A l’occasion de la tenue, pour la première fois à Kinshasa, du Caucus africain -réunion des gouverneurs africains auprès de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, le ministre congolais des Finances et président en exercice du Caucus africain, M. Augustin Matata Ponyo Mapon, a animé une conférence de presse le jeudi 28 juillet dernier 2011 dans la salle de réunion du ministère des Finances pour annoncer cet événement. En intégralité, son discours qu’il a prononcé devant la presse et les membres de son cabinet.
La Rdc va abriter très prochainement les assises du Caucus africain qui se tiendront au Grand Hôtel Kinshasa du 3 au 4 août 2011, sous le haut patronage du président de la République. Dans ce contexte, il m’a semblé important d’organiser la présente conférence de presse, afin de vous informer sur le contenu et les enjeux de cet événement.
Dans ce cadre, je souhaite d’abord vous situer le Caucus africain dans son contexte général avant d’aborder de façon spécifique le Caucus africain de Kinshasa.
Le Caucus africain constitue le regroupement de tous les Gouverneurs africains auprès de la Banque mondiale du Fonds monétaire international. Il regroupe tous les ministres ayant en charge la gestion des finances publiques ainsi que les
Gouverneurs des Banques centrales de l’Afrique de l’ensemble du continent, du Nord au sud et de l’Est à l’Ouest.
Le Caucus africain existe depuis 1963 et son objectif est de coordonner et d’harmoniser les positions et actions des gouverneurs, en vue de présenter un front uni lors des Assemblées annuelles des Institutions de Breton Woods, c’est-à-dire la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Le forum permet aux pays africains de défendre collectivement leurs intérêts communs et de tirer le maximum de bénéfices qu’offrent ces institutions pour le développement de l’Afrique.
Le ministre congolais des Finances, Augustin Matata Ponyo Mapon |
Le Caucus africain comprend trois organes, à savoir :
(i) l’Assemblée générale de tous les gouverneurs africains du Fmi et de la Bm et qui en assume la responsabilité des orientations politiques et stratégiques,
(ii) (ii) le bureau du Caucus qui se compose d’un président, d’un vice-président et de deux secrétaires et (iii) des administrateurs.
Les administrateurs sont au nombre de cinq. Chaque administrateur représente un certain nombre de pays d’Afrique et ensemble ils défendent les intérêts de tous les pays africains aux conseils d’administrations du Fmi et de la Bm.
S’agissant de l’organisation du Caucus, il importe de noter que les tâches se répartissent de la manière suivante :
Primo : le président représente le groupe auprès de la hiérarchie du Fmi et de Bm. Il préside et dirige les débats.
Secundo : le vice-président remplace le président en cas d’empêchement, il lui succède, en cas de vacance.
Tertio : les secrétaires-rapporteurs constituent le secrétariat de l’Assemblée générale.
Quarto : les administrateurs préparent le projet de mémorandum pour approbation par l’Assemblée générale et proposent à la décision du président l’agenda provisoire du Caucus.
Après avoir défini le Caucus africain, son objectif et son organisation, je voudrai à présent évoquer les résultats qui sont concrètement attendu du Caucus. Je vous signale en passant que l’Assemblée générale du Caucus africain se réunit une fois par année, sur invitation de son président, dans le pays de ce dernier ou dans tout autre endroit de son choix.
Le mémorandum des gouverneurs africains est le produit principal attendu du Caucus. Les thèmes éventuels du mémorandum sont proposés par les administrateurs au président du Caucus, pour validation. Le président transmet le projet de mémorandum validé à tous les gouverneures pour amendements, avant la tenue du Caucus.
L’avant-projet de mémorandum est discuté par les gouverneurs, en séance plénière, lors des assises du Caucus. Les amendements apportés sont intégrés dans une version soumise à l’approbation des gouverneurs en marge de chaque assemblée annuelle de la Bm et du Fmi.
Le document approuvé du mémorandum des gouverneurs africains, exprimant leur position sur des questions d’intérêt commun pour l’Afrique, est alors présenté et transmis par le président du Caucus aux autorités de la Bm et du Fmi, lors des réunions traditionnelles organisées à cet effet. Les autorités des institutions de Bretton Woods répondent traditionnellement, par écrit, au mémorandum des gouverneurs africains, lors des réunions de Printemps.
Le Caucus africain de Kinshasa se tiendra sous le patronage du président Joseph Kabila. Comme de coutume, la préparation du mémorandum sera au cœur des discussions des assises de Kinshasa. Néanmoins, sur initiative – et c’est une innovation par rapport au cadre habituel du Caucus – le mandat traditionnel du Caucus a été élargi de la production du mémorandum à l’examen des thèmes d’importance et d’intérêt communs pour l’Afrique.
