L’Action Contre l’Impunité pour
les Droits Humains, Acidh, une Ong œuvrant au Katanga, déplore les évasions à
répétition enregistrées à la prison de « Haute sécurité » de
Buluo, située à environ 110 Km de la ville de Lubumbashi, note un communiqué de
cette organisation. La dernière évasion date du samedi 27 novembre
2010. Acidh condamne l’usage disproportionné des armes à feu
par les éléments de la Police Nationale Congolaise et de la
Police Militaire commis à la garde de cette prison, entraînant ainsi mort
d’homme parmi les détenus non armés qui tentaient de s’évader. Elle saisit
l’occasion pour inviter une fois de plus le Gouvernement à fournir plus
d’efforts pour améliorer les conditions carcérales dans cette prison.
Le samedi 27 novembre 2010 à minuit, les détenus de
la Prison de Buluo dite de « Haute sécurité » se sont mutinés
pour exprimer leur « ras-le-bol ». Des informations
recueillies font état d’un bilan de 33 prisonniers dont 7 d’entre eux ont été rattrapés
évadés et 4 tués dont trois 3 sur place et 1 qui a succombé de suite de ses
blessures à l’Hôpital Daco à Likasi. Selon des sources concordantes, ces personnes ont été tuées par balles
réelles tirées par les éléments de la police (PNC) et de la police
militaire (PM) qui tentaient d’empêcher aux détenus de s’évader.
Les mauvaises conditions de
détention qui caractérisent cette prison semblent être la principale cause de
ces évasions à répétition. D’après des sources concordantes, les détenus de
Buluo n’ont pas accès à une alimentation suffisante Depuis la décente du comité provincial de sécurité dans cette prison au
mois de mars dernier, le gouvernement provincial du Katanga prend en charge
l’alimentation des pensionnaires en la fournissant régulièrement une
provision alimentaire.
Cependant, cette dernière semble
insuffisante pour les détenus et de bonne qualité bien que les efforts du
Gouvernement provincial sont salués en cette matière. La prison manque de
manière criante un dispensaire pour des soins primaires, pas de produits
pharmaceutiques. L’on déplore également le manque d’un moyen de transport,
ce qui entraîne qu’en cas de maladie, les dirigeants locaux doivent se
débrouiller pour conduire le patient à l’Hôpital à Likasi à environ une dizaine
de kilomètres.
Depuis plusieurs années, le
quartier populaire de la prison n’existe plus. Jadis ce quartier servait entre
autres aux prisonniers de lieux de divertissement. La conséquence est que tous
les détenus sont obligés de vivre dans le quartier cellulaire, dans une
promiscuité indescriptible. Au jour de l’évasion, les effectifs de la prison étaient
de 229 détenus entre prisonniers ordinaires et ceux
dangereux. A cela il faut ajouter le manque des frais de fonctionnement ;
la situation administrative confuse des détenus dont les dossiers avaient été
incendiés lors de l’évasion précédente; le nombre insuffisant de policiers
civils et militaires commis à la garde de cette Prison pourtant dite de « Haute
Sécurité ».
L’Acidh rappelle à l’opinion
publique que ces évasions ne sont pas à leur première perpétration dans cette
Prison. A titre purement illustratif, le 24 décembre 2003, Buluo avait
connu une évasion spectaculaire de 127 détenus sur un total de 232 que
comptaient les effectifs. Les gardes avaient tiré à balles réelles en tuant 4
personnes dont 1 détenu, 3 civils par erreur dans leurs champs lors de
poursuites des fugitifs et en blessant 4 autres.
Le lundi 15 octobre 2007, toujours
à Buluo, une tentative d’évasion s’était soldée par 2 tués et 2
blessés du côté de la police Lire à ce sujet « tentative d’évasion à la
prison de Buluo, 2 morts et 2 blessés », selon le site
d’Okapi.net du 16 octobre 2007 et l’incendie des bureaux du Directeur de cette
prison ainsi que du greffe entraînant ainsi la perte de tous les dossiers
administratifs des prisonniers.
Cette situation
a entraîné un flou dans l’administration de cette prison et dans la
gestion des détenues dans la mesure où les autorités
pénitentiaires n’avaient aucune trace pour rétablir avec exactitude la
situation administrative de chacun des détenus. Une liste aléatoire de ces
derniers avait été reconstituée par l’administration pénitentiaire avec
possibilité de se tromper sur la peine de chacun créant ainsi un
sentiment de frustration dans le chef des détenus.
Le mercredi 20 janvier 2010, 6
bandits de grand chemin tous venant de Goma s’étaient évadés aux petites heures
en escaladant le mur. Cet état de chose montre simplement que l’évasion
du samedi 27 novembre dernier n’est pas un fait du hasard. Mais plutôt une
conséquence de l’indifférence des autorités gouvernementales pourtant souvent
informées de la situation soit à travers de nombreux rapports des autorités
pénitentiaires soit par des visites de terrain, souligne le communiqué de cette
Ong.
Lors de la décente effectuée à la
Prison centrale de Buluo au mois de mars dernier pour s’assurer
des difficultés de fonctionnement de cet Etablissement carcéral par
le comité provincial de sécurité, des promesses en terme des solutions aux
problèmes soulevées ont été faites. Cependant, l’absence des frais de
fonctionnement et la réhabilitation de ce centre demeurent et exigent des
solutions concrètes et durables, pour freiner les cas d’évasions devenues
monnaies courantes. Jusqu’à ce jour ces questions comme tant d’autres bien que
importantes n’ont jamais trouvé de solutions.
Ainsi, l’Acidh recommande au
ministre national de la Justice et des Droits Humains de prendre des
mesures appropriées pour réhabiliter la Prison de Buluo notamment son quartier
populaire afin de sécuriser aussi bien les détenus que la
population ; de deiller à
l’amélioration des conditions carcérales notamment assurer une alimentation
suffisante et de qualité , mettre en place une structure de santé bien
équipée pour assurer l’accès des prisonniers aux soins primaires ;
d’équiper la prison d’un matériel roulant pour assurer la mobilité du personnel
pénitentiaire et le transport des prisonniers malades vers l’hôpital ; d’assurer des
frais de fonctionnement de la prison de manière régulière et de renforcer
les effectifs de la Police Nationale Congolaise et de la Police Militaire à la
garde de la prison tout en se rassurant de leur formation sur l’usage des armes
à feu et la sécurisation des prisons.
Cette Ong recommande ensuite aux
autorités judiciaires militaires d’ouvrir une enquête pour dénicher
les personnes qui ont tiré sur les 4 prisonniers tués et de les sanctionner
conformément aux textes de loi de la République. Et enfin au Parlement et à l’Assemblée Provinciale,
elle leur recommande d’interpeller chacun en ce qui le concerne,
les ministres national et provincial de la Justice et des Droits Humains
sur les facteurs à la base de ces multiples évasions à la prison de Buluo et
les solutions y apportées.
Ecrit le 8 décembre 2010
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