Bonjour à tous dans cette salle comble !
Qu’il me soit permis
tout d’abord de remercier M. Kimenyi de ses aimables paroles de
présentation, et
la Brookings Institution qui a accepté d’accueillir la rencontre
d’aujourd’hui. Je
ne saurais omettre de saluer trois personnes qui sont parmi nous cet
après-midi, l’Ambassadeur Mitifu, de la République démocratique du
Congo, l’Ambassadeur
Kimonyo, du Rwanda, et l’Ambassadeur de la plus jeune nation de
l’Afrique et du monde, le Sud-Soudan.
Nous
avons parmi nous plusieurs éminentes personnalités qui, je l’espère, me
pardonneront de ne pas mentionner leur nom, mais dont je salue
chaleureusement
la présence à cette rencontre. La
Brookings Institution est de longue date un centre d’excellence pour la
politique publique et la politique étrangère. Et son programme de
l’Initiative
pour la croissance de l’Afrique (Africa Growth Initiative) – faisant
fond sur les connaissances des chercheurs et universitaires tant
africains qu’américains – contribue maintenant de manière importante à
notre compréhension de certains des problèmes économiques
et sociaux les plus complexes de l’Afrique.
La
République démocratique du Congo ou, comme on l’appelle fréquemment, la
RDC, est un des pays qui méritent plus de recherche et d’attention, et
une place
de choix sur la liste de nos priorités en matière de politique
étrangère.
Depuis
son accession à l’indépendance le 30 juin 1960, la RDC a été un exemple
des nombreux problèmes dont a souffert
l’Afrique au cours des 50 dernières années – coups d’État militaires,
corruption rampante, développement anémique, pandémies sanitaires,
inflation galopante, minerais de conflit et gouvernance décevante. Après
bien des années d’examen et de tentatives de résolution
de maintes crises récurrentes en RDC, nombreux sont ceux qui ont fini
par ignorer ce pays ou à le considérer comme un cas désespéré. Ce serait
une grave erreur pour la population du Congo, pour ses voisins de
l’Afrique centrale et ceux qui partagent une frontière
avec la RDC et pour la communauté toute entière qui reconnaissent que
nous avons un rôle à jouer pour promouvoir la stabilité et le progrès
social dans le monde entier, et que l’instabilité en RDC n’est pas sans
effet sur les États-Unis.
Votre
présence ici aujourd’hui témoigne de votre intérêt et votre désir pour
une solution durable à l’instabilité, aux troubles sociaux, et au
potentiel économique
non réalisé dont souffre la RDC depuis si longtemps. Je pense qu’il
existe un groupe très nombreux d’Africains, d’Américains et de membres
de la communauté internationale toute entière qui veulent voir la RDC
atteindre son plein potentiel. Et je suis convaincu
que le gouvernement actuel bénéficie d’un soutien parallèle au sein du
Congrès pour accorder une importance accrue aux problèmes affectant la
RDC.
Aujourd’hui,
j’aimerais évoquer avec vous la raison pour laquelle selon nous, le
monde devrait redoubler d’efforts afin de mettre un terme à
l’instabilité
en RDC. Et j’aimerais également vous soumettre quelques idées quant à
la manière dont nous pourrions faire avancer les choses.
Permettez-moi
de commencer par replacer la situation dans son contexte. La RDC
devrait être l’une des dynamos économiques et politiques de l’Afrique.
C’est
le 2e plus grand pays de l’Afrique subsaharienne, et le plus peuplé
après le Nigéria et l’Éthiopie. On trouve en RDC certains des sols les
plus fertiles de l’Afrique, et un potentiel hydroélectrique presque sans
égal. Ce pays possède en outre bon nombre des
matériaux les plus précieux de l’Afrique et certains des territoires
les plus recherchés. D’ailleurs, si vous avez avec vous un téléphone
portable, vous avez peut-être un peu de la RDC dans votre poche ou votre
sac, sous forme de coltan.
