Depuis le lancement
de la campagne électorale, le parti présidentiel se distingue par une activité
médiatique révélatrice de sa force de frappe financière qui tranche avec les
autres formations ou candidats. Cette ostentation matérielle va jusqu’à choquer
une opinion congolaise dont la grande majorité de la population croupit dans
une misère et des difficultés quotidiennes indescriptibles. C'est ainsi que la
plupart des candidats de la Mp au pouvoir n'osent plus afficher le nom de
leur parti politique et entretiennent le flou. Parallèlement, le discours
de campagne du candidat Kabila, arcbouté sur le bilan des fameux 5 chantiers,
ressemble de plus en plus à un déni de la réalité. Pour tout agrémenter, le
pouvoir, ainsi qu’une certaine opposition politique, manipulent à coup
d’argent public la production de divers sondages qui apparaissent comme
une stratégie visant à préparer les esprits, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays, à une issue programmée et manipulée du scrutin
présidentiel.
En l’absence de
lois et de règlements encadrant l’exercice des sondages comme c’est le cas dans
une société organisée, tout semble permis en Rdc ; chacun y va de son
sondage sur mesure, publié en fonction de sa stratégie de manipulation. Il
n’existe actuellement en Rdc aucun institut ayant prouvé son sérieux en matière
de sondage, sur la base d’une méthodologie documentée et vérifiable. En
l’absence d’une telle expertise et vu le coût élevé d’un sondage fiable,
il est normal que nos partenaires les plus engagés dans l’appui aux
élections se dotent d’outils de sondage fiables, comme c’est le cas sous
d’autres cieux.
Distinguer le vrai du
faux
Dans son site
électoral, Vital Kamerhe, candidat qui se prétend de l’opposition à l’élection
présidentielle, annonce, par une surprenante introduction, un sondage donnant
Kabila gagnant : « Après 3 jours de début de campagne par Vital Kamerhe, l'Institut "les
Points" vient au secours de Kabila, jugez-en
vous-même? ». Plusieurs observateurs s’interrogent s’il ne
s’agit pas d’un message caché du serviteur à son maître, pour indiquer
l’état d’avancement de sa mission de déstabilisation de la vraie opposition, en
échange d’un renflouement de ses caisses pour la poursuite de la mission durant
la courte période qui nous sépare du verdict final. Cette sortie dans le site
officiel d’un candidat qui se dit de l’opposition révèle en réalité la
complicité des deux candidatures dans une stratégie commune de complot
électoral que le peuple congolais debout se fera fort de déjouer.
Eviter le syndrome
Gbagbo
Un autre sondage
peu crédible et jalousement gardé secret est celui commandé auprès d’un cabinet
parisien par le ministre de la communication et de la propagande, Lambert
Mende. Ce sondage donnerait Kabila vainqueur de la présidentielle avec une
avance sur Tshisekedi dans 7 provinces sur 11, dont le Kasaï Oriental. Il
n’accorderait que 10 % des suffrages à Tshisekedi au Katanga et
respectivement 40 et 41 % à Kabila à Kinshasa et au Bas Congo, provinces
où ce dernier n’avait réalisé que 13 et 14 % au premier tour en 2006. De tels
chiffres font donc perdre toute crédibilité à ce sondage. D’évidence, il s’agit
d’une autre manipulation du candidat sortant par son entourage, à
des fins à la fois politiques et mercantiles. Ledit sondage a en effet permis
aux grands prêtres de la maffia kabiliste de remonter le moral de leur
maître à la veille de sa récente conférence de presse où il a clamé sa
certitude de l’emporter. Grâce à ce sondage, Mende, Lumanu et Ngoyi
Kasanji ont pu soutirer des sommes faramineuses au raïs, au motif que le
maintien de l’avantage dans la réputée frondeuse province du Kasaï
oriental nécessiterait la mobilisation de moyens conséquents. A
travers ce sondage en provenance d’un cabinet parisien, on assiste à une
répétition du scénario ivoirien par lequel le président déchu de la lagune
ébriété avait été piégé comme un enfant. La suite est bien connue ;
Laurent Gbagbo s’est enfermé dans un déni outrageux et criminel de la réalité
des résultats démocratiques. Il s’est transformé en horrible criminel en
l’espace de 24 heures et doit aujourd’hui rendre des comptes devant la CPI
après le massacre de milliers d’innocents. Adolphe Lumanu et Ngoyi
Kasanji nous ont donné les prémisses de ce syndrome « Gbagbo » à
travers leur décision illégale et criminelle d’interdire la campagne aux partis
non signataires du code de bonne conduite et d’autoriser des tirs à balles
réelles sur de paisibles militants qui exerçaient leur droit le plus
élémentaire de faire campagne. La responsabilité pénale et personnelle de ces
deux quidams est clairement engagée et tôt ou tard, ils rendront compte de
leurs actes comme beaucoup d’autres.
