Kinshasa, le 12 février 2013
DES NOUVELLES RUMEURS DE RFI CONTRE LE PRESIDENT KABILA
L’implication d’un certain Etienne Kabila dans la conspiration contre les institutions de la RD Congo déjouée par les autorités sud africaines a relancé la polémique irrationnelle autour de la famille biologique du chef de l’Etat congolais Joseph Kabila Kabange. C’est le journaliste Boniface Villon de Radio France Internationale qui, sans citer ses sources, s’est fendu d’un commentaire au vitriol digne d’un roman noir sur de prétendus assassinats ou menaces d’assassinat d’une flopée de prétendus demi-frères ou demi-sœurs du président de la République. Il a cité notamment :
Etienne Kabila Taratibu, demi-frère qui aurait échappé à plusieurs tentatives d’assassinat ;
Aimée Kabila, demi-sœur, assassinée en 2008 à Kinshasa ;
Hortense Kabila, demi-sœur, assassinée à Lubumbashi par des éléments de la garde républicaine ;
Ces informations sont totalement dénuées de fondement tant en ce qui concerne les liens de filiation entre les intéressés et le défunt président Laurent-Désiré Kabila (Mzee Kabila), père de l’actuel chef de l’Etat congolais que pour ce qui est d’une quelconque responsabilité de ce dernier dans le crime, un seul, commis contre un seul des trois.
En effet, celui qui se présente depuis l’avènement de Joseph Kabila à la tête de l’Etat congolais comme Etienne Kabila, fils naturel de Mzee Laurent Désiré Kabila, n’est autre que Monsieur Etienne Kiza. Il est né en 1967 à Moba de l’union entre Monsieur Raphaël Kianzoluka, un ancien révolutionnaire lumumbiste originaire du Bandundu disparu en 1967 dans les geôles du régime de la deuxième République, et Madame Françoise Kitsa Kikapu qui venait du Sud-Kivu. La petite histoire nous renseigne que sieur Etienne a reçu le nom de son grand père maternel à la suite d’un différend familial grave, sa mère ayant été accusé d’avoir livré son mari au défunt président Mobutu Sese Seko qui la nommera effectivement par la suite Membre du Bureau Politique du MPR-Parti Etat. Les revendications du soi disant Etienne Kabila Taratibu ont quelque chose de surréaliste :
Mzee Laurent-Désiré Kabila, le mieux placé pour reconnaître ses propres enfants n’a jamais présenté le sieur Etienne Kiza à qui que ce soit en cette qualité de son vivant. C’est facile de revendiquer d’imputer des choses à une personne qui n’est plus de ce monde ;
Mzee Kabila avait quitté le Nord Katanga en 1964 et n’a donc pas pu y avoir un fils naturel né en 1967, trois ans après son départ de la région ;
alors que Mzee Laurent Désiré Kabila était au pouvoir depuis 1997, il attendra patiemment l’assassinat de ce dernier quatre ans plus tard en 2001 et la désignation subséquente de Joseph Kabila à la tête des institutions transitoires de l’Etat pour sortir du bois, prétendre être « l’aîné des Kabila » et contester les liens de filiation du nouveau chef d’Etat congolais ;
la politisation de cette revendication donne à croire que la dévolution du pouvoir dans l’ordre juridique congolais serait basée sur une succession semblable à celle d’une monarchie alors que nous sommes en République ;
Quant à la « demi-sœur » Aimée Kabila, il s’agit en réalité de Madame Aimée Mulengela, fille d’un sergent Mulengela de l’ancienne Gendarmerie nationale zaïroise basé à Kipushi. On en sait assez sur elle pour signaler qu’elle a été mariée à l’âge de 15 ans par l’officier de l’ex Garde Civile Mazangala qu’elle quittera après lui avoir donné 4 enfants. C’est alors que se faire attribuer un passeport diplomatique, elle prétendra être Aimée Kabila, fille du président Laurent-Désiré Kabila. Sous cette identité, elle s’est mise en ménage avec un certain Barracuda bien connu dans les milieux interlopes de Kinshasa qui cherchait de la sorte à se rapprocher de la famille présidentielle. Des sources proches du dossier de l’assassinat de Aimée Mulengela (alias Aimée Kabila) estiment que c’est le fameux Baracuda qui découvrant la supercherie après avoir investi d’importantes sommes d’argent dans leur relation se serait vengé en l’éliminant physiquement le 15 janvier 2008.
