Vendredi 8 février 2013
I. DE LA BRIGADE INTERNATIONALE D'INTERVENTION
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo se félicite de ce que l'idée d'une force internationale neutre à déployer dans certaines frontières à problème de notre pays qui a germé l'an dernier, a désormais un contenu concret. En effet un consensus s’est dégagé lors du dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba pour la création, au sein de la Monusco, d’une brigade d'intervention chargée d'imposer la paix à l'Est de la République Démocratique du Congo. Celle-ci devra être constituée de 2.500 hommes qui feront partie intégrante de la Force MONUSCO. Celle-ci passera ainsi de 17.000 hommes actuellement à 19.500 hommes. La bonne nouvelle c’est que cette brigade qui sera commandée par un officier tanzanien disposera malgré son appartenance à la Monusco d’un mandat plus approprié à la menace qui pèse sur le Kivu et d’une autonomie opérationnelle. Si l'on y ajoute les 1.500 hommes appelés à s’y joindre par la suite pour porter l’effectif à 4.000, l'équipement approprié, notamment les drones (canevas volants) dont il a été question récemment, nous pensons que cette brigade sera à même de contribuer efficacement au retour de la paix au Kivu.
Intervenant à ce sujet le mercredi 6 février dernier à New York, M. Ladsous, le Secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, a exprimé l’espoir que l’Accord-cadre sur la paix dans l’Est de la RDC serait signé au cours des prochains jours. Il vous souviendra que ledit accord-cadre devait être signé le 28 janvier dernier à Addis-Abeba en marge du XXe sommet de l’Union africaine. Mais les Chefs d'Etat africains concernés pour ce mécanisme de suivi, dont le nombre est passé de 4 à 8 à la demande de la RDC, avaient décidé de le faire ultérieurement. Mieux vaut tard que jamais.
Cet accord est en fait un engagement des pays de la région à respecter chacun la souveraineté de ses voisins, de renforcer la coopération régionale en vue de résoudre les questions sécuritaires et résoudre chacun les problèmes politiques et/ou identitaires qui se posent à l’intérieur de ses frontières. Il interdit strictement aux pays de la région de soutenir des groupes armés menaçant d’autres pays et les appelle à mettre fin à l’impunité des criminels de guerre. Vous savez que, dans le contexte congolais, plusieurs criminels de guerre reconnus comme tels par la communauté internationale se la coulent douce dans un pays voisin. Les enjeux d'un tel accord sont donc très importants pour la RDC.
Engageant au départ la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, l’Accord-cadre a été étendu à l’Angola, au Congo-Brazzaville, à l’Afrique du Sud et à la Tanzanie. Il devrait être paraphé fin février 2013 par les pays précités qui constituent ainsi le groupe dit 8 + 1 (ONU).
C’est une bonne chose de notre point de vue parce que la coupole de l’Accord-cadre entre ces huit pays sur la Brigade Internationale qui va se déployer constitue une avancée notable vers une paix durable dans cette partie de notre pays et de la région des Grands Lacs.
II. DES MENACES DE REPRISE DE LA GUERRE PAR LE M23 ET UNE NOUVELLE REBELLION AU SUD-KIVU
La presse fait régulièrement état ces derniers temps d’une éventualité de la reprise de la guerre au Nord-Kivu. Un grand quotidien de Kinshasa a ainsi annoncé le 7 février 2013, des mouvements des mutins du M23 en renforcement de positions autour de la ville de Goma. L’information avait été confirmée par le Mécanisme conjoint de vérification de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) chargé du contrôle de la frontière entre la RDC et le Rwanda. De l’avis des enquêteurs du Mécanisme conjoint, il s’agissait de roulements de mécaniques des éléments du M23 pour faire pression sur le Gouvernement de la RDC dans le cadre de la rencontre de Kampala. Si tel est le cas, il faut espérer que l’adoption par les 2 parties du Rapport sur la revue de l’Accord de paix de 2009 intervenue le 6 février à Kampala a vidé les raisons pouvant expliquer un quelconque chantage sur la RDC.
En tout état de cause, la ville de Goma est protégée et sera défendue comme il se doit en cas d'attaque. La population ne doit pas céder à la panique. Le M23 n’a jamais pris Goma à lui seul. Et ce n’est pas demain qu’il réalisera cet exploit.
L'évaluation à Kampala de la mise en œuvre de l'Accord de 2009 a révélé que sur les 35 dispositions arrêtées le 23 mars 2009, 15 avaient été totalement mises en ouvre, 8 autres l'ont été partiellement et 12 seulement ne l'étaient pas encore. Nous disons bien "ne l'étaient pas encore", puisqu'il s'agit d'un processus qui ne relève pas de la génération spontanée ni du langage performatif de Austin (How to do things with words).
Kampala a ainsi démontré noir sur blanc que prendre le prétexte de l'Accord du 23 mars 2009 pour tuer des gens et détruire le pays ne se justifie nullement. D'ailleurs, au regard de cette évaluation, il est évident que le CNDP a plus bénéficié de la mise en œuvre dudit accord que n’importe quel autre groupe armé signataire.
Ceci dit, le Gouvernement continue de participer de bonne foi à la rencontre de Kampala. Mais il faut rappeler l'esprit dans lequel lesdits pourparlers ont été initiés par la CIRGL. Le Président Joseph KABILA et les Chefs d'Etat de la CIRGL initiateurs de la rencontre avaient en effet précisé que quelle que soit la nature des revendications du M23, rien à Kampala ne doit remettre en cause l’ordre constitutionnel en vigueur en RD Congo. Rien à Kampala ne doit remettre en cause les autorités légitimes qui sont à la tête des institutions nationales, provinciales et locales de notre pays en vertu de la Constitution.
S’il faut s’attendre à des compromis, ils ne porteront en aucun cas sur quoi que ce soit qui soit susceptible d’énerver la Constitution. C’est le lieu de dire également que la rencontre de Kampala entre le Gouvernement et le M23 n’est pas à considérer comme un exercice d’exonération ou de pardon des crimes présumés commis par les membres de ce groupe.
III. ARRESTATION DE DIX-NEUF CONGOLAIS EN AFRIQUE DU SUD
Les autorités d’Afrique du Sud ont annoncé depuis quelques jours qu’elles avaient procédé à l’arrestation de dix-neuf Congolais qui ont été inculpés jeudi 7 février pour tentative de coup d'Etat visant à renverser le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) par un tribunal régional de Pretoria.
Il ressort des minutes de la procédure que ces 19 compatriotes appartiennent à un groupe appelé l'Union des nationalistes pour le renouveau (UNR) dont l'objectif était subversif.
La police sud-africaine avait été informée depuis septembre 2012 des préparatifs d’actes de subversion et de terrorisme par ce groupe. L’enquête menée à ce sujet a permis de réunir des preuves vidéo, audio, ainsi que des documents et photos où l’on peut voir certains conspirateurs poser avec des fusils AK-47. La police est passée à leur arrestation. Le groupe promettait des concessions minières en échange des soutiens qu'il sollicitait.
Dans le groupe se trouve un certain Étienne Kabila, devenu célèbre pour ses activités anti-Kabila. C’est en effet le même qui déjà à Sun City à la faveur du dialogue inter congolais en 2002, s'évertuait à convaincre que le Président Joseph Kabila Kabange n'était pas le fils de son père Mzee L.D. Kabila. C’est une façon pour ce baroudeur de revenir à la charge avec armes onze ans après !
Ces messieurs organisaient en fait un entraînement militaire spécialisé dans la province rurale du Limpopo (nord-est de la RSA), sous couvert d'une formation de rangers à la lutte contre le braconnage de rhinocéros. C’est depuis septembre 2012, qu’ils étaient suivis par la police et les services d’intelligence sud africains. A partir de novembre 2012, nos services et ceux de Pretoria ont commencé à échanger des informations sur ce groupe avant que 19 d’entre eux ne soient appréhendés en possession de 5.000 fusils AK47, 500 roquettes TKM, des missiles sol-air, 50 valises satellitaires, 200 Talkies-walkies et 1000 grenades offensives. De quoi équiper toute une brigade.
En jugeant sur son sol les 19 conspirateurs congolais, la justice sud-africaine n'a fait qu'appliquer une loi du pays sur l'assistance militaire étrangère qui interdit les activités de mercenaires non autorisées et permet de les juger en Afrique du sud. Il ne s'agit donc pas d'une machination ourdie de Kinshasa comme l'a prétendu quelqu'un.