Ainsi, en raison de l’importance et de l’urgence des projets d’investissement qui s’imposent pour susciter une croissance rapide et soutenue, réaliser les objectifs du millénaire pour le développement -OMD-, réduire la pauvreté et promouvoir le développement de l’Afrique, nous avons choisi de centrer notre mémorandum 2011 sur quatre thèmes, à savoir :
(i) l’infrastructure de l’énergie,
(ii) (ii) l’agriculture,
(iii) (iii) la réponse des institutions de Brettons Woods à la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers et (iv) la voix et la représentation au sein du groupe de la Bm et du Fmi.
S’agissant du secteur de l’énergie, il importe de retenir que le déficit énergétique reste un défi majeur pour la compétitivité, la croissance, et le développement de l’Afrique. La capacité totale de production électrique des 48 pays de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) n’est que de 28 gigawatts. Moins de 30 pour cent de la population de l’Afrique subsaharienne a accès à l’électricité, contre 65 pour cent en Asie du sud et plus de 90 pour cent en Asie de l’Est.
L’approvisionnement en électricité y est très instable et les coupures d’électricité représentent en moyenne des pertes estimées à l’équivalent de 2,1 % du PIB. Le coût de l’énergie est prohibitif, comparé aux normes internationales et ne cesse d’augmenter. La crise énergétique est exacerbée par la secheresse, les conflits et renchérissement du pétrole.
Si les tendances actuelles se poursuivent, plus de 40 % des pays africains n’atteindront l’accès universel à l’électricité que vers 2050. Pourtant, l’Afrique dispose d’importantes sources d’énergie hydroélectrique, thermique, solaire et éolienne, dont près de 93 % du potentiel hydroélectrique économique viable (soit près du dixième du total des réserves mondiales) est largement inexploité.
A cet égard, trois projets - parmi tant d’autres – seront examinés, en raison de leur fort potentiel de transformation et d’intégration régionale au service du développement de l’Afrique. Ils sont conformes aux projets d’infrastructure prioritaires du NEPAD et bénéficient de d’un large appui politique à l’échelle du continent.
En outre, ils ont déjà donné lieu à un important travail préparatoire. Il s’agit des projets suivants :
(i) Grand Inga et Inga III en République Démocratique du Congo, pour le Pool énergétique de l’Afrique australe ;
(ii) Le projet d’aménagement hydroélectrique de Lom Pangar au Cameroun pour le Pool énergétique de l’Afrique centrale ;
(iii) Les projets de Souapiti et Kaleta II en Guinée pour le Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest.
Quant à l’agriculture, il y a lieu de noter qu’elle demeure l’un des moteurs des économies des pays subsahariens. Elle représente près de 34 % du PIB et fournit 64 % des emplois directs. Elle a un puisant effet multiplicateur sur le renforcement de la croissance économique et un fort potentiel de réduction de la pauvreté, dont la vitesse est au moins le double de celle d’autres secteurs.
Mais la production agricole reste faible pour stimuler la croissance et lutter contre la famine et la pauvreté en Afrique. Par ailleurs, vous avez tous que les prix des produits des produits alimentaires et pétroliers ont fortement augmenté pour la seconde fois en l’espace de trois ans, suscitant des inquiétudes de voir surgir la crise des prix des denrées alimentaires de 2008 et ses conséquences pour les plus démunis.
La volatilité des prix est à présent revenue au niveau des années 1970. Les fluctuations sont de grande ampleur et imprévisible, suscitant de graves risques de sécurité alimentaire pour les consommateurs et les gouvernements. Cette évolution menace d’inverser, une fois encore, les avancées de nos pays en matière de stabilité macroéconomique acquise de haute lutte pendant la dernière décennie et entrave nos efforts de redressement.
Les gouverneurs examineront aussi la pertinence et l’efficacité des réponses données par la Bm et le Fmi. Enfin, le Caucus africain de Kinshasa donnera aux gouverneurs l’opportunité de se pencher sur les options de renforcement de la représentation de l’Afrique, particulièrement au Conseil d’administration du Fmi.
Ceci serait conforme à notre demande de longue date visant à compenser effectivement le déficit de représentation de l’Afrique. Nous réfléchissons sans doute également sur la formule des quotes-parts pour mieux tenir compte des vulnérabilités de nos pays membres, et des plus pauvres en particulier.
Nous insistons aussi sur la diversité du personnel que nous considérons essentielle pour renforcer la légitimité et l’efficacité des institutions de Bretton Woods.
A présent, vous en savez à peu près autant que moi sur le Caucus africain et sur les enjeux des assises de Kinshasa. J’ai donné ordre à mes services de vous distribuer le programme des travaux du Caucus ainsi que celui de la cérémonie d’ouverture par le Chef de l’Etat.
Je vous informe que sur 48 pays –le Sud-Soudan étant devenu le 49ème pays ce mois- 32 ont déjà confirmé leur participation, pour un total de 134 participants. Le processus d’enregistrement se poursuit et nous escomptons recevoir entre 180 et 200 participants venus de l’extérieur pour le Caucus de Kinshasa.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire