C’est à Kinshasa que les attaques à
motivation politique menées par les forces de sécurité suite à l’élection ont
été les plus sévères, là où le candidat leader de l’opposition, Etienne
Tshisekedi, du Parti de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS),
a réalisé de très bons scores aux scrutins.
Les forces de sécurité congolaises, dont la
Garde Républicaine et la police, ont été déployées en grand nombre dans toute
la ville en prévision de l’annonce des résultats provisionnels des élections le
9 décembre par la commission électorale indépendante, la CENI. Des témoins ont
rapporté à Human Rights Watch que ce jour-là et les suivants, les forces en
question ont tiré au hasard sur des petites foules de gens qui s’étaient
rassemblés et sur d’autres qui avaient tenté de quitter leurs maisons. Les
soldats ont aussi ouvert le feu sur des individus soupçonnés de pillage. Au
cours de certains incidents, les forces de sécurité ont spécifiquement visé et
tué des personnes soupçonnées d’être des partisans de l’opposition. Les
attaques ont eu lieu dans les communes de Ngaliema, Ngiri Ngiri, Kinsenso,
Selembao, Lemba, Kalamu, Limete et Kimbanseke dans Kinshasa, tuant au moins 20
personnes, dont 4 jeunes garçons, 5 femmes et 11 hommes, et en blessant de
nombreuses autres.
Peu de temps après l’annonce des résultats de
l’élection, le 9 décembre, une foule de personnes s’est rassemblée dans les
rues pour manifester dans le quartier de Barré, dans la commune de Ngaliema.
Aux environs de 17 heures, la police est arrivée et a tiré dans la foule pour
disperser les manifestants. Tandis que les gens s’éparpillaient, certains se
sont réfugiés à l’extérieur de la maison de Fany Nsimba, une femme de 21 ans.
Lorsque Fany Nsimba et sa nièce de 8 ans sont sorties pour voir ce qui se passait,
elles se sont toutes les deux trouvées sous le feu de la police. Fany Nsimba
est morte quelques minutes plus tard. Sa nièce est toujours hospitalisée et
récupère d’une blessure par balle au niveau du torse.
Dans la commune de Kimbanseke, le matin du 10 décembre, des jeunes ont érigé des barricades sur l’une des avenues principales suite à l’annonce de la victoire de Joseph Kabila aux élections. Lorsque les policiers sont arrivés pour ôter les barrages, certains manifestants leur ont jeté des pierres. La police a répondu par des tirs de gaz lacrymogène et de balles réelles sur les manifestants et d’autres passants. Un garçon de 15 ans qui était sorti de chez lui pour aller chercher son téléphone portable, en train de se recharger, et qui, selon certains témoins, avait une pierre à la main, a été tué par balle. Un conducteur de bus de 30 ans a aussi été tué par ces tirs.
Dans la commune de Kimbanseke, le matin du 10 décembre, des jeunes ont érigé des barricades sur l’une des avenues principales suite à l’annonce de la victoire de Joseph Kabila aux élections. Lorsque les policiers sont arrivés pour ôter les barrages, certains manifestants leur ont jeté des pierres. La police a répondu par des tirs de gaz lacrymogène et de balles réelles sur les manifestants et d’autres passants. Un garçon de 15 ans qui était sorti de chez lui pour aller chercher son téléphone portable, en train de se recharger, et qui, selon certains témoins, avait une pierre à la main, a été tué par balle. Un conducteur de bus de 30 ans a aussi été tué par ces tirs.
Indignés par la réponse disproportionnée de
la police, un groupe de jeunes est entré par effraction dans un poste de police
local et y a mis le feu, dérobant des armes et des meubles. Dans l’après-midi,
la police a continué à tirer à balles réelles sur les manifestants à
Kimbanseke, étendant même leurs tirs jusque dans les petites rues qui partaient
de l’avenue où les barrages avaient été érigés. La mère d’une famille de sept
enfants, âgée de 45 ans, a été tuée par une balle perdue alors qu’elle passait
la tête à sa porte pour vérifier qu’aucun de ses enfants ne se trouvait dehors.
Au cours des jours qui ont suivi, la police a
pris comme prétexte le cambriolage du poste de police pour effectuer des rafles
nocturnes dans le quartier, allant de porte en porte et arrêtant des jeunes au
hasard, tout en volant des téléphones et de l’argent lors des fouilles pour
retrouver les armes volées.
Dans la commune de Bandalungwa, le 9 décembre
en fin d’après-midi, la police a ouvert le feu sur une foule de gens rassemblés
sur l’avenue Kimbondo pour manifester contre la victoire de Joseph Kabila. Au
moins deux personnes ont été touchées par des tirs de balles. Le lendemain
matin, un garçon de 13 ans, Bijou Luvuwala, qui se tenait devant sa maison dans
le quartier de Kimbangu, dans la commune de Kalamu, a été tué par un tir de
policiers qui passaient devant chez lui en voiture.
Le même jour, sur l’avenue Pinzi, dans la
commune de Bandalungwa, un garçon de 14 ans est sorti de sa maison au moment où
un camion militaire passait devant. Un témoin qui se tenait un peu plus bas sur
la route a rapporté à Human Rights Watch qu’il avait vu les forces de sécurité dans
le camion tirer et blesser le garçon.
À plusieurs occasions, des forces de sécurité
de l’État ont tiré ou procédé à des arrestations arbitraires sur des personnes
qui se trouvaient par hasard devant le siège de l’UDPS ou devant la résidence
toute proche d’Etienne Tshisekedi dans la commune de Limete, à Kinshasa.
Le 10 décembre, la police est passée en
roulant devant le siège de l’UDPS à Kinshasa et a tiré sur une foule de
personnes qui se tenaient devant. Un homme de 23 ans a rapporté à Human Rights Watch
qu’il avait reçu un tir dans la jambe, mais qu’avec d’autres blessés ils
avaient trop peur d’aller à l’hôpital, où ils risqueraient d’être poursuivis
par les autorités qui recherchent des partisans de l’UDPS.
Arrestations arbitraires à Kinshasa
Arrestations arbitraires à Kinshasa
Les forces de sécurité, tout particulièrement les soldats
de la Garde Républicaine et la police, ont aussi procédé à des arrestations
arbitraires et à des rafles maison par maison dans les communes de Ngaliema,
Lingwala, Kintambo, Limete, Kimbanseke, Selembao et Kalamu à Kinshasa. Au cours
des attaques, ils ont souvent pillé les logements et accusé leurs victimes
d’être contre Joseph Kabila.
Les soldats de la Garde Républicaine ont emmené les personnes arrêtées au Camp Tshatshi, la base militaire de la Garde Républicaine, et au Palais de Marbre, l’une des résidences présidentielles officielles à Kinshasa surveillées par la Garde Républicaine. Aucun de ces endroits ne correspond à un lieu de détention officiel. Au moins 30 personnes ont été détenues là-bas depuis le 9 décembre, selon Human Rights Watch qui a interrogé les personnes qui ont été relâchées ainsi que d’autres témoins.
Les soldats de la Garde Républicaine ont emmené les personnes arrêtées au Camp Tshatshi, la base militaire de la Garde Républicaine, et au Palais de Marbre, l’une des résidences présidentielles officielles à Kinshasa surveillées par la Garde Républicaine. Aucun de ces endroits ne correspond à un lieu de détention officiel. Au moins 30 personnes ont été détenues là-bas depuis le 9 décembre, selon Human Rights Watch qui a interrogé les personnes qui ont été relâchées ainsi que d’autres témoins.
Un partisan d’Etienne Tshisekedi, qui habite dans la
commune de Ngaliema à Kinshasa, a raconté à Human Rights Watch qu’aux environs
de 17 heures, le 9 décembre, après l’annonce des résultats provisoires des
élections, des soldats de la Garde Républicaine avaient effectué une rafle dans
sa maison. Les soldats l’ont battu, ainsi que son fils de 19 ans, et ont crié à
sa famille : « Cette fois-ci, on va vous piétiner comme les
tomates ! » Ils sont ensuite partis avec son fils, qui a été
emmené au Camp Tshatshi.
Des anciens détenus du Camp Tshatshi interrogés par Human
Rights Watch ont expliqué que de nombreux prisonniers ont été déshabillés,
aspergés d’eau froide puis battus à plusieurs reprises par des soldats de la
Garde Républicaine, notamment au moyen de battes en bois recouvertes de clous.
Ils ont dit que les soldats les accusaient d’être contre Joseph Kabila.
Un ancien détenu a raconté que les soldats leur ont
crié : « Vous les Kasaïens [faisant référence aux habitants de
la région de Kasaï, d’où est originaire Etienne Tshisekedi], vous allez
voir. Vous voulez faire partir Kabila facilement, mais lui, il est venu au
pouvoir avec le sang. On va vous éliminer tous. »
Un témoin a rapporté que trois détenus au Camp Tshatshi
ont été exécutés la nuit du 9 décembre. Le témoin a expliqué que les trois
hommes n’avaient pas de papiers d’identité et ont été accusés d’être des
rebelles par les soldats de la Garde Républicaine. Il a ajouté que les victimes
ont été attachées à un arbre et qu’on leur a tiré dans le dos à bout portant
l’une après l’autre.
Au Palais de Marbre, un certain nombre de détenus ont été
emprisonnés et battus près de la piscine. Un détenu interrogé par Human Rights
Watch après qu’il s’est échappé, a décrit comment il avait été arrêté chez lui
en pleine nuit à la suite de la publication des résultats des élections le 9
décembre et emmené au palais. Il a raconté qu’il avait été jeté dans la
piscine, toujours menotté, et qu’on l’avait forcé à rester dans l’eau sale
pendant plusieurs heures pendant que les soldats de la Garde Républicaine
buvaient de l’alcool et urinaient sur lui. Il a ajouté que les soldats lui
lançaient des railleries et lui disaient qu’il allait bientôt être exécuté
parce qu’il avait fait campagne pour Etienne Tshisekedi.
Les soldats de la Garde Républicaine ont arrêté un autre
homme alors qu’il était assis devant son petit magasin dans la commune de
Ngaliema le matin du 10 décembre. Il a plus tard raconté à Human Rights Watch
que les soldats l’ont attrapé, l’ont emmené dans leur camion au Palais de
Marbre et lui ont dit qu’ils allaient retrouver la trace de tous les jeunes
responsables des soulèvements de la veille. Il a été sévèrement battu tandis
qu’il était en détention et finalement libéré le 12 décembre, après que sa
famille ait versé un pot-de-vin aux gardes.
La police a aussi arrêté et gardé en détention des dizaines de personnes, les accusant d’être responsables de désordre public, vol, incendie volontaire et incitation à la désobéissance civile. Nombre d’entre elles sont toujours détenues arbitrairement sans chef d’accusation en violation du droit congolais et international.
Tôt le matin du 8 décembre, deux hommes âgés ont été arrêtés au cours de rafles par les forces de sécurité à leurs domiciles dans le quartier de Mbamu, dans la commune de Limete à Kinshasa. Les forces de sécurité les ont emmenés au centre de détention militaire du Camp Kokolo, où ils sont encore détenus à ce jour. Leurs familles ont expliqué que ceux qui gardaient les détenus leur avaient dit que les hommes étaient prisonniers parce qu’ils étaient des responsables du parti UDPS. Les familles ont indiqué qu’un des hommes était membre du parti politique PALU, qui fait partie de l’alliance présidentielle de Joseph Kabila, et que l’autre était un musicien qui ne porte aucun intérêt à la politique.
La police a aussi arrêté et gardé en détention des dizaines de personnes, les accusant d’être responsables de désordre public, vol, incendie volontaire et incitation à la désobéissance civile. Nombre d’entre elles sont toujours détenues arbitrairement sans chef d’accusation en violation du droit congolais et international.
Tôt le matin du 8 décembre, deux hommes âgés ont été arrêtés au cours de rafles par les forces de sécurité à leurs domiciles dans le quartier de Mbamu, dans la commune de Limete à Kinshasa. Les forces de sécurité les ont emmenés au centre de détention militaire du Camp Kokolo, où ils sont encore détenus à ce jour. Leurs familles ont expliqué que ceux qui gardaient les détenus leur avaient dit que les hommes étaient prisonniers parce qu’ils étaient des responsables du parti UDPS. Les familles ont indiqué qu’un des hommes était membre du parti politique PALU, qui fait partie de l’alliance présidentielle de Joseph Kabila, et que l’autre était un musicien qui ne porte aucun intérêt à la politique.
Violences commises par l’opposition
Le parti de l’UDPS affiche une longue tradition d’opposition
pacifique, bien que certains partisans de l’UDPS, ainsi que d’autres personnes,
aient été impliquées dans des actes sporadiques de trouble de l’ordre public et
de violence suite à l’annonce des résultats des élections, lors desquels ils
ont par exemple brûlé des pneus, lancé des pierres sur les policiers, attaqué
des postes de police, pillé des magasins et érigé des barricades. Plusieurs
officiers de police ont été blessés.
Le 9 décembre, un groupe de personnes soupçonnées de
soutenir l’opposition a attaqué une église kimbanguiste dans la commune de
Selembao à Kinshasa. Un pasteur de cette église, Mbunga Tusevo, a été passé à
tabac et est décédé le lendemain. En RD Congo, l’Église Kimbanguiste est
perçue comme ayant soutenu Joseph Kabila au cours de l’élection présidentielle.
L’une des principales églises kimbanguistes de la commune de Kasavubu a été
utilisée comme lieu de détention pour les personnes arrêtées le 9 décembre
avant qu’elles ne soient transférées au Camp Kokolo ou au Camp Tshatshi.
Actes de répression contre l’opposition ailleurs en RD
Congo
Le gouvernement a également commis des exactions à
l’encontre des partisans de l’opposition et des tentatives d’étouffement des
manifestations dans d’autres endroits de la RD Congo. La nuit du 9 décembre,
dans le village de Bunyangula près de Kiwanja, dans la province du Nord-Kivu,
des soldats de l’armée congolaise ont tiré sur Willy Wabo et l’ont tué dans sa
maison. Willy Wabo était un activiste de la société civile membre du parti du
leader de l’opposition Vital Kamerhe, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC).
Un témoin a expliqué que l’un des attaquants a appelé Willy Wabo par son nom
depuis l’extérieur puis a tiré sur lui à au moins deux reprises à travers une
fenêtre alors qu’il tentait d’appeler un ami à la hâte. Le témoin a indiqué que
les soldats ont crié que d’autres membres et candidats de l’UNC seraient
pourchassés de la même manière.
Dans la semaine qui a précédé sa mort, Willy Wabo avait dénoncé des irrégularités dans les élections sur les stations de radio locales, en mentionnant de façon spécifique les efforts des soldats armés pour bloquer l’accès d’un bureau de vote à des électeurs à Katwiguru et la présence de soldats dans un autre bureau de vote à Kiwanja. Human Rights Watch a découvert qu’ailleurs dans le Nord-Kivu, des soldats en uniforme et en civil avaient cherché à intimider des électeurs pour les pousser à voter pour Joseph Kabila.
Dans la semaine qui a précédé sa mort, Willy Wabo avait dénoncé des irrégularités dans les élections sur les stations de radio locales, en mentionnant de façon spécifique les efforts des soldats armés pour bloquer l’accès d’un bureau de vote à des électeurs à Katwiguru et la présence de soldats dans un autre bureau de vote à Kiwanja. Human Rights Watch a découvert qu’ailleurs dans le Nord-Kivu, des soldats en uniforme et en civil avaient cherché à intimider des électeurs pour les pousser à voter pour Joseph Kabila.
Dans la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, des autorités
locales ont fait usage de la force pour mettre fin à une tentative des leaders
des partis de l’opposition, l’UDPS et l’UNC, d’organisation d’une manifestation
le 13 décembre afin de protester contre la réélection de Joseph Kabila et les
fraudes électorales supposées. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des
coups pour disperser un petit groupe de manifestants pacifiques qui s’étaient
rassemblés au rond-point de Signers aux environs de 10 heures. Un manifestant
de 28 ans, Patient Chibike Birindwa, a été agressé par la police et s’est
effondré ; il est décédé le lendemain, le 14 décembre. Des témoins ont
raconté à Human Rights Watch que Birindwa leur avait affirmé avoir été maintenu
au sol de force par la police au cours de la manifestation et frappé à
plusieurs reprises au niveau de la poitrine, du ventre et du dos. Plus tard
dans la journée, il s’est plaint auprès d’amis des blessures à sa poitrine. Des
représentants du gouvernement ont prétendu au cours d’entretiens avec la presse
que Patient Chibike Birindwa était décédé d’une crise cardiaque, sans aucune
relation avec les blessures qu’il aurait pu avoir reçues lors de la
manifestation. Un autre manifestant a également été blessé.