Le Gouvernement de la RDC suit de près cette affaire et compte mener de son côté des enquêtes complémentaires pour dénicher tous les segments de cette conspiration. Il y a 11 qui ont été pris en Angola dans le cadre du CNC (Conseil national congolais). En majorité des ex-FAZ dans le cadre du fameux traité de Nice où des proches de M. Tshisekedi (Mpuila) ont promis d’aliéner des pans du territoire Congolais en échange de moyens pour changer l’ordre constitutionnel en RD Congo.
Le Gouvernement de la RD Congo tient ici à remercier solennellement la République d’Afrique du Sud et la République d’Angola pour leur contribution exemplaire à la répression de la criminalité transfrontalière qui risquait de transformer la région de la SADC en un nouveau foyer de guerre et d’instabilité en Afrique. Notre reconnaissance s’adresse particulièrement à leurs Excellences Messieurs les Présidents Jacob Zuma d’Afrique du Sud et Edouardo Dos Santos d’Angola ainsi qu’à leurs Gouvernements respectifs.
IV. DU RAPPORT DE HUMAN RIGHTS WATCH
Dans un communiqué publié mardi 5 février à Goma, l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) annonce que des rebelles du M23 et des militaires de l’armée congolaise ont violé des dizaines de femmes et commis d’autres crimes de guerre pendant l’occupation par cette rébellion de la ville de Goma en novembre 2012.
Nous apprécions à sa juste mesure le fait que Human Rights Watch ait pu documenter au moins vingt-quatre cas d’exécutions sommaires commises par des combattants du M23 pendant l’occupation de Goma entre le 20 novembre et le 1er décembre 2012. L'ONG précise que toutes les victimes, sauf trois, étaient des civils. Pour des gens qui prétendent gouverner ce pays, c'est extrêmement grave.
Human Rights Watch parle aussi d'au moins soixante-seize cas de viols de femmes et de jeunes filles par des militaires de l’armée congolaise (FARDC). Les faits se seraient déroulés entre le 20 et le 30 novembre 2012 à Minova ainsi que dans les localités de Bwisha, Buganga, Mubimbi, Kishinji, Katolo, Ruchunda et Kalungu.
Le Gouvernement en prend acte et note que ces chiffres sont en baisse par rapport aux 126 victimes signalés par d’autres sources. Une enquête à ce sujet a été d’ores et déjà diligentée pour établir la vérité et les responsabilités. Il assure que les coupables sont pour certains déjà arrêtés et traduits en justice. D’autres suivront car, comme vous l'aurez constaté à travers les procès tenus par des tribunaux militaires à divers endroits, notamment à Rutshuru et à Fizi, le Chef de l'Etat ne tolère plus aucun cas d'impunité en RDC. Bien plus, la dignité de la femme congolaise doit être protégée à tout prix.
V. UNE NOUVELLE RÉBELLION AU KIVU
Vous avez appris comme moi une nouvelle assez alarmante faisant état d’une certaine Union des Forces Révolutionnaires du Congo (UFRC) qui aurait vu le jour au Sud-Kivu. La fameuse UFRC se présente comme une coalition de groupes armés du Sud-Kivu. Un candidat député national malheureux à la tête de la coalition de groupes armés du Sud-Kivu dont l'objectif est de déstabiliser le régime de Kinshasa en partant de la thèse d'élections mal organisées. Cela fait rire.
En effet, Gustave Bagayamukwe, qui s'est bombardé président de cette prétendue coalition de groupes armés, avait été candidat malheureux aux dernières élections législatives de novembre 2011 pour lesquelles il était aligné comme candidat numéro 154 dans la circonscription urbaine de Bukavu. Il y a dans chaque élection des gagnants et des perdants.
Il y a quelques mois passés, le candidat républicain malheureux à la dernière élection présidentielle aux USA, malgré le fait qu’il ait mis longtemps à reconnaître sa défaite face à Obama, n’a jamais recouru aux voies de fait pour stigmatiser le dysfonctionnement, par endroit, de ladite élection. Quelques années plutôt, le même scenario s’était produit, toujours aux USA, à l’occasion de l’élection opposant Bush à Al Gor. Le dysfonctionnement avait été tel que l’autorité chargée de la gestion des élections américaines préféra au système électronique, le système manuel. Même alors, le camp perdant n’a jamais estimé qu’il eut fallu embraser le pays pour cela.