S’agissant de Hortense Kabila, une autre « demi-sœur » prétendument assassinée par des éléments de la GR selon RFI, il s’agit effectivement d’une parente du Chef de l’Etat mais qui n’a été assassinée par personne pour la simple et bonne raison qu’elle est bien vivante et se trouve même à Londres en Grande Bretagne au moment où nous parlons, très surprise d’apprendre qu’on l’avait tué depuis belle lurette au Katanga.
Le Gouvernement proteste de la légèreté de la chaine RFI dont le traitement de l’information a donné une consistance de mauvais aloi à des rumeurs malveillantes et sans fondement. Nous aurons à le dire au nom du Gouvernement de la République aux hauts responsables des médias publics français que nous nous apprêtons à recevoir bientôt à Kinshasa pour une séance de travail. Nous exprimerons aussi en cette circonstance toutes nos réserves face à ce qui apparaît de plus en plus sur ce média comme une véritable apologie de la rébellion du M23 qui est pourtant étiquetée force négative et terroriste par les instances des Nations Unies.
II. LES SUITES DE LA NOUVELLE REBELLION DU SUD KIVU.
Lors de notre dernier point de presse, nous avions évoqué un compatriote qui s'était présenté comme le nouveau seigneur de guerre du Sud-Kivu, le sieur Gustave BAGAYAMUKWE. Ce dernier, ex-cadre de la BCC attrait en justice pour des malversations financières, mais aussi et peut-être surtout candidat malheureux aux élections législatives de 2011 sous le numéro 154 dans la circonscription urbaine de Bukavu, n'a pas trouvé mieux pour digérer sa double déconvenue que de se proclamer chef d'un assemblage de milices dénommé Union des Forces révolutionnaires du Congo (UFRC) pour déstabiliser les institutions légitimes de la RD Congo.
Pour vous donner une idée sur le personnage, il faut rappeler que M. Bagayamukwe a été jusqu’à septembre 2010 Directeur Adjoint du service informatique de la BCC. Le 17 septembre 2010, la BCC a connu ce que son Gouverneur Jean-Claude Masangu avait qualifié à l’époque de « crash informatique majeur ». C’était en fait un sabotage très professionnel gravissime de l’intérieur de l’établissement. Tous les câbles des caméras de surveillance avaient été sectionnées, le système de contrôle des badges des entrées et sorties débranchés et le système dit de Back up qui permet de dédoubler les données bousillé. C’est grâce à la coopération de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale et de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest que la BCC a pu reconstituer au prix fort ses systèmes de sécurité.
Les enquêtes diligentées en cette circonstance avaient permis d’identifier clairement Gustave Bagayamukwe comme auteur de ce sabotage et il sera révoqué et mis à la disposition de la justice. Après ce forfait, il s’est présenté aux élections législatives de 2011 qu’il perdra avant de s’annoncer dans une nouvelle carrière de seigneur de guerre.
Je vous confirme ce que vous savez déjà sans doute, à savoir son arrestation depuis dimanche 10 février à Uvira par les forces de sécurité de la République, dont le Gouvernement loue l'efficacité. Ce nouveau seigneur de guerre dont les premiers éléments d'enquête confirment plusieurs mouvements en direction d'un pays voisin, est présentement à Kinshasa sous bonne garde. Il a également participé selon des sources concordantes à la l’assemblée constitutive de son mouvement l’UFRC à Bunagana, dans la partie du Nord-Kivu occupée. Il se préparait à revendiquer des attaques contre des grandes agglomérations du Sud-Kivu dans le style de ce qui a avait été observé au Nord-Kivu lorsque nos services l’ont fixé depuis son escapade à l’étranger et procédé à son interpellation alors qu’il rentrait au pays sous une fausse identité. La suite de l'enquête déterminera la nature exacte et l'étendue de ses activités contre notre pays.