Mais
comme vous le savez tous, la RDC n’est pas l’une des locomotives
politiques et économiques de l’Afrique. On y trouve une présence
récurrente des forces
de maintien de la paix de l’ONU depuis son indépendance en 1960, le 5e taux de mortalité infantile le plus élevé au monde, le 17e
taux de mortalité maternelle le plus élevé et moins de 3.200 kilomètres
de routes pavées. La pauvreté qui
règne en RDC, les carences de ses infrastructures et divers autres
jalons de développement sont parmi les pires au monde. Le Congo se
trouve en lanterne rouge – au 187e rang – de l’indice du
développement humain du Programme des Nations Unies pour
le développement. Au lieu de vivre dans la paix et la prospérité, la
population congolaise a souffert de décennies de mauvaise gestion, de
corruption, de piètre gouvernance et de troubles sociaux récurrents. Ces
problèmes, tout comme la prolifération d’armées
étrangères, les groupes rebelles, les violences ethniques, le trafic
d’armes et l’extraction minière illicite, ont imposé un coût effroyable
pour la RDC et sa population.
Pendant
de nombreuses années, la communauté internationale a investi des sommes
considérables en RDC, avec bien peu de résultats en retour. Pourquoi
continuerions-nous
à le faire quand il y a tant d’autres problèmes tout aussi cruciaux qui
demandent notre attention de par le monde ?
Tout
d’abord, aucun autre conflit ou acte de violence depuis la Deuxième
guerre mondiale n’a eu un tel coût en vies humaines. Le Rwanda, la
Somalie, la guerre
civile au Soudan et le conflit au Darfour ont tous retenu notre
attention. Au Rwanda, 800.000 personnes ont été tuées pendant l’été de
1994, en Somalie, un peu plus d’un million pendant les vingt années de
conflit, au Darfour, 300.000 personnes ont perdu la
vie et deux millions d’êtres humains ont été tués lors du conflit entre
le Soudan du Nord et le Sud-Soudan avant la signature des accords de
paix de Naivasha en janvier 2005. Cependant, en RDC, les conflits et les
maladies en résultant ont tué plus de cinq
millions de personnes depuis 1998. Permettez-moi de répéter ce que je viens de dire :
Depuis 1998, plus de cinq millions de personnes sont mortes en RDC des suites de la violence.
Selon
moi, la communauté internationale se doit, moralement, d’agir avec plus
d’efficacité en RDC pour rompre ce cycle de mort et de souffrance, et
trouver
des solutions aux autres conséquences de cette violence – les viols et
la violence sexuelle inqualifiables perpétrés à l’encontre des femmes et
des enfants, les près de deux millions de personnes déplacées à
l’intérieur de leur pays, les quelque 450.000 Congolais
contraints de se réfugier dans les pays voisins, et l’absence de vies
dans la sécurité et la prospérité pour pratiquement tout le pays.
Par
ailleurs, l’instabilité chronique de la RDC n’est pas sans conséquence
pour les intérêts nationaux des États-Unis et des neuf pays qui
partagent une frontière
avec elle. Ces intérêts vont des efforts menés par plusieurs pays en
vue de démanteler l’Armée de résistance du Seigneur aux changements
climatiques et à la protection de l’un des plus importants écosystèmes
du monde, en passant par le renforcement de la sécurité
énergétique mondiale et les bénéfices économiques associés à des
frontières sûres et ouvertes. Si la RDC était plus stable et dotée d’une
économie bénéficiant à l’ensemble de la population congolaise, elle
pourrait devenir l’un des principaux exportateurs
de ressources naturelles, de produits agricoles et un centre de
recherche scientifique susceptible de mobiliser d’importants
investissements étrangers, notamment en provenance des États-Unis. La
RDC possède la deuxième plus vaste forêt tropicale au monde,
et à ce titre, doit être l’un des partenaires essentiels de tout effort
mondial de lutte contre le changement climatique et de conservation et
de protection de notre biodiversité.