Plus près de nous, précisément au Ghana, reconnu comme modèle de démocratie dans la région, l’élection qui a opposé en 2012 NANA AKUFO ADDO à John DRAMANI MAHAMA a dérogé à la tradition des « élections bien organisées » qui faisaient la bonne réputation de ce pays.
Les constatations d’irrégularités, il y en a eu. Le candidat de l’opposition et tous ceux qui lui étaient acquis ont crié à un hold up électoral. Au finish, l’intérêt du Ghana l’a emporté sur celui des individus. Si bien que NANA AKUFO et ses soutiens décidèrent, en bons perdants, de repartir en bataille pour les échéances à venir. Ils n’ont pas appelé la foudre sur leur pays pour avoir perdu une élection.
Si chacun des 17.884 perdants aux élections législatives de 2011 en RDC devait se constituer en chef de groupe rebelle, on peut aisément visualiser le nombre de groupes rebelles qu'i y aurait dans ce pays. Il importe donc qu’à l’unisson, les institutions, la classe politique et les masses populaires de ce pays condamnent et dissuadent de tels glissements.
La fameuse UFRC prétend être basée à Bukavu, une ville dont elle n'a pas le contrôle. Bien plus, elle prétend avoir l'adhésion des responsables de la société civile qui pourtant ont un point de vue fondamentalement opposé au sien. En tout état de cause, ces aventuriers et tous ceux qui leur apporteront un soutien feront les frais de la loi congolaise à l’instar de toutes les autres forces négatives.
Au sujet de l'UFRC, j'ai apprécié la réaction du journal l'Observateur qui a écrit ce qui suit : "La RDC n'est pas une jungle pour que n'importe quel aventurier se mette à prendre les armes pour revendiquer ce qu'il croit être ses droits en se mettant à trucider ses compatriotes et qu'au final il réclame un dialogue pour se faire payer tout le sang des Congolais que, par sa cruauté, il a dû verser pour arriver -rarement aussi - à ses fins machiavéliques." Que les aventuriers de l'UFRC et autres se le tiennent pour dit. Car les Congolais sont fatigués d'être constamment immolés sur l'autel des ambitions égoïstes de certains d’entre eux.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement
I. DE LA BRIGADE INTERNATIONALE D'INTERVENTION
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo se félicite de ce que l'idée d'une force internationale neutre à déployer dans certaines frontières à problème de notre pays qui a germé l'an dernier, a désormais un contenu concret. En effet un consensus s’est dégagé lors du dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba pour la création, au sein de la Monusco, d’une brigade d'intervention chargée d'imposer la paix à l'Est de la République Démocratique du Congo. Celle-ci devra être constituée de 2.500 hommes qui feront partie intégrante de la Force MONUSCO. Celle-ci passera ainsi de 17.000 hommes actuellement à 19.500 hommes. La bonne nouvelle c’est que cette brigade qui sera commandée par un officier tanzanien disposera malgré son appartenance à la Monusco d’un mandat plus approprié à la menace qui pèse sur le Kivu et d’une autonomie opérationnelle. Si l'on y ajoute les 1.500 hommes appelés à s’y joindre par la suite pour porter l’effectif à 4.000, l'équipement approprié, notamment les drones (canevas volants) dont il a été question récemment, nous pensons que cette brigade sera à même de contribuer efficacement au retour de la paix au Kivu.
Intervenant à ce sujet le mercredi 6 février dernier à New York, M. Ladsous, le Secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, a exprimé l’espoir que l’Accord-cadre sur la paix dans l’Est de la RDC serait signé au cours des prochains jours. Il vous souviendra que ledit accord-cadre devait être signé le 28 janvier dernier à Addis-Abeba en marge du XXe sommet de l’Union africaine. Mais les Chefs d'Etat africains concernés pour ce mécanisme de suivi, dont le nombre est passé de 4 à 8 à la demande de la RDC, avaient décidé de le faire ultérieurement. Mieux vaut tard que jamais.
Cet accord est en fait un engagement des pays de la région à respecter chacun la souveraineté de ses voisins, de renforcer la coopération régionale en vue de résoudre les questions sécuritaires et résoudre chacun les problèmes politiques et/ou identitaires qui se posent à l’intérieur de ses frontières. Il interdit strictement aux pays de la région de soutenir des groupes armés menaçant d’autres pays et les appelle à mettre fin à l’impunité des criminels de guerre. Vous savez que, dans le contexte congolais, plusieurs criminels de guerre reconnus comme tels par la communauté internationale se la coulent douce dans un pays voisin. Les enjeux d'un tel accord sont donc très importants pour la RDC.