En agissant comme il l'a fait, Gustave Bagayamukwe a enfreint le code pénal congolais en ses articles 133-135 qui définissent et sanctionnent l'infraction de rébellion. Il devra, de ce fait, affronter la justice de son pays pour répondre de ses actes.
Le Gouvernement se félicite du travail abattu par ses services et estime que l’arrestation de Bagayamukwe et ses compagnons devrait dissuader tous ceux qui croient que la RD Congo est un terrain ouvert pour de telles aventures criminelles. La rétribution judiciaire passera désormais de manière systématique car l’avenir de notre pays est au prix d’une lutte implacable contre l’impunité. La RDC n'est pas une jungle. Beaucoup l'apprendront désormais à leurs dépens. Et comme j'ai eu à le dire et à le redire, le temps des primes aux rébellions et à la guerre est bel et bien révolu en République Démocratique du Congo. Qu'on se le tienne pour dit.
III. ENLÈVEMENT DE HUIT CIVILS EN TERRITOIRE DE BENI
Les groupes armés, qu’ils soient nationaux ou étrangers, continuent à ravager le Kivu et à y semer la mort et la désolation parmi les paisibles populations congolaises. Je voudrais ici relever cet énième enlèvement de Congolais en territoire de Beni samedi 09 février dernier, aux environs de 15 heures locales. Il s’agit de 8 civils enlevés à Kanana (à 15 km d'OICHA, chef lieu du territoire de Beni) alors qu’ils s’adonnaient à l’extraction d'huile de palme dans un champ.
Il s’agit des hommes et des femmes ci-après :
- MUHINDO AMISI (30 ans) et son épouse BASEME (27 ans);
- SUMBU MUJAU (50 ans) et son épouse MELIMA (50 ans);
- MUHINDO KIDIABA (27 ans);
- MAKAMBA KAMBALE (30 ans);
- KAPAPA KIVAKIMA (27 ans);
- PALIKENDE KYANGAZA (30 ans).
Les auteurs de cet enlèvement ont été identifiés comme des éléments appartenant probablement aux ADF-NALU, une rébellion ougandaise considérablement réduite par les opérations des FARDC qui les visaient avec l'appui de la Monusco.
L'enquête, d'ores et déjà diligentée, permettra de déterminer la localisation exacte des preneurs d’otages et leurs victimes. Pour le Gouvernement, cette situation récurrente en ce territoire comme tous les autres abus aux droits de l'homme constatés dans les autres territoires où sévissent les milices d'origine congolaise ou étrangère, confirment que la brigade internationale qui a parmi ses missions celle de neutraliser toutes ces forces négatives qui endeuillent et font souffrir les populations congolaises est la solution la plus convenable pour mettre fin une fois pour toutes à la spirale de la violence qui étouffe l'Est de la RDC. Aussi le Gouvernement se félicite-t-il de ce que, lors de son dernier sommet à Maputo, la SADC ait finalement officialisé sa décision de commettre 4.000 hommes pour cette force.
Il va de soi qu'en tant que premier responsable de la sécurité des personnes et de leurs biens sur le territoire de la RDC, le Gouvernement de la République et sa force, les FARDC, ne ménageront aucun effort pour traquer ces criminels.
C'est ici, pour le Gouvernement, l'occasion d'exprimer toute sa gratitude à tous les pays et tous les organismes internationaux qui s'impliquent activement dans le rétablissement de la paix en RDC et la restauration de l'autorité de l'Etat là où les bandes armées l'avaient mise en mal. Nous citerons, pour ne pas ressasser toutes les initiatives que nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer antérieurement, le Reward for Justice Extension (déclaration de récompense pour la justice) annoncé par le Président Barack Obama des États Unis d'Amérique et qui offre 5 millions de dollars de récompense à toute personne qui arrêtera ou facilitera l'arrestation de Bosco Ntaganda et autres commandants du M23 ainsi que Joseph Kony et ses lieutenants de la LRA.-
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
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