Qui
plus est, il existe de bonnes raisons budgétaires et financières de
redoubler les efforts de la communauté internationale en RDC. Les
États-Unis, comme
bon nombre de nos partenaires internationaux, sont confrontés à de
multiples priorités internationales qui sollicitent l’argent des
contribuables américains. La crise au Mali est la plus récente de ces
demandes pour nos ressources, dont l’engagement exige
parfois des décisions extrêmement difficiles entre différentes causes
tout aussi importantes les unes que les autres. Durant le dernier
exercice budgétaire, les États-Unis ont contribué 410 millions de
dollars à titre de quotes-parts à la mission onusienne
de maintien de la paix en RDC, la MONUSCO, et nous avons fourni plus de
3 milliards pour la MONUSCO depuis l’année 2000. Qui plus est, lors de
notre dernier exercice budgétaire nous avons versé près de 115 millions
de dollars au titre d’efforts humanitaires
en RDC. Il s’agit là de dépenses essentielles qui doivent, certes, se
poursuivre sur le moyen terme, mais, ce n’est pas une stratégie tenable
ad vitam aeternam. Nous devons commencer dès maintenant à nous
assurer que les investissements réalisés se concentrent sur la
résolution des causes sous-jacentes du conflit et débouchent sur une
solution durable aux problèmes dont ce pays continue à
souffrir.
Enfin,
en un mot, le monde ne peut se permettre d’échouer dans ses efforts de
stabilisation en RDC. Si nous voulons vraiment que les pays d’Afrique
continuent
leurs progrès sur la voie d’une croissance économique et d’un
développement renforcés, et parviennent à jouer un rôle plus central au
sein de la communauté internationale, la RDC devra être l’un des
éléments fondamentaux qui permettront à ces aspirations continentales
et internationales de se matérialiser. Dans la négative, la RDC
continuera à absorber des ressources limitées, au lieu de s’épanouir
dans son potentiel et de contribuer à la sécurité et à la prospérité
économique de sa population et de sa région.
Je
ne suis pas de nature pessimiste, mais je ne suis pas non plus un
optimiste romantique. La RDC est confrontée à des problèmes graves –
d’aucuns diraient
même redoutables –, mais il existe des raisons concrètes de faire
preuve d’optimisme quant à l’avenir de cette nation. Un nombre croissant
de soldats et de policiers de la RDC sont rémunérés de manière
régulière, et de plus en plus par le biais de services
bancaires itinérants. L’économie du pays se stabilise peut à peu. Lors
de la visite du Premier ministre Matata à Washington la semaine
dernière, nous avons été encouragés par son annonce des réformes qu’il
met en place pour accroître la stabilité macroéconomique
du pays et renforcer la surveillance et la transparence. L’inflation
est en baisse, le PIB de la RDC est en hausse, et personne n’envisage un
retour à l’époque de Mobutu, avec son taux d’inflation de 1.000 % par
semaine et son billet de banque d’un milliard
de Zaïres, symboles de la dévastation de l’économie du pays il y a
moins de vingt ans.
Bien
que la résolution de l’instabilité et des autres défis en RDC n’ait pas
bénéficié du même degré de priorité internationale que les cas de la
Somalie,
du Soudan ou de la Côte d’Ivoire au cours des quatre dernières années,
nous ne sommes cependant pas restés inactifs face aux défis complexes du
Congo. Bien au contraire, nous avons œuvré en étroite collaboration
avec d’autres membres de la communauté internationale
pour tenter de résoudre les causes sous-jacentes de l’instabilité en
RDC, et nous avons également contribué à atténuer la crise la plus
récente dans la partie Est du Congo. Nous reconnaissons qu’il est
indispensable d’adopter une approche exhaustive, et qu’il
nous faut aborder simultanément les défis politiques et humanitaires et
ceux liés à la sécurité et au développement. Permettez-moi de passer
brièvement en revue nos récents accomplissements.