Engageant au départ la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, l’Accord-cadre a été étendu à l’Angola, au Congo-Brazzaville, à l’Afrique du Sud et à la Tanzanie. Il devrait être paraphé fin février 2013 par les pays précités qui constituent ainsi le groupe dit 8 + 1 (ONU).
C’est une bonne chose de notre point de vue parce que la coupole de l’Accord-cadre entre ces huit pays sur la Brigade Internationale qui va se déployer constitue une avancée notable vers une paix durable dans cette partie de notre pays et de la région des Grands Lacs.
II. DES MENACES DE REPRISE DE LA GUERRE PAR LE M23 ET UNE NOUVELLE REBELLION AU SUD-KIVU
La presse fait régulièrement état ces derniers temps d’une éventualité de la reprise de la guerre au Nord-Kivu. Un grand quotidien de Kinshasa a ainsi annoncé le 7 février 2013, des mouvements des mutins du M23 en renforcement de positions autour de la ville de Goma. L’information avait été confirmée par le Mécanisme conjoint de vérification de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) chargé du contrôle de la frontière entre la RDC et le Rwanda. De l’avis des enquêteurs du Mécanisme conjoint, il s’agissait de roulements de mécaniques des éléments du M23 pour faire pression sur le Gouvernement de la RDC dans le cadre de la rencontre de Kampala. Si tel est le cas, il faut espérer que l’adoption par les 2 parties du Rapport sur la revue de l’Accord de paix de 2009 intervenue le 6 février à Kampala a vidé les raisons pouvant expliquer un quelconque chantage sur la RDC.
En tout état de cause, la ville de Goma est protégée et sera défendue comme il se doit en cas d'attaque. La population ne doit pas céder à la panique. Le M23 n’a jamais pris Goma à lui seul. Et ce n’est pas demain qu’il réalisera cet exploit.
L'évaluation à Kampala de la mise en œuvre de l'Accord de 2009 a révélé que sur les 35 dispositions arrêtées le 23 mars 2009, 15 avaient été totalement mises en ouvre, 8 autres l'ont été partiellement et 12 seulement ne l'étaient pas encore. Nous disons bien "ne l'étaient pas encore", puisqu'il s'agit d'un processus qui ne relève pas de la génération spontanée ni du langage performatif de Austin (How to do things with words).
Kampala a ainsi démontré noir sur blanc que prendre le prétexte de l'Accord du 23 mars 2009 pour tuer des gens et détruire le pays ne se justifie nullement. D'ailleurs, au regard de cette évaluation, il est évident que le CNDP a plus bénéficié de la mise en œuvre dudit accord que n’importe quel autre groupe armé signataire.
Ceci dit, le Gouvernement continue de participer de bonne foi à la rencontre de Kampala. Mais il faut rappeler l'esprit dans lequel lesdits pourparlers ont été initiés par la CIRGL. Le Président Joseph KABILA et les Chefs d'Etat de la CIRGL initiateurs de la rencontre avaient en effet précisé que quelle que soit la nature des revendications du M23, rien à Kampala ne doit remettre en cause l’ordre constitutionnel en vigueur en RD Congo. Rien à Kampala ne doit remettre en cause les autorités légitimes qui sont à la tête des institutions nationales, provinciales et locales de notre pays en vertu de la Constitution.
S’il faut s’attendre à des compromis, ils ne porteront en aucun cas sur quoi que ce soit qui soit susceptible d’énerver la Constitution. C’est le lieu de dire également que la rencontre de Kampala entre le Gouvernement et le M23 n’est pas à considérer comme un exercice d’exonération ou de pardon des crimes présumés commis par les membres de ce groupe.
III. ARRESTATION DE DIX-NEUF CONGOLAIS EN AFRIQUE DU SUD
Les autorités d’Afrique du Sud ont annoncé depuis quelques jours qu’elles avaient procédé à l’arrestation de dix-neuf Congolais qui ont été inculpés jeudi 7 février pour tentative de coup d'Etat visant à renverser le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) par un tribunal régional de Pretoria.
