Kinshasa, le 13 décembre 2011 - La Mission d'observation électorale de l'Union Européenne
(MOE UE) dirigée par Madame Mariya Nedelcheva, vient de finaliser son analyse
post-scrutin qui porte sur les étapes essentielles du processus électoral que
sont la collecte des résultats et leur compilation dans les 169 Centres locaux
de compilation des résultats (CLCR) ainsi que la publication des résultats
provisoires.
Soucieuse de suivre la ligne de conduite qu'elle
s'est fixée depuis son arrivée en RDC, en matière d'indépendance, d'impartialité
et de transparence, la MOE UE a décidé de rendre publiques ses observations et
analyses à l'attention du peuple congolais qu'elle félicite à nouveau pour son
civisme et le sens des responsabilités qu'il a montré à l'occasion de ces
élections et le remercie pour son accueil.
La MOE UE rappelle que les évaluations qui sont
résumées dans les paragraphes qui suivent sont basées sur l'observation directe
de plusieurs centres locaux de compilation des résultats à travers l'ensemble
du pays et de l’analyse du CD-ROM des résultats fourni par la CENI.
Listes
d'omis
La MOE UE constate qu'en dépit des recommandations faites en 2006 par la majorité des missions d'observation, près de 3,2 millions d'électeurs ont voté sur des listes de dérogation ou d'omis, soit plus de 17 % du total des votants. Ce taux était de 8 % environ en 2006. Les provinces les plus marquées par ce phénomène sont Kinshasa (27,77 %), le Nord-Kivu (24,5 %), l'Equateur (20,29 %), le Sud-Kivu (19,02 %) et le Bandundu (18,54 %).
Procédure de compilation au niveau des CLCR et de
transmission à Kinshasa
La procédure de compilation des résultats a laissé apparaître des situations très contrastées. Ainsi, si les équipes de la MOE UE ont observé une organisation plutôt efficace au Bas-Congo, dans le Nord-Kivu ou encore dans certaines parties de la Province Orientale, les CLCR de Kinshasa, du Sud-Kivu, de l'Equateur et du Sud Katanga ont connu des situations organisationnelles plus difficiles, voire chaotiques. La transmission des plis sécurisés à destination de la CENI, du Secrétariat Exécutif Provincial (SEP) et de la Cour Suprême de Justice (CSJ) n'a pas été systématique et immédiate.
La procédure de compilation des résultats a laissé apparaître des situations très contrastées. Ainsi, si les équipes de la MOE UE ont observé une organisation plutôt efficace au Bas-Congo, dans le Nord-Kivu ou encore dans certaines parties de la Province Orientale, les CLCR de Kinshasa, du Sud-Kivu, de l'Equateur et du Sud Katanga ont connu des situations organisationnelles plus difficiles, voire chaotiques. La transmission des plis sécurisés à destination de la CENI, du Secrétariat Exécutif Provincial (SEP) et de la Cour Suprême de Justice (CSJ) n'a pas été systématique et immédiate.
Enfin, le système de transmission des résultats par
satellite, dit « V-sat », n'était pas présent partout. La procédure de
compilation des résultats au niveau des CLCR devait être garantie par plusieurs
garde-fous, notamment, la présence des témoins des candidats/partis politiques
à toutes les étapes de la compilation, leurs signatures de la fiche de
compilation et du procès-verbal ainsi que l'affichage public des résultats
agrégés au niveau du territoire (article n°70 de la loi électorale). Cette
dernière étape a connu plusieurs entorses qui obligent à poser la question de
la crédibilité des résultats de plusieurs CLCR.
L'Eurodéputé Mariya Nedelcheva à Goma |
Les procédures ont ainsi été jugées peu
transparentes par les observateurs et les observatrices de la MOE UE au
Katanga, dans le Sud-Kivu, à Kinshasa et dans la Province Orientale où
plusieurs témoins de candidats/partis politiques et observateurs ont été empêchés
d'observer l'ensemble des étapes de la compilation. Enfin, en contradiction
avec la loi électorale, le bureau de la CENI a demandé à plusieurs CLCR de ne
pas afficher immédiatement les résultats de la compilation mais de les envoyer
d'abord au siège de la CENI afin de réaliser « un contrôle de cohérence ». Les
observateurs ont été les témoins de cette entorse à la loi à Goma, Mbandaka,
Mbanza-Ngungu, Kinshasa, Kisangani et Lubumbashi.
Commission
ad hoc » et accès au CNT
En vue de la consolidation des résultats, la CENI
avait mis en place une commission ad hoc avec la participation d'experts au
sein de laquelle ni les témoins des candidats/partis politiques, ni les
observateurs n'étaient présents. La CENI a, par ailleurs, refusé l'accès des
témoins au Centre National de Traitement (CNT), organe de réception des
résultats avant transmission à cette « Commission ad hoc ». L'absence de
témoins et d'observateurs, lors de cette phase essentielle de consolidation et
de vérification ne peut qu'affecter la confiance dans les résultats annoncés et
leur crédibilité.
Proclamation
des résultats provisoires du 9 décembre 2011
Un nombre important de résultats de BV, répartis sur
l'ensemble du territoire, n'ont pas été comptabilisés. Selon la CENI, ces BV
sont au nombre de 4.875 dont 2.020 pour la ville-province de Kinshasa, soit
7,63 % du total national. En prenant le nombre moyen d'électeurs par BV donné
par la CENI, 331, ces 4.875 BV non comptés représentent 1,6 millions
d'électeurs.
Par ailleurs, la publication des résultats
provisoires reste caractérisée par un manque de transparence. Si la CENI a
finalement publié des résultats détaillés par bureaux de vote, ils ne
comprennent pas le scan des procès-verbaux de chaque BV établis à la fin du
dépouillement. Ces résultats ne reprennent que la saisie informatisée des PV,
réalisée au sein des CLCR, parfois sans témoins.
Plusieurs résultats de BV rendus publics le soir du dépouillement et observés par nos équipes sur le terrain, notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la CENI.
Plusieurs résultats de BV rendus publics le soir du dépouillement et observés par nos équipes sur le terrain, notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la CENI.
Médias
Après le scrutin du 28 novembre, la situation des
médias s'est détériorée avec la fermeture de plusieurs médias de l'opposition
qui ont vu leur signal coupé sans aucune décision officielle. Le CSAC a
sanctionné plusieurs médias proches de l'opposition, en prenant des mesures
arbitraires. Les médias et les journalistes pratiquent désormais l'autocensure
dans un climat rendu de plus en plus tendu par la publication des résultats de
l'élection présidentielle.
Réactions des candidats
A l'issue de cette observation, la MOE UE note que
plusieurs candidats à la présidentielle se réclamant de l'opposition ont
déclaré ne pas reconnaître les résultats publiés par la CENI et qu'ils en
demandent l'annulation, y compris devant la Cour Suprême de Justice.
La Chef observatrice, Madame Mariya Nedelcheva a
déclaré : « Il est de la responsabilité des acteurs politiques et des
institutions congolaises de mener leur propre examen des résultats des
élections et d'identifier les solutions à la situation actuelle. La MOE UE
poursuit par ailleurs son évaluation attentive de la compilation des élections
législatives jusqu'à l'achèvement du processus. »
Un rapport final reprenant l'ensemble de ses observations et recommandations sera rendu public après publication des résultats définitifs des élections législatives.
Un rapport final reprenant l'ensemble de ses observations et recommandations sera rendu public après publication des résultats définitifs des élections législatives.
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