Nous
avons accordé la plus haute priorité à la réduction de la violence
sexuelle et sexiste, ainsi qu’à la lutte contre l’impunité. En 2009,
l’ancienne Secrétaire
d’État, Hillary Clinton, a choisi la RDC pour son tout premier voyage
en Afrique. Elle a rencontré le Président Kabila et s’est également
rendue à Goma pour évoquer le traitement et la prévention des violences
sexuelles à l’encontre des femmes, exigeant que
leurs auteurs soient appelés à répondre davantage de leurs actes. Nous
avons lancé des appels aux plus hauts niveaux pour que soient arrêtés et
traduits en justice cinq responsables de l’armée congolaise, dits les
Cinq des FARDC, accusés de s’être livrés à
des violences sexuelles en 2008 et en 2009. Le procès du plus haut
gradé des cinq est en cours, et d’autres officiers des FARDC accusés
d’avoir commis d’autres atrocités par la suite ont été condamnés et
purgent actuellement leur peine en prison.
Nous
formons des soldats congolais en première ligne aux questions de
violence sexiste, aux aspects juridiques des droits de l’homme et à
d’autres questions
visant à améliorer les rapports entre civils et militaires, et avons
exhorté les FARDC à mener à terme le processus de retrait des
enfants-soldats se trouvant parmi eux. L’an dernier, le gouvernement
congolais a franchi une étape importante lorsqu’il a signé
un plan d’action de l’ONU en vue de résoudre ce problème. Et
l’Ambassadeur Barrie Walkley a poursuivi les travaux du regretté Howard
Wolpe sur tous ces problèmes et d’autres, dans le but de renforcer la
coordination avec nos partenaires d’Afrique, d’Europe
et d’ailleurs pour résoudre les problèmes dans la région Est de la RDC.
Nous savons cependant qu’il nous reste encore beaucoup à faire.
En
septembre dernier, après l’explosion de la rébellion du M23, Madame
Clinton, l’ancienne Secrétaire d’État, a rencontré le Président Kabila
et le Président
Kagamé pour les exhorter à s’engager dans un dialogue constructif pour
établir la paix et la stabilité dans la région. Au sein du Conseil de
sécurité de l’ONU, nous avons proposé l’imposition de sanctions ciblées à
une liste de cinq des principaux commandants
du M23 et au M23 dans son ensemble. Ils font tous maintenant l’objet
d’un gel de leurs avoirs à l’échelle mondiale, et les cinq personnes en
question sont en outre frappées d’une interdiction de voyager.
Lors d’un entretien avec le Président Kagame fin décembre, le Président Obama a souligné que tout soutien,
tout soutien, au M23 irait à l’encontre de la paix et la
stabilité tant désirées par le Rwanda. De surcroît, il a encouragé les
parties à parvenir à un accord politique transparent et crédible mettant
notamment un terme à l’impunité. Au vu d’une vaste
quantité de preuves, comme l’exige la loi, nous avons suspendu l’envoi
de fonds au Rwanda destinés à l’aide militaire à l’étranger – et nous
poursuivrons notre suivi attentif de la situation et, lorsque cela
s’impose, nous gèlerons également l’assistance envoyée
à des partenaires dans la région soupçonnés de fournir un soutien au
M23 ou d’entraver de quelque manière que ce soit le processus de paix
dans la région.
De
surcroît, l’Ambassadeur Susan Rice à New York, Wendy Sherman, la
Sous-secrétaire d’État chargée des affaires politiques, l’Ambassadeur
Walkley, et moi
– ainsi que d’autres membres dévoués de notre équipe diplomatique à
Kinshasa, dans la région et ici même à Washington – avons travaillé sans
relâche pour aider à résoudre les causes sous-jacentes de
l’instabilité. Jusqu’ici, la cessation des hostilités entre
les forces congolaises et le M23 semble tenir bon, et la communauté
internationale encourage le dialogue entre ces parties d’importance
critique.