Il ressort des minutes de la procédure que ces 19 compatriotes appartiennent à un groupe appelé l'Union des nationalistes pour le renouveau (UNR) dont l'objectif était subversif.
La police sud-africaine avait été informée depuis septembre 2012 des préparatifs d’actes de subversion et de terrorisme par ce groupe. L’enquête menée à ce sujet a permis de réunir des preuves vidéo, audio, ainsi que des documents et photos où l’on peut voir certains conspirateurs poser avec des fusils AK-47. La police est passée à leur arrestation. Le groupe promettait des concessions minières en échange des soutiens qu'il sollicitait.
Dans le groupe se trouve un certain Étienne Kabila, devenu célèbre pour ses activités anti-Kabila. C’est en effet le même qui déjà à Sun City à la faveur du dialogue inter congolais en 2002, s'évertuait à convaincre que le Président Joseph Kabila Kabange n'était pas le fils de son père Mzee L.D. Kabila. C’est une façon pour ce baroudeur de revenir à la charge avec armes onze ans après !
Ces messieurs organisaient en fait un entraînement militaire spécialisé dans la province rurale du Limpopo (nord-est de la RSA), sous couvert d'une formation de rangers à la lutte contre le braconnage de rhinocéros. C’est depuis septembre 2012, qu’ils étaient suivis par la police et les services d’intelligence sud africains. A partir de novembre 2012, nos services et ceux de Pretoria ont commencé à échanger des informations sur ce groupe avant que 19 d’entre eux ne soient appréhendés en possession de 5.000 fusils AK47, 500 roquettes TKM, des missiles sol-air, 50 valises satellitaires, 200 Talkies-walkies et 1000 grenades offensives. De quoi équiper toute une brigade.
En jugeant sur son sol les 19 conspirateurs congolais, la justice sud-africaine n'a fait qu'appliquer une loi du pays sur l'assistance militaire étrangère qui interdit les activités de mercenaires non autorisées et permet de les juger en Afrique du sud. Il ne s'agit donc pas d'une machination ourdie de Kinshasa comme l'a prétendu quelqu'un.
Le Gouvernement de la RDC suit de près cette affaire et compte mener de son côté des enquêtes complémentaires pour dénicher tous les segments de cette conspiration. Il y a 11 qui ont été pris en Angola dans le cadre du CNC (Conseil national congolais). En majorité des ex-FAZ dans le cadre du fameux traité de Nice où des proches de M. Tshisekedi (Mpuila) ont promis d’aliéner des pans du territoire Congolais en échange de moyens pour changer l’ordre constitutionnel en RD Congo.
Le Gouvernement de la RD Congo tient ici à remercier solennellement la République d’Afrique du Sud et la République d’Angola pour leur contribution exemplaire à la répression de la criminalité transfrontalière qui risquait de transformer la région de la SADC en un nouveau foyer de guerre et d’instabilité en Afrique. Notre reconnaissance s’adresse particulièrement à leurs Excellences Messieurs les Présidents Jacob Zuma d’Afrique du Sud et Edouardo Dos Santos d’Angola ainsi qu’à leurs Gouvernements respectifs.
IV. DU RAPPORT DE HUMAN RIGHTS WATCH
Dans un communiqué publié mardi 5 février à Goma, l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) annonce que des rebelles du M23 et des militaires de l’armée congolaise ont violé des dizaines de femmes et commis d’autres crimes de guerre pendant l’occupation par cette rébellion de la ville de Goma en novembre 2012.
Nous apprécions à sa juste mesure le fait que Human Rights Watch ait pu documenter au moins vingt-quatre cas d’exécutions sommaires commises par des combattants du M23 pendant l’occupation de Goma entre le 20 novembre et le 1er décembre 2012. L'ONG précise que toutes les victimes, sauf trois, étaient des civils. Pour des gens qui prétendent gouverner ce pays, c'est extrêmement grave.
Human Rights Watch parle aussi d'au moins soixante-seize cas de viols de femmes et de jeunes filles par des militaires de l’armée congolaise (FARDC). Les faits se seraient déroulés entre le 20 et le 30 novembre 2012 à Minova ainsi que dans les localités de Bwisha, Buganga, Mubimbi, Kishinji, Katolo, Ruchunda et Kalungu.
