Sinon,
les combattants de base à Kinshasa qui me suivent, qu’ils aillent au bureau de
Mende (…) qu’ils le terrorisent très fort pour qu’il sache qu’au Congo les
choses ont changé ».
Le
Gouvernement condamne ces outrances verbales qui reflètent un profond mépris des
lois en vigueur incompréhensible dans le chef d’un aspirant à la magistrature
suprême. Aussi avons-nous apprécié à sa juste valeur la condamnation de ces
propos par plusieurs pays et institutions internationales, notamment la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, l’Union
Européenne, l'Onu, ainsi que, fait rare, par des Ong locales et
l'Eglise catholique.
Les appels à la violence du candidat Tshisekedi
ont occasionné des effets déplorables. Ainsi, par exemple, le sous-commissaire
principal Anyenyola affecté à la sécurité du Ministère de la Communication et des
Médias a été tabassé et grièvement blessé à Limete par des ‘‘combattants’' qu’on ne présente plus au
seul motif qu’il était vêtu de sa tenue de policier. Ses agresseurs se sont
servis de chaînes métalliques, de bâtons, etc. et assénaient à leur victime des
coups de poing et des coups de pieds. Le policier s’en est sorti quasi
miraculeusement pour se retrouver dans la soirée dans une polyclinique de
Limete d’où il apprendra par son fils qu’un appel émis de son téléphone avait
annoncé à ses proches qu’il était mort.
Nous avons suivi les plates
explications de quelques cadres du parti de M. Etienne Tshisekedi pour nous
faire croire que les propos de leur leader ne constituaient pas un appel à la
violence. C’est prendre les congolais pour des idiots.
Par ailleurs, il y a une semaine, un congolais
Paul Bimba, membre du parti politique Pprd vivant à Barcelone en Espagne, a été
assassiné par des combattants qui semblaient réagir de la sorte aux instigations du leader de l’Udps.
Je ne crois pas qu’il faille attendre plusieurs autres victimes pour prendre
conscience du danger que représentent les incitations à la violence
qu’affectionne de plus en plus le leader de l’Udps pour la sécurité, pour
l’ordre public et pour la paix tout court.
Les heurts enregistrés ces derniers
jours entre partisans de partis membres de la Majorité Présidentielle
et ceux de l’Udps à Lubumbashi, à Mbuji-Mayi, Kikwit et Tshikapa, où l’on
déplore la mort de trois membres de
partis membres de la Majorité Présidentielle, ne peuvent
qu’interpeller toute bonne conscience par rapport aux discours qui génèrent de
telles violences.
Lors de son dernier point de presse,
le Secrétaire Général de ce parti m’avait mis au défi de prouver le caractère
pénal des propos tenus par son leader.
Sans vouloir faire le travail de l’appareil judiciaire qui du reste est saisi à
cet effet, je suis en mesure, comme citoyen et intellectuel, d’affirmer que la
nature délictueuse des propos susvisés n’est pas discutable.
On peut s’étonner qu’un avocat
inscrit au barreau de Kinshasa ignore les dispositions de l’article 133 du code
pénal congolais qui qualifie de rébellion « toute attaque, toute résistance avec
violences ou menaces envers les dépositaires ou agents de l'autorité ou de la
force publique, agissant pour l'exécution des lois, des ordres ou ordonnances
de l'autorité publique, jugements ou autres actes exécutoires ». C’est, faut-il le
rappeler, ce que M. Tshisekedi a fait de manière délibérée dans ses
déclarations sur Rltv à partir de l’Afrique du Sud.
Par
ailleurs, ordonner sans titre ni qualité au ministre de la communication,
dépositaire de l’autorité, agissant en application de la loi, de remettre le signal avant samedi midi et
assortir ledit ordre illégal de menaces de le ‘’terroriser’’ sont des faits constitutifs des incriminations pénales
de rébellion et de chantage.
Me Shabani ne devrait pas non plus ignorer les pénalités prévues à
l’article 135 bis du même code pénal, qui précise que « Quiconque aura provoqué directement à désobéir aux
lois sera puni d'une servitude pénale de deux mois à trois ans et d'une amende
de mille à dix mille zaïres, ou d'une de ces peines seulement. »
L’article 136 du code pénal congolais puni quand à lui d'une servitude pénale de six à douze
mois et d'une amende ou de l'une de ces peines seulement, celui qui, par
paroles, faits, gestes ou menaces, aura outragé un membre des institutions
publiques nationales dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de son
mandat ou de ses fonctions.
Est puni d'une servitude pénale de
trois à neuf mois et d'une amende ou de l'une de ces peines seulement, celui
qui, par paroles, faits, gestes ou menaces, aura outragée soit un membre des
cours et tribunaux, soit un officier du ministère public, soit un officier
supérieur des Forces armées et de la gendarmerie dans l'exercice ou à
l'occasion de l'exercice de ses fonctions.
Je
lui rappelle enfin que quiconque aura outragé par paroles, faits, gestes ou
menaces les dépositaires de l'autorité ou de la force publique dans l'exercice
ou à l'occasion de
l'exercice de leurs fonctions sera puni d’une servitude pénale de sept à quinze
jours.
Le
Gouvernement apprécie en outre le fait que la Cpi ne soit pas restée indifférente face à ces multiples appels à la
violence. En effet, répondant à une invitation du Ministère de la Justice et des Droits
Humains sur requête de la Céni, la Cour
Pénale Internationale a commis une équipe d’observateurs à
l’effet d’assurer un monitoring d’éventuelles violations graves des droits de
l’homme dans le cadre de ces élections. Les pêcheurs en eaux troubles et autres
fauteurs de violences électorales ont intérêt à savoir que les Cours et
Tribunaux nationaux et la justice internationale se tiennent prêts à intervenir
le cas échéant contre leurs activités attentatoires à la sécurité et à
l’intégrité physique des congolais.
Le
Gouvernement rappelle que les élections ne sont pas une question de vie ou de
mort. L’avenir du Congo doit transcender nos modestes personnes. Les ambitieux
et leurs bandes d’excités devraient savoir que notre pays paye encore aujourd’hui
les pillages provoqués par leurs émules de la Deuxième République
en 1991. Personne ne peut sortir ragaillardi de la mise à feu du Congo. Nous
devons tous apprendre à regarder plus loin que le bout de notre nez.
Pour
sa part, le Gouvernement fait de son mieux pour permettre à la Céni de
respecter le rendez-vous fixé avec les électeurs en date du 28 novembre 2011.
Au
plan budgétaire, les versements directs du Trésor Public à la Commission sont estimés
à 340 millions de dollars américains. Ce montant s’élève à 370 millions de dollars si
on y ajoute les fonds alloués aux forces de sécurité pour leur permettre
d’assumer leurs responsabilités en rapport avec le processus électoral. Ces décaissements
représentent à ce jour 90 % des dépenses électorales alors que les projections
de départ prévoyaient une contribution de 60 % du gouvernement congolais.
C’est
un sacrifice que les congolais s’imposent pour démocratiser effectivement leurs
institutions publiques. Le Chef de l’Etat Joseph Kabila et le Gouvernement
considèrent cet exercice de démocratisation de nos institutions comme un
préalable indispensable pour le développement intégral dont notre peuple a été
sevré pendant de trop longues années. C’est
grâce à cette forte volonté politique que les élections, présidentielle et
législatives, pourront se tenir à la date prévue du 28 novembre 2011.
A
cet égard, le Gouvernement se doit d’exprimer ses réserves les plus vives face
à certaines allégations contenues dans le rapport n° 0147/2011 du Bureau
conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme - Hcdh – Monusco -, selon
lesquelles « la préparation des
élections a eu lieu dans un climat où les libertés d’expression et
d’association étaient limitées ». Le caractère gratuit et infondée de
telles allégations saute aux yeux dans un pays et à un moment où des leaders
ayant exprimé des propos incendiaires attentatoires aux lois continuent à mener
paisiblement leur campagne et où plus de 18.000 candidats issus de plusieurs
centaines d’associations politiques (partis) mènent campagne.
Le
rapport qui semble vouloir enfoncer dans les crânes des Congolais l’importance
incontournable du mandat de ses auteurs, prétend en outre que « les journalistes sont confrontés à un
risque d’être triés et sont régulièrement torturés, menacés ou arbitrairement
arrêtés et détenus ». Une affirmation qui ne repose sur aucun fait et
qui se nourrit de rapports antérieurs de ses auteurs qui dans une tentative de
se donner un semblant d’objectivité, se citent surabondamment comme sources des
informations infamantes qu’ils diffusent. Le rapport ajoute aussi que « l’interruption de l’émission de certains
médias est une méthode récurrente de l’Etat afin de restreindre la liberté
d’expression (…) cela s’est produit
notamment le 27 juillet 2010 lorsque des hommes armés en tenue civile sont
entrés dans les locaux de diffusion des chaînes Cctv et Ck Tv à Kinshasa et ont
interrompu les signaux des deux radios appartenant à Jean Pierre Bemba après la
diffusion d’une conférence de presse du
Mlc dénonçant la mauvaise gestion des affaires publiques ».
Cette
partie du rapport du Bcnudh ne tient pas la route. En
effet, le gouvernement ou les services n’ont pas besoin de se trouver
physiquement dans les locaux d’un média audiovisuel pour interrompre le signal
qui est géré à partir d’un unique centre d’émission qui est contrôlé par
l’Etat.
Il
appert clairement que l’auteur de ce passage du rapport n’est pas au fait des
réalités qu’il décrit avec autant d’aplomb. Nous
en appelons également à nos partenaires de la Communauté
Internationale pour les inviter à résister à la tentation de
mettre de l’huile sur le feu dans une démarche auto-justificative.
Je
vous remercie.
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