Radio Canada - Au jour de l'investiture de Joseph Kabila à la tête
de la République démocratique du Congo (RDC), les États-Unis se disent
« profondément déçus » de la validation de sa réélection par la Cour
suprême de justice, et l'Union européenne menace de réévaluer son soutien
au pays.
Malgré la contestation des résultats électoraux par
son principal opposant, Etienne Tshisekedi, et la dénonciation par la
communauté internationale d'irrégularités ayant entaché le processus électoral,
la Cour suprême de justice de la RDC a confirmé en audience publique son arrêt du 16 décembre proclamant la victoire de Joseph Kabila
avec 48,95 % des suffrages.
Joseph Kabila a donc prêté serment, mardi, à
Kinshasa, devant la Cour suprême, provoquant de nombreuses réactions sur la
scène internationale.
Dans un communiqué, la secrétaire d'État
américaine, Hillary Clinton, reproche à la Cour suprême d'avoir confirmé les
résultats provisoires de la commission électorale « sans évaluer
complètement les nombreux rapports faisant état d'irrégularités » dans
le vote.
Mme Clinton dénonce un scrutin mal géré et
« manquant de transparence ». Elle suggère également « une
révision du processus électoral ». La chef de la diplomatie américaine
demande par ailleurs « à tous les dirigeants politiques congolais et à
leurs soutiens d'agir de façon responsable » et sans violence. Elle estime
que la classe politique de RDC doit « résoudre ses désaccords au moyen
d'un dialogue pacifique et constructif ».
Quant à l'Union européenne, elle menace de
« réévaluer » son « soutien » au pays si des progrès ne
sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives.
« L'UE fait à nouveau part de sa préoccupation
quant aux graves déficiences et l'absence de transparence dans la compilation
et la publication des résultats, rapportées entre autres par la Mission
d'observation électorale de l'UE » qui ont « entamé la confiance dans
le processus électoral » lors du scrutin présidentiel, souligne sa chef de
la diplomatie, Catherine Ashton.
L'UE encourage résolument la commission électorale
et les autorités congolaises à tenir compte des préoccupations des missions
d'observation, à mettre en oeuvre leurs recommandations et à s'ouvrir à la
coopération avec l'opposition.
En outre, Mme Ashton demande que la « lumière
soit faite sur les violations alléguées des droits de l'homme rapportées dans
le contexte électoral et, s'il y a lieu, que les responsables soient traduits
en justice ».
Harper pour la tenue du sommet de la Francophonie
en RDCLe gouvernement Harper a déclaré mardi qu'il était toujours pour la tenue
du prochain sommet de la Francophonie en République démocratique du Congo
(RDC), en dépit des irrégularités de l'élection présidentielle et de la
répression dont font l'objet les dissidents politiques. Il estime que le sommet
d'octobre 2012 sera une excellente occasion de dialoguer avec ce pays.
Les promesses de Kabila
Dans son discours d'investiture, Joseph Kabila a
promis d'améliorer le climat des affaires et de reconstruire les
infrastructures détruites pendant des décennies de conflit.
Le président, élu pour un deuxième quinquennat, a
souligné que l'élection présidentielle était la première de l'histoire du pays
à ne pas se tenir après une crise de fin de mandat. Il a salué les Congolais
pour leur discipline.
« Nous allons continuer à améliorer le climat
des affaires pour mieux servir les investisseurs. Nous allons également
poursuivre et accélérer la reconstruction du pays. » — Joseph
Kabila
Seul le président du Zimbabwe, Robert Mugabe,
s'était déplacé pour la cérémonie d'investiture parmi les chefs d'État invités.
Des ministres de pays africains ainsi que les ambassadeurs des États-Unis, de
France et du Royaume-Uni étaient présents à la cérémonie organisée sur les
rives du fleuve Congo.
De son côté, Etienne Tshisekedi, qui s'est proclamé
« président élu », a annoncé qu'il allait prêter serment
« devant le peuple » vendredi au stade des Martyrs de Kinshasa.
La capitale étroitement
surveillée
La capitale Kinshasa était sous haute surveillance
des forces de l'ordre, après des violences à l'annonce des résultats provisoires le 9 décembre. Une dizaine
de chars de la garde républicaine étaient déployés, notamment devant le stade
des Martyrs.
Par ailleurs, huit opposants ont été arrêtés à
Bukavu, mardi, lors de la dispersion d'une marche pour protester contre la
réélection de M. Kabila.
Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001,
Joseph Kabila a été réélu le 28 novembre à l'issue d'une élection destinée à
renforcer la stabilité du pays. Mais la campagne électorale et le vote ont été
émaillés par des violences meurtrières et des accusations de fraude.
Avant même la proclamation des résultats de
l'élection, des violences électorales ont fait au moins 18 morts et plus de 100
blessés en RDC, principalement à Kinshasa. Selon Human Rights Watch, la plupart
des victimes ont été tuées par les forces du président Joseph Kabila.
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