Le Gouvernement en prend acte et note que ces chiffres sont en baisse par rapport aux 126 victimes signalés par d’autres sources. Une enquête à ce sujet a été d’ores et déjà diligentée pour établir la vérité et les responsabilités. Il assure que les coupables sont pour certains déjà arrêtés et traduits en justice. D’autres suivront car, comme vous l'aurez constaté à travers les procès tenus par des tribunaux militaires à divers endroits, notamment à Rutshuru et à Fizi, le Chef de l'Etat ne tolère plus aucun cas d'impunité en RDC. Bien plus, la dignité de la femme congolaise doit être protégée à tout prix.
V. UNE NOUVELLE RÉBELLION AU KIVU
Vous avez appris comme moi une nouvelle assez alarmante faisant état d’une certaine Union des Forces Révolutionnaires du Congo (UFRC) qui aurait vu le jour au Sud-Kivu. La fameuse UFRC se présente comme une coalition de groupes armés du Sud-Kivu. Un candidat député national malheureux à la tête de la coalition de groupes armés du Sud-Kivu dont l'objectif est de déstabiliser le régime de Kinshasa en partant de la thèse d'élections mal organisées. Cela fait rire.
En effet, Gustave Bagayamukwe, qui s'est bombardé président de cette prétendue coalition de groupes armés, avait été candidat malheureux aux dernières élections législatives de novembre 2011 pour lesquelles il était aligné comme candidat numéro 154 dans la circonscription urbaine de Bukavu. Il y a dans chaque élection des gagnants et des perdants.
Il y a quelques mois passés, le candidat républicain malheureux à la dernière élection présidentielle aux USA, malgré le fait qu’il ait mis longtemps à reconnaître sa défaite face à Obama, n’a jamais recouru aux voies de fait pour stigmatiser le dysfonctionnement, par endroit, de ladite élection. Quelques années plutôt, le même scenario s’était produit, toujours aux USA, à l’occasion de l’élection opposant Bush à Al Gor. Le dysfonctionnement avait été tel que l’autorité chargée de la gestion des élections américaines préféra au système électronique, le système manuel. Même alors, le camp perdant n’a jamais estimé qu’il eut fallu embraser le pays pour cela.
Plus près de nous, précisément au Ghana, reconnu comme modèle de démocratie dans la région, l’élection qui a opposé en 2012 NANA AKUFO ADDO à John DRAMANI MAHAMA a dérogé à la tradition des « élections bien organisées » qui faisaient la bonne réputation de ce pays.
Les constatations d’irrégularités, il y en a eu. Le candidat de l’opposition et tous ceux qui lui étaient acquis ont crié à un hold up électoral. Au finish, l’intérêt du Ghana l’a emporté sur celui des individus. Si bien que NANA AKUFO et ses soutiens décidèrent, en bons perdants, de repartir en bataille pour les échéances à venir. Ils n’ont pas appelé la foudre sur leur pays pour avoir perdu une élection.
Si chacun des 17.884 perdants aux élections législatives de 2011 en RDC devait se constituer en chef de groupe rebelle, on peut aisément visualiser le nombre de groupes rebelles qu'i y aurait dans ce pays. Il importe donc qu’à l’unisson, les institutions, la classe politique et les masses populaires de ce pays condamnent et dissuadent de tels glissements.
La fameuse UFRC prétend être basée à Bukavu, une ville dont elle n'a pas le contrôle. Bien plus, elle prétend avoir l'adhésion des responsables de la société civile qui pourtant ont un point de vue fondamentalement opposé au sien. En tout état de cause, ces aventuriers et tous ceux qui leur apporteront un soutien feront les frais de la loi congolaise à l’instar de toutes les autres forces négatives.
Au sujet de l'UFRC, j'ai apprécié la réaction du journal l'Observateur qui a écrit ce qui suit : "La RDC n'est pas une jungle pour que n'importe quel aventurier se mette à prendre les armes pour revendiquer ce qu'il croit être ses droits en se mettant à trucider ses compatriotes et qu'au final il réclame un dialogue pour se faire payer tout le sang des Congolais que, par sa cruauté, il a dû verser pour arriver -rarement aussi - à ses fins machiavéliques." Que les aventuriers de l'UFRC et autres se le tiennent pour dit. Car les Congolais sont fatigués d'être constamment immolés sur l'autel des ambitions égoïstes de certains d’entre eux.
Je vous remercie.
Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l’Initiation à la Nouvelle Citoyenneté
Porte-parole du Gouvernement
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