Mais
la prise de Goma par le M23 à la fin de l’année dernière a révélé à
tous que les efforts collectifs de la RDC, de ses voisins, et de la
communauté internationale
toute entière n’ont pas suffi pour jeter les bases d’une solution
durable. Si le monde ne déploie pas d’efforts plus sérieux à
l’identification d’une formule qui déboucherait sur une stabilisation
durable de la situation en RDC, il est extrêmement probable
que le même cycle de violence et des horreurs qui l’accompagnent se
poursuivra à l’avenir. Je ne pense pas que nous puissions, ou que nous
devions, accepter le statu quo. Nous nous devons de faire mieux.
Il
est évident que la seule manière de procéder consiste à adopter une
solution subtile bénéficiant de l’appui de la communauté internationale.
Nous sommes
parvenus à une telle solution pour mettre un terme au conflit dans
l’ex-Yougoslavie par le biais des Accords de Dayton. Nous avons réussi à
mettre un terme à la plus longue guerre civile qu’ait connue l’Afrique,
le conflit au Soudan, grâce à l’Accord de paix
global négocié par les États membres de l’EGAD et appuyé par les
États-Unis, la Norvège et la Grande Bretagne. Il faut maintenant un
nouvel effort international dynamique au service de la RDC. Avant toute
chose, le gouvernement de la RDC et sa population sont
les premiers responsables de relever les défis auxquels ils sont
confrontés. Mais la communauté internationale se doit de compléter ces
efforts dans le cadre d’une approche plus pointue et holistique.
Cette approche, selon moi, doit être constituée de quatre éléments, tous interdépendants et tous de même importance. Tout
d’abord, la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, et d’autres pays de la région
doivent signer l’accord cadre des Nations Unies et le mettre en vigueur
le plus
rapidement possible.
Les États-Unis appuient les principes couchés dans cet accord ainsi que
les efforts continus de l’ONU pour en obtenir la signature. Cependant,
la
simple signature de l’accord ne suffit pas. Les signataires doivent
également donner suite à leurs engagements par des actions concrètes et
visibles sur le terrain, et ils doivent être tenus responsables s’ils ne
tiennent pas leurs engagements.
Ensuite, nous devons étoffer l’accord par l’établissement d’un processus global de paix fondé sur ses principes.
Ce processus doit inclure toutes les parties pertinentes – pas
uniquement les pays se trouvant dans la région immédiate, mais aussi les
communautés locales des Kivus, la société civile, et un rôle clairement
défini pour la communauté internationale. Un tel
processus de paix ne se matérialisera pas du jour au lendemain, pas
plus qu’il ne sera d’une mise en place aisée ; c’est pourquoi les
États-Unis appuient la nomination d’un envoyé spécial de haut niveau des
Nations Unies auquel sera confiée la tâche difficile
de rassembler toutes les parties prenantes pour élaborer le processus
de paix et en assurer le respect sur le long terme.
Comme
nous le savons tous, bien des accords signés de par le passé dans la
région des Grands Lacs n’ont pas été respectés ou mis intégralement en
application.
Nous devrions donc élaborer de robustes mécanismes d’exécution et
d’incitation pour assurer la conformité. Par exemple, l’envoyé de l’ONU
devrait régulièrement faire rapport au Conseil de sécurité sur la mise
en application de cet accord, et le Secrétaire
général Ban Ki-moon devrait en surveiller attentivement le respect. Les
États-Unis se déclarent prêts à travailler avec les autres membres du
Conseil de sécurité et avec nos partenaires africains pour déterminer la
marche à suivre sur le dossier de la RDC.
D’autres
partenaires internationaux de premier plan ont également un rôle à
jouer. Les structures de la Banque mondiale, du Fonds monétaire
international,
de la Banque africaine de développement, de l’Union africaine et de
l’Union européenne, notamment, devraient toutes porter une attention
accrue à la RDC.