Au cours de la même manifestation, la police a arrêté cinq des membres de l’UDPS et de l’UNC qui l’avaient organisée, même si ceux-ci avaient donné un préavis de manifestation comme le requiert la loi congolaise. Au cours d’une déclaration la veille de la manifestation, le maire de Goma, Jean Maliaseme Busanya, a refusé aux organisateurs le droit de manifester, en invoquant le fait que quiconque souhaitait contester les résultats de l’élection présidentielle devait communiquer ses doléances à la Cour Suprême dans les 48 heures qui suivaient la publication des résultats électoraux. Les cinq organisateurs arrêtés ont été accusés d’avoir fait peser une menace sur la sécurité de l’État et d’avoir publié des informations visant à fragiliser l’ordre public. Dans sa déclaration, le maire a effectivement confondu les modalités pour pouvoir mener une action légale contre les résultats de vote, lesquelles sont limitées dans le temps, avec la liberté d’expression, laquelle n’est pas soumise à ce genre de limite.
Au cours de la même manifestation, la police a arrêté cinq des membres de l’UDPS et de l’UNC qui l’avaient organisée, même si ceux-ci avaient donné un préavis de manifestation comme le requiert la loi congolaise. Au cours d’une déclaration la veille de la manifestation, le maire de Goma, Jean Maliaseme Busanya, a refusé aux organisateurs le droit de manifester, en invoquant le fait que quiconque souhaitait contester les résultats de l’élection présidentielle devait communiquer ses doléances à la Cour Suprême dans les 48 heures qui suivaient la publication des résultats électoraux. Les cinq organisateurs arrêtés ont été accusés d’avoir fait peser une menace sur la sécurité de l’État et d’avoir publié des informations visant à fragiliser l’ordre public. Dans sa déclaration, le maire a effectivement confondu les modalités pour pouvoir mener une action légale contre les résultats de vote, lesquelles sont limitées dans le temps, avec la liberté d’expression, laquelle n’est pas soumise à ce genre de limite.
La police et les soldats ont également étouffé des
manifestations à Bukavu et Lubumbashi. À Bukavu, le matin du 13 décembre, la
police a dispersé des manifestants appartenant à l’opposition en les frappant
avec des matraques et ont arrêté Eustache Nsimba, un avocat qui avait tenté de
convaincre la police de ne pas mettre fin à la manifestation. Il a plus tard
été libéré. Une manifestation visant à protester contre l’investiture de Joseph
Kabila le 20 décembre a aussi été étouffée.
Le 14 décembre, à Lubumbashi, des soldats armés de fusils
d’assaut militaires et de lance-roquettes (RGP) ont empêché par la force un
groupe d’une trentaine de membres et partisans de l’UDPS de manifester. Les
soldats ont entouré les manifestants et les ont menacés avec leurs armes ;
ils ont aussi battu et roué de coups de pied l’un des organisateurs, Fabien
Mutomb, ainsi que d’autres personnes.
La police et d’autres forces de sécurité ont aussi déployé leurs effectifs en grand nombre pour patrouiller dans les rues de Mbuji-Mayi, Mwene-Ditu, Kananga et Tshikapa, dans les provinces du Kasaï Oriental et du Kasaï Occidental, villes qui ont toutes voté majoritairement en faveur d’Étienne Tshisekedi.
La police et d’autres forces de sécurité ont aussi déployé leurs effectifs en grand nombre pour patrouiller dans les rues de Mbuji-Mayi, Mwene-Ditu, Kananga et Tshikapa, dans les provinces du Kasaï Oriental et du Kasaï Occidental, villes qui ont toutes voté majoritairement en faveur d’Étienne Tshisekedi.
La ville de Mbuji-Mayi est soumise à un couvre-feu depuis
le 2 décembre. Les habitants et les activistes de la société civile
interrogés par Human Rights Watch ont déclaré que le couvre-feu masquait en réalité
de nombreux incidents au cours desquels les forces de sécurité avait fait usage
de techniques d’intimidation, d’arrestations arbitraires et de pillage. Des
dizaines de civils, dont un bon nombre de partisans de l’UDPS, ont été
maintenus en détention du 9 au 12 décembre. Certains ont plus tard été accusés
d’avoir lancé une rébellion, insulté les autorités de l’État et détruit des
biens. Certains détenus ont affirmé avoir été maltraités. À une occasion, un
officier de police a lancé un réservoir de gaz lacrymogène dans un espace clos
près du quartier général de la police dans lequel près de 40 personnes étaient
détenues.
Au moins deux hommes ont été tués par les forces de
sécurité à Kananga, dans la province du Kasaï Oriental, les 9 et 11 décembre.
L’une des victimes a été tuée par balle au cours d’une manifestation.
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