Solidité du sondage
européen
L’Union
Européenne procède pour sa part depuis juillet 2011 à un sondage mensuel sur l’ensemble
du territoire national qu'elle se réserve de mettre sur la place publique pour
des raisons de neutralité. Ces sondages sont basés sur des relevés étendus sur
une période de plus de 2 semaines par mois. Il s’agit de sondages scientifiques
et crédibles qui participent au processus et à la méthodologie de
déroulement de l’observation électorale mise en place par l’Ue en Rdc.
Seulement 2 candidats
d’envergure
Le premier
enseignement tiré des sondages de l’Ue est qu’il n’y a en réalité que 2 candidats
d’envergure ; Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila. Les 9 autres candidats,
y compris Vital Kamerhe, Léon Kengo, Oscar Kashala et les autres, sont quantité
négligeable sur le plan strictement électoral. Ils se partageront ensemble 4 à
8 % de l’ensemble des suffrages exprimés, tandis que les 2 favoris accumulent à
eux seuls 92 à 96 % des voix.
Selon ce sondage digne
de foi, Etienne Tshisekedi a une avance de l’ordre de 17 points sur Kabila en
termes d’intentions de vote. Depuis l’annonce de multiples candidatures de
diversion de la part de présumés opposants, cette avance s’est maintenue à plus
de 12 points de pourcentages pour Tshisekedi sur son principal concurrent,
Joseph Kabila, pour les 3 mois consécutifs. Au final Etienne Tshisekedi
serait largement en tête dans 7 provinces sur 11, avec un résultat
global de 51 à 53 % contre 41 à 43 % pour Kabila. Le Bandundu est tombé dans le
camp du candidat du peuple et du changement en octobre, ce qui
explique les pressions exercées à coup d’argent sur le patriarche Gizenga
et les chefs coutumiers, pour qu’ils appellent plus explicitement à voter pour
Kabila le 28 novembre. Le candidat de l’Udps réaliserait des scores
particulièrement élevés dans les provinces du Bas-Congo, de Kinshasa, des
2 Kasai et de l’Equateur. Etienne Tshisekedi l’emporterait nettement au Nord-Kivu
à 44 % contre 42 % pour Kabila, un score qui est appelé à s’accroitre
avec le ralliement récent de Mbusa Nyamuisi qui disposerait d’une réserve de
voix d’environ 14 % dans sa province d’origine.
Ces sondages révèlent
que la candidature de Vital Kamerhe ne dispose d’aucune base solide en dépit
d’une communication tous azimuts. Il ne totalisera pas plus de 4 % dans sa
province du Sud-Kivu, et viendrait en 4èmeposition dans la partie
est du pays après Tshisekedi, Kabila et Nyamuisi.
Ces résultats prouvent
que le pari d’Etienne Tshisekedi, qui mise sur la maturité du peuple congolais pour un vote utile, est en passe
d’être gagné. Le scrutin présidentiel à un tour ne laisse aucune place à
l’aventure ni aux risques inconsidérés. L’approche purement tribale et
régionaliste revendiquée haut et fort par Vital kamerhe avec sa théorie fumeuse
du triangle nucléaire sera battue en brèche le 28 novembre. Rien de plus normal
car il était incompréhensible et même indigne qu’un prétendant à la
magistrature suprême fonde l’essentiel de sa stratégie électorale sur la
division ethnique des suffrages, alors que les enjeux de l’heure concernent
avant tout la survie de la nation toute entière et la récupération de notre
souveraineté. De là à penser qu’il y a une stratégie cachée de balkanisation de
la part de ce ressortissant de l’extrême est du pays, il n’y a qu’un pas. Mbusa
Nyamuisi l’a bien compris. En compatriote et patriote confirmé, il n’a
pas monnayé son ralliement à la candidature la mieux placée pour sauver la
nation du naufrage. Que l’on soit de Moanda, de Mobayi, Kasumbalesa,
Uvira, Manono ou Aru, nous sommes tous menacés de la même manière par
l’infiltration de notre nation du sommet à la base, par des puissances obscures
et étrangères qui veulent obtenir par le jeu démocratique, ce qu'elles
n'ont pas pu avoir par les guerres qu'elles ont menées dans notre pays. Les
épreuves vécues par les congolais depuis 1960 ont forgé leur maturité politique
et ils semblent avoir dépassé le carcan ethnico-tribal dans lequel Kamerhe
tente en vain de les enfermer.
Les candidats restant
autres que les 2 principaux rivaux, surtout ceux prétendument de
l’opposition, s’exposent à un vote sanction sans précédent et risquent de
voir leur carrière et leurs rêves politiques au Congo s’arrêter brutalement dès
le lendemain de l’élection du 28 novembre. Qui de Vital Kamerhe, Léon Kengo ou
Oscar Kashala, osera se promener la tête haute dans les rues de Kinshasa
ou à travers le pays dès lors qu’il sera identifié comme celui qui, par
pure opportunisme et égocentrisme, aura tenté de barrer la route au changement
voulu par Dieu pour le peuple du Congo meurtri, comme le firent les
philistins contre le peuple d’Israël sur le chemin de la terre promise.
M. J. Kamati
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