Par
ailleurs, les Nations Unies doivent mener à terme leur réévaluation du
rôle et de la force de la MONUSCO et modifier comme il se doit la
structure de
la Mission dans les meilleurs délais.
Par exemple, la Mission et les pays y contribuant des contingents
doivent avoir la capacité et la volonté politique requises pour
empêcher un groupe relativement peu nombreux de rebelles de prendre le
contrôle de l’une des villes les plus grandes et les plus peuplées de la
RDC. Les États-Unis appuient énergiquement l’intégration d’une brigade
régionale d’intervention au sein de la MONUSCO.
Selon nous, une force intégrée sera à même de maximiser l’impact de la
Mission grâce à une action coordonnée et à une utilisation optimale des
ressources existantes. Qui plus est, l’intensification de la pression
militaire ne constitue pas une solution en
soi. Toute solution relative à la sécurité doit compléter le processus
de paix et d’autres étapes politiques et mesures essentielles.
Enfin,
pour que nous puissions adopter une approche holistique, le
gouvernement de la RDC doit faire fonds sur les progrès graduels qu’il a
accompli en matière
de réforme en mettant en application des réformes dues de longue date
et en témoignant une volonté politique et une inclusivité accrues. Et
pour être sérieux, l’assistance internationale devrait être tributaire
de futurs progrès par le gouvernement de la RDC
sur la voie de la réforme.
La responsabilité première de la stabilité et de la prospérité en RDC
réside entre les mains de son gouvernement à Kinshasa. Tout comme la RDC
peut raisonnablement compter sur le respect de ses engagements par la
communauté internationale dans le pays, la communauté internationale
peut tout autant raisonnablement attendre de la RDC qu’elle tienne ses
promesses et qu’elle utilise les contributions
de la communauté internationale pour le mieux-être du pays et de sa
population.
Selon
nous, les réformes doivent se produire essentiellement dans deux
domaines. Tout d’abord, le gouvernement de la RDC a besoin de
restructurer son secteur
de la sécurité, y compris ses forces armées, son système judiciaire et
sa police. Plus précisément, le pays a besoin d’une stratégie de réforme
du secteur de la sécurité de longue haleine, dirigée par les Congolais
et pouvant recevoir le soutien de la communauté
internationale. Ensuite, la RDC doit étendre ses institutions
démocratiques dans tout le pays, et œuvrer notamment à résoudre les
problèmes de gouvernance les plus flagrants dans l’est du pays, comme
par exemple les litiges fonciers, le retour des réfugiés,
la protection des communautés de minorités, et les changements requis
par le processus électoral. Nous comprenons que certaines de ces
réformes exigent un certain temps, mais le monde a besoin de voir la RDC
prendre l’initiative et commencer à les mettre résolument
en application. Sans exemples visibles de ce type, il sera de plus en
plus difficile pour la communauté internationale de poursuivre ses
grands investissements en RDC.
Pour
la communauté internationale, trouver une solution durable à
l’instabilité prolongée en RDC demeurera un défi redoutable. Mais nous
ne pouvons renoncer
à agir simplement parce que c’est difficile, pas plus que nous ne
saurions abandonner la RDC en raison de la complexité des défis auxquels
elle se trouve confrontée. Si nous nous fixons des attentes trop
faibles, celles-ci risquent de se matérialiser. Nous
devons continuer à viser haut et à attendre beaucoup de nos partenaires
de la RDC et de ses voisins. Je sais que le peuple congolais est
courageux et persévérant. Nous en avons tous eu la preuve dans le cadre
de nos engagements et de nos nombreuses visites
dans le pays. Nous devons saisir cette opportunité de faire fonds sur
ce courage et cette persévérance pour créer un avenir meilleur pour la
RDC et sa population, ainsi que pour les pays qui l’entourent et pour
l’Afrique toute entière.
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